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Bible de Jérusalem – Exode 24

3. CONCLUSION DE L’ALLIANCEp

24 Il dit à Moïse : « Montez vers Yahvé, toi, Aaron, Nadab, Abihu et soixante-dix des anciens d’Israël, et vous vous prosternerez à distance.

p Le récit des vv. 1-11 est composé de morceaux nettement distincts. 1° Vv. 1-2 et 9-11, d’origine difficile à déterminer, peut-être préparés par 19.13. On a considéré le passage comme un parallèle de 3-8 et donc comme un récit de conclusion d’alliance, ce qui n’est pas justifié. En fait ce texte souligne que Moïse et ses compagnons ont pu voir Dieu sans qu’il porte la main contre eux, vv. 10-11. Seule la phrase « ils mangèrent et ils burent » en 11b et des parallèles d’alliances humaines, cf. Gn 31.43-54, ont permis de dire qu’il y aurait là une conclusion d’alliance, mais probablement la fin du v. 11 est-elle à lire avec 3-8. Ces versets ne sont même pas homogènes contrairement à 9-11, 1-2 disent que seulement Moïse approcha de Yahvé. 2° Vv. 3-8, peut-être de tradition élohiste. Ici, il est clairement question d’une conclusion de l’alliance entre Dieu et Israël. Le sang répandu sur l’autel et sur le peuple et la lecture solennelle du « livre de l’alliance » sont des éléments essentiels du rite. La signification pour tout Israël est exprimée par les douze stèles, v. 4. On s’attendrait à quelque chose d’autre, un repas de fête, cf. 32.1-6, d’autant plus qu’il y a eu des sacrifices pacifiques ou de communion, v. 5. Il est probable que la phrase « ils mangèrent et ils burent », fin du v. 11, est la fin du récit de conclusion d’alliance ; elle a pu être déplacée pour défaire le parallélisme avec 32.1-6, alors que ce parallélisme entre la conclusion de l’alliance et sa rupture avait une dimension hautement significative.

2 Moïse s’approchera seul de Yahvé. Eux n’approcheront pas et le peuple ne montera pas avec lui. »

3 Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles de Yahvé et toutes les lois,q et tout le peuple répondit d’une seule voix ; ils dirent : « Toutes les paroles que Yahvé a prononcées, nous les mettrons en pratique. »

q Les « paroles », seules mentionnées dans la suite, se réfèrent au Décalogue, cf. 20.1, appelé « livre de l’Alliance » au v. 7. L’expression « et toutes les lois » a été introduite plus tard pour justifier l’insertion du Code de l’Alliance dans le contexte, cf. 21.1, et pour en faire aussi une partie des clauses de l’alliance.

4 Moïse mit par écrit toutes les paroles de Yahvé puis, se levant de bon matin, il bâtit un autel au bas de la montagne, et douze stèles pour les douze tribus d’Israël. 5 Puis il envoya de jeunes Israélites offrir des holocaustes et immoler à Yahvé de jeunes taureaux en sacrifice de communion.

6 Moïse prit la moitié du sang et la mit dans des bassins, et l’autre moitié du sang, il la répandit sur l’autel. 7 Il prit le livre de l’Alliance et il en fit la lecture au peuple qui déclara : « Tout ce que Yahvé a dit, nous le ferons et nous y obéirons. » 8 Moïse, ayant pris le sang,r le répandit sur le peuple et dit : « Ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses. »

r Moïse, intermédiaire entre Yahvé et le peuple, les unit symboliquement en répandant sur l’autel, qui représente Yahvé, puis sur le peuple, le sang d’une même victime. Le pacte est ainsi ratifié par le sang, cf. Lv 1.5, comme la Nouvelle Alliance le sera par le sang du Christ, Mt 26.28 ; He 9.12-26.

9 Moïse monta, ainsi qu’Aaron, Nadab, Abihu et soixante-dix des anciens d’Israël. 10 Ils virent le Dieu d’Israël. Sous ses pieds il y avait comme un pavement de saphir, aussi pur que le ciel même. 11 Il ne porta pas la main sur les notables des Israélites. Ils contemplèrent Dieu puis ils mangèrent et burent.

Moïse sur la montagne.s

12 Yahvé dit à Moïse : « Monte vers moi sur la montagne et demeure là, que je te donne les tables de pierre — la loi et le commandement — que j’ai écrites pour leur instruction. »

s Les vv. 12-15 et 18 sont probablement de tradition élohiste et ils assurent la transition avec le chap. 32 (absence de Moïse du campement) ; les vv. 15-18 viennent de la tradition sacerdotale. Ici l’essentiel est d’introduire le thème de la gloire de Yahvé.

13 Moïse se leva, ainsi que Josué son serviteur, et ils montèrentt à la montagne de Dieu.

t « ils montèrent » grec ; « et Moïse monta » hébr.

14 Il dit aux anciens : « Attendez-nous ici jusqu’à notre retour ; vous avez avec vous Aaron et Hur, que celui qui a une affaire à régler s’adresse à eux. » 15 Puis Moïse monta sur la montagne.

La nuée couvrit la montagne. 16 La gloire de Yahvéu s’établit sur le mont Sinaï, et la nuée le couvrit pendant six jours. Le septième jour, Yahvé appela Moïse du milieu de la nuée.

u La « gloire de Yahvé » est, dans la tradition sacerdotale, 13.22, la manifestation de la présence divine. C’est un feu, bien distingué, ici et 40.34-35, de la nuée qui l’accompagne et l’enveloppe. Ces traits sont empruntés aux grandes théophanies qui se déroulent dans le cadre d’un orage, 19.16, mais ils se chargent d’un sens supérieur. Cette lumière éclatante, dont le reflet irradiera la face de Moïse, 34.29, exprime la majesté inaccessible et redoutable de Dieu, et elle peut paraître en dehors d’un orage, 33.22. Elle emplit la Tente nouvellement dressée, 40.34-35, comme elle prendra possession du Temple de Salomon, 1 R 8.10-11. Ézéchiel la voit quitter Jérusalem à la veille de sa destruction, Ez 9.3 ; 10.4, 18-19 ; 11.22-23, et revenir dans le nouveau sanctuaire, Ez 43.1s, mais cette « gloire » est pour lui une lumineuse apparence humaine, Ez 1.26-28. Dans d’autres textes, spécialement dans les Psaumes, la gloire de Yahvé exprime seulement la majesté de Dieu ou l’honneur qu’on lui doit, souvent avec une nuance eschatologique ; ou encore, 15.7, sa puissance miraculeuse, cf. la « gloire » de Jésus, Jn 2.11 ; 11.40.

17 L’aspect de la gloire de Yahvé était aux yeux des Israélites celui d’une flamme dévorante au sommet de la montagne. 18 Moïse entra dans la nuée et monta sur la montagne. Et Moïse demeura sur la montagne quarante jours et quarante nuits.v

v Comparer les quarante jours du voyage d’Élie vers le Sinaï, 1 R 19.8, et les quarante jours du Christ au désert, Mt 4.2.

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