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Bible de Jérusalem – Job 38

IV. Les discours de Yahvé

PREMIER DISCOURS

La Sagesse créatrice confond Job.

38 Yahvé répondit à Job du sein de la tempêteo et dit :

o Selon le mode ancien des théophanies de Yahvé qui manifestait sa toute-puissance redoutable, cf. Ps 18.8-16 ; 50.3 ; Na 1.3 ; Ez 1.4 cf. Ex 13.22 ; 19.16.

2 Quel est celui-là qui obscurcit mes plans
par des propos dénués de sens ?
3 Ceins tes reins comme un brave :
je vais t’interroger et tu m’instruiras.p

p « comme un brave » 1 ms hébr., syr., Targ. ; « comme un homme » TM (simple différence de vocalisation). De même en 40.7. — Les rôles sont renversés Yahvé attaque et invite Job à se défendre.

4 Où étais-tu quand je fondai la terre ?
Parle, si ton savoir est éclairé.
5 Qui en fixa les mesures, le saurais-tu,
ou qui tendit sur elle le cordeau ?
6 Sur quel appui s’enfoncent ses socles ?
Qui posa sa pierre angulaire,
7 parmi le concert joyeux des étoiles du matin
et les acclamations unanimes des Fils de Dieu ?
8 Qui enfermaq la mer à deux battants,
quand elle sortit du sein, bondissante ;

q « Qui enferma » Vulg. ; « il a enfermé » hébr.

9 quand je mis sur elle une nuée pour vêtement
et fis des nuages sombres ses langes ;
10 quand je découpai pour elle sa limite
et plaçai portes et verrou ?
11 « Tu n’iras pas plus loin, lui dis-je,
ici se briserar l’orgueil de tes flots ! »

r « se brisera » yishtabber, d’après grec ; « il mettra à (l’orgueil) » yashît bi hébr.

12 As-tu, une fois dans ta vie, commandé au matin ?
Assigné l’aurore à son poste,
13 pour qu’elle saisisse la terre par les bords
et en secoue les méchants ?
14 Alors elle la change en argile de sceaus
et la teint comme un vêtement ;

s De couleur rouge. — « la teint », litt. « est teinte », tiççaba` conj. ; « ils se tiennent debout » yiteyaççebû hébr.

15 elle ôte aux méchants leur lumière,t
brise le bras qui se levait.

t Qui n’est pas la lumière du jour, cf. 24.13s.

16 As-tu pénétré jusqu’aux sources marines,u
circulé au fond de l’Abîme ?

u Celles qui étaient censées alimenter la mer.

17 Les portes de la Mort te furent-elles montrées,
as-tu vu les portes du pays de l’ombre de mort ?v

v Au lieu de répéter « portes » le grec a « portiers ». — Ce pays est le shéol, Nb 16.33. Sur « les portes de la Mort », cf. Isa 38.10 ; Ps 9.14 ; 107.18 ; Sg 16.13.

18 As-tu quelque idée des étendues terrestres ?
Raconte, si tu sais tout cela.
19 De quel côté habite la lumière,w
et les ténèbres, où résident-elles,

w La lumière est personnifiée comme une entité distincte du soleil. Elle regagne chaque soir son domicile tandis que sortent les ténèbres.

20 pour que tu puisses les conduire dans leur domaine,
et distinguer les accès de leur maison ?
21 Si tu le sais, c’est qu’alors tu étais né,
et tu comptes des jours bien nombreux !

22 Es-tu parvenu jusqu’aux dépôts de neige ?
As-tu vu les réserves de grêle,
23 que je ménage pour les temps de détresse,
pour les jours de bataille et de guerre ?
24 De quel côté se divise l’éclair,
où se répand sur terre le vent d’est ?
25 Qui perce un canal pour l’averse,
fraie la route aux roulements du tonnerre,
26 pour faire pleuvoir sur une terre sans hommes,
sur un désert que nul n’habite,
27 pour abreuver les solitudes désolées,
faire germer l’herbe sur la steppe ?x

x « sur la steppe » miççiyyah conj. ; « lieu d’origine » moça’ hébr. — Les vv. 26-27 soulignent la gratuité des œuvres divines, ou bien la sollicitude de Dieu pour d’autres êtres que les hommes.

28 La pluie a-t-elle un père,
ou qui engendre les gouttes de rosée ?
29 De quel ventre sort la glace,
et le givre des cieux, qui l’enfante,
30 quand les eaux disparaissent en se pétrifiant
et que devient compacte la surface de l’abîme ?

31 Peux-tu nouer les liens des Pléiades,
desserrer les cordes d’Orion,
32 amener la Couronne en son temps,
conduire l’Ourse avec ses petits ?y

y « la Couronne », c’est-à-dire la Couronne boréale, d’après l’une des étymologies possibles du mot. Selon d’autres « l’étoile du berger » (cf. Vulg. « Lucifer »), ou « les Hyades » parce qu’Aldébaran marquait le temps de la pluie et des labours. — Les « petits » de l’Ourse désignent peut-être la constellation de la petite Ourse.

33 Connais-tu les lois des Cieux,
appliques-tu leur charte sur terre ?
34 Ta voix s’élève-t-elle jusqu’aux nuées
et la masse des eaux t’obéit-elle ?z

z « t’obéit-elle » ta`aneka grec ; « te couvre-t-elle » tekasseka hébr.

35 Sur ton ordre, les éclairs partent-ils,
en te disant : « Nous voici ? »
36 Qui a mis dans l’ibis la sagesse,
donné au coq l’intelligence ?a

a « ibis » et « coq » traduction incertaine. Le mot sekwi (« coq ») n’apparaît qu’ici, mais on s’appuie sur un targum et sur la Vulg. Tuhôt (« ibis ») semble être une transcription de Thot, le dieu-ibis égyptien. Ce mot se retrouve une fois, Ps 51.8, mais dans un sens tout différent. — On attribuait à ces animaux des facultés de prévision l’ibis annonçait les crues du Nil, le coq annonce le jour et, selon certaines croyances populaires, la pluie.

37 Qui dénombre les nuages avec compétence
et incline les outres des cieux,
38 tandis que la poussière s’agglomère
et que collent ensemble les glèbes ?
39 Chasses-tu pour la lionneb une proie,
apaises-tu l’appétit des lionceaux,

b On passe de la nature inanimée au règne animal. Sont choisis les types les plus farouches et indépendants, ou les plus étranges. Or Dieu veille à leur subsistance.

40 quand ils sont tapis dans leurs tanières,
aux aguets dans le fourré ?
41 Qui prépare au corbeau sa provende,
lorsque ses petits crient vers Dieu
et se dressent sans nourriture ?

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