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Bible de Jérusalem – Siracide 38

Médecine et maladie.x

38 Honore le médeciny pour ses services,
car lui aussi, c’est le Seigneur qui l’a créé.

x Peut-être certains Juifs pieux considéraient-ils le recours aux médecins comme un manque de foi en Yahvé, cf. 2 Ch 16.12. Ben Sira va corriger cette opinion.

y Hébr. « sois ami du médecin ».

2 C’est en effet du Très-Haut que vient la guérison,
comme un cadeau qu’on reçoit du roi.z

z Littéralement « qu’il reçoit »; il s’agit soit du malade soit du médecin (v. 1) qui n’est qu’un intermédiaire. Hébr. « De Dieu le médecin tient son art, et du roi il reçoit des présents. »

3 La science du médecin lui fait porter la tête haute,
il fait l’admiration des grands.
4 Le Seigneur a créé de la terre les remèdes,
l’homme sensé ne les méprise pas.
5 N’est-ce pas une baguette de bois qui rendit l’eau douce,
manifestant ainsi sa vertu ?a

a La vertu du bois ou peut-être la puissance de Dieu l’hébr. et le grec sont ambigus.

6 C’est lui aussi qui donne aux hommes la science
pour se glorifier dans ses œuvres puissantes.
7 Il en fait usage pour soigner et soulager ;
8 le pharmacien en fait des mixtures.
Et ainsi ses œuvres n’ont pas de finb
et par lui le bien-être se répand sur la terre.

b Les œuvres de Dieu, qu’il continue après la création en donnant aux hommes et aux choses une participation à sa puissance, et en répandant ainsi le bien sur la terre.

9 Mon fils, quand tu es malade ne te révolte pas,
mais prie le Seigneur et il te guérira.
10 Renonce à tes fautes, garde tes mains nettes,
de tout péché purifie ton cœur.
11 Offre de l’encens et un mémorial de fleur de farine
et fais de riches offrandes selon tes moyens.c

c « Selon tes moyens » hébr. ; « comme n’étant pas (?) » grec.

12 Puis aie recours au médecin, car le Seigneur l’a créé, lui aussi,
ne l’écarte pas, car tu as besoin de lui.
13 Il y a des cas où l’heureuse issue est entre leurs mains.
14 À leur tour, en effet, ils prieront le Seigneur
qu’il leur accorde la faveur d’un soulagement
et la guérison pour te sauver la vie.d

d Cf. Jc 5.14s., où le conseil a toutefois une autre portée.

15 Celui qui pèche aux yeux de son Créateur,
qu’il tombe au pouvoir du médecin.e

e C’est-à-dire qu’il tombe malade. Il ne semble pas que l’expression veuille être discourtoise à l’égard des médecins. Mais il faut peut-être corriger d’après l’hébreu « Celui-là pèche devant son Créateur qui fait le brave devant le médecin. »

Le deuil.f

16 Mon fils, répands tes larmes pour un mort,
pousse des lamentations pour montrer ton chagrin,
puis enterre le cadavre selon le cérémonial,
et ne manque pas d’honorer sa tombe.g

f Les cérémonies funéraires étaient, chez les Juifs comme chez les Orientaux en général, spectaculaires et soumises à des règles précises. Voir des traits divers dans Jr 9.17, 18 ; Am 5.16 ; Ez 24.15-24 ; Mt 9.23 ; Mc 5.38.

g Hébr. « et ne te dérobe pas quand il expire. »

17 Pleure amèrement, frappe-toi la poitrine,h
observe le deuil comme le mort le mérite
un ou deux jours durant, de peur de faire jaser,i
puis console-toi de ton chagrin.

h Littéralement « rend brûlant le coup » on se frappait la poitrine en signe de deuil. — Hébr. « accomplis le deuil ».

i Sept jours d’après 22.12, mais il pouvait y avoir divers rites selon les deuils.

18 Car le chagrin mène à la mort,
un cœur abattu perd toute vigueur.
19 Avec le malheur persiste la peine,
une vie de chagrin est insupportable.j

j « Une vie de chagrin » conj. ; « une vie de pauvre » grec.

20 N’abandonne pas ton cœur au chagrin,
repousse-le. Songe à ta propre fin.k

k Ou simplement « songe à l’avenir ». L’expression ta eschata, 7.36 ; 26.6 ; 48.24, est difficile à traduire.

21 Ne l’oublie pas : il n’y a pas de retour,
tu ne servirais de rien au mort et tu te ferais du mal.
22 « Souviens-toi de ma sentencel qui sera aussi la tienne :
moi hier, toi aujourd’hui ! »m

l « ma sentence » (c’est le mort qui parle), ou « la sentence », S, ou « sa sentence », Vaticanus, hébr. Mais quelle que soit la leçon adoptée, il s’agit de la sentence qui condamne tout homme à mourir, Gn 2.17 ; 3.3, 4.

m C’est-à-dire j’étais vivant hier comme tu l’es aujourd’hui. — Hébr. « lui hier ».

23 Dès qu’un mort repose, laisse reposer sa mémoire,
console-toi de lui dès que son esprit est parti.

Métiers manuels.n

24 La sagesse du scribe s’acquiert aux heures de loisir
et celui qui est libre d’affaires devient sage.

n On a rapproché ce passage d’un ancien texte égyptien, connu sous le nom de « Satire des métiers ». On notera que Ben Sira limite sa description aux métiers typiquement palestiniens.

25 Comment deviendrait-il sage, celui qui tient la charrue,
dont toute la gloire est de brandir l’aiguillon,
qui mène des bœufs et ne les quitte pas au travail,
et qui ne parle que de bétail ?
26 Son cœur est occupé des sillons qu’il trace
et ses veilles se passent à engraisser des génisses.
27 Pareillement tous les ouvriers et gens de métier
qui travaillent jour et nuit,
ceux qui font profession de graver des sceaux
et qui s’efforcent d’en varier le dessin ;
ils ont à cœur de bien reproduire le modèle
et veillent pour achever leur ouvrage.
28 Pareillement le forgeron assis près de l’enclume :
il observe le travail du fer ;
la vapeur du feu lui ronge la chair,
dans la chaleur du four il se démène ;
le bruit du marteau l’assourdit,o
il a les yeux rivés sur son modèle ;
il met tout son cœur à bien faire son travail
et il passe ses veilles à le parfaire.

o « assourdit » conj. qui suppose l’hébr. yeherash lu par le traducteur grec yehaddesh (confusion fréquente du resh et du dalet), « renouvelle ».

29 Pareillement le potier, assis à son travail,
de ses pieds faisant aller son tour,
sans cesse préoccupé de son ouvrage,
tous ses gestes sont comptés ;p

p Traduction incertaine ; litt. « son activité est comptée » ou « chiffrée », peut-être parce qu’il doit fournir un nombre fixé de pièces à la fin de la journée.

30 de son bras il pétrit l’argile,
de ses pieds il la contraint ;
il met son cœur à bien appliquer le vernis
et pendant ses veilles il nettoie le foyer.
31 Tous ces gens ont mis leur confiance en leurs mains
et chacun est habileq dans son métier.

q Littéralement « sage ». C’est une forme élémentaire de sagesse que l’habitude manuelle, cf. Ex 35.30—36.1 ; 1 R 5.20 ; 7.13-14. Mais elle ne peut se comparer à celle du scribe, cf. 39.1-11.

32 Sans eux nulle cité ne pourrait se construire,
on ne pourrait ni s’installer ni voyager.
Mais on ne cherche pas à les avoir au conseil du peuple
33 et à l’assemblée ils n’ont pas un rang élevé.
Ils n’occupent pas le siège du juge
et ne méditent pas sur la loi.r
Ils ne brillent ni par leur culture ni par leur jugement,
on ne les trouve pas occupés aux proverbes.s

r Littéralement « le décret (diathêkê) du droit », cf. 45.17. Chez le traducteur de Ben Sira, le mot grec diathêkê ne désigne pas l’alliance, mais une ordonnance du droit biblique.

s Confusion possible du traducteur deux mots hébreux semblables signifient l’un proverbes et l’autre chefs ; on peut donc comprendre aussi « on ne les rencontre pas parmi les chefs ».

34 Mais ils assurent une création éternelle,
et leur prière a pour objet les affaires de leur métier.

Le scribe.

Il en va autrement de celui qui applique son âme
et sa méditation à la loi du Très-Haut.

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