6 L’année de la mort du roi Ozias,x je vis le Seigneur assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traîne emplissait le sanctuaire.y
w Cette vision devrait normalement se trouver au début du livre, mais celui-ci a été composé à partir de collections indépendantes, cf. Introduction, et cette vision trouve bien sa place en tête du Livre de l’Emmanuel qui groupe les oracles relatifs à la guerre syro-éphraïmite, où s’accomplissent les menaces des vv. 11-13.
x Probablement en 740.
y Le Hékal, salle qui précédait le Debir ou « Saint des Saints », cf. 1 R 6.1-38.
2 Des séraphinsz se tenaient au-dessus de lui, ayant chacun six ailes, deux pour se couvrir la face,a deux pour se couvrir les pieds,b deux pour voler.
z Étymologiquement les « brûlants ». Ces êtres ailés n’ont de commun que le nom avec les serpents brûlants de Nb 21.6, 8 ; Dt 8.15, ou volants d’14.29 ; 30.6. Ce sont des figures humaines, mais munies de six ailes, qui rappellent les êtres mystérieux qui portent le char de Yahvé dans Ez 1, et qu’Ez 10 appelle « chérubins », comme les figures analogues attachées à l’arche, Ex 25.18. La tradition postérieure a donné le nom de Séraphins et de Chérubins à deux classes des Anges.
a Par peur de voir Yahvé, cf. Ex 33.20.
b Euphémisme pour désigner le sexe.
3 Ils se criaient l’un à l’autre ces paroles :
« Saint, saint, saintc est Yahvé Sabaot,
sa gloire emplit toute la terre. »
c La sainteté de Dieu est un thème central de la prédication d’Isaïe qui appelle souvent Yahvé « le Saint d’Israël », 1.4 ; 5.19, 24 ; 10.17, 20 ; 41.14, 16, 20, etc. Cette sainteté de Dieu exige de l’homme qu’il soit lui-même sanctifié, c’est-à-dire séparé du profane, Lv 17.1, purifié du péché, ici vv. 5-7, participant à la « justice » de Dieu, cf. 1.26 et 5.16.
4 Les montants des portes vibrèrent au bruit de ces cris et le Temple était plein de fumée.d
d Signe de la présence de Dieu au Sinaï, Ex 19.16, dans la Tente du désert, Ex 40.34-35, et dans le Temple de Jérusalem, 1 R 8.10-12 ; Ez 10.4.
« Malheur à moi, je suis perdu !
car je suis un homme aux lèvres impures,
j’habite au sein d’un peuple aux lèvres impures,
et mes yeux ont vu le Roi, Yahvé Sabaot. »
6 L’un des séraphins vola vers moi, tenant dans sa main une braise qu’il avait prise avec des pinces sur l’autel.
« Voici, ceci a touché tes lèvres,e
ta faute est effacée,
ton péché est pardonné. »
e Le prophète est le messager de la parole de Dieu, il est sa « bouche », cf. Ex 4.16. De même, Yahvé touche la bouche de Jérémie, Jr 1.9, et Ézéchiel mange le rouleau qui contient la parole de Dieu, Ez 3.1-3. Le feu est purificateur, Jr 6.29, cf. Mt 3.11, à plus forte raison le feu de l’autel.
8 Alors j’entendis la voix du Seigneur qui disait :
« Qui enverrai-je ? Qui ira pour nous ? »
Et je dis : « Me voici, envoie-moi. »f
f La promptitude d’Isaïe rappelle la foi d’Abraham, Gn 12.1-4, et fait contraste avec les hésitations de Moïse, Ex 4.10-12, et surtout de Jérémie, Jr 1.6.
9 Il me dit :
« Va, et tu diras à ce peuple :
Écoutez, écoutez, et ne comprenez pas ;
regardez, regardez, et ne discernez pas.
10 Appesantis le cœur de ce peuple,
rends-le dur d’oreille, englue-lui les yeux,
de peur que ses yeux ne voient,
que ses oreilles n’entendent,
que son cœur ne comprenne,
qu’il ne se convertisse et ne soit guéri. »g
g La prédication du prophète se heurtera à l’incompréhension de ses auditeurs. Les impératifs employés ici ne doivent pas faire illusion, ils sont l’équivalent d’indicatifs, cf. 29.9 Dieu ne veut pas cette incompréhension, il la prévoit et elle sert ses desseins. Elle dévoile le péché du cœur et précipite le jugement ; comp. l’endurcissement du pharaon, Ex 4.21 ; 7.3, etc. — Ce texte d’Isaïe sera plusieurs fois cité dans le NT Mt 13.14-15p ; Jn 12.40 ; Ac 28.26-27, avec une application spéciale aux paraboles, Mt 13.13.
11 Et je dis : « Jusques à quand, Seigneur ? »h
Il me répondit : « Jusqu’à ce que les villes soient détruites et dépeuplées, les maisons inhabitées ; que le sol soit dévasté, désolé ;
h Le prophète ne veut pas accepter que la condamnation soit définitive. Sans contredire cette espérance, la réponse de Dieu insiste sur la gravité des épreuves qui précéderont le salut.
13 Et s’il en reste un dixième, de nouveau il sera dépouillé, comme le térébinthe et comme le chêne qui une fois émondés n’ont plus qu’un tronc ; leur tronc est une semence sainte. »i
i Verset difficile. La dernière phrase manque dans le grec, mais doit être maintenue de ce tronc dépouillé doit renaître un arbre nouveau, cf. 4.2-3 et la note.