8 Voici ce que me fit voir le Seigneur Yahvé :
C’était une corbeille de fruits mûrs.
t Par-delà l’épisode de Béthel, 7.10-17, cette quatrième vision se relie à la troisième, 7.7-9, à laquelle l’apparentent des similitudes de structure et de pensée.
2 Il dit : « Que vois-tu, Amos ? »
Je dis : « Une corbeille de fruits mûrs. »
Yahvé me dit :
« Mon peuple Israël est mûr pour sa fin,u
désormais je ne lui pardonnerai plus.
u Littéralement « La fin est venue pour mon peuple Israël ». La traduction s’efforce de rendre le jeu de mots entre « fin » (qeç) et « fruits mûrs » (litt. « fruits d’été » qayiç).
3 Les chants du palais seront des hurlements en ce jour-là
— oracle du Seigneur Yahvé —
Nombreux seront les cadavres
jetés en tous lieux. Silence ! »v
v « jetés » hoshlak conj. ; « il jette » hishlik TM.
4 Écoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre
et voudriez faire disparaître les humbles du pays,
w Les oracles qui suivent s’intercalent entre la quatrième et la cinquième vision. Ils ont été placés à cet endroit parce qu’ils précisent, justifient et développent l’annonce de la fin contenue dans la quatrième vision.
5 vous qui dites : « Quand donc sera passée la néoméniex
pour que nous vendions du grain,
et le sabbat, que nous écoulions le froment ?
Nous diminuerons la mesure, nous augmenterons le sicle,
nous fausserons les balances pour tromper.
x La nouvelle lune, Lv 23.24, comme le sabbat, Ex 20.8, interrompait les transactions commerciales.
6 Nous achèterons les faibles à prix d’argent
et le pauvre pour une paire de sandales ;
et nous vendrons les déchets du froment. »
7 Yahvé l’a juré par l’orgueil de Jacob :y
Jamais je n’oublierai aucune de leurs actions.
y L’« orgueil de Jacob » peut désigner, soit un attribut de Yahvé, 1 S 15.29, soit, comme en 6.8, l’arrogance d’Israël, si ferme qu’elle peut servir de base à un serment, soit encore la terre de Yahvé, la Palestine, Ps 47.5.
8 À cause de cela la terre ne tremble-t-elle pas ?
Tous ceux qui l’habitent ne sont-ils pas en deuil ?
Elle monte, comme le Nil, tout entière,
elle gonfle et puis retombe, comme le Nil d’Égypte.z
z Le prophète compare le tremblement de terre, cf. 1.1, aux crues et décrues du Nil. Il y a dans cette comparaison et cette description plus d’imagination poétique que d’observation. — « comme le Nil » versions ; « comme une lumière » hébr. — « retombe » qeré ; « sera bue » ketib, cf. 9.5.
9 Il adviendra en ce jour-là — oracle du Seigneur Yahvé —
que je ferai coucher le soleil en plein midi
et que j’obscurcirai la terre en un jour de lumière.a
a Le Jour de Yahvé, 5.18, s’accompagne de signes cosmiques tremblements de terre, 8.8 ; Isa 2.10 ; Jr 4.24, éclipses de soleil, 8.9 ; Jr 4.23 ; les prophètes postérieurs amplifient la description en se servant d’images stéréotypées qu’il ne faut pas prendre à la lettre, So 1.15 ; Isa 13.10, 13 ; 34.4 ; Ez 32.7, 8 ; Ha 3.6 ; Jl 2.10, 11 ; 3.3, 4 ; 4.15, 16 ; cf. Mt. 24.29 ; Ap. 6.12-14 et voir Mt 24.1.
10 Je changerai vos fêtes en deuil
et tous vos chants en lamentations ;
je mettrai le sac sur tous les reins
et la tonsure sur toutes les têtes.b
J’en ferai comme un deuil de fils unique,
sa fin sera comme un jour d’amertume.
b Signe d’affliction et de deuil chez les peuples voisins, Isa 15.2, comme en Israël Jr 7.29 ; Mi 1.16.
11 Voici venir des jours — oracle de Yahvé —
où j’enverrai la faim dans le pays,
non pas une faim de pain, non pas une soif d’eau,
mais d’entendre la parole de Yahvé.c
c « la parole » mss et versions ; « les paroles » hébr. — Le prophète n’annonce pas une conversion, caractérisée par une faim d’entendre la parole de Dieu afin de lui obéir, mais un châtiment. Las de parler sans être écouté, Dieu se tait. Il ne suscite plus de prophètes.
12 On ira titubant d’une mer à l’autre mer,
du nord au levant, on errera
pour chercher la parole de Yahvé
et on ne la trouvera pas !
13 En ce jour-là s’étioleront de soif
les belles jeunes filles et les jeunes gens.
14 Ceux qui jurent par le péchéd de Samarie,
ceux qui disent : « Vive ton dieu, Dan ! »e
et : « Vive le cheminf de Bersabée ! »
ceux-là tomberont pour ne plus se relever.
d Il s’agit soit d’une déesse, Ashima , cf. 2 R 17.30, dont le prophète écorche volontairement le nom en ashema , « péché », soit plutôt d’une désignation méprisante d’un sanctuaire de Samarie. Cf. Dt 9.21 où Aaron appelle le veau d’or « votre péché ».
e Où se trouvait un des deux veaux d’or de Jéroboam, 1 R 12.30.
f C’est-à-dire le pèlerinage.