8 Elle s’étend avec force d’un bout du monde à l’autre
et elle gouverne l’univers avec bonté.
2 C’est elle que j’ai chérie et recherchée dès ma jeunesse ;
j’ai cherché à la prendre pour épouse
et je suis devenu amoureux de sa beauté.
f La Sagesse apparaît à présent au jeune homme comme une épouse idéale qui possède, non seulement la beauté (v. 2), mais une noblesse divine, puis (vv. 4-8) la source même du savoir, de la richesse, de l’efficacité, de la vertu et de l’expérience.
3 Elle fait éclater sa noble origine en vivant dans l’intimité de Dieu,
car le maître de tout l’a aimée.
4 Elle est, de fait, initiée à la science de Dieu
c’est elle qui décide de ce qu’il fait.
5 Si, dans la vie, la richesse est un bien désirable,
quoi de plus riche que la Sagesse, qui opère tout ?
6 Et si c’est l’intelligence qui opère,
qui est plus qu’elle l’ouvrière de ce qui est ?
7 Aime-t-on la justice ?
Ses labeurs, ce sont les vertus,g
elle enseigne, en effet, tempérance et prudence,
justice et force ;
rien de plus utile pour les hommes dans la vie.
g L’auteur reprend peut-être une interprétation allégorique de Pr 31.10-31, appliquée à la Sagesse (cf. Pr 31.30). Il énumère ensuite les quatre grandes vertus des philosophes grecs, qui deviendront plus tard les « vertus cardinales » de la théologie chrétienne.
8 Désire-t-on encore une riche expérience ?
Elle connaît le passé et conjecture l’avenir,
elle sait l’art de tournerh les maximes et de résoudre les énigmes,
les signes et les prodiges, elle les sait d’avance,
ainsi que la successioni des époques et des temps.
h Ou « d’interpréter ». — « maximes » et « énigmes » signifient des sentences morales exprimées en termes volontairement obscurs. Cf. Jg 14.12 ; Pr 1.6 ; Si 39.2-3 ; Ez 17.2. Salomon y excellait, 1 R 5.12 ; 10.1-3 ; Qo 12.9 ; Si 47.15-17. Les termes associés « signes » et « prodiges » renvoient surtout aux miracles de l’Exode, cf. 10.16. D’après l’usage grec, ils désigneraient plutôt des phénomènes naturels extraordinaires ou exceptionnels, considérés comme difficilement prévisibles.
i Ou « les résultats, les issues ». Le texte envisage donc, soit le déroulement de l’histoire, soit les temps favorables aux initiatives ou entreprises humaines, cf. Qo 3.1-8. — Cette description des compétences de la Sagesse complète le tableau de 7.17-21.
9 Je décidai donc de la prendre pour compagne de ma vie,
sachant qu’elle me serait une conseillère pour le bien,
et un encouragement dans les soucis et la tristesse :
10 « J’aurai à cause d’elle gloire parmi les foules
et, bien que jeune, honneur auprès des vieillards.
11 On me trouvera pénétrant dans le jugement
et en présence des grands je serai admiré.
12 Si je me tais, ils m’attendront,
si je parle, ils seront attentifs,
si je prolonge mon discours, ils mettront la main sur leur bouche.j
j Attitude du silence, Pr 30.32 ; Si 5.12, sous l’effet, soit de la stupeur ou de la confusion, Mi 7.16 ; Jb 21.5 ; 40.4, soit de l’admiration, Jb 29.9.
13 J’aurai à cause d’elle l’immortalité
et je laisserai un souvenir éternel à ceux qui viendront après moi.
14 Je gouvernerai des peuples, et des nations me seront soumises.
15 En entendant parler de moi, des souverains terribles auront peur ;
je me montrerai bon avec la multitude et vaillant à la guerre.
16 Rentré dans ma maison, je me reposerai auprès d’elle ;
car la fréquenter ne cause pas d’amertume,
ni de peine, vivre en son intimité,
mais du plaisir et de la joie. »
17 Ayant médité cela en moi-même,
et considéré en mon cœur
que l’immortalité se trouve dans la parenték avec la Sagesse,
k Une « parenté » conférée par grâce (cf. v. 21). L’immortalité qui en résulte est d’abord celle du souvenir (cf. v. 13), mais sans doute aussi l’immortalité personnelle (cf. 4.1) car la Sagesse doit communiquer ce qu’elle possède par nature.
18 dans son affection une noble jouissance,
dans les travaux de ses mains une richesse inépuisable,
dans sa fréquentation assidue l’intelligence,
et la renommée à s’entretenir avec elle,
j’allais de tous côtés, cherchant comment l’obtenir pour moi.
19 J’étais un enfant d’un heureux naturel,
et j’avais reçu en partage une âme bonne,
20 qui plus est : étant bon, j’étais venu dans un corps sans souillure ;l
l Ce texte n’enseigne pas la préexistence de l’âme, comme on pourrait le croire si on l’isolait du contexte. Il renchérit sur l’expression du v. 19, qui paraissait donner la priorité au corps comme sujet personnel, et souligne la prééminence de l’âme.
21 mais, comprenant que je ne pourrais devenir possesseur de la Sagesse que si Dieu me la donnait,
— et c’était déjà de l’intelligence que de savoir de qui vient la faveur —
je m’adressai au Seigneur et le priai,
et je dis de tout mon cœur :