9 Ayant convoqué les Douze,f il leur donna puissance et pouvoir sur tous les démons, et sur les maladies pour les guérir.
f Add. « apôtres ».
7 Hérode, le tétrarque, apprit tout ce qui se passait, et il était fort perplexe, car certains disaient : « C’est Jean qui est ressuscité d’entre les morts »;
g Au lieu de raconter le meurtre de Jean-Baptiste, Luc prépare (« il cherchait à le voir », v. 9) la future rencontre d’Hérode et de Jésus, 23.8-12.
10 À leur retour, les apôtres lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait. Les prenant alors avec lui, il se retira à l’écart, vers une ville appelée Bethsaïde.
h ne rapporte qu’une seule multiplication des pains, comme Jean, tandis que Mt et Mc en racontent deux. Ce peut être qu’il a omis, ou ignoré, toute la section de Mc 6.45—8.26, où se rencontre la deuxième multiplication. Mais ce peut être aussi, et plutôt, qu’il évite ainsi un doublet de Mc et Mt, où les deux récits de multiplication des pains semblent bien être deux traditions parallèles d’un même événement, l’une issue du milieu palestinien (rive occidentale du lac, cf. Mt 14.13 ; douze couffins comme les douze tribus d’Israël), l’autre venant d’un milieu chrétien issu du paganisme (rive orientale, cf. Mc 7.31 ; sept corbeilles comme les sept nations païennes de Canaan avant la conquête, Dt 7.1 ; Ac 13.19). Cf. Mt 14.13.
12 Le jour commença à baisser. S’approchant, les Douze lui dirent : « Renvoie la foule, afin qu’ils aillent dans les villages et fermes d’alentour pour y trouver logis et provisions, car nous sommes ici dans un endroit désert. »
18 Et il advint, comme il était à prier, seul, n’ayant avec lui que les disciples, qu’il les interrogea en disant : « Qui suis-je, au dire des foules ? »
i Même sans l’addition matthéenne « Fils de Dieu », cf. Mt 16.16, cette confession de Pierre, parlant au nom du groupe apostolique, est de grande importance et marque un tournant décisif dans la carrière terrestre de Jésus. Alors que la foule s’égare dans ses pensées sur son compte et s’écarte de plus en plus de lui, ses disciples reconnaissent pour la première fois, de façon explicite, qu’il est le Messie, cf. 2.26. Désormais Jésus va consacrer ses efforts à former ce petit noyau des premiers croyants et à purifier leur foi.
22 « Le Fils de l’homme, dit-il, doit souffrir beaucoup, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter. »
j Cette annonce sera suivie de plusieurs autres, 9.44 ; 12.50 ; 17.25 ; 18.31-33. Cf. 24.7, 25-27. omet l’intervention de Pierre et la semonce de Jésus, Mc 8.32s.
23 Et il disait à tous : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive.
27 « Je vous le dis vraiment, il en est de présents ici même qui ne goûteront pas la mort, avant d’avoir vu le Royaume de Dieu. »
28 Or il advint, environ huit jours après ces paroles, que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier.
k De nombreux traits originaux trahissent chez une autre source que Mc. De l’ensemble se dégage une présentation de la Transfiguration différente de celles de Mt et de Mc. Alors que Mt met en valeur la manifestation de Jésus comme nouveau Moïse, cf. Mt 17.1, et que Mc décrit une épiphanie du Messie caché, cf. Mc 9.2, Lc, ou du moins la source qu’il combine avec Mc, songe davantage à une expérience personnelle de Jésus qui, au cours d’une prière ardente et transformante, est éclairé par le ciel sur le « départ » (litt. exode), c’est-à-dire la mort, cf. Sg 3.2 ; 7.6 ; 2 P 1.15, qu’il doit accomplir à Jérusalem, la ville qui tue les prophètes, cf. 13.33-34.
l Moïse et Élie n’étant nommés que pour identifier les « deux hommes » mentionnés d’abord, on peut penser que, dans la source combinée par avec Mc, ceux-ci étaient deux anges, cf. 24.4 ; Ac 1.10, qui instruisaient et confortaient Jésus, cf. 22.43. Sur la signification de Moïse et Élie dans la tradition de Mt, cf. Mt 17.1.
m Ou bien « Demeurés quand même éveillés ». Ce sommeil accablant des disciples, propre à Lc, rappelle celui de Gethsémani, 22.45, où il est plus naturel et d’où il pourrait provenir.
34 Et pendant qu’il disait cela, survint une nuée qui les prenait sous son ombre et ils furent saisis de peur en entrant dans la nuée.
n Var. « mon Fils bien-aimé », cf. Mt et Mc. Le titre d’« Élu », cf. 23.35 ; Isa 42.1, alterne avec celui de « Fils de l’homme » dans les Paraboles d’Hénok.
37 Or il advint, le jour suivant, à leur descente de la montagne, qu’une foule nombreuse vint au-devant de lui.
39 Et voilà qu’un esprit s’en empare, et soudain il crie, le secoue avec violence et le fait écumer ; et ce n’est qu’à grand-peine qu’il s’en éloigne, le laissant tout brisé.
Comme tous étaient étonnés de tout ce qu’il faisait, il dit à ses disciples :
46 Une pensée leur vint à l’esprit : qui pouvait bien être le plus grand d’entre eux ?
o La réponse topique à cette question est donnée au v. 48, et sous une forme plus primitive qu’en Mt 18.3-4 ou Mc 9.35. Le logion du v. 48, cf. Mt 18.5 ; Mc 9.37, est pris d’un autre contexte, cf. Mt 10.40.
49 Jean prit la parole et dit : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom, et nous voulions l’empêcher,p parce qu’il ne te suit pas avec nous. »
p Var. « nous l’en avons empêché ».
51 Or il advint, comme s’accomplissait le temps où il devait être enlevé,r qu’il prit résolument le chemin de Jérusalem
q De 9.51 à 18.14 s’écarte de Mc et rassemble, dans le cadre littéraire, fourni par Mc 10.1, d’une montée vers Jérusalem, 9.53, 57 ; 10.1 ; 13.22, 33 ; 17.11 ; cf. 2.38, des matériaux qu’il a puisés dans un Recueil également utilisé par Mt et dans d’autres traditions qui lui sont propres. Tandis que Mt a dépecé ce Recueil pour en répartir les fragments dans tout son évangile, a préféré le reproduire en bloc, précisément dans cette section 9.51—18.14, dont il fournit l’apport principal.
r L’« enlèvement » ou « assomption » de Jésus, cf. 2 R 2.9-11 ; Mc 16.19 ; Ac 1.2, 10-11 ; 1 Tm 3.16, comprend les derniers jours de sa destinée souffrante et les premiers de sa destinée glorieuse (passion, mort, résurrection et ascension). Pour le même ensemble, Jn emploiera le terme plus théologique « glorifier », Jn 7.39 ; 12.16, 23 ; 13.31s ; la crucifixion sera pour lui une « élévation », Jn 12.32.
s Les Samaritains, toujours très mal disposés pour les Juifs, Jn 4.9, devaient se montrer particulièrement hostiles vis-à-vis des pèlerins de Jérusalem. Aussi évitait-on généralement leur territoire, cf. Mt 10.5. Luc et Jean (Jn 4.1-42) sont seuls à mentionner le passage de Jésus en terre schismatique, cf. 17.11, 16. De très bonne heure, la primitive Église imitera le Maître, Ac 8.5-25.
54 Ce que voyant, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? »t
t Add. « comme fit Élie ». Allusion à 2 R 1.10-12. Jacques et Jean se montrent de vrais « fils du tonnerre », Mc 3.17.
u Add. « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes. Car le Fils de l’homme n’est pas venu perdre les âmes des hommes, mais les sauver. » Leçon suspecte d’origine marcionite.
57 Et tandis qu’ils faisaient route, quelqu’un lui dit en chemin : « Je te suivrai où que tu ailles. »
59 Il dit à un autre : « Suis-moi. » Celui-ci dit :v « Permets-moi de m’en aller d’abord enterrer mon père. »
v Add. « Seigneur », cf. Mt 8.21.
w Le logion joue sur le double sens, physique et spirituel, du mot « mort ».
61 Un autre encore dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais d’abord permets-moi de prendre congé des miens. »