51 Or il advint, comme s’accomplissait le temps où il devait être enlevé,r qu’il prit résolument le chemin de Jérusalem
q De 9.51 à 18.14 s’écarte de Mc et rassemble, dans le cadre littéraire, fourni par Mc 10.1, d’une montée vers Jérusalem, 9.53, 57 ; 10.1 ; 13.22, 33 ; 17.11 ; cf. 2.38, des matériaux qu’il a puisés dans un Recueil également utilisé par Mt et dans d’autres traditions qui lui sont propres. Tandis que Mt a dépecé ce Recueil pour en répartir les fragments dans tout son évangile, a préféré le reproduire en bloc, précisément dans cette section 9.51—18.14, dont il fournit l’apport principal.
r L’« enlèvement » ou « assomption » de Jésus, cf. 2 R 2.9-11 ; Mc 16.19 ; Ac 1.2, 10-11 ; 1 Tm 3.16, comprend les derniers jours de sa destinée souffrante et les premiers de sa destinée glorieuse (passion, mort, résurrection et ascension). Pour le même ensemble, Jn emploiera le terme plus théologique « glorifier », Jn 7.39 ; 12.16, 23 ; 13.31s ; la crucifixion sera pour lui une « élévation », Jn 12.32.
s Les Samaritains, toujours très mal disposés pour les Juifs, Jn 4.9, devaient se montrer particulièrement hostiles vis-à-vis des pèlerins de Jérusalem. Aussi évitait-on généralement leur territoire, cf. Mt 10.5. Luc et Jean (Jn 4.1-42) sont seuls à mentionner le passage de Jésus en terre schismatique, cf. 17.11, 16. De très bonne heure, la primitive Église imitera le Maître, Ac 8.5-25.
54 Ce que voyant, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? »t
t Add. « comme fit Élie ». Allusion à 2 R 1.10-12. Jacques et Jean se montrent de vrais « fils du tonnerre », Mc 3.17.
u Add. « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes. Car le Fils de l’homme n’est pas venu perdre les âmes des hommes, mais les sauver. » Leçon suspecte d’origine marcionite.
57 Et tandis qu’ils faisaient route, quelqu’un lui dit en chemin : « Je te suivrai où que tu ailles. »
59 Il dit à un autre : « Suis-moi. » Celui-ci dit :v « Permets-moi de m’en aller d’abord enterrer mon père. »
v Add. « Seigneur », cf. Mt 8.21.
w Le logion joue sur le double sens, physique et spirituel, du mot « mort ».
61 Un autre encore dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais d’abord permets-moi de prendre congé des miens. »
10 Après cela, le Seigneur désigna soixante-douze autres et les envoya deux par deux en avant de luiy dans toute ville et tout endroit où lui-même devait aller.
x Le recueil de logia utilisé par Mt et contenait un discours de mission parallèle à celui de Mc 6.8-11. Tandis que Mt a combiné ces deux versions en un seul discours, 10.7-16, les a maintenues distinctes en deux discours adressés, l’un aux Douze, chiffre d’Israël, l’autre à soixante-douze (ou soixante-dix) disciples, chiffre traditionnel des nations païennes. Comparer le cas des deux multiplications des pains, cf. Mt 14.13.
y Non pas, comme 9.52, pour préparer logis et nourriture, mais pour lui servir de précurseurs spirituels.
« La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux ; priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson.
z Hébraïsme quelqu’un qui est digne de la « paix », c’est-à-dire de l’ensemble des biens temporels et spirituels souhaités par ce salut. Cf. Jn 14.27.
13 « Malheur à toi, Chorazeïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et assises dans la cendre, elles se seraient repenties.
16 « Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette rejette Celui qui m’a envoyé. »
17 Les soixante-douze revinrent tout joyeux, disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom ! »
21 À cette heure même, il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint et il dit : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.
a Add. « Et se retournant vers les disciples, il dit ».
23 Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !
b Saint Paul a insisté fortement sur les longs silences dont a été entouré le « Mystère » Rm 16.25. Voir aussi 1 P 1.11-12.
25 Et voici qu’un légiste se leva, et lui dit pour l’éprouver : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »
29 Mais lui, voulant se justifier,c dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »
c D’avoir posé sa question.
d D’un côté, ceux qui, en Israël, sont le plus tenus à observer la loi de charité, de l’autre l’étranger et l’hérétique, Jn 8.48 ; cf. 9.53, dont on n’attendrait normalement que de la haine.
38 Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.
e On retrouve les deux sœurs avec les mêmes traits de caractère dans le récit de la résurrection de Lazare, Jn 11.1-44.
f Var. « il n’en faut pourtant qu’une », « il n’en faut pourtant que peu », leçons qui mutilent le texte et altèrent le sens. Jésus passe de la perspective du repas (« il en faut peu ») à celle de l’unique nécessaire.
11 Et il advint, comme il était quelque part à prier, quand il eut cessé, qu’un de ses disciples lui dit : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples. »
Père, que ton Nom soit sanctifié ;
que ton règne vienne ;
g Le texte de Mt contient sept demandes, celui de cinq seulement. Cf. Mt 6.9.
3 donne-nous chaque jour notre pain quotidien ;h
h Var. (qui tire peut-être son origine de la liturgie baptismale) « que ton Esprit Saint vienne sur nous et nous purifie ».
4 et remets-nous nos péchés,i
car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit ;
et ne nous laisse pas entrer en tentation. »j
i interprète justement les « dettes » de Mt, tout en conservant au stique suivant (« quiconque nous doit ») l’aspect juridique de Mt.
j Voir Mt 6.13.
5 Il leur dit encore : « Si l’un de vous, ayant un ami, s’en va le trouver au milieu de la nuit, pour lui dire : « Mon ami, prête-moi trois pains,
9 « Et moi, je vous dis : demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira.
k Add. « du pain, et qui lui remettra une pierre ? » Harmonisation avec Mt 7.9.
13 Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saintl à ceux qui l’en prient ! »
l Au lieu des « bonnes choses » de Mt 7.11. L’Esprit Saint est la « bonne chose » par excellence.
14 Il expulsait un démon, qui était muet. Or il advint que, le démon étant sorti, le muet parla, et les foules furent dans l’admiration.
m Var. « Béézéboul » et « Béelzéboub ».
n Sur l’expression, cf. Ex 8.15 et Ps 8.4. C’est la comparaison de ce passage avec le parallèle Mt 12.28, qui a fait donner à l’Esprit Saint l’appellation de « Digitus paternae dexterae ».
23 « Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi dissipe.
24 « Lorsque l’esprit impur est sorti de l’homme, il erre par des lieux arides en quête de repos. N’en trouvant pas, il dit : « Je vais retourner dans ma demeure, d’où je suis sorti. »
27 Or il advint, comme il parlait ainsi, qu’une femme éleva la voix du milieu de la foule et lui dit : « Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins que tu as sucés ! »
29 Comme les foules se pressaient en masse, il se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe,o et de signe, il ne lui sera donné que le signe de Jonas.
o C’est-à-dire un miracle qui exprime et justifie l’autorité de Jésus, cf. Jn 2.11 ; 1.18. Voir Mt 8.3.
p Sur le « signe de Jonas », voir Mt 12.39.
33 « Personne, après avoir allumé une lampe, ne la met en quelque endroit caché ou sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire, pour que ceux qui pénètrent voient la clarté.
34 « La lampe du corps, c’est ton œil. Lorsque ton œil est sain, ton corps tout entier aussi est lumineux ; mais dès qu’il est malade, ton corps aussi est ténébreux.
q Le texte des vv. 35-36, de transmission troublée, est sans doute corrompu. Le sens de l’ensemble du logion est pourtant clair le message, que Jésus adresse à tous, peut être compris de tous ; il suffit pour cela d’avoir l’intelligence saine, c’est-à-dire dégagée de tout préjugé égoïste, cf. Jn 3.19-21.
37 Tandis qu’il parlait, un Pharisien l’invite à déjeuner chez lui. Il entra et se mit à table.
r Luc, qui dépend ici d’une source commune avec Mt, reviendra sur le même sujet, 20.45-47, en dépendance de Mc. Mt a combiné les deux sources en un seul discours (23). Cf. 10.1 ; 17.22.
40 Insensés ! Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ?
s Texte d’interprétation difficile. On traduit aussi « ce qui est dedans ».
42 Mais malheur à vous, les Pharisiens, qui acquittez la dîme de la menthe, de la rue et de toute plante potagère, et qui délaissez la justice et l’amour de Dieu ! Il fallait pratiquer ceci, sans omettre cela.
t Contractant ainsi une impureté rituelle, Nb 19.16.
45 Prenant alors la parole, un des légistes lui dit : « Maître, en parlant ainsi, tu nous outrages, nous aussi ! »
47 « Malheur à vous, parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes, et ce sont vos pères qui les ont tués !
u Ironique. En bâtissant des tombeaux aux prophètes, les légistes croient réparer les fautes de leurs pères. Mais ils ont les mêmes dispositions qu’eux.
49 « Et voilà pourquoi la Sagesse de Dieuv a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; ils en tueront et pourchasseront,
v Il s’agit ici des décrets divins interprétés par Jésus.
52 « Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez enlevé la clef de la science ! Vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés ! »
53 Quand il fut sorti de là, les scribes et les Pharisiens se mirent à lui en vouloir terriblementw et à le faire parler sur une foule de choses,
w L’opposition des ennemis de Jésus va grandissant Lc, mieux que Mc, en a marqué les étapes, 6.11 ; 11.53-54 ; 19.48 ; 20.19-20 ; 22.2.
12 Sur ces entrefaites, la foule s’étant rassemblée par milliers, au point qu’on s’écrasait les uns les autres, il se mit à dire, et d’abord à ses disciples :x « Méfiez-vous du levain c’est-à-dire de l’hypocrisie des Pharisiens.
x Ou bien « se mit à dire à ses disciples En premier lieu, méfiez-vous... ».
2 Rien, en effet, n’est voilé qui ne sera révélé, rien de caché qui ne sera connu.
4 « Je vous le dis à vous, mes amis : Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus.
8 « Je vous le dis, quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu ;
10 « Et quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera remis, mais à qui aura blasphémé contre le Saint Esprit, cela ne sera pas remis.
11 « Lorsqu’on vous conduira devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne cherchez pas avec inquiétude comment vous défendre ou que dire,
12 car le Saint Esprit vous enseignera à cette heure même ce qu’il faut dire. »
13 Quelqu’un de la foule lui dit : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »
16 Il leur dit alors une parabole : « Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté.
22 Puis il dit à ses disciples : « Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez.
y Littéralement « l’âme » au sens biblique, comme au v. 19.
z Var. « ils ne peinent ni ne filent », cf. Mt 6.28.
32 « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume.
33 « Vendez vos biens, et donnez-les en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, où ni voleur n’approche ni mite ne détruit.
a Le danger des richesses, avec le conseil de s’en défaire et de pratiquer l’aumône, est un trait caractéristique de la religion de Luc : cf. 3.11 ; 5.11, 28 ; 6.30 ; 7.5 ; 11.41 ; 12.33-34 ; 14.13, 33 ; 16.9 ; 18.22 ; 19.8 ; Ac 9.36 ; 10.2, 4, 31.)
35 « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées.
41 Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tout le monde ? »
b Il s’agit donc d’un serviteur constitué en autorité sur les autres serviteurs, ce qui répond bien à la question de Pierre, où « nous » se rapporte aux apôtres.
47 « Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien préparé ou fait selon sa volonté, recevra un grand nombre de coups.
49 « Je suis venu jeter un feuc sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé !
c Ce feu, évidemment symbolique, peut revêtir des significations différentes suivant les contextes l’Esprit Saint, ou encore le feu qui purifiera et embrasera les cœurs et qui doit s’allumer sur la croix. Le v. 50 favoriserait cette dernière interprétation, mais les vv. 51-53 suggéreraient plutôt l’état de guerre spirituelle que suscite l’apparition de Jésus.
51 « Pensez-vous que je sois apparu pour établir la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien la division.
54 Il disait encore aux foules : « Lorsque vous voyez un nuage se lever au couchant, aussitôt vous dites que la pluie vient, et ainsi arrive-t-il.
d Les temps messianiques sont là, et il est grand temps de le comprendre, car le jugement est proche, vv. 57-59.
57 « Mais pourquoi ne jugez-vous pas par vous-mêmes de ce qui est juste ?
58 Ainsi, quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, tâche, en chemin, d’en finir avec lui, de peur qu’il ne te traîne devant le juge, que le juge ne te livre à l’exécuteur, et que l’exécuteur ne te jette en prison.
e Littéralement « lepte », monnaie grecque de valeur infime. En Mt 5.25-26 le logion recevait du contexte une application sociale comment les frères de la communauté doivent se réconcilier et régler leurs différends. En il revêt une portée eschatologique le jugement de Dieu est proche, il faut se hâter de se mettre en règle.
13 En ce même temps survinrent des gens qui lui rapportèrent ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs victimes.f
f Épisode inconnu par ailleurs, de même que l’accident mentionné au v. 4. Flavius Josèphe rapporte plusieurs interventions sanglantes de Pilate à Jérusalem.
6 Il disait encore la parabole que voici : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher des fruits et n’en trouva pas.
g L’épisode du figuier desséché, Mt 21.18-22, est un acte de sévérité ; Luc lui a préféré cette parabole de la patience.
h Peut-être allusion à la durée du ministère de Jésus, telle qu’elle ressort du quatrième évangile.
10 Or il enseignait dans une synagogue le jour du sabbat.
i Ou « ne pouvait pas lever la tête complètement ».
14 Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus eût fait une guérison le sabbat,j prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler ; venez donc ces jours-là vous faire guérir, et non le jour du sabbat ! »
j Il voit dans cette guérison un « travail » interdit par la Loi.
15 Mais le Seigneur lui répondit : « Hypocrites ! chacun de vous, le sabbat, ne délie-t-il pas de la crèche son bœuf ou son âne pour le mener boire ?
18 Il disait donc : « À quoi le Royaume de Dieu est-il semblable et à quoi vais-je le comparer ?
20 Il dit encore : « À quoi vais-je comparer le Royaume de Dieu ?
22 Et il cheminait par villes et villages, enseignant et faisant route vers Jérusalem.
k La source utilisée par et Mt a groupé ici des logia que Mt a répartis ailleurs dans son évangile, cf. 9.51. L’idée maîtresse de ce groupement, respecté par Lc, paraît avoir été l’appel des païens au salut. Les liens de race avec Jésus ne suffiront pas aux juifs restés incrédules pour éviter l’exclusion méritée par leur conduite, vv. 25-27 ; cf. 3.7-9 ; Jn 8.33s. Aussi beaucoup ne pourront-ils trouver l’entrée du salut, vv. 23-24, de premiers deviendront derniers, v. 30 ; cf. Mt 20.16, et verront les païens prendre leur place au festin messianique, vv. 28-29.
25 « Dès que le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, et que, restés dehors, vous vous serez mis à frapper à la porte en disant : « Seigneur, ouvre-nous », il vous répondra : « Je ne sais d’où vous êtes. »
28 « Là seront les pleurs et les grincements de dents, lorsque vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et vous, jetés dehors.
30 « Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et il y a des premiers qui seront derniers. »
31 À cette heure même s’approchèrent quelques Pharisiens, qui lui dirent : « Pars et va-t’en d’ici ; car Hérodel veut te tuer. »
l Hérode Antipas, cf. 3.1. Peut-être a-t-il voulu par cette menace se débarrasser de Jésus ; c’est à cette manœuvre que ferait allusion l’épithète de « renard ».
m L’expression indique un laps de temps assez court.
n Mot riche de sens, qui inclut tout ensemble la fin et l’achèvement de Jésus, rendu « parfait » par ses souffrances et sa mort He 2.10 ; 5.9. Cf. Jn 19.30.
o C’est-à-dire, semble-t-il Ma tâche sera bientôt terminée, mais elle ne l’est pas. J’ai encore à chasser des démons et à guérir, et cela sur le chemin de Jérusalem, où doit s’accomplir mon destin, cf. 2.38. De même en Jn 7.30 ; 8.20, les ennemis de Jésus ne peuvent attenter à sa vie tant que « son heure n’est pas venue ».
34 « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble sa couvée sous ses ailes... et vous n’avez pas voulu !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
14 Et il advint, comme il était venu un sabbat chez l’un des chefs des Pharisiens pour prendre un repas, qu’eux étaient à l’observer.
p « son fils »; var. « son âne ».
7 Il disait ensuite une parabole à l’adresse des invités, remarquant comment ils choisissaient les premiers divans ; il leur disait :
12 Puis il disait à celui qui l’avait invité : « Lorsque tu donnes un déjeuner ou un dîner, ne convie ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins, de peur qu’eux aussi ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille.q
q Ou « et que ce soit là ta récompense ».
15 À ces mots, l’un des convives lui dit : « Heureux celui qui prendra son repas dans le Royaume de Dieu ! »
21 « À son retour, le serviteur rapporta cela à son maître. Alors, pris de colère, le maître de maison dit à son serviteur : « Va-t’en vite par les places et les rues de la ville, et introduis ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. »r
r Dans les écrits de Qumrân ces infirmes étaient exclus du combat eschatologique et du banquet qui le suivrait.
s Après « les places et les rues de la ville » du v. 21, « les chemins et le long des clôtures » du v. 23 semblent être hors de la ville on pressent là deux catégories différentes, d’une part les pauvres et les « impurs » en Israël, d’autre part les païens. La « force » employée à introduire ces miséreux veut seulement exprimer le triomphe de la grâce sur leur impréparation, non une violation de leur conscience. On sait l’abus qui a été fait au cours de l’histoire de ce compelle intrare.
25 Des foules nombreuses faisaient route avec lui, et se retournant il leur dit :
26 « Si quelqu’un vient à moi sans haïrt son père, sa mère, sa femme,u ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
t Hébraïsme, Jésus ne demande pas la haine, mais le détachement complet et immédiat, cf. 9.57-62.
u « sa femme » propre à Luc, qui exprime ainsi sa tendance ascétique, cf. 1 Co 7. De même 18.29.
28 « Qui de vous en effet, s’il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
v Luc ne semble pas établir de distinction entre les disciples. L’avertissement vaut pour tous. Cf. Mc 1.17.
34 « C’est donc une bonne chose que le sel. Mais si même le sel vient à s’affadir, avec quoi l’assaisonnera-t-on ?
15 Cependant tous les publicains et les pécheurs s’approchaient de lui pour l’entendre.
4 « Lequel d’entre vous, s’il a cent brebis et vient à en perdre une, n’abandonne les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour s’en aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée ?
8 « Ou bien, quelle est la femme qui, si elle a dix drachmes et vient à en perdre une, n’allume une lampe, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée ?
w a plusieurs paraboles assez développées qui sont spécifiques au troisième évangile. Les paraboles de Mc visent surtout la nature et l’avènement du royaume. Celles qui sont propres à Mt concernent en grande partie soit le jugement final soit les relations fraternelles dans la communauté. Les paraboles de s’occupent des individus et de la morale personnelle ; au premier plan se trouve souvent un antihéros dont les réflexions deviennent le tournant du récit, voir 12.17 ; 15.17 ; 16.3, 24 ; 18.4, 11.
11 Il dit encore : « Un homme avait deux fils.
14 « Quand il eut tout dépensé, une famine sévère survint en cette contrée et il commença à sentir la privation.
16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, mais personne ne lui en donnait.
« Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement.
x Add. « traite-moi comme l’un de tes journaliers », cf. v. 19.
25 « Son fils aînéy était aux champs. Quand, à son retour, il fut près de la maison, il entendit de la musique et des danses.
y À l’attitude miséricordieuse du père, qui symbolise la miséricorde divine, s’oppose dans le fils aîné l’attitude des Pharisiens et des scribes qui se flattent d’être « justes » parce que ne transgressant aucun commandement de la Loi, v. 29 ; cf. 18.9s.
31 « Mais le père lui dit : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
16 Il disaitz encore à ses disciples : « Il était un homme riche qui avait un intendant, et celui-ci lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens.
z Ce ch. rassemble deux paraboles et plusieurs logia de Jésus, concernant le bon et le mauvais emploi de l’argent. Les vv. 16-18, qui se rapportent à trois sujets différents, en troublent la composition.
5 « Et, faisant venir un à un les débiteurs de son maître, il dit au premier : « Combien dois-tu à mon maître ? »
8 « Et le maître loua cet intendant malhonnête d’avoir agi de façon avisée.a Car les fils de ce monde-ci sont plus avisés envers leurs propres congénères que les fils de la lumière.
a Selon la coutume alors tolérée en Palestine, l’intendant avait le droit de consentir des prêts sur les biens de son maître et, comme il n’était pas rémunéré, de se payer en forçant sur la quittance le montant du prêt, afin que, lors du remboursement, il profitât de la différence comme d’un surplus qui représentait son intérêt. Dans le cas présent, il n’avait sans doute prêté en réalité que cinquante barils d’huile et quatre-vingts mesures de blé en ramenant la quittance à ce montant réel, il ne fait que se priver du bénéfice, à vrai dire usuraire, qu’il avait escompté. Sa « malhonnêteté », v. 8, ne réside donc pas dans la réduction de quittances, qui n’est qu’un sacrifice de ses intérêts immédiats, manœuvre habile que son maître peut louer, mais plutôt dans les malversations antérieures qui ont motivé son renvoi, v. 1.
9 « Eh bien ! moi je vous dis : faites-vous des amis avec le malhonnête Argent,b afin qu’au jour où il viendra à manquer, ceux-ci vous accueillent dans les tentes éternelles.
b L’argent n’est pas mauvais en soi, mais il faut en faire bon usage. S’il est dit « malhonnête », c’est parce qu’il risque toujours de détourner l’être humain des vraies valeurs, amour de Dieu et du prochain. Plus haut (6.24), Luc a stigmatisé la conduite de ceux qui se sont fait un dieu de l’argent (1 Tm 6.10).
c C’est-à-dire un bien extérieur à l’homme la richesse.
d « le vôtre »; var. « le nôtre ». Il s’agit des biens spirituels qui, ceux-là, peuvent appartenir à l’homme.
13 « Nul serviteur ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. »
14 Les Pharisiens, qui sont amis de l’argent, entendaient tout cela et ils se moquaient de lui.
16 « Jusqu’à Jean ce furent la Loi et les Prophètes ; depuis lors le Royaume de Dieu est annoncé, et tous s’efforcent d’y entrer par violence.
17 « Il est plus facile que le ciel et la terre passent que ne tombe un seul menu trait de la Loi.
18 « Tout homme qui répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère.
19 « Il y avait un homme riche qui se revêtait de pourpre et de lin fin et faisait chaque jour brillante chère.
e Histoire-parabole, sans aucune attache historique.
f Add. « mais personne ne lui en donnait », cf. 15.16.
g Expression judaïque qui répond à l’ancienne locution biblique « être réuni à ses pères », c’est-à-dire aux Patriarches, Jg 2.10 ; cf. Gn 15.15 ; 47.30 ; Dt 31.16. L’image exprime l’intimité, Jn 1.18, et la proximité avec Abraham dans le banquet messianique, cf. Jn 13.23 ; Mt 8.11.
h Vulg. « on l’enterra dans l’enfer ».
23 « Dans l’Hadès, en proie à des tortures, il lève les yeux et voit de loin Abraham, et Lazare en son sein.
i L’abîme symbolise l’impossibilité pour les élus comme pour les damnés de changer leur destin.
27 « Il dit alors : « Je te prie donc, père, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père,
17 Puis il dit à ses disciples : « Il est impossible que les scandales n’arrivent pas, mais malheur à celui par qui ils arrivent !
« Si ton frère vient à pécher, réprimande-le et, s’il se repent, remets-lui.
j Il semble que Luc ait en vue une offense entre deux frères, alors que dans Mt il s’agit d’une faute plus générale. Luc omet le recours à la communauté.
5 Les apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi. »
k Cet ensemble suit un raisonnement a fortiori . Si, avec le peu de foi dont vous vous plaignez, vous pouvez obtenir l’impensable, à combien plus forte raison pouvez-vous accomplir votre tâche de simples serviteurs, y trouvant toute satisfaction sans exiger de garanties spéciales du Maître.
l Littéralement « Si vous aviez la foi comme grain de sénevé, vous diriez au mûrier que voilà « Déracine-toi et va te planter dans la mer », et il vous obéirait ! » vise non la foi idéale qu’on devrait avoir (comme chez Mt et Mc), mais celle qu’ont réellement les apôtres.
7 « Qui d’entre vous, s’il a un serviteur qui laboure ou garde les bêtes, lui dira à son retour des champs : « Vite, viens te mettre à table » ?
m Comparer à cette règle humaine le paradoxe évangélique, 12.37 ; 22.27 ; Jn 13.1-16.
n La question de Jésus reste ouverte, créant une ambiguïté qui fait deviner bien plus qu’un droit à la reconnaissance du Maître sa bienveillance ne serait-elle acquise qu’à l’achèvement de la tâche ? ou l’accompagne-t-elle depuis le commencement ?
o Plutôt que « serviteurs inutiles », l’adjectif qualifie le statut des serviteurs, et non leurs dispositions morales ; cf. 2 S 6.22 LXX.
11 Et il advint, comme il faisait route vers Jérusalem, qu’il passa aux confins de la Samarie et de la Galilée.p
p Pour gagner la vallée du Jourdain et descendre jusqu’à Jéricho, 18.35, d’où il montera à Jérusalem.
20 Les Pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, il leur répondit : « La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer,
q Comme une réalité déjà agissante. On traduit aussi « au-dedans de vous », ce qui ne semble pas directement indiqué par le contexte.
22 Il dit encore aux disciples : « Viendront des jours où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme,s et vous ne le verrez pas.
r Ce discours est propre à Lc, qui a nettement distingué dans les prédictions de Jésus ce qui concerne la ruine de Jérusalem, 21.6-24, et ce qui se rapporte au retour glorieux de Jésus à la fin des temps, 17.22-37. Certains passages de ce discours se rencontrent dans le grand discours eschatologique de Mt 24.5-41, qui a combiné ici comme ailleurs, cf. 10.1 ; 11.39, deux sources laissées distinctes par Lc ; cf. Mt 24.1. « Jour » est plus biblique (« Jour de Yahvé » cf. Am 5.18) que le terme de Mt 24.3, « Parousie » (Avènement), lequel est emprunté au vocabulaire hellénistique. Cf. 1 Co 1.8.
s Les disciples souhaiteront non pas de revoir un des jours de son existence terrestre ou de contempler le premier jour de sa manifestation glorieuse, mais de jouir d’un seul des jours qui la suivront.
26 « Et comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il encore aux jours du Fils de l’homme.t
t À l’époque de sa manifestation glorieuse.
28 De même, comme il advint aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ;
31 « En ce Jour-là, que celui qui sera sur la terrasse et aura ses affaires dans la maison, ne descende pas les prendre et, pareillement, que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière.
34 Je vous le dis : en cette nuit-là, deux seront sur un même lit l’un sera pris et l’autre laissé ;
u Add. v. 36 « Deux seront dans un champ l’un sera pris, l’autre laissé », cf. Mt 24.40.
18 Et il leur disait une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager.v
v Pensée et vocabulaire pauliniens cf. Rm 1.10 ; 12.12 ; 1 Th 5.17.
6 Et le Seigneur dit : « Écoutez ce que dit ce juge inique.
w En Si 35.18-19, dont ce verset semble s’inspirer, il est dit que Dieu ne patientera pas ni ne tardera à rendre justice aux pauvres opprimés ; ici il est dit qu’il prend patience. Peut-être cette adaptation reflète-t-elle le souci d’expliquer le retard de la Parousie. Comparer une attitude analogue en 2 P 3.9 ; Ap 6.9-11.
9 Il dit encore, à l’adresse de certains qui se flattaient d’être des justes et n’avaient que mépris pour les autres, la parabole que voici :
11 Le Pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : « Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain ;