18 Parole qui fut adressée à Jérémie par Yahvé en ces termes :
p D’après le v. 12, cette parabole en action se situe avant l’arrivée du malheur, donc avant 598. — Déjà les anciens prophètes, ainsi Samuel, 1 S 15.27-28, Ahiyya de Silo, 1 R 11.29-33 (ou le faux prophète Sédécias, 1 R 22.11-12), accompagnaient leur prophétie de gestes symboliques, non pas tant par un besoin d’expressivité que par l’exigence d’un réalisme religieux un lien est établi entre le geste significatif et la réalité dont il est le signe, en sorte que la réalité annoncée est désormais aussi irrévocable que le geste accompli. Ce procédé se retrouve chez les grands prophètes chez Osée dont toute la mission se confond avec une action symbolique qui est son drame personnel, Os 1-3 ; plus rarement chez Isaïe, cf. pourtant Isa 20 et les noms symboliques qu’il donne à ses enfants, Isa 7.3 (cf. 10.21) ; Isa 8.1-4, 18 ; cf. 1.16. Jérémie accomplit ou interprète beaucoup de gestes symboliques déjà la branche d’amandier et la marmite, 1.11-14 ; la ceinture cachée à l’Euphrate, 13.1-11 (bien que cette action semble n’avoir été accomplie qu’en vision) ; le potier, 18.1-12 ; la cruche, 19 ; les figues, 24 ; le joug, 27-28 ; le champ acheté, 32. On peut ajouter que sa vie même est un symbole, 16.1-8, et que sa « passion » (bien qu’il ne le souligne pas) l’identifie par avance à la nation châtiée, faisant de lui comme une figure du Serviteur souffrant, cf. Isa 42.1. Plus tard, Ézéchiel accomplira encore des gestes symboliques la brique assiégée, Ez 4.1-3 ; la nourriture rationnée, 4.9-17 ; les cheveux, 5 ; le mime du déporté, 12.1-20 ; la marmite, 24.3-14 ; les deux bâtons, 37.15-28, et, à la manière d’Osée, il interprétera comme des événements symboliques ses propres épreuves la maladie, 4.4-8, la mort de sa femme, 24.15-24, le mutisme et sa guérison, 24.27 ; 33.22. Des actions symboliques se retrouvent encore dans le NT le figuier maudit par le Seigneur, Mt 21.18-19p, la prophétie d’Agabus, Ac 21.10-14.
q Littéralement « aux deux roues » le tour était formé de deux plateaux circulaires, montés sur un essieu vertical, et que l’artisan faisait mouvoir avec les pieds.
r « comme (cela arrive à) l’argile » kahomer, d’après quelques mss ; « avec l’argile » bahomer TM.
19 Ainsi parle Yahvé : Va t’acheter une cruche de potier. Prends avec toiy des anciens du peuple et des anciens des prêtres.
x Ce morceau ne semble pas d’une seule venue. Il comprend : 1° une action symbolique qui a lieu, devant quelques témoins, près de la porte des Tessons et qui est commentée ensuite au Temple, d’où les démêlés avec Pashehur : 19.1, 2, 10-11, 14-15 ; 20.1-6 ; l’événement doit se situer vers 605, avant les faits racontés au chap. 36 ; 2° un discours prononcé à Tophèt et adressé aux rois de Juda et aux habitants de Jérusalem 19.2a, 3-9, 11b-13 ; il reprend de vieux thèmes jérémiens, redevenus actuels sous Joiaqim ; il fait allusion, v. 7, au morceau précédent.
y « Prends avec toi » syr., Targ. ; omis par hébr.
z La porte des Tessons ou porte de la Poterie ne peut être située avec certitude. La direction donnée (Géhenne) fait penser qu’elle pouvait se trouver à l’est de la porte du Fumier, peut-être non loin du « jardin du roi », cf. 39.4, mais on a parfois aussi voulu identifier ces deux portes.
a « Vider », baqaq, fait jeu de mots avec « cruche », baqbuq.
10 Tu briseras cette cruche sous les yeux des gens qui t’auront accompagné
On enterrera à Tophèt faute de place pour enterrer.