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Bible de Jérusalem

Matthieu 5.14-18

14 « Vous êtes la lumière du monde. Une ville ne se peut cacher, qui est sise au sommet d’un mont. 15 Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau,d mais bien sur le lampadaire, où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.

d Dans l’Antiquité, le boisseau était un petit meuble à trois ou quatre pieds. Il ne serait donc question ici que de cacher la lampe sous ce meuble, un peu comme sous le lit de Mc 4.21, non de l’éteindre en la couvrant d’un boisseau moderne.

16 Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux.

L’accomplissement de la Loi.

17 « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.e

e Jésus ne vient ni détruire la Loi, Dt 4.8 (et toute l’économie ancienne) ni la consacrer comme intangible, mais lui donner par son enseignement et son comportement une forme nouvelle et définitive, où se réalise enfin en plénitude ce vers quoi la Loi acheminait. C’est vrai en particulier de la « Justice », v. 20, cf. 3.15 ; Lv 19.15 ; Rm 1.16, justice « parfaite », v. 42, dont les sentences des vv. 21-48 donnent plusieurs exemples marquants. Le précepte ancien devient intérieur et porte jusqu’au désir et au motif secrets, cf. 12.34 ; 23.25-28. Aucun détail de la Loi ne doit donc être omis à moins d’avoir été ainsi conduit à son achèvement, vv. 18-19 ; cf. 13.52. Il s’agit moins d’allègement que d’approndissement, 11.28. L’amour, où déjà se résumait la Loi ancienne, 7.12 ; 22.34-40, devient le commandement nouveau et inépuisable de Jésus, Jn 13.34, et accomplit toute la Loi, Rm 13.8-10 ; Ga 5.14 ; cf. Col 3.14.

18 Car je vous le dis, en vérité :f avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i,g ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé.

f En introduisant par Amen, Ps 41.14 ; Rm 1.25, certaines de ses paroles, Jésus en marque l’autorité 6.2, 5, 16, etc. ; Jn 1.51, etc. Le mot hébreu qui désignait à l’origine la fermeté a évolué dans deux directions celle de vérité et celle de fidélité. Ici cela signifie simplement « en vérité ».

g Littéralement « pas un iota, pas un menu trait ».

Matthieu 7.12-14

La Règle d’or.c

12 « Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la Loi et les Prophètes.

c Cette maxime de conduite était bien connue de l’Antiquité, notamment dans le judaïsme cf. Tb 4.15 ; lettre d’Aristée, Targum de Lv 19.18, Hillel, Philon, etc., mais sous forme négative ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse. Jésus, et après lui les écrits chrétiens, donnent à cette maxime un tour positif, qui est bien plus exigeant.

Les deux voies.d

13 « Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemine qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui s’y engagent ;

d La doctrine des deux voies, du bien et du mal, entre lesquelles l’homme doit choisir, est un thème ancien et répandu dans le judaïsme, cf. Dt 30.15-20 ; Ps 1 ; Pr 4.18-19 ; 12.28 ; 15.24 ; Si 15.17 ; 33.14. Il s’est exprimé dans un petit traité de morale qui nous est parvenu à travers la Didachè et sa traduction latine Doctrina Apostolorum. On croit sentir son influence en 5.14-18 ; 7.12-14 ; 19.16-26 ; 22.34-40 et en Rm 12.16-21 ; 13.8-12.

e Var. « large est la porte, et spacieux le chemin ».

14 mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent.

Matthieu 19.16-26

Le jeune homme riche.

16 Et voici qu’un homme s’approcha et lui dit : « Maître,a que dois-je faire de bon pour obtenir la vie éternelle ? »

a Var. « Bon Maître », cf. Mc et Lc.

17 Il lui dit : « Qu’as-tu à m’interroger sur ce qui est bon ? Un seul est le Bon.b Que si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » —

b C’est-à-dire Dieu, comme le précisent Mc et Lc, et ici Vulg. — Autre leçon, empruntée à Mc et Lc « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul ».

18 « Lesquels ? » lui dit-il. Jésus reprit : « Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, 19 honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même. » — 20 « Tout cela, lui dit le jeune homme, je l’ai observé ;c que me manque-t-il encore ? » —

c Add. « dès ma jeunesse », cf. Mc et Lc.

21 Jésus lui déclara : « Si tu veux être parfait,d va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, suis-moi. »

d Jésus n’institue pas ici une catégorie de « parfaits », supérieurs aux chrétiens ordinaires. La « perfection » envisagée est celle de l’économie nouvelle, qui surpasse l’ancienne en l’accomplissant, cf. 5.17. Tous y sont également appelés, cf. 5.48. Mais, pour établir le Royaume, Jésus a besoin de collaborateurs spécialement disponibles ; c’est à eux qu’il demande de renoncer radicalement aux soucis de la famille, 8.21-22, et des richesses, 8.19-20.

22 Entendant cette parole, le jeune homme s’en alla contristé, car il avait de grands biens.

Le danger des richesses.

23 Jésus dit alors à ses disciples : « En vérité, je vous le dis, il sera difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux. 24 Oui, je vous le répète, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux. » 25 Entendant cela, les disciples restèrent tout interdits : « Qui donc peut être sauvé ? » disaient-ils. 26 Fixant son regard, Jésus leur dit : « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. »

Matthieu 22.34-40

Le plus grand commandement.

34 Apprenant qu’il avait fermé la bouche aux Sadducéens, les Pharisiens se réunirent en groupe, 35 et l’un d’euxe lui demanda pour l’embarrasser :

e Add. « un légiste », sans doute emprunté à Lc 10.25.

36 « Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? » 37 Jésus lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit : 38 voilà le plus grand et le premier commandement. 39 Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.f

f Ces deux préceptes de l’amour, de Dieu et du prochain, se trouvent également associés dans la Didachè 1.2, qui pourrait reprendre ici un traité juif des Deux Voies, cf. 7.13.

40 À ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »