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Bible de Jérusalem

Psaumes 44

PSAUME 44 (43)

Élégie nationale.f

44 Du maître de chant. Des fils de Coré. Poème.

f Ce qui oppose aux triomphes du passé les humiliations présentes peut se rapporter, comme les Ps 74 ; 79 ; 80, à la ruine de Jérusalem en 587. Les vv. 18-23 ont pu être ajoutés plus tardivement pour adapter le aux persécutions des temps maccabéens.

2 Ô Dieu, nous avons ouï de nos oreilles,
nos pères nous ont raconté
l’œuvre que tu fis de leurs jours,
aux jours d’autrefois,
3 et par ta main.

Pour les planter, tu expulsas des nations,
pour les étendre, tu malmenas des peuples ;
4 ni leur épée ne conquit le pays,
ni leur bras n’en fit des vainqueurs,
mais ce furent ta droite et ton bras
et la lumière de ta face, car tu les aimais.

5 C’est toi, mon Roi, mon Dieu,
qui décidaisg les victoires de Jacob ;

g « mon Dieu, qui décidais » versions ; « Ô Dieu, décide » hébr.

6 par toi, nous enfoncions nos oppresseurs,
par ton nom, nous piétinions nos agresseurs.

7 Ni dans mon arc n’était ma confiance,
ni mon épée ne me fit vainqueur ;
8 par toi nous vainquions nos oppresseurs,
tu couvrais nos ennemis de honte ;
9 en Dieu nous jubilions tout le jour,
célébrant sans cesse ton nom.

Pause.

10 Et pourtant, tu nous as rejetés et bafoués,
tu ne sors plus avec nos armées ;
11 tu nous fais reculer devant l’oppresseur,
nos ennemis ont pillé à cœur joie.

12 Comme animaux de boucherie tu nous livres
et parmi les nations tu nous as dispersés ;
13 tu vends ton peuple à vil prix
sans t’enrichir à ce marché.

14 Tu fais de nous l’insulte de nos voisins,
fable et risée de notre entourage ;
15 tu fais de nous le proverbe des nations,
hochement de tête parmi les peuples.

16 Tout le jour, mon déshonneur est devant moi
et la honte couvre mon visage,
17 sous les clameurs d’insulte et de blasphème,
au spectacle de la haine et de la vengeance.

18 Tout cela nous advint sans t’avoir oublié,
sans avoir trahi ton alliance,
19 sans que nos cœurs soient revenus en arrière,
sans que nos pas aient quitté ton sentier :
20 tu nous broyas au séjour des chacals,h
nous couvrant de l’ombre de la mort.

h Soit le pays dévasté, Isa 34.13 ; Jr 9.10, soit le désert, refuge des juifs persécutés, 1 M 2.29 ; 9.33.

21 Si nous avions oublié le nom de notre Dieu,
tendu les mainsi vers un dieu étranger,

i Geste de la prière, Ps 28.2 ; 141.2 ; Isa 1.15.

22 est-ce que Dieu ne l’eût pas aperçu,
lui qui sait les secrets du cœur ?
23 C’est pour toi qu’on nous massacre tout le jour,
qu’on nous traite en moutons d’abattoir.j

j Allusion vraisemblable aux persécutions d’Antiochus Épiphane.

24 Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur ?
Réveille-toi, ne rejette pas jusqu’à la fin !
25 Pourquoi caches-tu ta face,
oublies-tu notre oppression, notre misère ?

26 Car notre âme est effondrée dans la poussière,
notre ventre est collé à la terre.
27 Debout, viens à notre aide,
rachète-nous en raison de ton amour !

Psaumes 80

PSAUME 80 (79)

Prière pour la restauration d’Israël.o

80 Du maître de chant. Sur l’air : « Des lys sont les préceptes. » D’Asaph. Psaume.

o Ce s’applique aussi bien au royaume du Nord (cf. vv. 2-3) dévasté par les Assyriens (que mentionne le titre du grec), cf. Jr 31.15s, qu’à Juda après le sac de Jérusalem en 586, cf. Jr 12.7-13. Le Psalmiste, peut-être un lévite réfugié à Miçpa de Benjamin, sous Godolias, cf. 2 R 25.22-23, 27, espère la restauration du royaume unifié, cf. Isa 49.5 ; Ez 37.16 ; Za 9.13 ; 10.6, dans ses limites idéales, v. 12, cf. Jg 20.1.

2 Pasteur d’Israël, écoute,
toi qui mènes Joseph comme un troupeau ;
toi qui sièges sur les Chérubins, resplendis
3 devant Éphraïm, Benjamin et Manassé,p
réveille ta vaillance
et viens à notre secours.

p Éphraïm et Manassé, fils de Joseph, auxquels est parfois rattaché Benjamin, sont les deux principales tribus du Nord.

4 Dieu, fais-nous revenir,
fais luire ta face et nous serons sauvés.

5 Jusques à quand, Yahvé Dieu Sabaot,
prendras-tu feu contre la prière de ton peuple ?
6 Tu l’as nourri d’un pain de larmes,
abreuvé de larmes à triple mesure ;
7 tu fais de nous une question pour nos voisins
et nos ennemis se moquent de nous.

8 Dieu Sabaot, fais-nous revenir,
fais luire ta face et nous serons sauvés.

9 Il était une vigne :q tu l’arraches d’Égypte,
tu chasses des nations pour la planter ;

q Allégorie familière aux prophètes, cf. Isa 5.1.

10 devant elle tu fais place nette,
elle prend racine et remplit le pays.

11 Les montagnes étaient couvertes de son ombre,
et de ses pampres les cèdres de Dieu ;r

r Ou « les pampres étaient des cèdres de Dieu », c’est-à-dire les cèdres les plus hauts, cf. Ps 36.7 ; 68.16.

12 elle étendait ses sarments jusqu’à la mer
et du côté du Fleuves ses rejetons.

s L’Euphrate.

13 Pourquoi as-tu rompu ses clôtures,
et tout passant du chemin la grappille,
14 le sanglier des forêts la ravage
et la bête des champs la dévore ?

15 Dieu Sabaot, reviens enfin,
observe des cieux et vois,
visite cette vigne :
16 protège-la,
celle que ta droite a plantée.t

t L’hébr. ajoute « et sur le fils que tu as confirmé », anticipation de 18b.

17 Ils l’ont brûléeu par le feu comme une ordure,
au reproche de ta face ils périront.

u « ils l’ont brûlée » serapûha conj. ; « brûlée » serûpah hébr.

18 Ta main soit sur l’homme de ta droite,
le fils d’Adam que tu as confirmé !v

v Allusion probable à Zorobabel, Esd 3.2 ; Ag 1.1, plutôt qu’à Benjamin (« fils de la droite »), à Amasias (« Yahvé est assuré ») ou à Israël.

19 Jamais plus nous n’irons loin de toi ;
rends-nous la vie, qu’on invoque ton nom.

20 Yahvé Dieu Sabaot, fais-nous revenir,
fais luire ta face et nous serons sauvés.