Les femmes vaines et orgueilleuses montrent leur molle délicatesse jusque dans leur chaussure même. Leurs sandales sont enrichies de broderies d’or et relevées par des clous de même métal. Plusieurs même y font graver des embrassements amoureux, comme pour laisser sur la terre qu’elles foulent, des traces de la corruption de leur âme. Loin de nous ces trompeuses chaussures où brillent l’or et les pierreries, les pantoufles d’Athènes et de Sicyone, les souliers de Perse et d’Étrurie ! Il suffit que les souliers remplissent bien l’usage naturel pour lequel ils ont été faits, c’est-à-dire de couvrir les pieds, et de les défendre, en marchant, contre tout ce qui peut les blesser. On accordera aux femmes des souliers blancs quand elles demeureront à la ville et qu’elles ne feront point de voyages ; car, dans les voyages, on a besoin de souliers huilés et relevés de clous. Du reste, elles ne demeureront jamais les pieds nus, cela est contraire à la bienséance, et peut être nuisible à la délicatesse de leurs sens, plus facilement blessés que les nôtres. Quant aux hommes, il leur est honorable de ne point se servir de souliers, qui sont une espèce d’entraves et de liens ; c’est même un exercice très-utile pour la santé et pour la souplesse des membres, que d’aller pieds nus quand on le peut faire sans s’incommoder. Si nous n’allons point en voyage, et qu’il nous soit impossible d’aller pieds nus, nous nous servirons d’une simple semelle à qui les Athéniens donnent un nom particulier qui indique, je crois, que cette espèce de chaussure laisse approcher le pied de la poussière. Le témoignage de saint Jean, disant qu’il n’était pas digne de délier la courroie des souliers du Sauveur, prouve assez qu’une chaussure simple et légère nous doit suffire. Celui qui montrait aux Hébreux le parfait modèle et le type de la véritable sagesse, n’avait sans doute rien d’affecté ou de recherché dans sa chaussure. J’expliquerai dans un autre endroit si cette figure ne peut pas recevoir un autre sens.