Stromates

LIVRE SECOND

CHAPITRE III

Il combat les hérétiques, qui prétendent que la foi provient d’une nécessité naturelle.

Ici les Basilidiens affirment que la foi nous est naturelle. Conséquemment, ils la placent dans l’élection, avec la vertu de pénétrer les choses sans démonstration préalable, et par une sorte d’intuition de notre intelligence. Entendez les Valentiniens. Tout en nous accordant la foi, à nous autres gens simples, ils revendiquent pour eux seuls la science suprême. Ils seront d’ailleurs sauvés de droit : double avantage qu’ils doivent à l’excellence du limon dont ils ont été pétris ; mais, s’il faut les en croire, la connaissance est aussi loin de la foi que l’esprit l’est de la matière. Les Basilidiens veulent de plus que la foi soit une élection personnelle, à des degrés divers, que la foi de tous les êtres du monde inférieur arrive comme conséquence de l’élection acquise dans le monde supérieur, et que le don de la foi ait été réparti à chacun sur la mesure de ses espérances. La foi n’est donc plus un acte de détermination volontaire, si elle est un privilège de notre nature. Qui n’aura pas cru, ne pourra être justement condamné ; la faute n’en sera point à lui. Qui aura cru, n’aura pas le mérite d’une foi qui ne sera pas la sienne. Foi ou incrédulité, elles échappent dans leur propriété ou leur différence à la récompense ainsi qu’au châtiment. La raison le dit assez, puisqu’elles dérivent l’une et l’autre d’une nécessité naturelle et antérieure, dont le principe est dans la main du Tout-Puissant. Mais si, machines dépourvues d’âme, nous obéissons à des ressorts naturels, qu’avons-nous à faire du libre arbitre, de la contrainte et du désir qui marchent devant eux ? Je me demande vainement à moi-même quelle sorte d’animal je suis, moi qui ai reçu de la fatalité des appétits que met en jeu une force étrangère. Que devient alors, chez l’homme qui peut-être a été incrédule, le repentir, gage du pardon ? Où est la raison du baptême ? Pourquoi le bienheureux sceau qu’il imprime ? À quoi bon le Fils et le Père ? Dieu n’est plus aux yeux des Basilidiens qu’un aveugle dispensateur d’organisations physiques, sans souci de la foi volontaire, fondement du salut.

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