Stromates

LIVRE TROISIÈME

CHAPITRE IV

Les hérétiques prennent occasion des maximes qu’ils inventent pour se livrer à des désordres de toute nature.

Parmi ceux que l’hérésie entraîne, nous avons nommé l’habitant du Pont, Marcion, qui, par suite de la guerre qu’il a déclarée au Créateur, se refuse à user des choses de ce monde. Mais le motif de sa continence, si toutefois on peut l’appeler de ce nom, c’est sa haine, sa révolte envers le Créateur lui-même. Dans le combat que le géant impie s’imagine livrer à Dieu, il se condamne à une continence involontaire, en insultant à la création et à l’œuvre divine. Voudrait-il s’étayer des paroles du Seigneur, quand il dit à Philippe :

« Laissez les morts ensevelir leurs morts ; vous, suivez-moi. »

Mais, qu’il le sache bien ! Philippe, tout revêtu qu’il était d’une semblable chair, n’était point un cadavre eu corruption. Comment donc, avec une enveloppe charnelle, ne portait-il pas un cadavre ? C’est qu’il s’était relevé du sépulcre par la mort du vice, et qu’il vivait en Jésus-Christ. Nous avons aussi rappelé la doctrine criminelle de Carpocrate sur la communauté des femmes ; mais, à l’occasion d’une parole de Nicolas, nous avons omis le fait suivant. Il avait, dit-on, une femme dans la fleur de l’âge et de la beauté ; après l’ascension du Sauveur, comme les apôtres lui faisaient honte de sa jalousie, il amena sa femme au milieu d’eux, et permit à qui voudrait de l’épouser. En effet, ajoute-t-on, cette liberté est d’accord avec l’aphorisme de Nicolas :

« Il faut abuser de la chair. »

Ses disciples, adoptant à la lettre et sans examen l’exemple non moins que la parole du maître, se livrent publiquement à une fornication effrontée. Mais, pour moi, je sais que Nicolas ne connut d’autre femme que celle qu’il avait épousée ; que ses filles ont vieilli dans la virginité, et que son fils est demeuré dans le célibat. La chose étant ainsi, Nicolas, en amenant au milieu des apôtres la femme dont on l’accusait d’être jaloux, voulait se justifier de l’inculpation, et par sa continence dans des plaisirs recherchés d’ordinaire avec empressement, il enseignait à abuser de la chair, c’est-a-dire à mortifier les sens. Car ils ne voulaient pas, j’imagine, servir l’un et l’autre deux maîtres, selon le langage du précepte, Dieu et la volupté. C’est pourquoi l’on assure que Mathias enseignait aussi, qu’il faut combattre les sens et abuser de la chair, en lui refusant tout ce qui peut servir d’aliment à la volupté ; mais, augmenter les forces de l’âme par la foi et par la connaissance. Il en est d’autres qui appellent une honteuse promiscuité du nom de communion mystique, profanant ainsi ce mot sacré. De même que nous employons le mot œuvre pour désigner une action, qu’elle soit bonne ou mauvaise, en la qualifiant par un nom générique ; ainsi en est-il de ce mot communion. La communion légitime consiste à se partager mutuellement l’argent, la nourriture et les vêtements ; mais eux, ce n’est que par une dénomination impie qu’ils ont pu appeler communion tout accouplement charnel. L’un d’eux s’étant approché, comme on le rapporte, de l’une de nos vierges, qui était dans tout l’éclat de la beauté, lui dit : Il est écrit :

« Donnez à qui vous demande. »

Celle-ci, sans rien comprendre aux intentions lubriques de cet homme, lui répondit avec le langage de l’innocence :

« Consultez ma mère sur ce mariage. »

Ô impiété ! ils vont jusqu’à dénaturer les paroles du Seigneur, ces associés de débauche, ces frères de lubricité, opprobre de la philosophie, ou pour mieux dire, du genre humain tout entier ; ces corrupteurs, ou plutôt, ces destructeurs de la vérité, autant du moins qu’ils peuvent la détruire ; hommes trois fois misérables, qui consacrent et enseignent la libre communion de la chair, et pensent s’élever par elle au royaume de Dieu. Mais non ; cette communion les pousse aux lieux de débauche ; leurs dignes communiants, ce seraient les boucs et les pourceaux ; et les courtisanes, toujours prêtes au fond de leur repaire à admettre impudemment les solliciteurs de la débauche, seraient, aux yeux de ces hérétiques, dans la meilleure voie du salut.

« Pour vous, ce n’est pas là ce que vous avez appris de Jésus-Christ, si toutefois vous êtes ses disciples, et si vous avez appris de lui, selon la vérité de sa doctrine, à dépouiller le vieil homme, selon lequel vous avez vécu autrefois, et qui se corrompt en suivant l’illusion de ses passions. Renouvelez-vous donc dans l’intérieur de votre âme, et vous revêtez de l’homme nouveau, qui est créé à la ressemblance de Dieu, dans la justice et la sainteté véritables. Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme ses enfants bien-aimés, et aimez-vous les uns les autres, comme Jésus-Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, en s’offrant à Dieu comme une victime d’agréable odeur. Qu’on n’entende pas même parler parmi vous de fornication, ni de quelque impureté que ce soit, ni d’avarice, ainsi qu’il convient à des saints. Qu’on n’y entende ni parole déshonnête, ni folle gaîté. »

En effet, l’apôtre nous enseignant à pratiquer la chasteté jusque dans nos paroles, écrit :

« Car, sachez que nul fornicateur, etc. etc. »

jusqu’à ces mots :

« mais plutôt, condamnez-les. »

La doctrine des hérétiques dont nous parlons prend sa source dans un livre apocryphe ; je citerai même le fragment par lequel ils autorisent leur libertinage. S’ils sont eux-mêmes les auteurs de ce livre, quel délire d’incontinence que d’appeler insolemment Dieu au secours de leur lubricité ! S’ils tiennent ce livre d’un étranger, ils se sont incorporé le poison de cette belle maxime, après en avoir altéré le sens. Voici le passage en question :

« Un était toutes choses ; mais après que l’Un universel eut trouvé bon de n’être plus seul, une vertu sortit de lui, il s’unit avec elle ; leur union engendra le bien-aimé. Ensuite, il sortit de lui une nouvelle vertu, avec laquelle il s’unit encore et d’où naquirent les puissances qui ne peuvent être ni vues ni entendues ; etc. etc.

jusqu’à ces mots :

« Chacune avec son nom distinct. »

Si ces hérétiques, comme les Valentiniens, eussent posé en principe la communion de l’esprit, peut-être eussent-ils rencontré quelques partisans. Mais, élever au rang d’une sainte doctrine la communion des plaisirs charnels, c’est le propre d’an homme qui méconnaît le salut.

Telles sont aussi les doctrines des disciples de Prodicus, qui se donnent, sans aucun droit, le nom de gnostiques. Fils du premier Dieu par droit de nature, comme ils le prétendent, ils abusent de cette noble origine et de leur prétendue liberté, pour vivre à leur fantaisie. Or, leur fantaisie les porte surtout vers les plaisirs des sens ; ils se proclament affranchis de tout lien, comme maîtres du sabbat, et supérieurs à tout autre par l’excellence de leur race et leur qualité de fils de roi. La loi, disent-ils, n’atteint pas le roi. Mensonges ! D’abord, ils ne font pas tout ce qu’ils veulent ; car, de nombreux obstacles les arrêteraient, malgré leurs désirs et leurs efforts; et ce qu’ils font, ils ne le font pas comme des rois, mus comme des criminels qui portent encore l’empreinte de la flagellation. C’est furtivement qu’ils commettent leurs adultères, craignant toujours d’être surpris, évitant d’être condamnés, et redoutant le supplice. Singuliers actes de liberté que l’incontinence et l’obscénité du langage !

« Tout homme qui pèche est esclave, »

dit l’apôtre. Et comment se gouvernerait-il selon Dieu, celui qui s’asservit à toute concupiscence ? Écoutez le Seigneur :

« Et moi je vous dis : Ne convoitez pas. »

Or, quel est le misérable qui voudra pécher de propos délibéré ? Qui prêchera la doctrine de l’adultère ? Qui autorisera les dissolutions et la profanation de la couche nuptiale ? N’avons-nous pas pitié de ceux même qui pèchent involontairement ? Supposez les hérétiques transportés dans un monde qui n’est pas le leur ; comme ils ont été infidèles dans le monde d’un Dieu étranger, ils ne trouveraient aucune créance. Un hôte insulte-t-il aux habitants d’une ville où il a été accueilli ? cherche-t-il à leur nuire ? ou plutôt ne vit-il pas comme un honnête voyageur, usant de ce qui lui est nécessaire, sans offenser aucun de ceux qui lui ont donné l’hospitalité ?

Et comment, lorsque dans leur révolte contre les lois, ils se conduisent aussi honteusement que ceux qui sont abominables aux yeux des païens eux-mêmes, c’est-à-dire lorsqu’ils sont livrés à l’adultère, à l’iniquité, à l’incontinence, à la fraude, osent-ils proclamer que, seuls, ils connaissent Dieu ? Placés qu’ils sont dans un monde qui ne leur appartient pas, leur meilleur moyen de prouver qu’ils ont une vertu vraiment royale, ce serait la régularité des mœurs ; loin de là, ils sont abhorrés par les lois humaines et par la loi divine pour avoir embrassé un régime de vie contraire aux lois. Assurément, l’Israélite qui, dans les Nombres, immola le fornicateur, fit un acte de justice, comme Dieu l’atteste.

« Et si nous disons, déclare Jean dans son épître, que nous sommes en société avec lui, c’est-à-dire avec Dieu, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne suivons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en société avec lui, et le sang de Jésus, son fils, nous purifie de tout péché. »

Comment donc sont-ils meilleurs que les hommes du siècle, ceux qui agissent ainsi, et qui sont semblables aux plus méchants d’entre les hommes ? Car, où les actes sont semblables, la nature, j’imagine, l’est aussi. Vous êtes d’une naissance supérieure, dites-vous ? raison de plus d’être supérieurs aux autres par votre conduite, afin d’éviter que la même prison ne vous renferme.

« En vérité, a dit le Seigneur, si votre justice n’est plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume de Dieu. »

On trouve dans Daniel des exemples relatifs à l’abstinence des aliments. Enfin, David, dans ses psaumes, s’exprime ainsi sur l’obéissance :

« Seigneur, comment la jeunesse redressera-t-elle ses voies ? »

Et il entend aussitôt :

« En gardant vos paroles de tout son cœur. »

J’ouvre Jérémie :

« Voici ce que dit le Seigneur : Ne marchez pas dans les voies des nations. »

De ces paroles, quelques autres hérétiques, hommes de peu d’intelligence et de nulle valeur, concluent que l’homme est l’œuvre de différentes puissances. La partie, disent-ils, qui se trouve au-dessous du nombril est le produit d’un art plus divin ; les parties au-dessous, d’un art inférieur. De là leur tendance vers la copulation charnelle. Mais ils ne remarquent pas que les parties supérieures ont aussi des convoitises de sensualité ou de débauche. En outre, ils contredisent le Christ, qui disait aux Pharisiens que le même Dieu a fait le dedans de nous et l’homme extérieur. Que dis-je ? la convoitise ne vient pas du corps, quoiqu’elle s’accomplisse par le corps.

Selon d’antres hérétiques, appelés antitacles ou adversaires, le Dieu de l’univers est notre père légitime, et toutes ses œuvres sont bonnes ; mais l’un des êtres créés par lui, ayant semé l’ivraie, engendra le mal et nous enlaça tous dans les filets du mal pour nous rendre les adversaires du Père. Voilà pourquoi nous résistons à ce rebelle, pour venger le Père, en donnant un démenti au second.

« Tu ne seras point adultère, nous dit ce dernier. »

Eh bien ! nous, nous courons à l’adultère pour annuler son commandement. Notre réponse, la voici : La tradition nous apprend que les faux prophètes et ceux qui prennent le masque de la vérité, se font connaître à leurs œuvres. Or, si vos œuvres vous condamnent, comment pouvez-vous soutenir encore que vous possédez la vérité ? Car, ou bien le mal n’existe pas, et alors celui que vous accusez d’avoir résisté a Dieu n’est passible d’aucun blâme, et il n’a fait aucun mal ; mais le mal détruit, l’arbre du mal l’est également. Ou bien si le mal existe essentiellement, répondez, que faites vous des préceptes qui nous prescrivent la justice, la continence, la tolérance, la patience et les matières semblables ? Sont-ils bons ? Sont-ils mauvais ? Si le précepte est mauvais, lui qui défend toutes les choses honteuses, voilà que le vice porte des lois contre lui-même et travaille à sa propre ruine, chose impossible. Si le précepte est bon ; en déclarant la guerre à des préceptes qui sont bons, ces hérétiques confessent donc qu’ils repoussent le bien, et qu’ils font le mal.

Il y a plus : le Sauveur lui-même, auquel seul, à les en croire, on doit obéissance, défend la haine et l’injure :

« Hâtez-vous, dit-il, de vous réconcilier avec votre adversaire, pendant que vous êtes eu chemin avec lui. »

Ou enfin ils refuseront d’obéir à l’exhortation du Christ, se faisant ainsi les adversaires de l’adversaire ; ou s’ils l’aiment, ils ne s’élèveront pas contre lui, Mais quoi ! ne savez-vous pas, hommes de noble origine (car il me semble qu’ils sont en face de moi), ne savez-vous pas qu’en repoussant des préceptes qui sont justes, vous repoussez votre propre salut ? Non, ce n’est pas à la ruine de préceptes utiles, mais à votre propre raine que vous travaillez. Que dit le Seigneur ? Que vos bonnes œuvres brillent. Mais vous, que mettez-vous en lumière, sinon vos intempérances ? D’ailleurs, acharnés comme vous le dites à détruire les préceptes du législateur, pourquoi donc vous efforcer de ruiner au profit de votre intempérance les préceptes qui disent :

« Tu ne seras point adultère ; tu ne commettras pas le crime de Sodome, »

et tous ceux qui recommandent la continence ; tandis que vous ne détruisez pas l’hiver, œuvre du même législateur, pour placer l’été au milieu de l’hiver ? Que ne rendez-vous la terre navigable ? Que n’ouvrez-vous la mer au pied de l’homme, comme le tenta le barbare Xerxès, au rapport des historiens ? Pourquoi ne repoussez-vous pas tous les commandements ? Car, lorsque Dieu prononce cet oracle : Croissez et multiplies-vous, vous devriez, vous, ses adversaires, vous abstenir entièrement de l’œuvre de la chair. Et lorsqu’il vous dit :

« Je vous ai donné toutes choses, pour votre nourriture et pour votre jouissance ; »

vous devriez vous les interdire toutes. Il y a plus, lorsqu’il vous dit : œil pour œil, vous ne devriez pas rendre coup pour coup. Et lorsqu’il ordonne que le voleur rende le quadruple de ce qu’il a pris, ne vous conviendrait-il pas, au contraire, de donner quelque chose de plus au voleur ? Pareillement encore, puisque vous refusez d’obéir à ce précepte : Tu aimeras le Seigneur, vous ne devriez pas même aimer le Dieu de l’univers. Et lorsqu’il nous dit :

« Tu ne tailleras ni ne jetteras en fonte aucune image ; »

il vous faudrait, pour être conséquents, adorer des images. Et comment ne seriez-vous pas des impies, vous qui vous constituez, pour me servir de vos termes, les adversaires du Créateur, mais qui ne dédaignez pas d’imiter les prostituées et les adultères ? Insensés, qui ne comprenez pas que vous relevez la puissance de ce Dieu dont vous proclamez la faiblesse, puisque sa volonté s’accomplit et non la volonté du dieu bon que vous donnez pour le vôtre ! Ne manifestez-vous pas au contraire l’impuissance et le néant de votre père, comme vous l’appelez ?

Ces hérétiques recueillent encore ça et là, dans certains passages des prophètes, des lambeaux de maximes qu’ils rattachent maladroitement à leurs dogmes, et des allégories qu’ils prennent à la lettre sans chercher le sens du symbole. Il est écrit, disent-ils : Ils ont résisté à Dieu, et ils ont été sauvés. Mais ils ajoutent au dieu impudent, et les voilà transformant leur interpolation en conseil qui leur a été prescrit, avec l’opinion que leur salut est de résister au Créateur. Mais d’abord, il n’est pas écrit : au dieu impudent. Si le texte n’est point altéré, comprenez, insensés, par ce mot impudent, celui que l’on appelle le diable, soit parce qu’il est le calomniateur de l’homme, soit parce qu’il est l’accusateur du pécheur, soit parce qu’il est apostat. Mais voici le fait : Le peuple auquel s’applique cette parole, supportant avec peine et avec larmes la punition de ses péchés, murmurait, ainsi que le raconte le livre sacré, de ce que les autres nations ne recevaient pas le châtiment de leurs iniquités, tandis qu’à lui seul ou demandait un compte rigoureux de chacune de ses fautes. De là cette parole de Jérémie :

« Pourquoi les impies prospèrent-ils dans leurs voies ? »

parole semblable à celle que nous avons déjà citée de Malachie : Ils ont résisté à Dieu, et ils ont été sauvés. Car les prophètes inspirés par Dieu, non contents de proclamer les vérités qu’ils ont reçues d’en haut par inspiration, répètent encore par forme de subjection et comme des questions que les hommes adressent à Dieu, les rumeurs et les plaintes du peuple. Tel est le mot que nous avons rapporté. L’apôtre ayant en vue ces hérétiques dans son épître aux Romains, n’écrit-il pas ?

« Et pourquoi ne ferons-nous pas le mal afin qu’il en arrive du bien, comme quelques-uns nous le font dire par une insigne calomnie ? Ceux-là seront justement condamnés. »

Ce sont les hommes qui, en lisant, dénaturent, par les inflexions de la voix, le sens des Écritures pour justifier leurs voluptés personnelles, et qui, par la transposition de certains accents et de certains signes de ponctuation, détournent violemment au profit de leur luxure des préceptes pleins de sagesse et d’utilité :

« Vous avez fatigué le Seigneur par vos discours, s’écrie Malachie, et vous avez demandé : En quoi l’avons-nous fatigué ? En ce que vous avez dit : Tous ceux qui font le mal sont bons aux yeux du Seigneur. Voilà ceux qui lui plaisent ; et où est le Dieu de justice ?

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant