« Il faut croire de cœur pour obtenir la justice, et confesser de bouche pour obtenir le salut. De là cette promesse de l’Écriture : Tous ceux qui croient en lui ne seront pas confondus. Cette parole est la parole de la foi que nous prêchons, parce que je vous confesse de bouche que Jésus est le Seigneur. Et si vous croyez de cœur que Dieu l’a ressuscité après sa mort, vous serez sauvés. »
Il est évident que l’apôtre fait ici le portrait de la justice parfaite, dont la plénitude réside dans les œuvres et dans la contemplation.
« Il faut donc bénir ceux qui nous persécutent. Bénissez-les, dit l’apôtre, et gardez-vous bien de les maudire ; car notre gloire, c’est le témoignage de notre conscience d’avoir connu Dieu dans la pureté et dans la sincérité du cœur, »
manifestant dans une occasion de peu d’importance, les œuvres de la charité, et prouvant que nous
« avons vécu en ce monde, non pas selon la sagesse de la chair, mais selon la grâce de Dieu. »
Ainsi s’exprime l’apôtre sur la connaissance ; mais il appelle, dans sa seconde Épître aux Corinthiens, bonne odeur de la connaissance, la doctrine commune de la foi.
« Car, pour la plupart, jusqu’à ce jour, lorsqu’ils lisent l’ancien Testament, le même voile demeure sans être levé, parce qu’il ne le peut être que par leur conversion à Jésus-Christ. »
Voilà pourquoi le Seigneur a découvert à ceux qui peuvent la voir, la résurrection de cette vie qui rampe sur le ventre, mais résurrection dont le principe est encore enseveli dans la chair. C’est de là aussi qu’il a nommé, « race de vipères, » ceux qui rampent tristement sur la terre, les voluptueux, les dissolus, les intempérants, et tous ceux qui, livrés aux désirs du monde, se déchirent réciproquement la tête.
« Mes petits enfants, n’aimons ni de parole ni de langue, »
dit Jean, pour nous enseigner à être parfaits ;
« aimons par les œuvres et en vérité. Par là, nous connaîtrons que nous sommes enfants de la vérité. »
Mais si
« Dieu est amour, »
et que l’amour soit aussi la piété,
« la crainte n’est pas où est l’amour ; mais l’amour parfait chasse la crainte, et l’amour que nous avons pour Dieu, consiste à garder ses commandements. »
Ailleurs, il est encore écrit pour celui qui aspire à devenir gnostique :
« Soyez l’exemple des fidèles dans vos discours, dans votre conduite avec le prochain, par votre charité, votre foi et votre chasteté. »
C’est que, selon moi, la charité parfaite se distingue de la foi commune. Or, le divin apôtre nous trace en ces termes la règle du gnostique :
« J’ai appris à être content de l’état où je me trouve. Je sais vivre dans la pauvreté et dans l’abondance. Ayant tout éprouvé, je suis fait à tout, aux bons traitements et à la faim, à l’abondance et à l’indigence. Je puis tout en celui qui me fortifie. »
Ailleurs, s’adressant à d’autres, Paul ne craint pas de les confondre en ces termes :
« Or, rappelez en votre mémoire le premier temps, où après avoir été éclairés, vous avez soutenu de grands combats et de grandes afflictions, exposés d’un côté, au monde par les injures et les mauvais traitements que vous avez reçus, et de l’autre, participant aux tribulations de ceux qui souffraient de semblables indignités. Car vous avez compati à mes chaînes, et vous avez vu avec joie tous vos biens enlevés, sachant que vous avez des biens meilleurs, et qui ne périront jamais. Ne perdez donc pas la confiance que vous avez, et qui doit recevoir une grande récompense ; car la patience est nécessaire, afin que faisant la volonté de Dieu, vous obteniez l’effet de ses promesses. Encore un peu de temps, dit le Seigneur, et celui qui doit venir, viendra, et il ne tardera point. En attendant, le juste qui m’appartient vit de la foi. Que s’il s’éloigne, il ne me sera plus agréable. Mais nous, nous n’avons garde de nous retirer pour notre perte, loin de là; nous demeurons fermes dans la foi pour le salut de nos âmes. »
L’apôtre nous met ensuite sous les yeux une réunion de modèles inspirés et soutenus par Dieu.
« Ne se sont-ils pas illustrés dans la foi par la patience, ceux qui ont souffert les outrages, les fouets, les chaînes et les prisons ? Ils ont été lapidés, ils ont été mis aux plus rudes épreuves, ils sont morts par le tranchant du glaive ; ils ont mené une vie errante, couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvres, abandonnés, affligés, persécutés, eux dont le monde n’était pas digne ; errant dans les déserts et dans les montagnes, se retirant dans les antres et dans les cavernes de la terre. Et tous ceux que leur foi a rendus si recommandables, n’ont point reçu l’effet des promesses de Dieu. »
Il faut comprendre cette phrase en y sous-entendant le mot seuls, exprimé tacitement. C’est pourquoi l’apôtre ajoute :
« Dieu ayant voulu, par une faveur particulière pour nous, car il est bon, qu’ils ne reçussent qu’avec nous l’accomplissement de leur félicité. Nous donc, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, nuée sainte et transparente, dégageons-nous de tout ce qui appesantit, et des liens du péché ; courons par la patience dans la carrière qui nous est ouverte, jetant les yeux sur Jésus, l’auteur et le consommateur de la foi. »
Bien que l’apôtre ait déjà dit clairement qu’il n’y a qu’un seul et même salut dans le Christ, pour les justes qui l’ont précédé comme pour nous, néanmoins, parlant aussi de Moïse, il ajoute :
« Il pensait que l’opprobre de Jésus-Christ est un plus grand trésor que toutes les richesses de l’Égypte, parce qu’il envisageait la récompense. Par la foi, il quitta l’Égypte sans craindre la fureur du roi ; car il demeura ferme comme s’il eût vu l’Invisible. »
La divine Sagesse dit des martyrs :
« Ils ont semblé mourir aux yeux des insensés, et leur fin a été estimée une affliction, et leur sortie du milieu de nous un anéantissement ; mais ils sont en paix, et si devant les hommes ils ont souffert des tourments, leur espérance est pleine d’immortalité. »
Puis, afin de nous enseigner que le martyre est une purification, la Sagesse ajoute :
« Leur affliction a été légère, et leur récompense sera grande, parce que Dieu lus a tentés, »
c’est-à-dire, a permis qu’ils fussent tentés, pour les mettre eux-mêmes à l’épreuve, et pour couvrir de confusion le tentateur,
« et il les a trouvés dignes de lui, »
c’est-à-dire, d’être appelés ses fils.
« Il les a éprouvés comme l’or dans la fournaise, et les a reçus comme un holocauste, et ils resplendiront au jour qu’il les visitera, et ils brilleront comme la flamme qui court dans le chaume aride. Ils jugeront les nations et ils domineront les peuples, et leur Seigneur régnera à jamais. »