Protection contre la séduction

DEUXIÈME PARTIE

DU DOMAINE TERRESTRE À CELUI DE L'ÂME ET À CELUI DES DÉMONS

Cinq mouvements en dérive

Voyons à présent cinq exemples de mouvements issus du courant charismatique qui ont tous fait naufrage. Je précise que j'ai été, d'une manière ou d'une autre, en contact avec eux.

Peu après la Seconde Guerre mondiale, un réveil de l'Esprit saint s'est produit au Canada, à Saskatchewan, qu'on a appelé The Latter Rain (la pluie de l'arrière saison). Ce réveil a eu un impact puissant et beaucoup de Nord-Américains s'y sont joints. Dans son essence, ce mouvement a vu la restauration complète des dons du Saint-Esprit.

Par la suite, j'ai connu un bon chrétien. Il m'a décrit ce qui lui était arrivé à Saskatechewan : « Les réunions, m'a-t-il dit, duraient neuf heures sans interruption. Nul ne songeait seulement à faire une petite pause de temps à autre pour se rafraichir. » Que s'est-il passé ? Le prédicateur est devenu orgueilleux, sûr de lui, et il est tombé dans l'immoralité ; ce faisant, il a jeté le discrédit sur les dons de l'Esprit.

Plus tard, de 1957 à 1962, j'étais missionnaire rattaché aux Églises pentecôtistes (Pentecostal Assemblies) au Canada, église très attachante, mais où les dons n'étaient pas mis en pratique. Aussi un jour j'ai demandé : « Pourquoi n'exercez-vous pas les dons spirituels ? » Leur réponse a été : « Le mouvement The Latter Rain les a tous eus ! » Ils voulaient dire, en d'autres termes, que c'était impossible pour eux maintenant et qu'ils craignaient surtout de faire les mêmes erreurs. Vous pouvez voir une tactique de Satan à l'œuvre dans ce cas qui consiste à jeter le discrédit sur tout ce qui est bon comme les dons lorsqu'ils sont malheureusement bien mal employés.

Puis il y a eu The Manifested Sons (les fils de Dieu manifestés), groupe puissant qui a fait sien le verset biblique : «, Toute la création attend la manifestation des fils de Dieu. » Ils chassaient les démons et ils entraient en conversation avec eux, cherchant d'eux des révélations particulières. C'est là une grave erreur, je le crois sincèrement, de chercher des informations des démons eux-mêmes. Certains membres du groupe ont cru qu'ils avaient déjà reçu leur corps ressuscité, théologie outrancière. Deux d'entre eux ont été tué dans un accident d'avion et Dieu leur a demandé : « Où est votre corps ressuscité maintenant ? » Mais au départ, ils étaient de vrais serviteurs de Dieu.

Il y a encore eu The Children of God (les enfants de Dieu), qui ont pris plus tard le nom de The Family (La famille), conduits entre autres personnes par Linda Meisner. [Mouvement créé par Moïse David. Il s'est ensuite appelé Famille d'amour.] C'était une femme engagée au service de Dieu avec un vrai désir d'atteindre la jeunesse américaine. Mais l'orgueil l'a rendue dominatrice et manipulatrice. Beaucoup d'adolescents du mouvement ont subi son influence. Elle les a coupés de leurs relations familiales et surtout de leurs parents, et cela a été un désastre. Mais je crois qu'au départ elle était sincère.

Il y a encore eu William Branham, que j'ai connu vers la fin de son ministère. Je me suis trouvé deux ou trois fois sur la même estrade que lui. C'était un homme humble et doux, très attachant. Son ministère de la parole de connaissance était remarquable, presque légendaire, je dirais. Personne ne l'a surpris à donner une fausse parole de connaissance. J'étais avec lui à une réunion à Phoenix en Arizona. Il a vu une femme dans l'auditoire et a dit : « Vous n'êtes pas ici pour vous-même, mais pour votre petit-fils. » Puis il a dit son nom, son adresse dans la cité de New York. Nous étions presque à trois mille kilomètres de cette ville à ce moment-là ! Malheureusement, après avoir exercé son don deux ou trois fois, il s'est écroulé et les hommes de son groupe ont dû l'emporter. Il a donné pour explication que, comme Jésus, «, une puissance était sortie de lui ». Mais Jésus ne s'est pas écroulé. Je crois que l'Esprit saint n'était pas à l'œuvre dans ce cas, mais que c'était bien plutôt démoniaque.

Plus tard encore, j'étais un ami proche de Ern Baxter qui a enseigné un certain temps la Parole aux réunions évangéliques de William Branham. Ern aimait très fraternellement Braham et il a vraiment eu le cœur brisé par ce qui s'est produit par la suite. Un jour il a réuni notre petit conseil restreint de prédicateurs et a dit : « Je vais vous parler de Braham, mais à vous uniquement, car je veux que vous sachiez certaines choses. » Aujourd'hui toutes les personnes impliquées ne sont plus de ce monde, ou presque, et je me sens libre de partager ce que Ern nous a dit de Braham : « Il avait deux esprits en lui ; l'un était l'Esprit de Dieu, l'autre ne l'était pas. » Un jour qu'il était avec Ern, Braham lui a affirmé qu'il pouvait, par la puissance en lui, faire bouger le plafonnier de la pièce.

Je crois que Braham a marché avec Christ jusqu'à la fin de sa vie, mais les gens qui l'entouraient l'exploitaient. Bien qu'il ne se donnât par le titre d'« Élie », il a permis à ceux qui le suivaient de le faire. Il a été tué dans un accident de voiture provoqué par un chauffard ivre. Ses amis ont embaumé son corps pour le conserver jusqu'à Pâques, persuadés qu'il ressusciterait. Mais il n'est pas ressuscité !

Quand il était sous l'onction du Saint-Esprit, il était imbattable. Un jour, un homme demonisé est venu l'attaquer pendant une réunion. Braham lui a commandé de s'agenouiller et de demeurer ainsi jusqu'à la fin du message. L'homme est resté dans cette position pendant toute la durée du sermon. Le mieux que nous pouvons dire, c'est que la fin de Branham est décevante.

Puis il y a eu le groupe The Discipleship, encore appelé The Shepherding Movement (le mouvement des bergers). J'y étais personellement et de manière proche, et je peux dire que le démarrage de ce mouvement a eu une intervention divine. Il y avait avec moi trois autres prédicateurs, Bob Mumford, Charles Simpson et Don Basham. Nous étions ensemble à une convention au beau milieu de laquelle nous avons découvert que notre hôte, directeur et organisateur de la convention, était un homosexuel pratiquant. Nous nous sommes alors demandés : « Que faire à présent ? » Nous nous sommes réunis dans une chambre du motel où nous séjournions. Nous nous sommes agenouillés devant Dieu dans la prière et, lorsque nous nous sommes relevés, il était clair que, sans en avoir débattu ensemble, sans même en avoir eu le souhait, sans prière particulière à ce sujet, Dieu venait de nous unir tous les quatre dans son œuvre.

Cependant, en dépit de cela, il a fallu une bonne année pour en voir les effets. Mon opinion est que les intérêts personnels et les ambitions ont pris le dessus. L'un voulait être le responsable, l'autre monopoliser le pupitre, etc., et j'étais l'un d'eux. De cette expérience, je peux affirmer qu'il n'y a pas de plus grand problème dans l'Église aujourd'hui que l'ambition personnelle dans le ministère.

De plus, il n'y avait pas de « vrai renouvellement de la pensée ». Nous avancions sur les anciens chemins religieux traditionnels. Ceux qui ne nous aimaient pas disaient : « En fait, vous êtes une dénomination ! » Et notre responsable pouvait affirmer le contraire, lui et son groupe, selon la logique inexorable des principes spirituels, sont effectivement devenus une dénomination.

Le fond du problème était qu'il n'y avait pas un vrai renouvellement de la pensée. Nous étions fixés sur les méthodes traditionnelles de l'Église. Et je ne crois pas qu'elles sont justes. Je pense qu'il faut un vrai renouvellement de la pensée afin de s'aligner avec les desseins de Dieu. Voici donc la liste de ces cinq mouvements :

Enfin je voudrais souligner que les deux points communs à ces mouvements ont été l'orgueil et un mélange d'esprits. Mais en premier l'orgueil, le péché le plus dangereux à mon avis. Un prédicateur a dit : « L'orgueil est le seul péché dont le diable ne vous fera pas sentir coupable ! » Proverbes 16.18 dit :

« L'orgueil précède le désastre (en anglais : ‘la destruction’) et un esprit arrogant précède la chute. »

Remarquez que, contrairement au diction « l'orgueil précède la chute », la Bible affirme que « l'orgueil précède la destruction ». Ne vous entêtez donc pas sur le chemin de l'orgueil et faites demi-tour, car la fin serait la destruction. Et je vous parle autant qu'à moi-même !

Quant au second point commun à ces cinq mouvements, le mélange d'esprits, de vérité et d'erreur, de l'Esprit saint et d'autres esprits, il mène sur une pente glissante des soucis de ce monde au centrage sur soi, son âme, son ego, ce qui ouvre toute grande la porte aux démons.

Souvenez-vous que le croyant charnel est centré sur lui-même, sur son ego. Dans 2 Timothée 3.1-5 est décrite la condition de l'humanité à la fin de cet âge, qui représente les temps que nous vivons. Paul fait une liste de dix-huit péchés et manquements moraux :

« Sache que (c'est la seule fois où Paul prend un ton si catégorique. Il dit : ‘Soyez absolument sûrs de cela...’) dans les derniers jours, surgiront des temps difficiles... »

L'adjectif grec employé pour « difficiles » est encore utilisé dans Matthieu 8.28 où sont décrits deux démoniaques « très furieux » (littéralement « farouches ») qui sont venus à Jésus. Aujourd'hui nous sommes dans ces temps farouches, redoutables, périlleux. Nous ne pouvons pas prier que les temps soient changés, parce que Dieu dit : « Sache que ces temps sont farouches. » Nous ne pouvons pas les changer, mais nous pouvons demander au Seigneur de nous y préparer.

Paul dresse donc la liste des dix-huit péchés et manquements moraux :

« Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, insensibles, implacables, calomniateurs, sans frein, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, impulsifs, enflés d'orgueil, aimant leur plaisir plus que Dieu... »

Cette énumération commence et se termine sur trois faits qu'aiment les hommes : l'amour de soi (l'égoïsme), l'amour de l'argent et l'amour des plaisirs. Mais la racine en est bien l'amour de soi. C'est ce qui permet aux puissances du mal de s'installer dans l'âme. Le danger est d'être centré sur soi, de se dire : « Qu'est-ce que Dieu va faire pour moi ? » ou encore « En quoi cette bonne action m'est-elle profitable ? »

Puis il continue au verset 5 :

« Ils garderont la forme extérieure de la piété, mais ils en renieront la puissance. Éloigne-toi de ces hommes-là ! »

Ces hommes, porteurs de ces dix-huit conditions morales horribles, ont une forme extérieure de piété. Ils ne sont pas des non-croyants, ils ne sont pas des athées. Je ne crois pas que Paul a jamais employé le mot « piété » en dehors du contexte chrétien. Ces hommes affirment donc être des chrétiens. Quel est le problème ? C'est l'amour de soi, l'égoïsme, qui ouvre le chemin à tous les autres problèmes. Être centré sur soi conduit à une vie double, à un mélange dans sa vie.

Ce mélange dans la vie provoque la confusion et ensuite la division, parce qu'une partie est bonne et l'autre mauvaise ; l'une est vraie et faite de vérité, l'autre est faite d'erreurs. Voici comment nous y réagissons : certains remarqueront l'erreur et rejetteront aussi la vérité ; d'autres remarqueront la vérité et accepteront aussi l'erreur. La confusion s'installera et sera suivie par la division. Les croyants s'engageront avec agressivité dans l'une ou l'autre voie provoquées par ce mélange. Nous n'avons pas le droit de tolérer cela. La réponse au problème du mélange est la vérité, la vérité pure et non frelatée de la parole de Dieu !

J'ai été un jour le seul témoin d'un accident de la circulation devant chez nous, aux États-Unis, et l'on m'a demandé de témoigner. Avant de le faire, on m'a demandé de « dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité » ! C'est la norme établie par le tribunal séculier. À plus forte raison devons-nous, en tant que chrétiens, affirmer la vérité, toute la vérité et rien que la vérité !

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