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Bible de Jérusalem

Deutéronome 10.8-

8 Yahvé mit alors à part la tribu de Lévi,v pour porter l’arche de l’alliance de Yahvé, se tenir en présence de Yahvé, le servir et bénir en son nom jusqu’à ce jour.

v L’addition des vv. 8-9 est indépendante de celle des vv. 6-7 et le choix de la tribu de Lévi est sans rapport avec la mort d’Aaron. D’après Ex 32.25-29, ils ont été établis en récompense du massacre de leurs frères après le sacrifice au veau d’or, et cette liaison justifierait l’insertion dans ce récit. Mais d’après Nb 1.50 ; 3.6-8, ils ont été mis à part par Dieu lui-même, étant donnés en substitution des premiers-nés d’Israël, Nb 3.12 ; 8.16.

9 Aussi n’y eut-il pas pour Lévi de part ni d’héritage avec ses frères : c’est Yahvé qui est son héritage comme Yahvé ton Dieu le lui a dit.

10 Pour moi, je me tins sur la montagne, comme la première fois, quarante jours et quarante nuits. Cette fois encore Yahvé m’exauça, et Yahvé renonça à te détruire. 11 Mais Yahvé me dit : « Debout ! Pars et va-t-en à la tête de ce peuple, afin qu’ils aillent prendre possession du pays que j’ai juré à leurs pères de leur donner. »

La circoncision du cœur.w

12 Et maintenant, Israël, que te demande Yahvé ton Dieu, sinon de craindre Yahvé ton Dieu, de suivre toutes ses voies, de l’aimer, de servir Yahvé ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme,

w Cette dernière section du discours reprend le style direct et énonce les exigences de l’alliance avec Dieu, en faisant des emprunts aux formulaires des traités d’alliance, ainsi la déclaration d’entrée, 10.12s, le rappel historique, 11.2-7, la description du pays, 11.10-12, 24, et les bénédictions et malédictions, 11.16-17, 22-23, 26-29.

13 de garder les commandements de Yahvé et ses lois que je te prescris aujourd’hui pour ton bonheur ?

14 C’est bien à Yahvé ton Dieu qu’appartiennent les cieux et les cieux des cieux,x la terre et tout ce qui s’y trouve.

x Cette tournure exprime en hébreu le superlatif. Les « cieux des cieux » sont les cieux les plus élevés.

15 Yahvé pourtant ne s’est attaché qu’à tes pères, par amour pour eux, et après eux il a élu entre toutes les nations leur descendance, vous-mêmes, jusqu’aujourd’hui. 16 Circoncisez votre cœury et ne raidissez plus votre nuque,

y La circoncision était le signe de l’appartenance au peuple de Yahvé, Gn 17.10. Mais cette appartenance doit atteindre les facultés spirituelles, le « cœur », Gn 8.21 ; Jr 4.4.

17 car Yahvé votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, vaillant et redoutable, qui ne fait pas acception de personnes et ne reçoit pas de présents.z

z Dieu octroie sa grâce en toute liberté et impartialité, 1.17 ; cf. 2 Ch 19.7 ; Jb 34.19 ; Sg 6.7-8. Le NT reprendra la formule, Ac 10.34 ; Rm 2.11 ; Ga 2.6 ; Ep 6.9 ; Col 3.25 ; Jc 2.1 ; 1 P 1.17.

18 C’est lui qui fait droit à l’orphelin et à la veuve, et il aime l’étranger, auquel il donne pain et vêtement. 19 (Aimez l’étranger car au pays d’Égypte vous fûtes des étrangers.) 20 C’est Yahvé ton Dieu que tu craindras et serviras, t’attachant à lui et jurant par son nom. 21 C’est lui que tu dois louer et c’est lui ton Dieu : il a accompli pour toi ces choses grandes et redoutables que tes yeux ont vues ; 22 et, alors que tes pères n’étaient que soixante-dix quand ils sont descendus en Égypte, Yahvé ton Dieu t’a rendu aussi nombreux à présent que les étoiles des cieux.

Deutéronome 18.1-

Le sacerdoce lévitique.z

18 Les prêtres lévites, toute la tribu de Lévi, n’auront point de part ni d’héritage avec Israël : ils vivront des mets offertsa à Yahvé et de son patrimoine.

z D’après le Dt, tous les membres de la tribu de Lévi sont habilités au sacerdoce — d’où l’expression « prêtres lévites », v. 21.5 ; 24.8 ; 31.9 ; cf. déjà 17.9 et 18 — mais ils ne peuvent exercer les fonctions sacerdotales qu’à Jérusalem, vv. 6-7, où ils vivent de l’autel, vv. 1-5. Étant en fait trop nombreux pour être tous employés au sanctuaire, beaucoup vivent en province, où ils sont recommandés, comme l’étranger, la veuve et l’orphelin, à la charité des Israélites, 12.18-19, etc. La distinction entre les prêtres et les lévites, leurs serviteurs, n’existe donc pas encore, mais elle est préparée par la distinction de fait entre les desservants du sanctuaire central et les membres de la tribu dispersés dans le pays.

a « mets offerts », en hébr. ’ishshé ; ici et en 1 S 2.28, ce mot désigne simplement les mets offerts à la divinité (et dont les prêtres reçoivent une part). Dans le Lv et la tradition sacerdotale, on lui donne un sens moins matériel en le rattachant au mot ’esh , « feu » d’où « sacrifice par le feu » on traduira alors « mets consumé », cf. Lv 1.9.

2 Cette tribu n’aura pas d’héritage au milieu de ses frères ; c’est Yahvé qui sera son héritage, ainsi qu’il le lui a dit.

3 Voici les droits des prêtres sur le peuple, sur ceux qui offrent un sacrifice de gros ou de petit bétail : on donnera au prêtre l’épaule, les mâchoires et l’estomac.b

b Précisions qui permettront d’éviter des abus, comme ceux des fils d’Éli à Silo, 1 S 2.13.

4 Tu lui donneras les prémices de ton froment, de ton vin nouveau et de ton huile, ainsi que les prémices de la tonte de ton petit bétail. 5 Car c’est lui que Yahvé ton Dieu a choisi entre toutes tes tribus pour se tenir devant Yahvé ton Dieu, pour faire le service divin et donner la bénédiction au nom de Yahvé, lui et ses fils pour toujours.

6 Si le lévite séjournant en l’une de tes villes, où que ce soit en Israël, vient, selon son désir, au lieu choisi par Yahvé, 7 il y officiera au nom de Yahvé son Dieu comme tous ses frères lévites qui se tiennent là en présence de Yahvé, 8 mangeant une part égale à la leur — sans compter ce qui lui vient par la vente de son patrimoine.c

c Cette fin de v. est obscure. Peut-être fallait-il empêcher que l’on évalue les biens personnels des lévites pour diminuer leur part au sanctuaire. — En fait, la disposition accordant les mêmes droits à tous les lévites n’a jamais été appliquée, cf. 2 R 23.9.

Les prophètes.

9 Lorsque tu seras entré dans le pays que Yahvé ton Dieu te donne, tu n’apprendras pas à commettre les mêmes abominations que ces nations-là. 10 On ne trouvera chez toi personne qui fasse passer au feu son fils ou sa fille, qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, 11 personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts. 12 Car quiconque fait ces choses est en abomination à Yahvé ton Dieu, et c’est à cause de ces abominations que Yahvé ton Dieu chasse ces nations devant toi.

13 Tu seras sans tache vis-à-vis de Yahvé ton Dieu. 14 Car ces nations que tu dépossèdes écoutaient enchanteurs et devins, mais tel n’a pas été pour toi le don de Yahvé ton Dieu. 15 Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez. 16 C’est cela même que tu as demandé à Yahvé ton Dieu, à l’Horeb, au jour de l’Assemblée : « Pour ne pas mourir, je n’écouterai plus la voix de Yahvé mon Dieu et je ne regarderai plus ce grand feu », 17 et Yahvé me dit : « Ils ont bien parlé. 18 Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi,d je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai.

d C’est, parallèlement à l’institution de la royauté, 17.14-20, l’institution du prophétisme, que Moïse attribue à Yahvé lors de la théophanie de l’Horeb, cf. Ex 20.19-21 et 5.23-28, institution à laquelle font allusion, dans le NT, saint Pierre, Ac 3.22-26, et saint Étienne, Ac 7.37. Ce texte du fonde l’attente juive d’un Messie qui sera comme un nouveau Moïse, cf. Jn 1.21. L’évangile de saint Jean soulignera le parallélisme entre Jésus et Moïse, cf. Jn 1.17 ; voir aussi Mt 17.3s.

19 Si un homme n’écoute pas mes paroles, que ce prophète aura prononcées en mon nom, alors c’est moi-même qui en demanderai compte à cet homme. 20 Mais si un prophète a l’audace de dire en mon nom une parole que je n’ai pas ordonné de dire, et s’il parle au nom d’autres dieux, ce prophète mourra. »

21 Peut-être vas-tu dire en ton cœur : « Comment saurons-nous que cette parole, Yahvé ne l’a pas dite ? »e

e Comment distinguer vrais et faux prophètes ? Pour trancher cette question troublante (cf. 1 R 22 ; Jr 28), deux critères fidélité à la doctrine yahviste, cf. 13, réalisation des faits annoncés, ici v. 22.

22 Si ce prophète a parlé au nom de Yahvé, et que sa parole reste sans effet et ne s’accomplit pas, alors Yahvé n’a pas dit cette parole-là. Le prophète a parlé avec présomption. Tu n’as pas à le craindre.

Deutéronome 33.8-

8 Il dit sur Lévi :
Donne à Léviw tes Urim
et tes Tummim à l’homme à qui tu fis grâce,
après l’avoir mis à l’épreuve à Massa,
t’en être pris à lui aux eaux de Meriba.

w « Donne à Lévi » grec ; omis par hébr. En contraste avec les « bénédictions » de Jacob, Gn 49.5-7, qui concernent le sort de la tribu profane de Lévi, dispersée en même temps que celle de Siméon, les bénédictions de Moïse concernent la tribu sacerdotale de Lévi, son origine comme groupe séparé et sa triple fonction relative à l’oracle divin, à l’enseignement et au service de l’autel.

9 Il dit de son père et de sa mère :
« Je ne l’ai pas vu. »
Ses frères, il ne les connaît plus,
ses fils, il les ignore.
Oui, ils ont gardé ta parole
et ils retiennent ton alliance.
10 Ils enseignent tes coutumes à Jacob
et ta Loi à Israël.
Ils font monter l’encens à tes narines
et mettent l’holocauste sur ton autel.
11 Bénis, Yahvé, sa valeur
et agrée l’œuvre de ses mains.
Brise les reins de ses adversaires
et de ceux qui le haïssent pour qu’ils ne tiennent pas !

12 Il dit sur Benjamin :
Bien-aimé de Yahvé, il repose en sécurité près de lui.
Le Très-Haut le protège tous les jours
et demeure entre ses coteaux.x

x « le Très-Haut » conj. ; hébr. répète « près de lui ». — « coteaux », litt. « épaules » (comme on dit l’« épaulement » d’une montagne) ; la description du territoire de Benjamin en Jos 18 en signale cinq.

13 Il dit sur Joseph :
Son pays est béni de Yahvé.
À lui le meilleur de la rosée des cieux
et de l’abîme souterrain,
14 le meilleur de ce que fait croître le soleil,
de ce qui pousse à chaque lunaison,
15 les prémices des montagnes antiques,
le meilleur des collines d’autrefois,
16 le meilleur de la terre et de ce qu’elle produit,
la faveur de celui qui habite le Buisson.
Que la chevelure abonde sur la tête de Joseph,
sur le crâne de celui qui est consacré parmi ses frères !y

y Cf. Gn 49.26. « Consacré » traduit nazîr, cf. Nb 6.1.

17 Premier-néz du taureau, à lui la gloire.
Ses cornes sont cornes de buffle
dont il frappe les peuples
jusqu’aux extrémités de la terre.
Telles sont les myriades d’Éphraïm,
tels sont les milliers de Manassé.

z D’autres textes semblent aussi donner à Joseph la position d’un premier-né, 1 Ch 5.1-2, comparer Gn 46.4 ; 47.29-31. La priorité que cette bénédiction donne à Joseph était attribuée à Juda par Gn 49. La mention d’Éphraïm et de Manassé est peut-être une addition.

18 Il dit sur Zabulon :a
Sois heureux, Zabulon, en tes expéditions.
Et toi, Issachar, dans tes tentes !

a Un même dicton est consacré aux deux tribus d’Issachar et de Zabulon, qui étaient voisines et avaient une origine commune. Elles fréquentaient le même sanctuaire (le Thabor) et elles étaient toutes deux engagées dans les entreprises commerciales, v. 19.

19 Sur la montagne où les peuples viennent invoquer
ils offrent des sacrifices de succès,
car ils aspirent à eux l’abondance des mers
et les trésors cachés dans les sables.

20 Il dit sur Gad :b
Béni soit celui qui met Gad au large !
Il repose comme une lionne ;
il a déchiré bras, visage et tête.

b Gad, installé en premier, avec Ruben, en Transjordanie, cf. Nb 32, s’est étendu aux dépens de celui-ci ; cf. le dicton sur Ruben.

21 Puis il s’est attribué les prémices,
là, il a vu qu’une part de chef lui était réservée.
Il est venu comme chef du peuple,
ayant accompli la justice de Yahvé
et ses sentences sur Israël.

22 Il dit sur Dan :
Dan est un jeune lion
qui s’élance du Bashân.c

c Dan, après avoir émigré de son territoire situé à l’ouest de Benjamin, cf. Jos 18.40 s’était installé au nord d’Israël, à Laïsh (qui signifie « lion »), au pied de l’Hermon et aux confins de Bashân, cf. 34.1.

23 Il dit sur Nephtali :
Nephtali, rassasié de faveurs,
comblé des bénédictions de Yahvé :
Il prend possession de l’ouest et du midi.d

d Ce v. semble faire allusion à une extension du territoire de Nephtali, qu’on ne peut pas préciser historiquement.

24 Il dit sur Asher :
Béni soit Asher entre tous les fils !
Qu’il soit privilégié parmi ses frères
et qu’il baigne son pied dans l’huile !
25 Que tes verrous soient de fer et d’airain
et que ta sécurité dure autant que tes jours !e

e Asher habitait près de la mer dans une région favorable à l’olivier. La traduction est incertaine.

26 Nul n’est pareil au Dieu de Yeshurûn :
il chevauche les cieux pour te secourir,
et les nuées, dans sa majesté !
27 Le Dieu d’autrefois, c’est ton refuge.
Ici-bas, c’est lui le bras antique
qui chasse devant toi l’ennemi ;
c’est lui qui dit : Détruis !
28 Israël demeure en sécurité.
La source de Jacob est mise à part
pour un pays de froment et de vin ;
le ciel même y distille la rosée.
29 Heureux es-tu, ô Israël !
Qui est comme toi, peuple vainqueur ?
En Yahvé est le bouclier qui te secourt,
l’épée qui te mène au triomphe.f
Tes ennemis voudront te corrompre,
mais toi, tu fouleras leurs dos.

f Littéralement « l’épée de ta grandeur » grec ; « dont l’épée (?) est ta grandeur » hébr.