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Bible de Jérusalem

Jean 6.51-

51 Moi, je suis le pain vivant, descendu du ciel.
Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour toujours.e
Et le pain que je donnerai,
c’est ma chairf pour la vie du monde. »

e Reprend Gn 3.22 « ... n’en mange et ne vive pour toujours ». Par son enseignement, le Christ-Sagesse nous donne à nouveau accès à l’arbre de vie dont Adam avait été privé, Pr 3.18. Nous ne serons plus jetés hors du paradis, 6.37 ; cf. Gn 3.23.

f Sous-entendu « donnée » ou « livrée » (comme le précisent beaucoup de mss). Cette tournure concise rappelle 1 Co 11.24 « Ceci est mon corps qui est pour vous », cf. Lc 22.19. Allusion à la Passion. Mais Jean remplace le mot « corps » par « chair » qui désignait l’homme dans sa condition de faiblesse et de mortalité, 1.14. Dans le judaïsme, l’expression plus complexe « la chair et le sang » avait même signification, Mt 16.17 ; 1 Co 15.50 ; Ep 6.12. Comparer alors les vv. 56 et 57.

52 Les Juifs alors se mirent à discuter fort entre eux ; ils disaient : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » 53 Alors Jésus leur dit :

« En vérité, en vérité, je vous le dis,
si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme
et ne buvez son sang,
vous n’aurez pas la vie en vous.
54 Qui mange ma chair et boit mon sang
a la vie éternelle
et je le ressusciterai au dernier jour.
55 Car ma chair est vraiment une nourriture
et mon sang vraiment une boisson.
56 Qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi
et moi en lui.g

g « Être dans », et plus encore « demeurer dans », c’est, avec bien des variantes dans les sujets et compléments, l’un des traits propres du langage johannique. La relation de présence intérieure qui s’exprime ainsi est évidemment déterminée par la nature des réalités ou des personnes en cause l’une est toujours plus grande que l’autre, et surtout s’il s’agit d’une personne divine. La chose est à observer en particulier si la relation est réciproque, comme ici, 10.38 ; 14.10, 20 ; 15.4-7 ; 17.21-23, 26 ; 1 2.24 ; 3.24 ; 4.12-16.

57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé
et que je vis par le Père,
de même celui qui me mange,
lui aussi vivra par moi.h

h L’Eucharistie communique aux fidèles la vie que le Fils tient du Père.

58 Voici le pain descendu du ciel ;
il n’est pas comme celui qu’ont mangé les pèresi
et ils sont morts ;
qui mange ce pain vivra pour toujours. »

i Add. « la manne » ou « dans le désert ».

59 Tel fut l’enseignement qu’il donna en synagogue à Capharnaüm.

60 Après l’avoir entendu,j beaucoup de ses disciples dirent : « Elle est dure, cette parole ! Qui peut l’écouter ? »

j C’est ici que reprend le dialogue sur Jésus-Sagesse, interrompu par l’insertion de la section proprement eucharistique. Le scandale des disciples vient de ce que Jésus a affirmé être descendu du ciel, 6.51a ; cf. 6.41 ; Jésus répond en annonçant son ascension qui prouvera sa véritable origine (v. 62).

61 Mais, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce propos, Jésus leur dit : « Cela vous scandalise ? 62 Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ? ...

63 C’est l’esprit qui vivifie,
la chair ne sert de rien.
Les paroles que je vous ai dites sont esprit
et elles sont vie.k

k Les paroles de Jésus sur le pain céleste révèlent une réalité divine dont seul l’Esprit, cf. 1.33, peut donner l’intelligence, cf 14.26, et qui est source de vie pour l’homme.

64 Mais il en est parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui le livrerait. 65 Et il disait : « Voilà pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père. » 66 Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui.

La confession de Pierre.

67 Jésus dit alors aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » 68 Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irons-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. 69 Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. »l

l C’est-à-dire l’envoyé et l’élu de Dieu, consacré et uni à lui de façon éminente, le Messie, cf. 10.36 ; 17.19 ; Mc 1.24. — Var. « Tu es le Christ, le Fils de Dieu » ou « le Fils du Dieu vivant », cf. Mt 16.16.

70 Jésus leur répondit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un d’entre vous est un diable. » 71 Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; c’est lui en effet qui devait le livrer, lui, l’un des Douze.m

m Cette annonce anticipée de la trahison de Judas doit être de même tradition johannique que le dialogue eucharistique des vv. 51-59, cf. Lc 22.14-23.