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Bible de Jérusalem

Job 36.22-37.24

Hymne à la Sagesse toute-puissante.c

22 Vois, Dieu est sublime par sa force
et quel maître lui comparer ?

c De l’interprétation des voies de Dieu. Élihu passe à l’éloge de sa Puissance et de sa Sagesse. Mouvement analogue en Rm 11.33.

23 Qui lui a indiqué la voie à suivre,
qui oserait lui dire : « Tu as commis l’injustice ? »
24 Songe plutôt à magnifier son œuvre,
que l’homme a célébrée par des cantiques.
25 C’est un spectacle offert à tous,
à distance l’homme la regarde.
26 Oui, Dieu est si grand qu’il dépasse notre science,
et le nombre de ses ans reste incalculable.
27 C’est lui qui réduit les gouttes d’eau,
pulvérise la pluie en brouillard.
28 Et les nuages déversent celle-ci,
la font ruisseler sur la foule humaine.
31 Par eux d il sustente les peuples,
leur donne la nourriture en abondance.

d Les premiers mots indiquent que le v. n’est plus dans son contexte ; il doit s’agir des nuages mentionnés au v. 28 — « il sustente » yazûn conj. ; « il juge » yadîn hébr.

29 Qui comprendra encore les déploiements de sa nuée,
le grondement menaçant de sa tente ?e

e « Qui » syr. ; « si (il comprend) » hébr. — La nuée, « tente » de Yahvé, c’est l’orage qui se déploie au milieu des grondements du tonnerre, sa « voix ». Elle s’abaisse, et Dieu lance l’éclair comme une flèche. Cf. Ps 18.10-15 ; 29 ; Ex 13.22 ; 19.16.

30 Il déploie devant lui son éclair,
il submerge les fondements de la mer.
32 Ses deux paumes, il les recouvre de l’éclair
et lui fixe le but à atteindre.
33 Son fracas en annonce la venue,
enflammant la colère contre l’iniquité.f

f « enflammant » maqneh conj. ; « le troupeau » miqneh hébr. — « contre l’iniquité » al’ awlah conj. ; « contre celui qui monte » `al `ôleh hébr.

37 Mon cœur lui-même en tremble
et bondit hors de sa place.
2 Écoutez, écoutez le fracas de sa voix,
le grondement qui sort de sa bouche !
3 Son éclair est lâché sous l’étendue des cieux,
il atteint les extrémités de la terre.
4 Derrière lui mugit une voix,
car Dieu tonne de sa voix superbe.
Et il ne retient pas ses foudresg
tant que sa voix retentit.

g « ne retient pas ses foudres » conj. « ne les retient pas » hébr.

5 Oui, Dieu tonne à pleine voix ses merveilles,
il accomplit des œuvres grandioses qui nous dépassent.
6 Quand il dit à la neige : « Tombe sur la terre ! »
aux averses : « Pleuvez dru ! »h

h Après « aux averses », on omet « et aux averses de pluie », dittographie. — « Pleuvez dru » ozzu conj. ; « sa force » uzzô hébr.

7 alors il suspend l’activité des hommes,
pour que chacun reconnaisse là son œuvre.
8 Les animaux regagnent leurs repaires
et s’abritent dans leurs tanières.
9 De la Chambre australe sort l’ouragan
et les vents du nord amènent le froid.i

i La « Chambre australe », cf. 9.9 litt. la « chambre », où est tenu en réserve (cf. 38.22 ; Ps 135.7) l’ouragan, qui est un vent du sud. Les « vents du nord » litt. « les dispersants ».

10 Au souffle de Dieu se forme la glace
et la surface des eaux se durcit.
11 Il charge d’humidité les nuages
et les nuées d’orage diffusent son éclair.
12 Et lui les fait circuler
et préside à leur alternance.j
Ils exécutent en tout ses ordres,
sur la face de son monde terrestre.

j Texte corrigé ; l’hébr. se traduirait litt. « et lui (l’éclair) en cercles tournoyants selon ses directives ».

13 Soit pour châtier les peuples de la terre,
soit pour une œuvre de bonté, il les envoie.k

k « les peuples de la terre » le `ammê ha`areç conj. ; « si (c’est) pour sa terre » ’im le’arçô hébr. — « il les envoie » yoçîam conj. ; « il lui fait trouver » yamçî éhû hébr.

14 Écoute ceci, Job, sans broncher,
et réfléchis aux merveilles de Dieu.
15 Sais-tu comment Dieu leur commande,
et comment sa nuée fait luire l’éclair ?
16 Sais-tu comment il suspend les nuages en équilibre,
prodige d’une science consommée ?
17 Toi, quand tes vêtements sont brûlants
et que la terre se tient immobile sous le vent du sud,
18 peux-tu étendrel comme lui la nue,
durcie comme un miroir de métal fondu ?

l Littéralement « laminer » c’est le mot employé pour le travail du métal, et la racine est la même que celle du « firmament ».

19 Apprends-moi ce qu’il faut lui dire :
mieux vaut ne plus discuter à cause de nos ténèbres.
20 Mes paroles comptent-elles pour lui,
est-il informé des ordres d’un homme ?
21 Un temps la lumière devient invisible,
lorsque les nuages l’obscurcissent ;
puis le vent passe et les balaie,
22 et du nord arrive la clarté.m
Dieu s’entoure d’une splendeur redoutable ;

m « clarté » zôhar conj. ; « l’or » zahab hébr.

23 lui, Shaddaï, nous ne pouvons l’atteindre.
Suprême par la force et l’équité,
maître en justice sans opprimer,
24 il s’impose à la crainte des hommes ;
à lui la vénération de tous les esprits sensés !n

n « à lui la vénération » lô yire’at conj. ; cf. grec ; « il ne voit pas (tous les esprits sensés) » lo’ yire’eh hébr.

Job 38.1-38

IV. Les discours de Yahvé

PREMIER DISCOURS

La Sagesse créatrice confond Job.

38 Yahvé répondit à Job du sein de la tempêteo et dit :

o Selon le mode ancien des théophanies de Yahvé qui manifestait sa toute-puissance redoutable, cf. Ps 18.8-16 ; 50.3 ; Na 1.3 ; Ez 1.4 cf. Ex 13.22 ; 19.16.

2 Quel est celui-là qui obscurcit mes plans
par des propos dénués de sens ?
3 Ceins tes reins comme un brave :
je vais t’interroger et tu m’instruiras.p

p « comme un brave » 1 ms hébr., syr., Targ. ; « comme un homme » TM (simple différence de vocalisation). De même en 40.7. — Les rôles sont renversés Yahvé attaque et invite Job à se défendre.

4 Où étais-tu quand je fondai la terre ?
Parle, si ton savoir est éclairé.
5 Qui en fixa les mesures, le saurais-tu,
ou qui tendit sur elle le cordeau ?
6 Sur quel appui s’enfoncent ses socles ?
Qui posa sa pierre angulaire,
7 parmi le concert joyeux des étoiles du matin
et les acclamations unanimes des Fils de Dieu ?
8 Qui enfermaq la mer à deux battants,
quand elle sortit du sein, bondissante ;

q « Qui enferma » Vulg. ; « il a enfermé » hébr.

9 quand je mis sur elle une nuée pour vêtement
et fis des nuages sombres ses langes ;
10 quand je découpai pour elle sa limite
et plaçai portes et verrou ?
11 « Tu n’iras pas plus loin, lui dis-je,
ici se briserar l’orgueil de tes flots ! »

r « se brisera » yishtabber, d’après grec ; « il mettra à (l’orgueil) » yashît bi hébr.

12 As-tu, une fois dans ta vie, commandé au matin ?
Assigné l’aurore à son poste,
13 pour qu’elle saisisse la terre par les bords
et en secoue les méchants ?
14 Alors elle la change en argile de sceaus
et la teint comme un vêtement ;

s De couleur rouge. — « la teint », litt. « est teinte », tiççaba` conj. ; « ils se tiennent debout » yiteyaççebû hébr.

15 elle ôte aux méchants leur lumière,t
brise le bras qui se levait.

t Qui n’est pas la lumière du jour, cf. 24.13s.

16 As-tu pénétré jusqu’aux sources marines,u
circulé au fond de l’Abîme ?

u Celles qui étaient censées alimenter la mer.

17 Les portes de la Mort te furent-elles montrées,
as-tu vu les portes du pays de l’ombre de mort ?v

v Au lieu de répéter « portes » le grec a « portiers ». — Ce pays est le shéol, Nb 16.33. Sur « les portes de la Mort », cf. Isa 38.10 ; Ps 9.14 ; 107.18 ; Sg 16.13.

18 As-tu quelque idée des étendues terrestres ?
Raconte, si tu sais tout cela.
19 De quel côté habite la lumière,w
et les ténèbres, où résident-elles,

w La lumière est personnifiée comme une entité distincte du soleil. Elle regagne chaque soir son domicile tandis que sortent les ténèbres.

20 pour que tu puisses les conduire dans leur domaine,
et distinguer les accès de leur maison ?
21 Si tu le sais, c’est qu’alors tu étais né,
et tu comptes des jours bien nombreux !

22 Es-tu parvenu jusqu’aux dépôts de neige ?
As-tu vu les réserves de grêle,
23 que je ménage pour les temps de détresse,
pour les jours de bataille et de guerre ?
24 De quel côté se divise l’éclair,
où se répand sur terre le vent d’est ?
25 Qui perce un canal pour l’averse,
fraie la route aux roulements du tonnerre,
26 pour faire pleuvoir sur une terre sans hommes,
sur un désert que nul n’habite,
27 pour abreuver les solitudes désolées,
faire germer l’herbe sur la steppe ?x

x « sur la steppe » miççiyyah conj. ; « lieu d’origine » moça’ hébr. — Les vv. 26-27 soulignent la gratuité des œuvres divines, ou bien la sollicitude de Dieu pour d’autres êtres que les hommes.

28 La pluie a-t-elle un père,
ou qui engendre les gouttes de rosée ?
29 De quel ventre sort la glace,
et le givre des cieux, qui l’enfante,
30 quand les eaux disparaissent en se pétrifiant
et que devient compacte la surface de l’abîme ?

31 Peux-tu nouer les liens des Pléiades,
desserrer les cordes d’Orion,
32 amener la Couronne en son temps,
conduire l’Ourse avec ses petits ?y

y « la Couronne », c’est-à-dire la Couronne boréale, d’après l’une des étymologies possibles du mot. Selon d’autres « l’étoile du berger » (cf. Vulg. « Lucifer »), ou « les Hyades » parce qu’Aldébaran marquait le temps de la pluie et des labours. — Les « petits » de l’Ourse désignent peut-être la constellation de la petite Ourse.

33 Connais-tu les lois des Cieux,
appliques-tu leur charte sur terre ?
34 Ta voix s’élève-t-elle jusqu’aux nuées
et la masse des eaux t’obéit-elle ?z

z « t’obéit-elle » ta`aneka grec ; « te couvre-t-elle » tekasseka hébr.

35 Sur ton ordre, les éclairs partent-ils,
en te disant : « Nous voici ? »
36 Qui a mis dans l’ibis la sagesse,
donné au coq l’intelligence ?a

a « ibis » et « coq » traduction incertaine. Le mot sekwi (« coq ») n’apparaît qu’ici, mais on s’appuie sur un targum et sur la Vulg. Tuhôt (« ibis ») semble être une transcription de Thot, le dieu-ibis égyptien. Ce mot se retrouve une fois, Ps 51.8, mais dans un sens tout différent. — On attribuait à ces animaux des facultés de prévision l’ibis annonçait les crues du Nil, le coq annonce le jour et, selon certaines croyances populaires, la pluie.

37 Qui dénombre les nuages avec compétence
et incline les outres des cieux,
38 tandis que la poussière s’agglomère
et que collent ensemble les glèbes ?