retour

Bible de Jérusalem

Josué 10-11

7. LA CONQUÊTE DU SUDy

Cinq rois font la guerre à Gabaôn.

10 Or, il advint qu’Adoni-Çédeq, roi de Jérusalem, apprit que Josué s’était emparé de Aï et l’avait vouée à l’anathème, traitant Aï et son roi comme il avait traité Jéricho et son roi, et que les habitants de Gabaôn avaient fait la paix avec Israël et demeuraient au milieu de lui.

y Les chap. 10 et 11, par leur genre littéraire, différent des précédents à deux expéditions contre les rois cananéens coalisés, ils rattachent la conquête de tout le Sud, puis de tout le Nord de la Terre Promise, faite sous la conduite de Josué par l’ensemble des tribus. Cela ne s’accorde ni à d’autres passages du même livre, ainsi 13.1-6 ; 14.6-13 ; 15.13-19 ; 17.12, 16, ni au tableau qui ouvre le livre des Juges, Jg 1, d’où il apparaît que la conquête fut lente et incomplète, et que chaque tribu eut une action indépendante. Cette vue est plus conforme à l’histoire, mais le livre de Josué a rattaché à Josué des faits auxquels il était étranger ou qui lui étaient postérieurs, pour donner un tableau d’ensemble de la conquête.

2 On en fut terrifié, car Gabaôn était une ville aussi grande que l’une des villes royales — elle était plus grande que Aï —, et tous ses citoyens étaient des guerriers. 3 Alors Adoni-Çédeq, roi de Jérusalem, envoya dire à Hoham, roi d’Hébron, à Piréam, roi de Yarmut, à Yaphia, roi de Lakish, et à Debir, roi d’Églôn : 4 « Montez donc vers moi pour m’aider à battre Gabaôn, parce qu’elle a fait la paix avec Josué et les Israélites. » 5 Ayant opéré leur jonction, les cinq rois montèrent, à savoir le roi de Jérusalem, le roi d’Hébron, le roi de Yarmut, le roi de Lakish et le roi d’Églôn, eux et toutes leurs troupes ; ils assiégèrent Gabaôn et l’attaquèrent.

Josué au secours de Gabaôn.

6 Les gens de Gabaôn envoyèrent dire à Josué, au camp de Gilgal : « Ne retire pas ton aide à tes serviteurs, hâte-toi de monter jusqu’à nous pour nous sauver et nous secourir, car tous les rois amorites qui habitent la montagne se sont coalisés contre nous. » 7 Josué monta de Gilgal, lui, tous les gens de guerre et toute l’élite de l’armée. 8 Yahvé dit à Josué : « Ne les crains pas, je les ai livrés entre tes mains, nul d’entre eux ne te résistera. » 9 Josué arriva sur eux à l’improviste, après avoir marché toute la nuit depuis Gilgal.

Le secours d’en haut.

10 Yahvé les mit en déroute, en présence d’Israël, et leur infligea à Gabaôn une rude défaite ; il les poursuivit même sur le chemin de la montée de Bet-Horônz et les battit jusqu’à Azéqa et jusqu’à Maqqéda.

z Sur la route ordinaire des invasions, comparer la poursuite des Philistins par Saül, 1 S 14.23 (grec), 31. Cf. aussi l’invasion syrienne, 1 M 3.16, 24.

11 Or, tandis qu’ils fuyaient devant Israël dans la descente de Bet-Horôn, Yahvé lança du ciel sur eux d’énormes grêlons jusqu’à Azéqa, et ils moururent. Il en mourut plus par la grêle que n’en tuèrent par l’épée les Israélites. 12 C’est alors que Josué s’adressa à Yahvé, en ce jour où Yahvé livra les Amorites aux Israélites. Josué dit en présence d’Israël :

« Soleil, arrête-toi sur Gabaôn,
et toi, lune, sur la vallée d’Ayyalôn ! »

13 Et le soleil s’arrêta, et la lune se tint immobile jusqu’à ce que le peuple se fût vengé de ses ennemis.

Cela n’est-il pas écrit dans le livre du Juste ?a Le soleil se tint immobile au milieu du ciel et près d’un jour entier retarda son coucher.

a Ancien recueil poétique, aujourd’hui perdu, encore cité en 2 S 1.18. — Ce couplet rythmé, dont il est vain de rechercher la justification dans l’astronomie ou dans les cultes astraux, est une expression poétique de l’aide apportée par Yahvé à Israël, cf. v. 11. Il a été pris à la lettre par un rédacteur qui veut souligner la grandeur de Josué, cf. v. 14. Comparer avec Jg 5.20.

14 Il n’y a pas eu de journée pareille, ni avant ni depuis, où Yahvé ait obéi à la voix d’un homme. C’est que Yahvé combattait pour Israël. 15 Josué, et avec lui tout Israël, revint au camp de Gilgal.

Les cinq rois dans la caverne de Maqqéda.b

16 Quant à ces cinq rois, ils s’étaient enfuis et s’étaient cachés dans la caverne de Maqqéda.

b Cette histoire représente une tradition particulière, distincte de celle de la bataille de Gabaôn (la mention de Maqqéda au v. 10 est une addition rédactionnelle). Le site est inconnu. D’après 15.41, Maqqéda était dans la région d’Églôn et de Lakish, très loin de Gabaôn.

17 On vint en informer Josué : « Les cinq rois, lui dit-on, viennent d’être découverts cachés dans la caverne de Maqqéda. » 18 Josué dit : « Roulez de grosses pierres à l’entrée de la caverne et postez près d’elle des hommes pour les surveiller. 19 Et vous, ne restez pas immobiles, poursuivez vos ennemis, coupez-leur la retraite et ne les laissez pas entrer dans leurs villes, car Yahvé votre Dieu les a livrés entre vos mains. »

20 Quand Josué et les Israélites eurent achevé de leur infliger une très grande défaite jusqu’à les exterminer, tous ceux qui avaient réchappé vivants entrèrent dans les places fortes. 21 Tout le peuple revint au camp sain et sauf, auprès de Josué à Maqqéda, et personne n’osa rien direc contre les Israélites.

c Litt. « pas un homme (en lisant ’ish au lieu de le ’ish hébr.) n’aiguisa sa langue ».

22 Josué dit alors : « Dégagez l’entrée de la caverne et faites-en sortir ces cinq rois pour me les amener. » 23 On fit ainsi et l’on fit sortir les cinq rois de la caverne pour les lui amener : le roi de Jérusalem, le roi d’Hébron, le roi de Yarmut, le roi de Lakish et le roi d’Églôn. 24 Lorsqu’on eut fait sortir ces rois, Josué appela tous les hommes d’Israël et dit aux officiers des gens de guerre qui l’avaient accompagné : « Approchez et mettez le pied sur la nuque de ces rois. » Ils s’avancèrent et leur mirent le pied sur la nuque. 25 « Soyez sans crainte et sans frayeur, leur dit Josué, mais soyez forts et tenez bon, car c’est ainsi que Yahvé traitera tous les ennemis que vous aurez à combattre. » 26 Après quoi, Josué les frappa à mort et les fit pendre à cinq arbres auxquels ils restèrent suspendus jusqu’au soir.

27 Au coucher du soleil, sur un ordre de Josué, on les dépendit des arbres et on les jeta dans la caverne où ils s’étaient cachés. De grandes pierres furent dressées contre l’entrée de la caverne, elles y sont restées jusqu’à ce jour même.

Conquête des villes méridionales de Canaan.d

28 Le même jour, Josué s’empara de Maqqéda et la fit passer, ainsi que son roi, au fil de l’épée : il les voua à l’anathème avec tout ce qui se trouvait là de vivant, il ne laissa pas un survivant ; il traita le roi de Maqqéda comme il avait traité le roi de Jéricho.

d Noter le schématisme de ce tableau, cf. 10.1. La conquête d’Hébron et Debir ne peut être attribuée à Josué, cf. 15.13-17 ; Jg 1.10-15. Quant à Libna, Lakish et Églôn, elles ne sont devenues israélites que beaucoup plus tard.

29 Josué, avec tout Israël, passa de Maqqéda à Libna, qu’il attaqua. 30 Yahvé la livra aussi, avec son roi, entre les mains d’Israël qui la fit passer au fil de l’épée avec tout ce qui s’y trouvait de vivant ; il n’y laissa pas un survivant. Il traita son roi comme il avait traité le roi de Jéricho.

31 Josué, avec tout Israël, passa de Libna à Lakish, qu’il assiégea et attaqua.

32 Yahvé livra Lakish entre les mains d’Israël qui s’en empara le second jour et la fit passer au fil de l’épée avec tout ce qui s’y trouvait de vivant, tout comme il avait agi pour Libna. 33 C’est alors que le roi de Gézer, Horam, monta pour secourir Lakish, mais Josué le battit, ainsi que son peuple, jusqu’à ce qu’il ne lui laissât pas un survivant.

34 Josué, avec tout Israël, passa de Lakish à Églôn. Ils l’assiégèrent et l’attaquèrent. 35 Ils s’en emparèrent le jour même et la firent passer au fil de l’épée. Il voua à l’anathème, en ce jour-là, tout ce qui s’y trouvait de vivant, tout comme il avait agi pour Lakish.

36 Josué, avec tout Israël, monta d’Églôn à Hébron, et ils l’attaquèrent. 37 Ils s’en emparèrent et la firent passer au fil de l’épée, ainsi que son roi, toutes les localités qui en dépendaient et tout ce qui s’y trouvait de vivant. Il ne laissa pas un survivant, tout comme il avait agi pour Églôn. Il la voua à l’anathème, ainsi que tout ce qui s’y trouvait de vivant.

38 Alors Josué, avec tout Israël, se tourna vers Debir et l’attaqua. 39 Il s’en empara avec son roi et avec toutes les localités qui en dépendaient ; ils les firent passer au fil de l’épée et vouèrent à l’anathème tout ce qui s’y trouvait de vivant ; il ne laissa pas un survivant. Comme il avait traité Hébron, Josué traita Debir et son roi, tout comme il avait traité Libna et son roi.

Récapitulation des conquêtes du Sud.

40 Josué battit tout le pays — la Montagne, le Négeb, le Bas-Pays et les pentes — avec tous leurs rois. Il ne laissa pas un survivant et voua tout être animé à l’anathème, comme Yahvé, le Dieu d’Israël, l’avait ordonné ; 41 Josué les battit depuis Cadès-Barné jusqu’à Gaza, et toute la région de Goshèn jusqu’à Gabaôn. 42 Tous ces rois avec leur territoire, Josué s’en empara en une seule fois, parce que Yahvé, le Dieu d’Israël, combattait pour Israël. 43 Puis Josué, avec tout Israël, revint au camp de Gilgal.

8. LA CONQUÊTE DU NORDe

Coalition des rois du Nord.

11 Lorsque Yabîn, roi de Haçor,f eut appris cela, il fit informer Yobab, roi de Mérom,g le roi de Shimrôn, le roi d’Akshaph

e Le chap. 11, conquête du Nord, est construit selon un plan strictement parallèle à celui du chap. 10, autour d’un noyau historique qui est ici la victoire des eaux de Mérom.

f Au sud-ouest du lac Hulé, cf. 1 R 9.15 ; 2 R 15.29 ; Jr 49.28s. Les fouilles du tell de Haçor, le plus vaste de toute la Palestine, cf. v. 10, confirment que cette très grande ville fut complètement détruite et incendiée à la fin du « Récent Bronze », époque où l’on s’accorde à placer l’invasion israélite. — Le Yabîn de Haçor est entré indûment dans le récit de Jg 4.

g « Mérom » grec ; « Madôn » hébr.

2 et les rois habitant au nord, la montagne, la plaine au sud de Kinnerot, le bas-pays et les crêtesh de Dor à l’ouest.

h « crêtes », en hébreu naphot, terme qui n’est employé qu’en rapport avec Dor (trois fois) ; cf. 17.11.

3 Les Cananéens se trouvaient à l’orient et à l’occident, les Amorites, les Hittites, les Perizzites, et les Jébuséens dans la montagne, les Hivvites au pied de l’Hermon, au pays de Miçpa. 4 Ils partirent ayant avec eux toutes leurs troupes, un peuple nombreux comme le sable au bord de la mer, avec une énorme quantité de chevaux et de chars.

Victoire de Mérom.

5 Tous ces rois s’étaient donné rendez-vous et ils vinrent camper ensemble aux eaux de Mérom pour combattre Israël. 6 Yahvé dit alors à Josué : « Ne les crains pas car demain, à la même heure, je les livrerai tous, percés de coups, à Israël ; tu couperas les jarrets de leurs chevaux et tu brûleras leurs chars. » 7 Josué, avec tous ses gens de guerre, les atteignit à l’improviste près des eaux de Méromi et tomba sur eux.

i C’est-à-dire la source dont dépendait Mérom, qu’il faut peut-être localiser au Tell el-Khureibeh, à 15 km à l’ouest de Haçor, sur un plateau permettant l’évolution des chars. — L’explication de la victoire israélite, malgré la supériorité militaire des Cananéens (cf. 17.16 ; l’armée n’aura pas de charrerie avant Salomon, 1 R 9.19 ; 10.26s), est peut-être donnée aux vv. 6-7, 9, où il faudrait voir la cause et non la conséquence de la victoire.

8 Yahvé les livra aux mains d’Israël qui les battit et les poursuivit jusqu’à Sidon-la-Grande et jusqu’à Misrephot-Maïm et jusqu’à la vallée de Miçpa au levant. Il les battit jusqu’à ne pas leur laisser un survivant.

9 Josué les traita comme Yahvé lui avait dit : il coupa les jarrets de leurs chevaux et livra leurs chars au feu.

Prise de Haçor et des autres villes du Nord.j

10 En ce temps-là, Josué revint et s’empara de Haçor ; il frappa le roi d’un coup d’épée. Haçor était jadis la capitale de tous ces royaumes.

j C’est là un épisode de l’installation des tribus du Nord qui ont eu une histoire différente de celle de la Maison de Joseph.

11 On passa aussi au fil de l’épée tout ce qui s’y trouvait de vivant, en vertu de l’anathème. Il ne resta aucun être animé et Haçor fut livrée au feu.

12 Toutes les villes de ces rois, ainsi que tous leurs rois, Josué s’en empara et les passa au fil de l’épée en vertu de l’anathème, comme l’avait ordonné Moïse, serviteur de Yahvé.

13 Pourtant, toutes les villes qui se dressaient sur leurs collines de ruines, Israël ne les incendia pas, sauf Haçor que Josué incendia. 14 Et toutes les dépouilles de ces villes, y compris le bétail, les Israélites les prirent comme butin. Mais tous les êtres humains, il les passèrent au fil de l’épée, jusqu’à les exterminer. Ils ne laissèrent aucun être animé.

Le mandat de Moïse exécuté par Josué.

15 Ce que Yahvé avait ordonné à son serviteur Moïse, Moïse l’avait ordonné à Josué, et Josué l’exécuta sans omettre un seul mot de ce que Yahvé avait ordonné à Moïse. 16 C’est ainsi que Josué prit tout le pays : la Montagne, tout le Négeb et tout le pays de Goshèn, le Bas-Pays, la Araba, la montagne d’Israël et son Bas-Pays.

17 Depuis le mont Pelé, qui s’élève vers Séïr, jusqu’à Baal-Gad, dans la vallée du Liban, au pied du mont Hermon, il s’empara de tous leurs rois qu’il fit frapper à mort. 18 Pendant de longs jours, Josué avait fait la guerre à tous ces rois ;

19 nulle cité n’avait fait la paix avec les Israélites, sauf les Hivvites qui habitaient Gabaôn ; ils les prirent toutes en combattant. 20 Car Yahvé avait décidé d’endurcir le cœur de ces gens pour combattre Israël, afin qu’ils soient anathèmes et qu’il n’y ait pas pour eux de rémission, mais qu’ils soient exterminés, comme Yahvé l’avait ordonné à Moïse.k

k Cf. Dt 7.2s ; 20.16-18, où sont données les raisons de cette extermination la conquête est une guerre sainte, le pays de Yahvé doit être purifié de toute présence païenne, Israël est un peuple saint, donc séparé, Dt 7.6, qui doit être préservé de toute compromission qui le rendrait infidèle. Cela ne s’est pas réalisé, cf. notes sur 10 et Jg 1. Le motif de cet échec (fautes d’Israël) et la raison pour laquelle Dieu l’a permis (épreuve imposée au peuple) sont donnés dans Jg 2.20—3.4, voir Jg 2.6.

Extermination des Anaqim.l

21 En ce temps-là, Josué vint extirper les Anaqim de la Montagne, d’Hébron, de Debir, de Anab, de toute la montagne de Juda et de toute la montagne d’Israël : il les voua à l’anathème avec leurs villes.

l Sur les Anaqim, voit Dt 1.28. Cette notice rédactionnelle ne s’accorde pas avec la conquête d’Hébron par Caleb, 15.13-14 cf. 10.28.

22 Il ne resta plus d’Anaqim dans le pays des Israélites, sauf à Gaza, à Gat et à Ashdod. 23 Josué prit tout le pays, exactement comme Yahvé l’avait dit à Moïse, et il le donna en héritage à Israël, selon sa répartition en tribus.

Et le pays se reposa de la guerre.