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Bible de Jérusalem

Romains 6.3-11

3 Ou bien ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ? 4 Nous avons doncw été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort,x afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle.

w Var. : « car ».

x Le baptême ne s’oppose pas à la foi, mais l’accompagne, Ga 3.26s ; Ep 4.5 ; He 10.22 ; cf. Ac 8.12s, 37 ; 16.31-33 ; 18.8 ; 19.2-5, et l’exprime sur le plan sensible par le symbolisme efficace de son rite. Aussi Paul leur attribue-t-il les mêmes effets (comp. Ga 2.16-20 et 6.3-9). La « plongée » (sens étymologique de « baptiser ») par immersion dans l’eau ensevelit le pécheur dans la mort du Christ, Col 2.12 ; cf. Mc 10.38, d’où il sort par la résurrection avec lui, 8.11, comme « nouvelle créature », 2 Co 5.17, « homme nouveau », Ep 2.15, membre du Corps unique animé de l’Esprit unique, 1 Co 12.13 ; Ep 4.4s. Cette résurrection qui ne sera totale et définitive qu’à la fin des temps, 1 Co 15.12s (mais cf. Ep 2.6), se réalise dès à présent par une vie nouvelle selon l’Esprit, vv. 8-11, 13 ; 8.2s ; Ga 5.16-24. — Outre le symbolisme plus spécialement paulinien de mort et de résurrection, ce rite primordial de la vie chrétienne, He 6.2, est aussi présenté dans le NT comme un bain qui purifie, Ep 5.26 ; He 10.22 ; cf. 1 Co 6.11 ; Tt 3.5, comme une nouvelle naissance, Jn 3.5 ; Tt 3.5 ; cf. 1 P 1.3 ; 2.2, comme une illumination, He 6.4 ; 10.32 ; cf. Ep 5.14. Sur baptême d’eau et baptême d’Esprit, cf. Ac 1.5 : ces deux aspects de la consécration chrétienne paraissent être l’« onction » et le « sceau » de 2 Co 1.21s. D’après 1 P 3.21 l’arche de Noé fut un type de baptême.

5 Car si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable ;

6 comprenons-le, notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l’impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d’être asservis au péché. 7 Car celui qui est mort est affranchi du péché.y

y Le chrétien ayant perdu l’instrument même du péché, son « corps de péché », v. 6, n’étant plus « dans la chair », 8.9, il est de soi affranchi définitivement du péché, cf. 1 P 4.1. Pour d’autres il est quitte du péché, suivant l’axiome juridique : la mort d’un coupable éteint l’action judiciaire. Cf. 7.1.

8 Maisz si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec lui,

z Var. : « Car ».

9 sachant que le Christ une fois ressuscité des morts ne meurt plus, que la mort n’exerce plus de pouvoir sur lui. 10 Sa mort fut une mort au péché,a une fois pour toutes ; mais sa vie est une vie à Dieu.

a Sans être pécheur, 2 Co 5.21, le Christ, par son corps de chair semblable au nôtre, 8.3, appartenait à la sphère du péché : devenu « spirituel », 1 Co 15.45-46, il n’appartient plus qu’à la sphère divine. Ainsi le chrétien, bien qu’il demeure provisoirement dans la chair, vit déjà de l’Esprit.

11 Et vous de même, considérez que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus.b

b Texte reçu et Vulg. : « le Christ Jésus notre Seigneur ». — Cf. 14.7s ; 1 Co 3.23 ; 2 Co 5.15 ; Ga 2.20 ; 1 P 2.24.

Romains 8.11

11 Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.b

b La résurrection des chrétiens est en étroite dépendance de celle du Christ, 1 Th 4.14 ; 1 Co 6.14 ; 15.20s ; 2 Co 4.14 ; 13.4 ; 6.5 ; Ep 2.6 ; Col 1.18 ; 2.12s ; 2 Tm 2.11. C’est par la même puissance et le même don de l’Esprit, cf. 1.4, que le Père les ressuscitera à leur tour. Cette œuvre se prépare dès maintenant dans une vie nouvelle qui fait d’eux des fils (v. 14) à l’image du Fils, 8.29, incorporation au Christ ressuscité qui s’accomplit par la foi, 1.16, et le baptême, 6.4.

Romains 8.17-

17 Enfants, et donc héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui.

Destinés à la gloire.

18 J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. 19 Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu :f

f Le monde matériel, créé pour l’homme, en partage la destinée. Maudit en raison du péché de l’homme, Gn 3.17, il se trouve actuellement dans un état violent : « vanité », v. 19, qualité d’ordre moral liée au péché de l’homme, « servitude de la corruption », v. 21, qualité d’ordre physique. Mais comme le corps de l’homme, destiné à la gloire, il est objet de rédemption, vv. 21, 23 ; il participera lui aussi à la « liberté » de l’état glorieux, vv. 21, 23. La philosophie grecque voulait libérer l’esprit de la matière considérée comme mauvaise ; le christianisme libère la matière elle-même. Même extension du salut au monde non humain (spécialement au monde angélique) en Col 1.20 ; Ep 1.10 ; 2 P 3.13 ; Ap 21.1-5. Sur la création nouvelle, cf. 2 Co 5.17.

20 si elle fut assujettie à la vanité, — non qu’elle l’eût voulu, mais à cause de celui qui l’y a soumise,g — c’est avec l’espérance

g C’est-à-dire probablement l’homme par son péché. Ou : Dieu par son autorité vengeresse ; ou encore : Dieu comme Créateur.

21 d’être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. 22 Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. 23 Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attenteh de la rédemption de notre corps.

h Add. : « de l’adoption filiale », qui devrait revêtir ici un sens eschatologique, mais voir v. 15.

24 Car notre salut est objet d’espérance ;i et voir ce qu’on espère, ce n’est plus l’espérer : ce qu’on voit, comment pourrait-on l’espérer encore ?

i Littéralement : C’est en espérant (par mode d’espérance), que nous sommes sauvés. Le salut est eschatologique, cf. 5.1-11.

25 Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec constance.

26 Pareillement l’Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables, 27 et Celui qui sonde les cœurs sait quel est le désir de l’Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu.j

j À la suite de Jésus, Mt 6.5 ; 14.23, et conformément à l’usage des premiers chrétiens, Ac 2.42, Paul recommande souvent de prier sans cesse, 12.12 ; Ep 6.18 ; Ph 4.6 ; Col 4.2 ; 1 Th 5.17 ; 1 Tm 2.8 ; 5.5 ; cf. 1 Co 7.5. Il prie lui-même sans relâche pour ses fidèles, Ep 1.16 ; Ph 1.4 ; Col 1.3, 9 ; 1 Th 1.2 ; 3.10 ; 2 Th 1.11 ; Phm 4, de même qu’il leur demande de prier pour lui, 15.30 ; 2 Co 1.11 ; Ep 6.19 ; Ph 1.19 ; Col 4.3 ; 1 Th 5.25 ; 2 Th 3.1 ; Phm 22 ; He 13.18, et les uns pour les autres, 2 Co 9.14 ; Ep 6.18. Sur la prière pour les frères pécheurs et malades, cf. 1 Jn 5.16 ; Jc 5.13-16. Outre les grâces de progrès spirituel, ces prières demandent l’éloignement des obstacles extérieurs, 1 Th 2.18 ; 3.10 ; 1.10, et intérieurs, 2 Co 12.8-9, ainsi que le bien de l’ordre social, 1 Tm 2.1-2. Paul insiste beaucoup sur la prière d’action de grâces, 2 Co 1.11 ; Ep 5.4 ; Ph 4.6 ; Col 2.7 ; 4.2 ; 1 Th 5.18 ; 1 Tm 2.1, qui doit accompagner toute action, Ep 5.20 ; Col 3.17, en particulier les repas, 14.6 ; 1 Co 10.31 ; 1 Tm 4.3-5 ; lui-même commence par elle toutes ses lettres, 1.8, etc., et veut qu’elle pénètre les relations des chrétiens entre eux, 1 Co 14.17 ; 2 Co 1.11 ; 4.15 ; 9.11-12. La prière d’eucharistie et de louange est l’âme des assemblées liturgiques, 1 Co 11-14, où les frères s’édifient mutuellement par des cantiques inspirés, Ep 5.19 ; Col 3.16. Car la prière chrétienne a sa source dans l’Esprit Saint : plutôt que de reprendre les thèmes sapientiels traditionnels sur les conditions et l’efficacité de la prière, cf. Jc 1.5-8 ; 4.2-3 ; 5.16-18 ; 1 Jn 3.22 ; 5.14-16, Paul la garantit par la présence de l’Esprit du Christ dans le chrétien, qui le fait prier comme un fils, 8.15, 26-27 ; Ga 4.6 ; cf. Ep 6.18 ; Jude 20, tandis que le Christ lui-même, à la droite de Dieu, intercède pour nous, 8.34 ; cf. He 7.25 ; 1 Jn 2.1. Aussi le Père exauce-t-il avec surabondance, Ep 3.20. Les chrétiens sont ceux qui invoquent le nom de Jésus Christ, 1 Co 1.2 ; cf. 10.9-13 ; 2 Tm 2.22 ; Jc 2.7 ; Ac 2.21 ; 9.14, 21 ; Ac 22.16. Sur l’attitude extérieure dans la prière, cf. 1 Co 11.4-16 ; 1 Tm 2.8.

Le plan du salut.

28 Et nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son dessein.k

k Var. (Vulg.) : « nous savons que pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt au bien, pour ceux... »

29 Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils,l afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères ;

l Image de Dieu dans la première création, Col 1.15, cf. He 1.3, le Christ est venu, par une nouvelle création, 2 Co 5.17, rendre à l’humanité déchue l’éclat de cette image divine que le péché avait terni, Gn 1.26 ; 3.22-24 ; 5.12. Il le fait en lui imprimant l’image plus belle de fils de Dieu (ici), qui rétablit l’« homme nouveau » dans la rectitude du jugement moral, Col 3.10, et lui rend le droit à la gloire que le péché avait fait perdre, 3.23. Cette gloire que le Christ possède en propre comme Image de Dieu, 2 Co 4.4, pénètre de plus en plus le chrétien, 2 Co 3.18, jusqu’au jour où son corps même en sera revêtu à l’image de l’homme « céleste », 1 Co 15.49.

30 et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.m

m Dieu a tout ordonné à la gloire qu’il destine à ses élus, gloire pour laquelle ils sont appelés à la foi et justifiés par le baptême et dont ils sont déjà, comme par anticipation, revêtus.

Hymne à l’amour de Dieu.

31 Que dire après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32 Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? 33 Qui se fera l’accusateur de ceux que Dieu a élus ? C’est Dieu qui justifie. 34 Qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ?

35 Qui nous séparera de l’amour du Christ ? la tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? 36 selon le mot de l’Écriture : À cause de toi, l’on nous met à mort tout le long du jour ; nous avons passé pour des brebis d’abattoir. 37 Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés.

38 Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, 39 ni hauteur ni profondeur,n ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur.

n « Puissances », « hauteur », « profondeur » désignent sans doute les forces mystérieuses du cosmos, plus ou moins hostiles à l’homme selon la conception des anciens. Cf. Ep 1.21 ; 3.18.