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Bible de Jérusalem

Romains 9:-11

Situation et salut d’Israëlo

9 Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens point — ma conscience m’en rend témoignage dans l’Esprit Saint —,

o L’affirmation de la justification par la foi conduisait Paul à évoquer la justice d’Abraham, 4. De même, l’affirmation du salut donné avec l’Esprit par l’amour de Dieu l’oblige à traiter, 9-11, le cas d’Israël, infidèle bien qu’il ait reçu les promesses du salut. Il ne s’agit donc pas dans ces chap. du problème de la prédestination des individus à la gloire ou même à la foi, mais de celui du rôle historique d’Israël.

2 j’éprouve une grande tristesse et une douleur incessante en mon cœur. 3 Car je souhaiterais d’être moi-même anathème,p séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race selon la chair,

p C’est-à-dire un objet de malédiction, cf. Jos 6.17 et Lv 27.28.

4 eux qui sont Israélites,q à qui appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses

q Les authentiques descendants de Jacob-Israël, Gn 32.29. De ce privilège découlent tous les autres : l’adoption filiale, Ex 4.22 ; cf. Dt 7.6 ; la gloire de Dieu, Ex 24.16, qui habite au milieu du peuple, Ex 25.8 ; Dt 4.7 ; cf. Jn 1.14 ; les alliances avec Abraham, Gn 15.1 ; 15.17 ; 17.1, Jacob-Israël, Gn 32.29, Moïse, Ex 24.7-8 ; le culte rendu au seul vrai Dieu ; la Loi expression de sa volonté ; les promesses messianiques, 2 S 7.1, et l’appartenance à la race du Christ.

5 et aussi les patriarches, et de qui le Christ est issu selon la chair, lequel est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement !r Amen.

r Le contexte et le mouvement même de la phrase supposent que la doxologie s’adresse au Christ. S’il est rare que Paul donne à Jésus le titre de « Dieu », cf. encore Tt 2.13, et lui adresse une doxologie, cf. He 13.21, c’est qu’il réserve ordinairement ce titre au Père, cf. 15.6, etc., et qu’il envisage moins les personnes divines sur le plan abstrait de leur nature que sur le plan concret de leurs fonctions dans l’œuvre du salut. De plus, il pense toujours au Christ historique dans sa réalité concrète de Dieu fait homme, cf. Ph 2.5 ; Col 1.15. C’est pourquoi il le montre subordonné au Père, 1 Co 3.23 ; 11.3, tant dans l’œuvre de la création, 1 Co 8.6, que de la restauration eschatologique, 1 Co 15.27s ; cf. 16.27, etc. Cependant le titre de « Kyrios » reçu par le Christ à la résurrection, Ph 2.9-11 ; cf. Ep 1.20-22 ; He 1.3s, n’est rien de moins que le titre divin accordé à Yahvé dans l’AT, 10.9, 13 ; 1 Co 2.16. Pour Paul, Jésus est essentiellement le « Fils de Dieu », 1.3s, 9 ; 5.10 ; 8.29 ; 1 Co 1.9 ; 15.28 ; 2 Co 1.19 ; Ga 1.16 ; 2.20 ; 4.4, 6 ; Ep 4.13 ; 1 Th 1.10 ; cf. He 4.14, etc., son « propre Fils », 8.3, 32, le « Fils de son amour », Col 1.13, qui appartient de droit au monde divin, d’où il est venu, 1 Co 15.47, envoyé par Dieu, 8.3 ; Ga 4.4. S’il a revêtu son titre de « Fils de Dieu » d’une façon nouvelle par la résurrection, 1.4 ; cf. He 1.5 ; 5.5, il ne l’a pas reçu à ce moment, car il est préexistant, d’une façon non seulement scripturaire, 1 Co 10.4, mais ontologique, Ph 2.6 ; cf. 2 Co 8.9. Il est la Sagesse, 1 Co 1.24, 30, l’Image, 2 Co 4.4, par qui tout a été créé, Col 1.15-17 ; cf. He 1.3 ; 1 Co 8.6, et par qui tout est recréé, 8.29 ; cf. Col 3.10 ; 1.18-20, parce qu’il a rassemblé en sa personne la plénitude de la Divinité et du monde, Col 2.9. C’est en lui que Dieu a conçu tout son plan de salut, Ep 1.3s, et il en est la fin aussi bien que le Père (comp. 11.36 ; 1 Co 8.6 et Col 1.16, 20). Si le Père ressuscite et juge, lui aussi ressuscite (comp. 1.4 ; 8.11 et Ph 3.21) et juge (comp. 2.16 et 1 Co 4.5 ; 14.10 et 2 Co 5.10). Bref, il est une des Trois Personnes qui apparaissent associées dans les formules trinitaires, 2 Co 13.13.

1. LA PAROLE DE DIEU N’A PAS FAILLIs

6 Non certes que la parole de Dieu ait failli. Car tous les descendants d’Israëlt ne sont pas Israël.

s La section est divisée en trois parties 1° = 9.6-29 ; 2° = 9.30-10.21 et 3° = 11.1-32. Dans la partie 1, Paul montre que la situation d’Israël ne remet pas en question la puissance de la justice de Dieu ; c’est Israël (partie 2) qui a refusé la justice divine annoncée par l’Évangile de J.-C. et s’est mis dans cette situation ; mais (3) Dieu le sauvera, car tel est son dessein miséricordieux.

t L’« Israël de Dieu », Ga 6.16, héritier de la Promesse ne se confond pas avec l’« Israël selon la chair », 1 Co 10.18.

7 De même que, pour être postérité d’Abraham, tous ne sont pas ses enfants ; mais c’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom,

8 ce qui signifie : ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, seuls comptent comme postérité les enfants de la promesse. 9 Voici en effet les termes de la promesse : Vers cette époque je viendrai et Sara aura un fils. 10 Mieux encore, Rébecca avait conçu d’un seul homme, Isaac notre père : 11 or, avant la naissance des enfants, quand ils n’avaient fait ni bien ni mal, pour que s’affirmât la liberté de l’élection divine, 12 qui dépend de celui qui appelle et non des œuvres, il lui fut dit : L’aîné servira le cadet, 13 selon qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü.

Dieu n’est pas injuste.

14 Qu’est-ce à dire ? Dieu serait-il injuste ? Certes non ! 15 Car il dit à Moïse : Je fais miséricorde à qui je fais miséricorde et j’ai pitié de qui j’ai pitié. 16 Il n’est donc pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. 17 Car l’Écriture dit au Pharaon : Je t’ai suscitéu à dessein pour montrer en toi ma puissance et pour qu’on célèbre mon nom par toute la terre.

u Comme le fait l’AT, Paul attribue premièrement à la causalité divine (en accentuant encore l’expression :« Je t’ai suscité ») les actions bonnes ou mauvaises des hommes, cf. 1.24s.

18 Ainsi donc il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut.

19 Tu vas donc me dire : Qu’a-t-il encore à blâmer ? Qui résiste en effet à sa volonté ?v

v Si l’indocilité de l’homme entre ainsi dans le plan divin, comment lui reprocher de ne pas accomplir la volonté de Dieu ? Paul a déjà rencontré une objection analogue, 3.7 ; 6.1, 15, et y a répondu, comme ici, par une fin de non-recevoir. Dieu est le maître de son œuvre. Le taxer d’injustice n’a pas de sens. Cf. Mt 20.15.

20 Ô homme ! vraiment, qui es-tu pour disputer avec Dieu ? L’œuvre va-t-elle dire à celui qui l’a modelée : Pourquoi m’as-tu faite ainsi ? 21 Le potier n’est-il pas maître de son argile pour fabriquer de la même pâte un vase de luxe ou un vase ordinaire ? 22 Eh bien !w si Dieu, voulant manifester sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec beaucoup de longanimité des vases de colère devenus dignes de perdition,

w À tous ceux que l’on considérait comme allant vers leur anéantissement, parce que non élus, Dieu a en réalité fait miséricorde, moyennant la foi. En ces versets 24-29, Paul ne suggère aucunement que les israélites ayant refusé l’Évangile sont voués à la perdition, car en 9, l’appel ou le non appel ne sont pas liés à la réponse humaine, positive ou négative (cf. les vv. 11s). Il souligne au contraire que les vases voués à la colère, les païens idolâtres, ont eux aussi été l’objet de la miséricorde divine, au point de recevoir le statut de fils et de filles de Dieu. Quant aux vv. 27-29, ils insistent sur le reste — pour Paul, ce sont les juifs ayant cru en l’Évangile — dont l’existence montre déjà que la parole de Dieu n’a pas failli.

23 dans le dessein de manifesterx la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire,

x « dans le dessein de (manifester) »; var. : « et (manifesté) ».

24 envers nous qu’il a appelés non seulement d’entre les Juifs mais encore d’entre les nations...y

y La phrase reste en suspens : « comment parler en ce cas d’injustice de Dieu ? » En effet, tout s’ordonne finalement au salut des uns et des autres, cf. 11.32.

La miséricorde de Dieu.

25 C’est bien ce qu’il dit en Osée : J’appellerai mon peuple celui qui n’était pas mon peuple, et bien-aimée celle qui n’était pas la bien-aimée. 26 Et au lieu même où on leur avait dit : « Vous n’êtes pas mon peuple », on les appellera fils du Dieu vivant.z

z Ainsi l’histoire d’Israël lui-même, rappelé par Dieu malgré ses infidélités, devient le type de l’appel des nations, sans aucun droit, au festin messianique.

27 Et Isaïe s’écrie en faveur d’Israël :a Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, le reste sera sauvé :

a Les textes choisis annoncent à la fois l’infidélité d’Israël et le retour d’un « reste », cf. Isa 4.3, dépositaire des promesses. Ils préparent ainsi le chap. 11.

28 car sans retard ni reprise le Seigneur accomplira sa parole sur la terre.b

b Une var. (Vulg.) conforme la citation au texte des LXX, que Paul abrège.

29 Et comme l’avait prédit Isaïe : Si le Seigneur Sabaot ne nous avait laissé un germe, nous serions devenus comme Sodome, assimilés à Gomorrhe.

2. LES RAISONS DE LA SITUATION D’ISRAËL

30 Que dirons-nous donc ?c Que des païens qui ne poursuivaient pas de justice ont atteint une justice, la justice de la foi,

c Cette conclusion introduit l’argument du chap. suivant : les causes de l’infidélité d’Israël vues non plus en Dieu, mais en Israël même.

31 tandis qu’Israël qui poursuivait une loi de justice, n’a pas atteint la Loi.d

d Ce que seul peut faire le chrétien, 3.31 ; 8.4 ; 10.4 ; cf. 7.7 ; Ac 13.39. — « la Loi »; var. (Vulg.) : « la Loi de justice ».

32 Pourquoi ? Parce qu’au lieu de recourir à la foi ils comptaient sur les œuvres. Ils ont buté contre la pierre d’achoppement, 33 comme il est écrit : Voici que je pose en Sion une pierre d’achoppement et un rocher qui fait tomber ; mais qui croit en lui ne sera pas confondu.

10 Frères, certes l’élan de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient sauvés. 2 Car je leur rends témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu ; mais c’est un zèle mal éclairé.e

e Comme celui de Paul avant sa conversion, Ac 22.3 ; Ga 1.14 ; Ph 3.6 ; cf. 1 Tm 1.13.

3 Méconnaissant la justice de Dieu et cherchant à établir la leur propre, ils ont refusé de se soumettre à la justice de Dieu. 4 Car la fin de la Loi, c’est le Christ pour la justification de tout croyant.

5 Moïse écrit en effet de la justice née de la Loi qu’en l’accomplissant l’homme vivra par elle, 6 tandis que la justice née de la foi, elle,f parle ainsi : Ne dis pas dans ton cœur : Qui montera au ciel ? entends : pour en faire descendre le Christ ;

f Le Dt résumait toute la Loi dans le précepte de l’amour, pratiqué par l’homme au « cœur circoncis », 2.29 ; Dt 10.16 ; Jr 4.4 ; 9.25, une circoncision opérée par Dieu lui-même, Dt 30.6, équivalent du don de la Loi « écrite sur le cœur », Jr 31.33. Ainsi était annoncée la « justice de la foi »:la « parole de la foi » est « dans le cœur », v. 8 ; Dt 30.14 ; cf. 3.27 ; 8.2, parole dictée et accomplie en nous par l’Esprit, 8.4.

7 ou bien : Qui descendra dans l’abîme ?g Entends : pour faire remonter le Christ de chez les morts.

g Abîme de l’océan dans Dt 30.13, du shéol dans l’application qu’en fait Paul. Le Targum évoquait déjà Moïse descendant du Sinaï et Jonas remontant de l’abîme.

8 Que dit-elle donc ? La parole est tout près de toi, sur tes lèvres et dans ton cœur, entends : la parole de la foi que nous proclamons. 9 En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité des morts,h tu seras sauvé.

h À l’adhésion intérieure du « cœur », correspond la profession de foi extérieure telle qu’elle a lieu au baptême.

10 Car la foi du cœur obtient la justice, et la confession des lèvres, le salut. 11 L’Écriture ne dit-elle pas : Quiconque croit en lui ne sera pas confondu ? 12 Aussi bien n’y a-t-il pas de distinction entre Juif et Grec : tous ont le même Seigneur, riche envers tous ceux qui l’invoquent. 13 En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

14 Mais comment l’invoquer sans d’abord croire en lui ?i Et comment croire sans d’abord l’entendre ? Et comment entendre sans quelqu’un qui proclame ?

i L’argumentation, qui tire parti de l’Écriture, est claire : si Israël dans son ensemble n’invoque pas en fait le nom du Seigneur, c’est qu’il s’est montré rebelle à la lumière qui lui a été proposée.

15 Et comment proclamer sans être d’abord envoyé ? selon le mot de l’Écriture : Qu’ils sont beaux les pieds des messagers de bonnes nouvelles ! 16 Mais tous n’ont pas obéi à la Bonne Nouvelle. Car Isaïe l’a dit : Seigneur, qui a cru à notre prédication ? 17 Ainsi la foi naît de ce qu’on entend dire et ce qu’on entend dire vient de la parole du Christ.j

j Var. : « parole de Dieu ».

18 Or je demande : n’auraient-ils pas entendu ? Et pourtant leur voixk a retenti par toute la terre et leurs paroles jusqu’aux extrémités du monde.

k Celle des prédicateurs de l’Évangile.

19 Mais je demande : Israël n’aurait-il pas compris ? Déjà Moïse dit : Je vous rendrai jaloux de ce qui n’est pas une nation, contre une nation sans intelligence j’exciterai votre dépit.l

l L’allusion à la jalousie d’Israël prépare 11.11, 14.

20 Et Isaïe ose ajouter : J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne m’interrogeaient pas, 21 tandis qu’il dit à l’adresse d’Israël : Tout le jour j’ai tendu les mains vers un peuple désobéissant et rebelle.m

m Le texte original hébreu vise dans les deux cas, vv. 20 et 21, le peuple juif ; mais dans le premier, il s’agit d’un Israël qui « n’invoque plus le nom de Yahvé » et se trouve de ce fait dans la même situation que les païens. La version grecque, qui parle en Isa 65.1, d’une « nation », non d’un « peuple » comme en Isa 65.2, facilitait l’application aux païens.

3. DIEU N’A PAS REJETÉ SON PEUPLE ET LE SAUVERA

Le reste d’Israël en est déjà une preuve.

11 Je demande donc :n Dieu aurait-il rejeté son peuple ? Certes non ! Ne suis-je pas moi-même Israélite, de la race d’Abraham, de la tribu de Benjamin ?

n La même formule qui accusait Israël, 10.18, 19, annonce maintenant son salut (de même au v. 11). Le peuple infidèle, 10.21, n’est pas rejeté, 11.2. Le « reste », Isa 4.3, qui le représente temporairement, est le gage de la restauration future.

2 Dieu n’a pas rejeté le peuple que d’avance il a discerné. Ou bien ignorez-vous ce que dit l’Écriture à propos d’Élie, quand il s’entretient avec Dieu pour accuser Israël : 3 Seigneur, ils ont tué tes prophètes, rasé tes autels, et moi je suis resté seul et ils en veulent à ma vie ! 4 Eh bien, que lui répond l’oracle divin ? Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal. 5 Ainsi pareillement aujourd’hui il subsiste un reste, élu par grâce. 6 Mais si c’est par grâce, ce n’est plus en raison des œuvres ; autrement la grâce n’est plus grâce.

7 Que conclure ? Ce que recherche Israël, il ne l’a pas atteint ; mais ceux-là l’ont atteint qui ont été élus. Les autres, ils ont été endurcis, 8 selon le mot de l’Écriture : Dieu leur a donné un esprit de torpeur : ils n’ont pas d’yeux pour voir, d’oreilles pour entendre jusqu’à ce jour. 9 David dit aussi : Que leur tableo soit un piège, un lacet, une cause de chute, et leur serve de salaire !

o Paul semble faire allusion à l’autel des sacrifices du Temple de Jérusalem.

10 Que leurs yeux s’enténèbrent pour ne point voir et fais-leur sans arrêt courber le dos !

11 Je demande donc : serait-ce pour une vraie chute qu’ils ont bronché ?p Certes non ! mais leur faux pas a procuré le salut aux païens,q afin que leur propre jalousie en fût excitée.

p Littéralement « serait-ce qu’ils ont trébuché de manière à tomber (sans espoir de relèvement) ? »

q L’incrédulité actuelle des Juifs n’est qu’un « faux pas » permis pour la conversion des païens, 9.22 ; 11.12, 19, 25, 30, et finalement pour leur propre conversion : c’est pour leur salut que Dieu les rendra « jaloux », 10.19, des païens.

12 Et si leur faux pas a fait la richesse du monde et leur diminution la richesse des païens, que ne fera pas leur totalité !r

r Le mot grec héttéma connote à la fois la diminution (aspect quantitatif) et l’infériorité, l’échec (aspect qualitatif) ; même chose pour plérôma (totalité et plénitude). Le contexte proche montre que Paul joue sur l’une et l’autre connotation.

13 Or je vous le dis à vous, les nations,s je suis bien l’apôtre des nations et j’honore mon ministère,

s C’est-à-dire les chrétiens venus des « nations », les païens convertis. Ainsi, même comme apôtre des païens, Paul travaille au salut de ses frères par le sang (« ceux de mon sang », litt. « ma chair »).

14 mais c’est avec l’espoir d’exciter la jalousie de ceux de mon sang et d’en sauver quelques-uns. 15 Car si leur mise à l’écartt fut une réconciliation pour le monde, que sera leur admission, sinon une résurrection d’entre les morts ?u

t Le terme grec apobolé a plusieurs nuances : rejet, mise à l’écart, défection, perte. Le premier sens ne convient pas, puisque le premier verset du chap. dit que Dieu n’a pas rejeté son peuple. Certains interprètent l’expression comme si Israël en était le sujet (leur rejet de l’Évangile), mais le contexte ne favorise pas cette solution. Les autres nuances conviennent toutes, dans la mesure où elles ne sont pas en contradiction avec 11.1-2. L’important est de bien voir que Paul n’insiste pas sur la mise à l’écart comme telle : elle est en effet provisoire et elle sert paradoxalement le dessein salvifique de Dieu pour l’humanité entière, Israël et les Nations.

u Formule diversement interprétée. Si la conversion des païens est comparée à la première phase de l’œuvre rédemptrice, la réconciliation du monde, celle d’Israël constituera un tel bienfait qu’elle ne peut être comparée qu’avec la seconde, la résurrection finale que Paul aurait donc ici en vue. Toutefois il ne dit pas que la conversion d’Israël doive précéder immédiatement la résurrection générale. — D’autres traduisent : « une vie sortant d’entre les morts ». Faire revenir de la mort à la vie est une œuvre particulièrement merveilleuse, réservée à la puissance de Dieu, cf. 4.17 ; 2 Co 1.9.

L’olivier sauvage et l’olivier franc.

16 Or si les prémices sont saintes, toute la pâte aussi ;v et si la racine est sainte, les branches aussi.

v La conversion future d’Israël clairement affirmée, vv. 11-15, en attendant les déclarations encore plus explicites des vv. 25-26, prouve que la portion fidèle réalise pleinement la notion de « reste », signe indubitable de restauration pour toute la nation ; mais il en résulte aussi que la partie infidèle elle-même reste solidaire de la partie fidèle et participe en quelque façon à sa sainteté, comme une pâte que consacre tout entière l’offrande des prémices, Nb 15.19-21.

17 Mais si quelques-unes des branches ont été coupées tandis que toi, sauvageon d’olivierw tu as été greffé parmi ellesx pour bénéficier avec ellesy de la sève de l’olivier,

w Le païen devenu chrétien.

x Ou : « à leur place ».

y Add. : « de la racine et ».

18 ne va pas te glorifier aux dépens des branches. Ou si tu veux te glorifier, ce n’est pas toi qui portes la racine, c’est la racine qui te porte. 19 Tu diras : On a coupé des branches, pour que, moi, je fusse greffé. 20 Fort bien. Elles ont été coupées pour leur incrédulité, et c’est la foi qui te fait tenir. Ne t’enorgueillis pas ; crains plutôt. 21 Car si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles, prends garde qu’il ne t’épargnez pas davantage.

z « prends garde qu’il ne t’épargne pas »; var : « il ne t’épargnera pas ».

22 Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité envers ceux qui sont tombés, et envers toi bonté, pourvu que tu demeures en cette bonté ; autrement tu seras retranché toi aussi. 23 Et eux, s’ils ne demeurent pas dans l’incrédulité, ils seront greffés : Dieu est bien assez puissant pour les greffer à nouveau. 24 En effet, si toi tu as été retranché de l’olivier sauvage auquel tu appartenais par nature, et greffé, contre nature, sur un olivier franc, combien plus eux, les branches naturelles, seront-ils greffés sur leur propre olivier !

Salut de tout Israël.

25 Car je ne veux pas, frères, vous laisser ignorer ce mystère, de peur que vous ne vous complaisiez en votre sagesse : une partie d’Israël s’est endurcie jusqu’à ce que soit entrée la totalité des nations,a

a Paul vise toujours des collectivités : le bloc du monde juif et l’ensemble du monde païen.

26 et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit :b De Sion viendra le Libérateur, il ôtera les impiétés du milieu de Jacob.

b L’AT annonçait la purification complète d’Israël comme une conséquence de la venue du Messie. Paul enseigne comme un « mystère », v. 25, que cette prophétie, accomplie déjà partiellement dans la conversion des païens, implique aussi la conversion du peuple juif.

27 Et voici quelle sera mon alliance avec eux lorsque j’enlèverai leurs péchés.

28 Ennemis, il est vrai, selon l’Évangile, à cause de vous, ils sont, selon l’Élection,c chéris à cause de leurs pères.

c « Évangile » et « Élection » désignent les deux grandes étapes de l’histoire du salut : après et avant le Christ. Après le Christ, qu’ils ont refusé, les Juifs sont devenus ennemis de Dieu, et cela Dieu l’a permis pour favoriser la conversion des païens, cf. 9.22 ; 11.11 ; mais ils restent l’objet de la dilection spéciale que Dieu a manifestée à leurs pères, avant le Christ, au temps où leur peuple était le seul dépositaire de l’élection.

29 Car les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance.

30 En effet, de même que jadis vous avez désobéi à Dieu et qu’au temps présent vous avez obtenu miséricorde grâce à leur désobéissance, 31 eux de même au temps présent ont désobéi grâce à la miséricorde exercée envers vous, afin qu’eux aussi ils obtiennent au temps présent miséricorde. 32 Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire à tous miséricorde.

Conclusion hymnique.

33 Ô abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles ! 34 Qui en effet a jamais connu la pensée du Seigneur ? Qui en fut jamais le conseiller ? 35 Ou bien qui l’a prévenu de ses dons pour devoir être payé de retour ? 36 Car tout est de lui et par lui et pour lui. À lui soit la gloire éternellement ! Amen.