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Bible de Jérusalem

Sagesse 16.1-14

Seconde antithèse : grenouilles et cailles.v

16 Voilà pourquoi ils ont été châtiés justement par des êtres semblables,
et torturés par une multitude de bestioles.

v Après les deux digressions, la fin du livre, 16-19, reprend le parallèle entre Égyptiens et Israélites ; cf. 11.4. La deuxième et la troisième antithèse ont été préparées de loin par la mention générale des plaies causées par des animaux, 11.15-16 ; 12.23-27. L’auteur continue à ajouter maints détails aux récits bibliques anciens (ainsi v. 3), en les interprétant librement à la façon d’un midrash.

2 Au lieu de ce châtiment, tu as accordé un bienfait à ton peuple
pour satisfaire son ardent appétit,
c’est une nourriture d’une saveur extraordinaire que tu leur ménageas, des cailles !
3 si bien que, malgré leur désir de manger,
ceux-là, devant l’aspect repoussant des bêtes envoyées contre eux,
perdirent jusqu’à leur appétit naturel,
tandis que ceux-ci, après avoir été pour peu de temps dans la disette,
eurent en partage une saveur extraordinaire.
4 Car il fallait que sur ceux-là, les oppresseurs, s’abattît une irrémédiable disette ;
il suffisait à ceux-ci qu’on leur montrât comment leurs ennemis étaient torturés.

Troisième antithèse : sauterelles et serpent d’airain.

5 Et même lorsque s’abattit sur eux la fureur terrible de bêtes féroces,
et qu’ils périssaient sous les morsures de serpents tortueux,
ta colère ne dura pas jusqu’au bout ;
6 mais c’est par manière d’avertissement et pour peu de temps qu’ils furent inquiétés,
et ils avaient un signe de salutw pour leur rappeler le commandement de ta Loi,

w Au lieu de « signe » plusieurs mss importants ont « conseiller ».

7 car celui qui se tournait vers lui était sauvé, non par ce qu’il avait sous les yeux,
mais par toi, le Sauveur de tous.x

x L’auteur interprète Nb 21.4-9 dans le sens de la miséricorde. Il affirme aussi que le serpent d’airain n’avait aucun pouvoir par lui-même. Il y voit le rappel de la Loi et le signe d’un salut offert à tous par Dieu, ce qui ne ressort pas du texte ancien. — Serpent d’airain et dessein salvifique universel de Dieu figurent dans un même contexte en Jn 3.14-17.

8 Et par là tu prouvas à nos ennemis
que c’est toi qui délivres de tout mal ;y

y Les ennemis sont supposés informés de ces événements, cf. 11.13, à moins que l’auteur ne songe à un enseignement toujours valable dans le présent.

9 eux, en effet, les morsures de sauterelles et de mouches les tuèrent,
sans qu’on trouvât de remède pour leur sauver la vie,
car ils méritaient d’être châtiés par de telles bêtes,z

z À la plaie des sauterelles, Ex 10.4-15, l’auteur semble vouloir associer par un terme assez vague les taons, Ex 8.16-20, et les moustiques, Ex 8.12-15. L’idée de leur prêter une action meurtrière peut résulter d’une amplification d’Ex 10.17 (« fléau meurtrier ») et de Ps 78.45 (« des taons qui dévoraient ») ; on rapproche aussi, pour une transposition apocalyptique de ces plaies, Ap 9.3-12.

10 tandis que tes fils, même les dents de serpents venimeux n’en eurent pas raison ;
car ta miséricorde leur vint en aide et les guérit.
11 Ainsi tes oracles leur étaient rappelés par des coups d’aiguillon, bien vite guéris,
de peur que, tombés dans un profond oubli,
ils ne fussent exclus de ta bienfaisance.a

a Ou « ils ne devinssent insensibles à tes bienfaits ».

12 Et de fait, ce n’est ni herbe ni émollient qui leur rendit la santé,
mais ta parole, Seigneur, elle qui guérit tout !
13 Oui, c’est toi qui as pouvoir sur la vie et sur la mort,
qui fais descendre aux portes de l’Hadès et en fais remonter.b

b L’auteur enseigne ici le pouvoir absolu de Dieu sur la vie et la mort, non seulement en ce sens qu’il peut tirer qui il lui plaît du péril de mort, cf. Ps 9.14 ; 107.17-19 ; Isa 38.10-17, mais encore, semble-t-il, en ce sens plus profond qu’il peut rendre à la vie corporelle l’âme descendue au shéol, cf. 1 R 17.17-23 ; 2 R 4.33-35 ; 13.21.

14 L’homme, dans sa malice, peut bien tuer,
mais il ne ramène pas le souffle une fois parti,
et ne libère pas l’âme que l’Hadès a reçue.c

c « Hadès » n’est pas exprimé (litt. « l’âme qui a été reçue ») mais le sens ne fait pas de doute.