3 En ces jours-lày arrive Jean le Baptiste, prêchant dans le désert de Judéez
y Expression stéréotypée, qui n’a qu’une valeur de transition.
z Région montagneuse et désolée qui s’étend entre la chaîne centrale de la Palestine et la dépression du Jourdain et de la mer Morte.
a La metanoia, étym. changement de sentiments, désigne un renoncement au péché, un « repentir ». Ce regret, qui regarde vers le passé, s’accompagne normalement d’une « conversion » (verbe grec epistrephein), par laquelle l’homme se retourne vers Dieu et s’engage dans une vie nouvelle. Ces deux aspects complémentaires d’un même mouvement de l’âme ne se distinguent pas toujours dans le vocabulaire. Cf. Ac 2.38 ; 3.19. Repentir et conversion sont la condition nécessaire pour recevoir le salut qu’apporte le Règne de Dieu. L’appel au repentir lancé par Jean-Baptiste, cf. encore Ac 13.24 ; 19.4, sera repris par Jésus, 4.17 ; Lc 5.32 ; 13.3, 5, par ses disciples, Mc 6.12 ; Lc 24.47, et par Paul, Ac 20.21 ; 26.20.
b Pour « Royaume de Dieu », cf. 4.17 tournure propre à Mt, répondant à la préoccupation juive de remplacer le Nom redoutable par une métaphore.
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
4 Ce Jean avait son vêtement fait de poils de chameau et un pagne de peau autour de ses reins ; sa nourriture était de sauterelles et de miel sauvage.
c Le rite d’immersion, symbole de purification ou de renouveau, était connu des religions anciennes et du judaïsme (baptême des prosélytes, esséniens). Tout en s’inspirant de ces précédents, le baptême de Jean s’en distingue par trois traits principaux il vise une purification non plus rituelle mais morale, 3.2, 6, 8, 11 ; Lc 3.10-14 ; il ne se répète pas et revêt de ce fait l’aspect d’une initiation ; il a une valeur eschatologique, introduisant dans le groupe de ceux qui professent une attente active du Messie prochain et constituent par avance sa communauté, 3.2, 11 ; Jn 1.19-34. Son efficacité est réelle mais non sacramentelle, dépendante qu’elle est du Jugement de Dieu encore à venir en la personne du Messie, dont le feu purifiera ou consumera selon que l’on sera bien ou mal disposé, et qui seul baptisera « dans l’Esprit Saint », 3.7, 10-12 ; Jn 1.33. Ce baptême de Jean sera encore pratiqué par les disciples du Christ, Jn 4.1-2, jusqu’au jour où il sera absorbé dans le rite nouveau institué par le Christ ressuscité, 28.19 ; Ac 1.5 ; Rm 6.4.
d Groupe religieux juif. Observateurs zélés de la Loi, les Pharisiens étaient très attachés à la tradition orale de leurs docteurs. L’interprétation différente que Jésus donne de la Loi et sa fréquentation des pécheurs ne pouvaient que susciter chez eux une opposition dont les Évangiles, surtout Mt, ont gardé maints échos ; cf. 9.11 ; 12.2, 14, 24 ; 15.1 ; 16.1, 6 ; 19.3 ; 21.45 ; 22.15, 34, 41 ; 23 :p ; Lc 5.21 ; 6.7 ; 15.2 ; 16.14s ; 18.10s ; Jn 7.32 ; 8.13 ; 9.13s ; 11.47s. La polémique lancée par contre les successeurs des Pharisiens a influencé très négativement le jugement porté sur eux. Jésus a eu cependant des relations amicales avec certains d’entre eux, Lc 7.36 ; Jn 3.1, et les disciples ont trouvé en eux des alliés contre les Sadducéens, Ac 23.6-10. On ne peut nier leur zèle, cf. Rm 10, 2, voire leur droiture, Ac 5.34s. Paul lui-même se vante de son passé pharisien, Ac 23.6 ; 26.5 ; Ph 3.5.
e Ceux-ci, par réaction contre les Pharisiens, rejetaient toute tradition autre que la Loi écrite, cf. Ac 23.8. Moins zélés et plus préoccupés de politique, ils se recrutaient surtout parmi les grandes familles sacerdotales, cf. 21.23. Le parti des grands prêtres était composé surtout des Sadducéens. Ils se sont aussi heurtés à Jésus, 16.1, 6 ; 22.23, et à ses disciples, Ac 4.1 ; 5.17.
f La colère, Nb 11.1, du Jour de Yahvé, Am 5.18, qui devait inaugurer l’ère messianique, cf. Rm 1.18.
g Le feu, moyen de purification moins matériel et plus efficace que l’eau, symbolise déjà dans l’AT, cf. Isa 1.25 ; Za 13.9 ; Ml 3.2-3 ; Si 2.5, etc., l’intervention souveraine de Dieu et de son Esprit purifiant les consciences.
h Le feu de la Géhenne, 18.9, qui consume à jamais ce qui n’a pu être purifié, Isa 66.24 ; Jdt 16.17 ; Si 7.17 ; So 1.18 ; Ps 21.10, etc.
13 Alors Jésus arrive de la Galilée au Jourdain, vers Jean, pour être baptisé par lui.
i L’église naissante fut vite convaincue que Jésus était sans péché, Jn 8.46, He 4.15. On voulait donc expliquer pourquoi Jésus s’était soumis au baptême de Jean (où Jésus reconnaît une démarche voulue de Dieu, cf. Lc 7.29-30, préparation ultime de l’ère messianique, cf. 3.6). Très concis, 3.15 dit (a) que, par son baptême, Jésus a satisfait à la justice salvifique de Dieu qui préside au plan du salut, (b) qu’il était lui-même juste en agissant ainsi, (c) qu’il lui fallait s’identifier avec les pécheurs ; cf. 2 Co 5.21, et (d) qu’il préparait ainsi le baptême futur des chrétiens, 28.19, en se donnant en modèle (à noter le pluriel « nous »).
j Une légende apocryphe s’est glissée ici dans deux mss de la Vet. Lat. « Et tandis qu’il était baptisé, une lumière intense se répandit hors de l’eau, au point que tous les assistants furent saisis de crainte. »
16 Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l’eau ; et voici que les cieux s’ouvrirent :k il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.l
k Add. « pour lui », c’est-à-dire à ses yeux.
l L’Esprit oint Jésus pour sa mission messianique, Ac 10.38, qu’il va désormais diriger, 4.1 ; Lc 4.14, 18 ; 10.21 ; 12.18, 28 ; en même temps, comme l’ont compris les Pères, il sanctifie l’eau et prépare le baptême chrétien, cf. Ac 1.5.
m Cette vision interprétative désigne d’abord Jésus comme le vrai Serviteur annoncé par Isaïe. Toutefois, le terme de « Fils » substitué à celui de « Serviteur » (grâce au double sens du terme grec pais) souligne le caractère messianique et proprement filial de sa relation avec le Père, cf. 4.3.