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Bible de Jérusalem

Jean 1.19-34

Le ministère de Jésus

1. L’ANNONCE DE LA NOUVELLE ÉCONOMIE

A. LA SEMAINE INAUGURALE

Le témoignage de Jean.

19 Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifsq lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? »

q Dans l’évangile de Jean, ce terme a plusieurs significations. Il désigne parfois les adeptes du judaïsme, dont les rites sont expliqués aux lecteurs d’origine païenne (cf. 2.6, 13 ; 18.20, etc.) ; ils sont distingués des Samaritains et des païens (cf. 4.9 ; 18.35). Mais, le plus souvent, le mot a un sens technique, et désigne les autorités religieuses hostiles à Jésus (8.37), grands prêtres et Pharisiens comparer 18.3 avec 18.12, et 18.24, 28 avec 18.31. Parfois, enfin, il désigne les Pharisiens contemporains de la rédaction de l’évangile, qui représentent alors le judaïsme d’après 70 face à son rival le christianisme comparer 9.22 avec 12.42.

20 Il confessa, il ne nia pas, il confessa : « Je ne suis pas le Christ. » — 21 « Qu’es-tu donc ? lui demandèrent-ils. Es-tu Élie ? »r Il dit : « Je ne le suis pas. » — « Es-tu le prophète ? »s Il répondit : « Non. »

r Sur le retour attendu d’Élie, voir Ml 3.22-23 et Mt 17.10-13.

s Sur la base de Dt 18.15 (voir la note), les Juifs attendaient le Messie comme un nouveau Moïse (le Prophète par excellence, cf. Nb 12.7), qui renouvellerait au centuple les prodiges de l’Exode. Cf. 3.14 ; 6.14, 30-31, 58 ; 7.40, 52 ; 13.1 ; Ac 3.22-23 ; 7.20-44 ; He 3.1-11. Voir aussi Mt 16.14.

22 Ils lui dirent alors : « Qui es-tu, que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés ? Que dis-tu de toi-même ? » —

23 Il déclara : « Moi ?

la voix de celui qui crie dans le désert :
Rendez droit le chemin du Seigneur
,

comme a dit Isaïe, le prophète. » 24 On avait envoyé des Pharisiens. 25 Ils lui demandèrent : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le prophète ? » 26 Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas, 27 celui qui vient derrière moi, dont je ne suis pas digne de dénouer la courroie de sandale. » 28 Cela se passait à Béthabarat au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.

t Signifie « lieu du passage », rappelant le passage du Jourdain au terme de l’Exode, Jos 3. Jean baptise encore « au-delà du Jourdain », mais ce baptême de pénitence prépare le peuple de Dieu à « passer » en Terre promise. — Var. plus couramment adoptée Béthanie, 11.1, 18.

29 Le lendemain, il voit Jésus venir vers lui et il dit : « Voici l’agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde.u

u Le « péché » (au singulier) par excellence, c’est de refuser de reconnaître le Christ pour l’envoyé de Dieu, 15.22, 24 ; 16.9 ; 8.21, lui qui est venu nous révéler la « vérité », 8.32 ; c’est être « aveugle » au point de ne pas savoir quelle est la volonté de Dieu sur l’homme, 9.39-41 ; Mt 15.14 ; 23.16-26 ; Rm 2.17-24, en rejetant le nouveau Moïse, 9.28-34. Comme le Serviteur souffrant, Isa 42.1-4, cf. 1.59, comparé à un agneau mené à l’abattoir, Isa 53.7, il « porte le péché des multitudes » et intercède pour elles, Isa 53.4-5, 10-12. Certains ont alors pensé que le terme « agneau » était une mauvaise traduction d’un original hébreu signifiant aussi « serviteur ». — La tradition johannique connaît peut-être l’interprétation targumique de la « ligature » d’Isaac, Gn 22.2, 6-9, cf. Rm 8.32, et voit en Isaac une figure du Christ, cf. 3.16, 8.56. — Pour Jn, Jésus est aussi l’« Agneau » pascal, 18.28 ; 19.36, qui, par sa mort, reçoit domination sur les hommes, 12.31 ; Ap 5.12, et donc enlève le « péché » du monde. — Pour la première épître de Jean, Jésus est venu ôter nos péchés comme ceux du monde entier, 1 2.2 ; 3.5.

30 C’est de lui que j’ai dit :

Derrière moi vient un homme
qui est passé devant moi
parce qu’avant moi il était.

31 Et moi, je ne le connaissais pas ; mais c’est pour qu’il fût manifesté à Israëlv que je suis venu baptisant dans l’eau. »

v Selon des traditions juives, le Messie, que rien ne distinguait des autres hommes, devait rester un inconnu jusqu’au jour où il serait manifesté comme Messie, par Élie revenu sur terre, Ml 3.23-24 ; 5.35. C’est ce thème qui est évoqué en 1.26, 31, cf. 7.27, versets qui se suivaient peut-être dans une rédaction plus ancienne.

32 Et Jean rendit témoignage en disant : « J’ai vu l’Esprit descendre, tel une colombe venant du ciel, et demeurer sur lui. 33 Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint. »w

w Parce que l’Esprit repose sur lui, Isa 11.2 ; 42.1 ; 61.1, le Christ pourra le communiquer aux autres, réalisant ainsi la prophétie de Ez 36.26-27, cf. l’Alliance nouvelle de Jr 31.31. Mais cette effusion de l’Esprit n’aura lieu qu’une fois le Christ « glorifié », 7.39 ; cf. 20.22-23, ou « élevé » à la droite de Dieu, Ac 2.33, le jour de la Pentecôte, Ac 1.5 ; 2.4.

34 Et moi, j’ai vu et je témoigne que celui-ci est l’Élu de Dieu. »x

x Allusion à Isa 42.1 ; cf. Lc 9.35 ; 23.35 Jésus est le Serviteur sur qui Dieu a mis son Esprit, cf. 1.29. Jean transpose les données du récit du baptême du Christ, Mc 1.9-11 ce n’est plus Jésus mais le Baptiste qui voit l’Esprit descendre ; ce n’est plus la voix céleste qui rend témoignage au Christ, mais le Baptiste, cf. 1.31. — Var. « le Fils de Dieu », par harmonisation avec Mt 3.17.