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Bible de Jérusalem – Hébreux 9

Le Christ pénètre dans le sanctuaire céleste.

9 La première alliance, elle aussi, avait donc des institutions cultuelles ainsi qu’un sanctuaire, celui de ce monde. 2 Une tente, en effet — la Tente antérieure — avait été dressée ; là se trouvaient le chandelier, la table, et l’exposition des pains ; c’est celle qui est appelée : le Saint.f

f Dans la Tente du désert, Ex 25-26 (cf. le Temple de Salomon, 1 R 6), un voile séparait le Saint et le Saint des Saints, Ex 26.33. Seul le grand prêtre pénètre dans le Saint des Saints et une seule fois par an, au jour des Expiations. Cf. Lv 16.1.

3 Puis, derrière le second voile était une tente appelée Saint des Saints, 4 comportant un autel des parfums en org et l’arche de l’alliance entièrement recouverte d’or, dans laquelle se trouvaient une urne d’or contenant la manne, le rameau d’Aaron qui avait poussé, et les tables de l’alliance ;

g Ex 30.6 ; 40.26 place l’autel des parfums, Ex 30.1, dans le Saint. suit une tradition liturgique différente.

5 puis au-dessus, les chérubins de gloire couvrant d’ombre le propitiatoire. Ce n’est pas le moment de parler de tout cela en détail.

6 Tout étant ainsi disposé, les prêtres entrent en tout temps dans la première Tente pour s’acquitter du service cultuel. 7 Dans la seconde, au contraire, seul le grand prêtre pénètre, et une seule fois par an, non sans s’être muni de sang qu’il offre pour ses manquements et ceux du peuple. 8 L’Esprit Saint montre ainsi que la voie du sanctuaire n’est pas ouverte, tant que la première Tenteh subsiste.

h La première Tente, le Saint, au sens spatial représente l’obstacle à l’accès au sanctuaire, donc, de façon symbolique, à la présence de Dieu ; au sens temporel la Tente représente tout le régime cultuel de l’Ancien Testament et le Temple dans son ensemble.

9 C’est là une figure pour la période actuelle ;i sous son régime on offre des dons et des sacrifices, qui n’ont pas le pouvoir de rendre parfait l’adorateur en sa conscience ;

i Ce cérémonial a une signification spirituelle dans l’ancienne alliance le peuple n’a pas accès à Dieu. Dans la nouvelle alliance, le Christ sera la voie pour aller au Père. Si on compare cette brève note sur le temps actuel à la fin du v. 10, qui parle du « temps de la réforme » comme futur, on peut penser que le rédacteur final veut nous présenter ce texte comme une prophétie. Donc il écrit après la destruction du Temple en 70, tandis que l’auteur principal écrit avant 70.

10 ce sont des règles pour la chair, ne concernant que les aliments, les boissons, diverses ablutions, et imposées seulement jusqu’au temps de la réforme.

11 Le Christ, lui,j survenu comme grand prêtre des biens à venir,k traversant la Tente plus grande et plus parfaite qui n’est pas faite de main d’homme, c’est-à-dire qui n’est pas de cette création,

j Le cérémonial israélite de l’expiation, v. 7, Lv 16, est remplacé par l’offrande unique, 7.27, du sang du Christ, v. 14 ; Rm 3.24, qui rouvre aux hommes l’accès à Dieu, 10.1, 19 ; cf. Jn 14.6 ; Ep 2.18. La signification profonde de l’aspersion du sang sacrificiel à l’intérieur du Saint des Saints réside dans le symbolisme biblique du sang en tant que siège de la vie il s’agit de renouveler l’union vitale entre Dieu et son peuple, l’alliance cf. v. 20 ; Isa 24.6-8, et de réaffirmer sa souveraineté sur Israël.

k Var. « bien réalisés ».

12 entra une fois pour toutes dans le sanctuaire,l non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle.

l Par son ascension, le Christ ressuscité traversa les cieux, 4.14, le « Saint » de la Tente céleste, v. 11, et parvint en présence de Dieu dans le « Saint des Saints », v. 12.

13 Si en effet du sang de boucs et de taureaux et de la cendre de génisse, dont on asperge ceux qui sont souillés, les sanctifientm en leur procurant la pureté de la chair,

m En les habilitant au culte.

14 combien plus le sang du Christ, qui par un Esprit éterneln s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant.

n Var. « par l’Esprit Saint ». — Cf. Rm 1.4.

Le Christ scelle la nouvelle alliance par son sang.o

15 Voilà pourquoi il est médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour racheter les transgressions de la première alliance, ceux qui sont appelés reçoivent l’héritage éternel promis.

o Cette section, parallèle à 8.6-13, démontre la nécessité de la mort du Christ pour sa médiation. Le mot grec diathèkè traduisait dans la Bible grecque le mot berît , alliance, alors qu’il avait couramment le sens de testament, cf. Ga 3.17. Tout le passage joue sur cette double valeur du mot. L’« alliance », vv. 15, 18-20, exige la mort du « testateur », vv. 16-17. De plus la conclusion d’une alliance exige une effusion de sang, Ex 24.6-8. Le Christ devait donc mourir pour fonder l’alliance nouvelle. Cf. 7.22 ; 8.6-10 ; 12.24 ; Mt 26.28.

16 Car là où il y a testament, il est nécessaire que la mort du testateur soit constatée. 17 Un testament, en effet, n’est valide qu’à la suite du décès, puisqu’il n’entre jamais en vigueur tant que vit le testateur. 18 De là vient que même la première alliance n’a pas été inaugurée sans effusion de sang. 19 Effectivement, lorsque Moïse eut promulgué au peuple entier chaque prescription selon la teneur de la Loi, il prit le sang des jeunes taureaux et des boucs, avec de l’eau, de la laine écarlate et de l’hysope, et il aspergea le livre lui-même et tout le peuple 20 en disant : Ceci est le sang de l’alliance que Dieu a prescrite pour vous. 21 Puis, de la même manière, il aspergea de sang la Tente et tous les objets du culte. 22 D’ailleurs, selon la Loi, presque tout est purifiép par le sang, et sans effusion de sang il n’y a point de rémission.

p Ainsi l’autel, Lv 8.15 ; 16.19, les prêtres, Lv 8.24, 30, les lévites, Nb 8.15, le peuple pécheur, Lv 9.15-18, la mère, Lv 12.7-8, etc.

23 Il est donc nécessaire, d’une part que les copies des réalités célestes soient purifiées de cette manière, d’autre part que les réalités célestes elles-mêmes le soient aussi,q mais par des sacrifices plus excellents que ceux d’ici-bas.

q La purification du sanctuaire, terrestre ou céleste, ne suppose pas nécessairement que celui-ci ait été souillé ; c’est un rite de consécration et d’inauguration.

24 Ce n’est pas, en effet, dans un sanctuaire fait de main d’homme, dans une image de l’authentique, que le Christ est entré, mais dans le ciel lui-même, afin de paraître maintenant devant la face de Dieu en notre faveur.

25 Ce n’est pas non plus pour s’offrir lui-même à plusieurs reprises, comme fait le grand prêtre qui entre chaque année dans le sanctuaire avec un sang qui n’est pas le sien,r

r Au sommet d’une pyramide de séparations prévues pour garantir la sainteté du culte, il y avait un animal vicaire. Dépassant les prophètes qui réclamaient la pureté du cœur dans le culte, Isa 1.11-13 ; Jr 6.20 ; 11.15 ; Os 6.6 ; Am 5.21, l’épître déclare que les sacrifices anciens n’avaient aucune efficacité, cf. 9.13-14. Seul le sacrifice pleinement spirituel du Christ peut sanctifier les hommes, 10.12-14.

26 car alors il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis la fondation du monde. Or c’est maintenant, une fois pour toutes, à la fin des siècles, qu’il s’est manifesté pour abolir le péché par son sacrifice. 27 Et comme les hommes ne meurent qu’une fois, après quoi il y a un jugement, 28 ainsi le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés d’un grand nombre, apparaîtra une seconde fois — hors du péché — à ceux qui l’attendent, pour leur donner le salut.s

s La venue du Christ dans la chair l’avait mis en relation directe avec le péché, Rm 8.3 ; 2 Co 5.21. La rédemption étant accomplie, la nouvelle et dernière manifestation du Sauveur n’aura plus aucun rapport avec le péché. Les chrétiens attendent ce retour de gloire qui s’accompagnera du Jugement, 1 Co 1.8 ; Rm 2.6.

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