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Bible de Jérusalem

1 Samuel 4

2. L’ARCHE CHEZ LES PHILISTINSh

Défaite des Israélites et capture de l’arche.

4 La parole de Samuel s’adressait à tout Israël. Or Israël sortit à la rencontre des Philistins pour le combat. Ils campèrent près d’Ében-ha-Ézèr, tandis que les Philistins étaient campés à Apheq.i

h Cette histoire, 4-7, n’a avec la précédente que des liens accessoires, les mentions de Silo, d’Éli et de ses fils. Samuel apparaît au début (4.1) et à la fin de cet ensemble (7.2-17) comme dominant toute la période. L’arche (cf. Ex 25.10 et 2 S 6.7) est maintenant le sujet principal. Par son contenu, son cadre géographique et son humour à l’égard des Philistins, le récit s’apparente à l’histoire de Samson, Jg 13-16. D’abord indépendant, il a servi de préface à l’histoire monarchiste de l’institution de la royauté, 9-11, qui se poursuit avec la reprise des guerres philistines, 13-14. Pour avoir la suite de l’histoire de l’arche, il faut passer à 2 S 6, puis à 1 R 8.1-11.

i Aujourd’hui Ros el-Aïn, à 25 km à l’ouest de Jérusalem.

2 Les Philistins se rangèrent en ordre de bataille pour faire face à Israël. Le combat s’étendit et Israël fut battu devant les Philistins qui tuèrent lors de cette bataille en rase campagne environ quatre mille hommes. 3 Le peuplej revint au camp et les anciens d’Israël dirent : « Pourquoi Yahvé nous a-t-il fait battre aujourd’hui par les Philistins ? Allons prendre à Silo l’arche de l’alliance de Yahvé, qu’elle vienne au milieu de nous et qu’elle nous sauve de la main de nos ennemis. »k

j Le mot « peuple » désigne ici l’ensemble des hommes armés qui font la guerre ; c’est souvent le cas dans les récits guerriers.

k L’arche est le signe de la présence de Yahvé, v. 7, mais ce même v. indique qu’elle n’accompagnait l’armée qu’exceptionnellement, cf. Jos 6.6 ; 2 S 11.11.

4 Le peuple envoya des hommes à Silo et de là on emmena l’arche de l’alliance de Yahvé Sabaot qui siège sur les chérubins ;l là se trouvaient les deux fils d’Éli, Hophni et Pinhas, avec l’arche de l’alliance de Dieu.

l Première mention de ce titre qui est en relation avec le sanctuaire de Silo, cf. 1.3. Les chérubins sont les sphinx ailés qui flanquaient les trônes divins ou royaux de l’ancienne Syrie. À Silo comme dans le Temple de Jérusalem, 1 R 8.6, les chérubins et l’arche sont le trône de Yahvé, le « siège » de la présence invisible.

5 Dès que l’arche de l’alliance de Yahvé arriva au camp, tout Israël poussa une grande acclamationm et la terre trembla.

m Ce cri religieux et guerrier appartenait au rituel de l’arche, cf. Nb 10.5.

6 Les Philistins entendirent le bruit de l’acclamation et dirent : « Que signifie cette grande acclamation au camp des Hébreux ? », et ils surent que l’arche de Yahvé était arrivée au camp. 7 Alors les Philistins eurent peur, car ils se disaient : « Dieu est venu au camp ! » Ils dirent : « Malheur à nous ! Car une chose pareille n’est pas arrivée auparavant. 8 Malheur à nous ! Qui nous délivrera de la main de ce Dieu puissant ? C’est lui qui a frappé l’Égypte de toutes sortes de plaies au désert.n

n L’hébr. permettait de traduire « Qui nous délivrera de la main de ces dieux puissants ? Ce sont ces dieux qui ont frappé de toutes sortes de plaies au désert. » Le rédacteur considère alors les Philistins comme polythéistes, ce qui permet de comprendre un pluriel inhabituel.

9 Prenez courage et agissez en hommes, Philistins, pour n’être pas asservis aux Hébreux comme ils vous ont été asservis ; agissez en hommes et combattez ! » 10 Les Philistins livrèrent bataille et Israël fut battu, chacun s’enfuyant vers sa tente ; ce fut un très grand massacre et trente mille hommes de pied tombèrent du côté d’Israël. 11 L’arche de Dieu fut prise et les deux fils d’Éli moururent, Hophni et Pinhas.

Mort d’Éli.

12 Un homme de Benjamin courut hors des lignes et atteignit Silo le même jour, les vêtements déchirés et la tête couverte de poussière. 13 Lorsqu’il arriva, Éli était assis sur son siège, au bord de la route qu’il épiait, car son cœur tremblait pour l’arche de Dieu. Cet homme donc vint apporter la nouvelle à la ville, et toute la ville poussa des cris. 14 Éli entendit les cris et demanda : « Que signifie cette grande rumeur ? » L’homme se hâta et vint avertir Éli. — 15 Celui-ci avait quatre-vingt-dix-huit ans ; ses yeux étaient fixes et il ne pouvait plus voir. — 16 L’homme dit à Éli : « C’est moi qui arrive des lignes, je me suis enfui des lignes aujourd’hui », et celui-ci demanda : « Que s’est-il passé, mon fils ? » 17 Le messager répondit : « Israël a fui devant les Philistins, ce fut même une grande défaite pour le peuple ; tes deux fils sont morts, Hophni et Pinhas, et l’arche de Dieu a été prise ! » 18 À cette mention de l’arche de Dieu, Éli tomba de son siège à la renverse, contre un élément de la porte, sa nuque se brisa et il mourut, car l’homme était âgé et pesant. Il avait jugé Israël pendant quarante ans.o

o Éli est improprement assimilé aux Juges d’Israël, cf. Jg 3.7. « Quarante ans » est un chiffre rond exprimant la durée d’une génération.

Mort de la femme de Pinhas.

19 Or sa bru, la femme de Pinhas, était enceinte et sur le point d’accoucher. Dès qu’elle eut appris la nouvelle relative à la prise de l’arche de Dieu et à la mort de son beau-père et de son mari, elle s’accroupit et elle accoucha, car ses douleurs l’avaient assaillie. 20 Comme elle était à la mort, celles qui se tenaient près d’elle lui dirent : « Ne crains pas, car tu as enfanté un fils », mais elle ne répondit pas et n’y fit pas attention. 21 Elle appela l’enfant Ikabod, disant : « La gloire a été bannie d’Israël »,p à cause de la prise de l’arche de Dieu et à cause de son beau-père et de son mari.

p Ey-kabôd « où est la gloire ? » Cette gloire est celle de Yahvé qui trône sur l’arche.

22 Elle dit : « La gloire a été bannie d’Israël, parce que l’arche de Dieu a été prise. »