4 La parole de Samuel s’adressait à tout Israël. Or Israël sortit à la rencontre des Philistins pour le combat. Ils campèrent près d’Ében-ha-Ézèr, tandis que les Philistins étaient campés à Apheq.i
h Cette histoire, 4-7, n’a avec la précédente que des liens accessoires, les mentions de Silo, d’Éli et de ses fils. Samuel apparaît au début (4.1) et à la fin de cet ensemble (7.2-17) comme dominant toute la période. L’arche (cf. Ex 25.10 et 2 S 6.7) est maintenant le sujet principal. Par son contenu, son cadre géographique et son humour à l’égard des Philistins, le récit s’apparente à l’histoire de Samson, Jg 13-16. D’abord indépendant, il a servi de préface à l’histoire monarchiste de l’institution de la royauté, 9-11, qui se poursuit avec la reprise des guerres philistines, 13-14. Pour avoir la suite de l’histoire de l’arche, il faut passer à 2 S 6, puis à 1 R 8.1-11.
i Aujourd’hui Ros el-Aïn, à 25 km à l’ouest de Jérusalem.
j Le mot « peuple » désigne ici l’ensemble des hommes armés qui font la guerre ; c’est souvent le cas dans les récits guerriers.
k L’arche est le signe de la présence de Yahvé, v. 7, mais ce même v. indique qu’elle n’accompagnait l’armée qu’exceptionnellement, cf. Jos 6.6 ; 2 S 11.11.
l Première mention de ce titre qui est en relation avec le sanctuaire de Silo, cf. 1.3. Les chérubins sont les sphinx ailés qui flanquaient les trônes divins ou royaux de l’ancienne Syrie. À Silo comme dans le Temple de Jérusalem, 1 R 8.6, les chérubins et l’arche sont le trône de Yahvé, le « siège » de la présence invisible.
m Ce cri religieux et guerrier appartenait au rituel de l’arche, cf. Nb 10.5.
n L’hébr. permettait de traduire « Qui nous délivrera de la main de ces dieux puissants ? Ce sont ces dieux qui ont frappé de toutes sortes de plaies au désert. » Le rédacteur considère alors les Philistins comme polythéistes, ce qui permet de comprendre un pluriel inhabituel.
12 Un homme de Benjamin courut hors des lignes et atteignit Silo le même jour, les vêtements déchirés et la tête couverte de poussière.
o Éli est improprement assimilé aux Juges d’Israël, cf. Jg 3.7. « Quarante ans » est un chiffre rond exprimant la durée d’une génération.
19 Or sa bru, la femme de Pinhas, était enceinte et sur le point d’accoucher. Dès qu’elle eut appris la nouvelle relative à la prise de l’arche de Dieu et à la mort de son beau-père et de son mari, elle s’accroupit et elle accoucha, car ses douleurs l’avaient assaillie.
p Ey-kabôd « où est la gloire ? » Cette gloire est celle de Yahvé qui trône sur l’arche.
5 Lorsque les Philistins eurent pris l’arche de Dieu, ils la conduisirent d’Ében-ha-Ézèr à Ashdod.r
q Les Philistins et leur dieu Dagôn, cf. Jg 16.23, qui vont subir les effets redoutables de la sainteté de l’arche, où Yahvé se rend présent, 6.7.
r L’une des cinq villes philistines ; de même Gat, v. 8, et Eqrôn, v. 10. Cf. 6.17 et Jos 13.2.
s Comme le trophée du dieu vaincu.
3 Quand les Ashdodites se levèrent le lendemain, voilà que Dagôn était tombé en avant, par terre, devant l’arche de Yahvé. Ils prirent Dagôn et le remirent à sa place.t
t On notera la brièveté du texte et son ironie. Le texte joue sur le verbe « prendre »; à la prise de l’arche par les Philistins se substitue la prise de Dagôn, le dieu des Philistins, ce qui révèle la puissance de Yahvé.
u En réalité, c’était une coutume assez répandue dans l’Antiquité de sauter le seuil, considéré comme l’habitation des esprits. Mais ici l’explication donnée est très ironique.
6 La main de Yahvé s’appesantit sur les Ashdodites : il les ravagea et les affligea de tumeurs, Ashdod et son territoire.v
v Les « tumeurs » peuvent se comprendre soit comme des hémorroïdes, soit comme des abcès provoqués par la dysenterie, cf. Dt 28.27. Le récit se veut très ironique à l’égard des Philistins.
8 Ils envoyèrent chercher et rassemblèrent auprès d’eux tous les princes des Philistins et dirent : « Que devons-nous faire de l’arche du Dieu d’Israël ? » Les princes dirent : « C’est à Gat que sera emmenéew l’arche du Dieu d’Israël », et on emmena l’arche du Dieu d’Israël.
w Le verbe suggère l’idée d’une procession.
12 Les gens qui ne mouraient pas étaient affligés de tumeurs et le cri de détresse de la ville montait jusqu’au ciel.
6 L’arche de Yahvé fut sept mois dans le territoire des Philistins.
2 Les Philistins en appelèrent aux prêtres et aux devins et dirent : « Que devons-nous faire de l’arche de Yahvé ? Indiquez-nous comment nous la renverrons en son lieu. »
x La mention de « rats » est étonnante, car elle n’est préparée par rien. On ne peut y voir des animaux propagateurs de la peste, car cette transmission du fléau n’était pas connue dans l’Antiquité. En 6.5 est évoquée une invasion de rats des champs. Il se peut que le chap. 6 mentionne deux fléaux l’un qui atteint les hommes, l’autre qui ravage le pays en combinant deux traditions.
y Expression qui invite les Philistins à reconnaître la puissance du Dieu d’Israël tout autant que leur faute, cf. Jos 7.19.
z Un chariot neuf (cf. 2 S 6.3), des vaches qui n’ont pas porté le joug (cf. Nb 19.2 ; Dt 21.3) sont choisis pour accomplir une action sacrée selon un procédé qui est proche de celui de la divination. Si Dieu le veut, les vaches prendront la direction d’Israël malgré leur instinct maternel.
a Littéralement « à la maison ». L’intervention de Dieu est d’autant plus éclatante que les obstacles sont plus nombreux, cf. 1 R 18.
b Dans le récit, les pronoms se rapportent à l’arche (masculin en hébreu) et non au chariot (féminin en hébreu). On passe facilement de Dieu à l’arche, signe de sa présence.
10 Ainsi firent les gens : ils prirent deux vaches qui allaitaient et ils les attelèrent au chariot, mais ils retinrent les petits à l’étable.
12 Les vaches prirent tout droit le chemin de Bet-Shémesh et elles marchaient sur une seule voie en meuglant, sans dévier ni à droite ni à gauche. Les princes des Philistins les suivirent jusqu’au territoire de Bet-Shémesh.
13 À Bet-Shémesh les gens faisaient la moisson des blés dans la plaine. Levant les yeux, ils virent l’arche et ils se réjouirent de la voir.
c Toute grande pierre peut servir d’autel, 14.33.
d Le v. 15 interrompt le récit et précise qui peut toucher l’arche et la transporter.
17 Voici les tumeurs d’or que les Philistins apportèrent en réparation à Yahvé : pour Ashdod une, pour Gaza une, pour Ashqelôn une, pour Gat une, pour Éqrôn une.
e « et jusqu’à la grande pierre » corr. d’après le grec ; « jusqu’à la grande prairie » hébr.
f Verset de traduction difficile. Le verbe « frapper » a comme sujet Dieu, ce qui est implicite dans le texte. La faute commise n’est pas claire ; on l’a interprétée comme la volonté de découvrir le contenu de l’arche. « Cinquante mille hommes » peut être une glose, à moins de comprendre « soixante-dix hommes sur cinquante mille ».
g Après les Philistins, les Israélites éprouvent combien l’arche est redoutable à qui ne la respecte pas, cf. 2 S 6.7.
20 Alors les gens de Bet-Shémesh dirent : « Qui pourrait tenir en face de Yahvé, ce Dieu Saint ? Chez qui montera-t-il loin de nous ? »
h Ville, appelée aussi Baala (Jos 15.9) où l’arche demeurera jusqu’à ce que David la fasse venir à Jérusalem (2 S 6.1-8).
7 Les gens de Qiryat-Yéarim vinrent et firent monter l’arche de Yahvé.
Ils la conduisirent dans la maison d’Abinadab, sur la hauteur, et ils consacrèrenti son fils Éléazar pour garder l’arche de Yahvé.
i Bien qu’il ne soit pas lévite, cf. Jg 17.5.
2 Depuis le jour où l’arche fut installée à Qiryat-Yéarim, bien des jours s’écoulèrent et cela fit vingt ans. Toute la maison d’Israël soupira après Yahvé.
j Ce chap. n’est pas la suite du précédent Samuel n’y paraissait pas et il joue ici le premier rôle. Le récit est généralement considéré come la préface à une version « antimonarchiste » de l’institution de la royauté, qu’on trouverait dans 8 ; 10.17-24 ; 12. C’est plutôt une tradition particulière du sanctuaire de Miçpa. Elle expliquait le nom d’Ében-ha-Ézèr par un secours apporté par Dieu en réponse à une liturgie de pénitence. Samuel fait figure d’intercesseur, comme Moïse, Ex 32.11 ; cf. Jr 15.1, et de juge, comme Moïse encore, Ex 18.13s. D’après les vv. 15-17, Samuel et ses fils après lui, 8.1-13, furent les derniers des « petits » Juges, Jg 10.1-5 ; 12.8-15. Les vv. 13-14 le transforment en un « grand » Juge, un libérateur, mais cela ne s’accorde pas avec 9.16 ; 10.5 ; 13-14. La libération du territoire fut tentée par Saül et réalisée par David.
3 Alors Samuel dit à toute la maison d’Israël : « Si c’est de tout votre cœur que vous revenez à Yahvé, écartez les dieux de l’étranger du milieu de vous, et les Astartés, fixez votre cœur en Yahvé et ne servez que lui : alors il vous délivrera de la main des Philistins. »
5 Samuel dit : « Rassemblez tout Israël à Miçpak et je prierai Yahvé en votre faveur. »
k Miçpa était un sanctuaire où se réunissait l’ancien Israël, v. 6 ; 10.17-24, cf. Jg 20.1, 3 ; 21.1, 5, 8. Il faut distinguer cette Miçpa de celle de 1 R 15.22 et Jr 40-41, qui est localisée à Tell en-Nasbeh, où l’occupation israélite n’a été importante qu’après Salomon. Miçpa est un nom commun qui signifie « la Guette » et l’on est tenté d’identifier la Miçpa de l’époque des Juges et de Samuel avec la hauteur de Nebi-Samwil, poste d’observation exceptionnel, au nord de Jérusalem, qui serait le haut lieu de Gabaôn. « Le plus grand haut lieu » à l’époque de Salomon (1 R 3.4).
7 Lorsque les Philistins apprirent que les Israélites s’étaient rassemblés à Miçpa, les princes des Philistins montèrent contre Israël. Les Israélites l’apprirent et ils eurent peur des Philistins.
l Site inconnu. On a proposé de corriger en Bet-Horôn.
m Le nom signifie « pierre du secours ». Le site est différent de l’Ében-ha-Ézér de 4.1 qui était le lieu d’une défaite. C’est sur une victoire que s’achève la judicature de Samuel.
13 Les Philistins furent abaissés. Ils ne revinrent plus sur le territoire d’Israël et la main de Yahvé fut sur les Philistins pendant toute la vie de Samuel.
15 Samuel jugea Israël pendant toute sa vie.
17 Puis il revenait à Rama, car c’est là qu’il avait sa maison et là qu’il jugeait Israël, là qu’il construisit un autel pour Yahvé.