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Bible de Jérusalem

2 Samuel 13-20

C. HISTOIRE D’ABSALOMs

Amnon outrage sa sœur Tamar.

13 Voici ce qui arriva ensuite. Absalom, fils de David, avait une sœur qui était belle et qui se nommait Tamar, et Amnon, fils de David, en devint amoureux.

s Absalom, assassin de son frère, révolté contre son père, est le personnage central du grand drame de la famille de David, 13-20. Ce drame de famille provoque une série de crises politiques, qui mettent à vif les dissentiments de la nation et compromettent l’avenir du royaume.

2 Amnon était tourmenté au point de se rendre malade à cause de sa sœur Tamar, car elle était vierge et aux yeux d’Amnon il lui paraissait difficile de lui faire quoi que ce soit. 3 Mais Amnon avait un ami nommé Yonadab, fils de Shiméa, frère de David, et Yonadab était un homme très avisé. 4 Il lui dit : « D’où vient, fils du roi, que tu sois si languissant chaque matin ? Ne m’expliqueras-tu pas ? » Amnon lui répondit : « C’est que j’aime Tamar, la sœur de mon frère Absalom. » 5 Alors Yonadab lui dit : « Mets-toi au lit, fais le malade et quand ton père viendra te voir, tu lui diras : « Permets que ma sœur Tamar vienne me donner à manger ; elle apprêtera le plat sous mes yeux pour que je le voie et je mangerai, servi par elle. » » 6 Donc, Amnon se coucha et fit le malade. Le roi vint le voir et Amnon dit au roi : « Permets que ma sœur Tamar vienne et que, sous mes yeux, elle prépare deux gâteaux, et je me restaurerai, servi par elle. » 7 David envoya dire à Tamar chez elle : « Va donc chez ton frère Amnon et prépare-lui un plat. » 8 Tamar se rendit à la maison de son frère Amnon. Il était couché. Elle prit de la pâte, la pétrit, confectionna des gâteaux sous ses yeux et les fit cuire. 9 Puis elle prit la poêle et la vida devant lui, mais il refusa de manger. Amnon dit : « Faites sortir tout le monde d’auprès de moi. » Et tout le monde sortit d’auprès de lui. 10 Alors Amnon dit à Tamar : « Apporte le plat dans la chambre et je mangerai, servi par toi. » Tamar prit les gâteaux qu’elle avait faits et les apporta à son frère Amnon dans la chambre.

11 Comme elle lui présentait à manger, il la saisit et lui dit : « Viens, couche avec moi, ma sœur ! » 12 Mais elle lui répondit : « Non, mon frère ! Ne me violente pas, car on n’agit pas ainsi en Israël, ne commets pas cette infamie.

13 Moi, où irais-je porter ma honte ? Et toi, tu serais comme un infâme en Israël ! Maintenant parle donc au roi : il ne refusera pas de me donner à toi. »t

t D’après l’usage ancien, comparer Gn 20.12, Amnon pouvait épouser Tamar qui n’était que sa demi-sœur. Ces unions furent interdites par les lois de Lv 18.11 ; 20.17 ; Dt 27.22.

14 Mais il ne voulut pas l’entendre, il la maîtrisa et, lui faisant violence, il coucha avec elle.

15 Alors Amnon se prit à la haïr très fort — la haine qu’il lui voua surpassait l’amour dont il l’avait aimée — et Amnon lui dit : « Lève-toi ! Va-t-en ! » 16 Elle lui dit : « Non, mon frère, me chasser serait pire que l’autre mal que tu m’as fait. »u Mais il ne voulut pas l’écouter.

u Le v., mal conservé, est de traduction difficile.

17 Il appela le garçon qui le servait et lui dit : « Débarrasse-moi de cette fille, jette-la dehors et verrouille la porte derrière elle ! » 18 Elle portait une tunique de luxe qui était autrefois le vêtement des filles qui n’étaient pas mariées. Le serviteur la mit dehors et verrouilla la porte derrière elle.

19 Tamar se couvrit la tête de cendre, elle déchira la tunique de luxe qu’elle portait, mit la main sur sa tête et s’en alla, poussant des cris en marchant.v

v Gestes de deuil et de douleur, 1.2 ; Est 4.1 ; Jr 2.37.

20 Son frère Absalom lui dit : « Serait-ce que ton frère Amnon a été avec toi ? Maintenant, ma sœur, tais-toi ; c’est ton frère : ne prends pas cette affaire à cœur. » Tamar demeura abandonnée, dans la maison de son frère Absalom.

21 Lorsque le roi David apprit toute cette histoire, il en fut très irrité. 22 Quant à Absalom, il n’adressa plus la parolew à Amnon, car Absalom s’était pris de haine pour Amnon à cause de la violence qu’il avait faite à sa sœur Tamar.

w Littéralement « il ne parla ni en mal ni en bien ». Absalom rompt avec son frère.

Absalom fait assassiner Amnon et prend la fuite.

23 Deux ans plus tard, comme Absalom avait les tondeurs à Baal-Haçor, qui est près d’Éphraïm, il invita tous les fils du roi. 24 Absalom se rendit auprès du roi et dit : « Voici que ton serviteur a les tondeurs. Que le roi et ses serviteurs daignent venir avec ton serviteur. » 25 Le roi répondit à Absalom : « Non, mon fils, il ne faut pas que nous allions tous et te soyons à charge. » Absalom insista, mais il ne voulut pas venir et il le bénit. 26 Absalom dit : « Si c’est non, que du moins mon frère Amnon nous accompagne. » Et le roi dit : « Pourquoi irait-il avec toi ? » 27 Mais Absalom insista et il laissa partir avec lui Amnon et tous les fils du roi.x

Absalom ordonna à ses domestiques :

x Le grec précise « Absalom offrit un festin, un vrai festin de roi. » Ce peut être une indication ancienne.

28 « Faites attention ! Lorsque le cœur d’Amnon sera mis en gaieté par le vin et que je vous dirai : « Frappez Amnon ! », vous le mettrez à mort. N’ayez pas peur ; n’est-ce pas moi qui vous l’ai ordonné ? Prenez courage et montrez-vous vaillants. » 29 Les domestiques d’Absalom agirent à l’égard d’Amnon comme Absalom l’avait ordonné. Alors tous les fils du roi se levèrent, enfourchèrent chacun son mulet et s’enfuirent.

30 Comme ils étaient en chemin, la nouvelle parvint à David : « Absalom a tué tous les fils du roi, il n’en reste pas un seul ! » 31 Le roi se leva, déchira ses vêtements et se coucha par terre ; tous ses serviteurs se tenaient debout, les vêtements déchirés. 32 Mais Yonadab, le fils de Shiméa, frère de David, prit ainsi la parole : « Que Monseigneur ne dise pas qu’on a fait périr tous les jeunes gens, les fils du roi, car seul Amnon est mort : Absalom s’était promis cela depuis le jour où Amnon avait outragé sa sœur Tamar. 33 Que maintenant Monseigneur le roi ne se mette pas dans l’idée que tous les fils du roi ont péri. Non, Amnon seul est mort 34 et Absalom s’est enfui. »

Le guetteur leva les yeux et aperçut une troupe nombreuse en marche sur la route de Horonaïm,y au flanc de la montagne, dans la descente. Le guetteur vint en informer le roi. Il dit : « J’ai vu de mes yeux des gens qui arrivaient par la route de Horonaïm, au flanc de la montagne. »

y Le v. est restitué d’après le grec. L’hébr. a omis ce passage par inadvertance à cause de la répétition « sur la route d’Horonaïm ».

35 Alors Yonadab dit au roi : « Ce sont les fils du roi qui arrivent : il en a été comme ton serviteur l’avait dit. » 36 Il achevait à peine de parler que les fils du roi entrèrent, et ils se mirent à crier et à pleurer ; le roi et ses serviteurs pleurèrent eux aussi à chaudes larmes. 37 Absalom s’était enfui et s’était rendu chez Talmaï, fils d’Ammihur, roi de Geshur. Le roi garda tout le temps le deuil de son fils.

Joab négocie le retour d’Absalom.

38 Absalom s’était enfui et s’était rendu à Geshur ; il y resta trois ans. 39 Le roi Davidz cessa de s’emporter contre Absalom, car il s’était consolé de la mort d’Amnon.

z Le grec a lu « L’esprit du roi cessa de s’emporter », ce qui pourrait être le texte ancien.

14 Joab, fils de Çeruya, reconnut que le cœur du roi se tournait vers Absalom. 2 Alors Joab envoya quelqu’un à Téqoaa qui en ramena une femme avisée. Il lui dit : « Je t’en prie, feins d’être en deuil, mets des habits de deuil, ne te parfume pas, sois comme une femme qui, depuis bien des jours, porte le deuil d’un mort.

a Patrie du prophère Amos, à 18 km au sud de Jérusalem.

3 Tu iras chez le roi et tu lui tiendras ce discours. » Joab lui mit dans la bouche les paroles qu’il fallait.b

b Comme avait fait Natân, 12.1s, Joab va amener le roi à se prononcer en simulant une affaire de justice.

4 La femme de Téqoa parla au roi. Elle tomba la face contre terre et se prosterna, puis elle dit : « Au secours, ô roi ! »c

c C’était une formule de l’appel au roi.

5 Le roi lui demanda : « Qu’as-tu ? » Elle répondit : « Hélas ! je suis veuve. Mon mari est mort 6 et ta servante avait deux fils. Ils se sont querellés ensemble dans la campagne, il n’y avait personne pour les séparer, l’un a frappé l’autre et l’a tué. 7 Voilà que tout le clan s’est dressé contre ta servante et dit : « Livre le fratricide : nous le mettrons à mort pour prix de la vie de son frère qu’il a tué, et nous détruirons en même temps l’héritier. » Ils vont ainsi éteindre la braise qui me reste, pour ne plus laisser à mon mari ni nom ni survivant sur la face de la terre. » 8 Le roi dit à la femme : « Va à ta maison, je donnerai moi-même des ordres à ton sujet. » 9 La femme de Téqoa dit au roi : « Monseigneur le roi ! Que la faute retombe sur moi et sur ma famille ; le roi et son trône en sont innocents. » 10 Le roi reprit : « Celui qui t’a menacée, amène-le-moi et il cessera de te malmener. » 11 Elle dit : « Que le roi daigne prononcer le nom de Yahvé ton Dieu, afin que le vengeur du sang n’augmente pas la ruine et ne fasse pas périr mon fils ! » Il dit alors : « Aussi vrai que Yahvé est vivant, il ne tombera pas à terre un seul cheveu de ton fils ! »

12 La femme reprit : « Qu’il soit permis à ta servante de dire un mot à Monseigneur le roi », et il répondit : « Parle. » 13 La femme dit : « Pourquoi as-tu décidé cela contre le peuple de Dieu ? En prononçant cette parole, le roi n’est-il pas comme un coupable en ne faisant pas revenir celui qui est exilé ? 14 Nous sommes mortels et comme les eaux qui s’écoulent à terre et qu’on ne peut recueillir, et Dieu ne relève pas un cadavre ; pourtant il prend des décisions pour que l’exilé ne reste pas exilé loin de lui.d

d On ne peut plus rien faire pour Amnon, qui est mort ; il convient donc qu’Absalom revienne.

15 e « Maintenant, si je suis venue parler de cette affaire à Monseigneur le roi, c’est que les gens m’ont fait peur et ta servante s’est dit : Je parlerai au roi et peut-être le roi exécutera-t-il la parole de sa servante.

e La femme, après avoir ouvert les yeux du roi en faisant l’application au cas d’Absalom, reprend son rôle. Le v. 17 s’applique également au cas fictif et au cas réel.

16 Car le roi consentira à délivrer sa servante des mains de l’homme qui cherche à nous retrancher, moi et mon fils ensemble, de l’héritage de Dieu. 17 Ta servante a dit : Puisse la parole de Monseigneur le roi donner l’apaisement. Car Monseigneur le roi est comme l’Ange de Dieuf pour saisir le bien et le mal.g Que Yahvé ton Dieu soit avec toi ! »

f Dans les textes anciens, Gn 16.7, l’Ange de Dieu, c’est Dieu lui-même, dans la forme visible où il apparaît aux hommes David a une sagesse divine, de même au v. 20

g C’est-à-dire absolument tout, cf. 13.22.

18 Alors le roi, prenant la parole, dit à la femme : « Je t’en prie, ne te dérobe pas à la question que je vais te poser. » La femme répondit : « Que Monseigneur le roi parle ! » 19 Le roi demanda : « La main de Joab n’est-elle pas avec toi en tout cela ? » La femme répliqua : « Aussi vrai que tu es vivant, Monseigneur le roi, on ne peut pas aller à droite ni à gauche de tout ce qu’a dit Monseigneur le roi : oui, c’est ton serviteur Joab qui m’a donné l’ordre, c’est lui qui a mis toutes ces paroles dans la bouche de ta servante. 20 C’est pour déguiser l’affaire que ton serviteur Joab a agi ainsi, mais Monseigneur a la sagesse de l’Ange de Dieu, il sait tout ce qui se passe sur la terre. »

21 Le roi dit alors à Joab : « Eh bien, je fais la chose : Va, ramène le jeune homme Absalom. » 22 Joab tomba la face contre terre, il se prosterna et bénit le roi. Puis Joab dit : « Ton serviteur sait aujourd’hui qu’il a trouvé grâce à tes yeux, Monseigneur le roi, puisque le roi a exécuté la parole de son serviteur. »

23 Joab se mit en route, il alla à Geshur et ramena Absalom à Jérusalem. 24 Cependant le roi dit : « Qu’il se retire dans sa maison, il ne sera pas reçu par moi. » Absalom se retira dans sa maison et ne fut pas reçu par le roi.

Quelques détails sur Absalom.h

25 Dans tout Israël, il n’y avait personne d’aussi beau qu’Absalom, à qui on pût faire tant d’éloges : de la plante des pieds au sommet de la tête, il était sans défaut.

h Les vv. 25-27 interrompent le récit et viennent d’une autre source.

26 Lorsqu’il se rasait la tête — il se rasait chaque année parce que c’était trop lourd, alors il se rasait —, il pesait sa chevelure : soit deux cents sicles, poids du roi. 27 Il naquit à Absalom trois fils et une fille, qui se nommait Tamar ; c’était une belle femme.

Absalom obtient son pardon.

28 Absalom demeura deux ans à Jérusalem, sans être reçu par le roi. 29 Absalom envoya chercher Joab pour l’envoyer chez le roi, mais Joab ne consentit pas à venir chez lui. Il l’envoya chercher encore une seconde fois, mais il ne consentit pas à venir. 30 Absalom dit à ses serviteurs : « Voyez le champ de Joab qui est à côté du mien et où il y a de l’orge, allez y mettre le feu. » Les serviteurs d’Absalom mirent le feu au champ. 31 Joab vint trouver Absalom dans sa maison et lui dit : « Pourquoi tes serviteurs ont-il mis le feu au champ qui m’appartient ? » 32 Absalom répondit à Joab : « C’est que j’avais envoyé te dire : Viens ici, je veux t’envoyer auprès du roi avec ce message : « Pourquoi suis-je revenu de Geshur ? Il vaudrait mieux pour moi y être encore. » Je veux maintenant être reçu par le roi et, si je suis coupable, qu’il me mette à mort ! »

33 Joab se rendit près du roi et lui rapporta ces paroles. Puis il appela Absalom. Celui-ci alla chez le roi, se prosterna devant lui et se jeta la face contre terre devant le roi. Et le roi embrassa Absalom.

Les intrigues d’Absalom.

15 Il arriva après cela qu’Absalom se procura un char et des chevaux, et cinquante hommes couraient devant lui. 2 Levé de bonne heure, Absalom se tenait au bord du chemin qui mène à la porte, et chaque fois qu’un homme, ayant un procès, devait venir au tribunal du roi, Absalom l’interpellait et lui demandait : « De quelle ville es-tu ? » Il répondait : « Ton serviteur est de l’une des tribus d’Israël. »i

i Sans doute ici les tribus du Nord par opposition à Juda. Absalom exploite l’opposition latente des deux groupes qui composaient la nation, voir 19.42s.

3 Alors Absalom lui disait : « Vois ! Ta cause est bonne et juste, mais tu n’auras personne qui t’écoute de la part du roi. » 4 Absalom continuait : « Ah ! qui m’établira juge dans le pays ? Tous ceux qui ont un procès et un jugement viendraient à moi et je leur rendrais justice ! » 5 Et lorsque quelqu’un s’approchait pour se prosterner devant lui, il tendait la main, l’attirait à lui et l’embrassait. 6 Absalom agissait de la sorte envers tous les Israélites qui en appelaient au tribunal du roi et Absalom captait le cœur des gens d’Israël.

Révolte d’Absalom.

7 Au bout de quatre ans,j Absalom dit au roi : « Permets que j’aille m’acquitter à Hébronk du vœu que j’ai fait à Yahvé.

j « quatre » grec luc. ; « quarante » hébr.

k Après avoir travaillé le Nord, Absalom cherche des appuis dans le Sud : Hébron, la première capitale, 2.1s, pouvait avoir gardé rancune à David de lui avoir préféré Jérusalem.

8 Car, lorsque j’étais à Geshur en Aram, ton serviteur a fait ce vœu : Si Yahvé me ramène à Jérusalem, je rendrai un culte à Yahvé. » 9 Le roi lui dit : « Va en paix. » Il se mit donc en route et alla à Hébron.

10 Absalom envoya des émissaires à toutes les tribus d’Israël pour dire : « Quand vous entendrez le son du cor, vous pourrez dire : Absalom est devenu roi à Hébron. » 11 Avec Absalom étaient partis deux cents hommes de Jérusalem ; c’étaient des invités qui étaient venus en toute innocence, n’étant au courant de rien. 12 Absalom chargea d’une mission Ahitophel le Gilonite, conseiller de David, à partir de sa ville de Giloh, alors qu’il offrait des sacrifices. La conjuration devint puissante et, autour d’Absalom, la foule des partisans allait en augmentant.

Fuite de David.

13 Un informateur vint dire à David : « Le cœur des gens d’Israël est tourné vers Absalom. » 14 Alors David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à Jérusalem : « En route, et fuyons ! Autrement nous n’échapperons pas à Absalom. Hâtez-vous de partir ; sinon il pourrait foncer, nous rattraper, nous infliger le pire et frapper la ville au fil de l’épée. »l

l David ne croit pas tout perdu, puisqu’il laisse dans la place des partisans, vv. 27s et 34s. Mais, pris entre les révoltés du Nord et ceux du Sud, il opère une retraite stratégique.

15 Les serviteurs du roi lui dirent : « Quelque choix que fasse Monseigneur le roi, tes serviteurs sont là. »

16 Le roi sortit à pied avec toute sa famille ; cependant le roi laissa dix concubines pour garder le palais. 17 Le roi sortit à pied avec tout le peuple et ils s’arrêtèrent à la dernière maison. 18 Tous ses serviteurs défilaient près de lui. Tous les Kérétiens, tous les Pelétiens, tous les Gittites, six cents hommes venus de Gat à sa suite, défilaient devant le roi. 19 Le roi dit à Ittaï le Gittite : « Pourquoi viens-tu aussi avec nous ? Retourne et demeure avec le roi, car tu es un étranger, tu es même exilé de ton pays. 20 Tu es arrivé d’hier, et aujourd’hui je te ferais errer avec nous, quand je m’en vais à l’aventure ! Retourne et remmène tes frères avec toi, et que Yahvé te témoignem miséricorde et bonté. »

m « et que Yahvé te témoigne » grec ; omis par hébr.

21 Mais Ittaï répondit au roi : « Par la vie de Yahvé et par la vie de Monseigneur le roi, partout où sera Monseigneur le roi, pour la mort et pour la vie, là aussi sera ton serviteur. » 22 David dit alors à Ittaï : « Va et passe. » Et Ittaï le Gittite passa avec tous ses hommes et toute sa smala. 23 Tout le monde pleurait à grands sanglots et le roi défilait dans le torrent du Cédron, et tout le peuple défilait face au chemin qui longe le désert.

Le sort de l’arche.

24 Et voici qu’arrivèrent aussi Sadoq et tous les lévites portant l’arche de l’alliance de Dieu. On déposa l’arche de Dieu, et Ébyatar était là,n jusqu’à ce que tout le peuple eût fini de défiler hors de la ville.

n La mention du prêtre Ébyatar à cet endroit est curieuse, car en 15.27-29 ; 19.12 il est cité à côté de Sadoq. L’entrée des lévites comme porteurs de l’arche a pu entraîner un déplacement d’Ébyatar à l’intérieur du v.

25 Le roi dit à Sadoq : « Rapporte en ville l’arche de Dieu. Si je trouve grâce aux yeux de Yahvé, il me ramènera et me permettra de le revoir ainsi que sa demeure, 26 et s’il dit : « Tu me déplais », me voici : qu’il me fasse comme bon lui semble. » 27 Le roi dit au prêtre Sadoq : « Vois-tu la situation ? Retourne en paix à la ville. Ton fils Ahimaaç et Yehonatân, le fils d’Ébyatar, vos deux fils sont avec vous. 28 Voyez, moi je m’attarderai dans les passes du désert jusqu’à ce que vienne un mot de vous qui m’apporte des nouvelles. » 29 Sadoq et Ébyatar ramenèrent donc l’arche de Dieu à Jérusalem et ils y demeurèrent.

David s’assure le concours de Hushaï.

30 David montait par la Montée des Oliviers, il montait en pleurant, la tête voilée et les pieds nus,o et tout le peuple qui l’accompagnait avait la tête voilée et montait en pleurant.

o Coutumes de deuil, 19.5 ; Ez 24.17, devenues marques de douleur, Jr 14.3s ; Est 6.12 ; Mi 1.8.

31 On avertit alors Davidp qu’Ahitophel était parmi les conjurés avec Absalom, et David dit : « Rends fous, Yahvé, les conseils d’Ahitophel ! »

p « On avertit alors David » grec ; « David avertit » hébr.

32 Comme David arrivait au sommet, là où l’on se prosterne devant Dieu,q il vit venir à sa rencontre Hushaï l’Arkite, la tunique déchirée et de la terre sur la tête.

q Peut-être le sanctuaire de Nob, 1 S 21.2. — Après « hushai l’arkite », grec ajoute « le familier de David », cf. v. 37.

33 David lui dit : « Si tu pars avec moi, tu me seras à charge. 34 Mais si tu retournes en ville et si tu dis à Absalom : « Je serai ton serviteur, Monseigneurr le roi ; auparavant je servais ton père, maintenant je te servirai », alors tu déjoueras à mon profit les conseils d’Ahitophel.

r « Monseigneur » conj. ; « moi » hébr.

35 Sadoq et Ébyatar, les prêtres, ne seront-ils pas avec toi ? Tout ce que tu entendras du palais, tu le rapporteras aux prêtres Sadoq et Ébyatar. 36 Il y a avec eux leurs deux fils, Ahimaaç pour Sadoq, et Yehonatân pour Ébyatar : vous me communiquerez par leur intermédiaire tout ce que vous aurez appris. » 37 Hushaï, le familier de David, rentra en ville au moment où Absalom arrivait à Jérusalem.

David et Çiba.

16 Lorsque David eut un peu dépassé le sommet, Çiba, le domestique de Meribbaal, vint à sa rencontre avec une paire d’ânes bâtés qui portaient deux cents pains, cent grappes de raisins secs, cent fruits de saison et une outre de vin. 2 Le roi demanda à Çiba : « Que veux-tu faire de cela ? » Et Çiba répondit : « Les ânes serviront de monture à la famille du roi, le pain et les fruits de nourriture pour les cadets, et le vin servira de breuvage pour qui sera fatigué dans le désert. » 3 Le roi demanda : « Où donc est le fils de ton maître ? » Et Çiba dit au roi : « Voici qu’il est resté à Jérusalem, car il s’est dit : Aujourd’hui la maison d’Israël me restituera le royaume de mon père. » 4 Le roi dit alors à Çiba : « Tout ce que possède Meribbaal est à toi. » Çiba dit : « Je me prosterne ! Puissé-je être digne de faveur à tes yeux, Monseigneur le roi ! »

Shiméï maudit David.

5 Comme David atteignait Bahurim, il en sortit un homme du même clan que la famille de Saül. Il s’appelait Shiméï, fils de Géra, et il sortait en proférant des malédictions. 6 Il lançait des pierres à David et à tous les serviteurs du roi David, et pourtant tout le peuple et tous les preux encadraient le roi à droite et à gauche. 7 Voici ce que Shiméï disait en le maudissant : « Va-t’en, va-t’en, homme de sang, vaurien ! 8 Yahvé a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül,s dont tu as usurpé la royauté ; aussi Yahvé a-t-il remis la royauté entre les mains de ton fils Absalom. Te voilà livré à ton malheur, parce que tu es un homme de sang. »

s Une allusion au massacre raconté en 21.1-14, qui se réfère au début du règne, cf. 9.1.

9 Abishaï, fils de Çeruya, dit au roi : « Faut-il que ce chien crevé maudisse Monseigneur le roi ? Laisse-moi traverser et lui trancher la tête. » 10 Mais le roi répondit : « Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Çeruya ? S’il maudit et si Yahvé lui a ordonné : « Maudis David », qui donc pourrait lui dire : « Pourquoi as-tu agi ainsi ? » » 11 David dit à Abishaï et à tous ses serviteurs : « Voyez : le fils qui est sorti de mes entrailles en veut à ma vie. À plus forte raison maintenant ce Benjaminite ! Laissez-le maudire, si Yahvé le lui a commandé. 12 Peut-être Yahvé considérera-t-il ma misère et me rendra-t-il le bien au lieu de sa malédiction d’aujourd’hui. » 13 David et ses hommes continuèrent leur route. Quant à Shiméï, il s’avançait au flanc de la montagne, parallèlement à lui, et tout en marchant il proférait des malédictions, lançait des pierrest et jetait de la terre.

t Après « lançait des pierres », hébr. répète « parallèlement à lui ».

14 Le roi et tout le peuple qui l’accompagnait arrivèrent exténuésu et là, on reprit haleine.

u On attendrait ici un nom géographique qui fait défaut. David semble bien avoir atteint le Jourdain.

Hushaï rejoint Absalom.

15 Absalom entra à Jérusalem avec tous les hommes d’Israël, et Ahitophel se trouvait avec lui. 16 Lorsque Hushaï l’Arkite, familier de David, arriva auprès d’Absalom, Hushaï dit à Absalom : « Vive le roi ! Vive le roi ! » 17 Et Absalom dit à Hushaï : « Est-ce la fidélité à l’égard de ton ami ? Pourquoi n’es-tu pas parti avec ton ami ? » 18 Hushaï répondit à Absalom : « Non, car celui que Yahvé a choisi ainsi que ce peuple et tous les hommes d’Israël je veux être à lui et avec lui je demeurerai ! 19 En second lieu, qui vais-je servir ? N’est-ce pas son fils ? Comme j’ai servi ton père, ainsi je te servirai. »

Absalom et les concubines de David.

20 Absalom dit à Ahitophel : « Consultez-vous : qu’allons-nous faire ? » 21 Ahitophel répondit à Absalom : « Approche-toi des concubines de ton père, qu’il a laissées pour garder le palais : tout Israël apprendra que tu t’es rendu odieux à ton père et le courage de tous tes partisans en sera affermi. »v

v L’action d’Absalom est beaucoup plus qu’une parade impure ; en prenant possession du harem de son père, il affirme son droit à la succession, cf. 3.7.

22 On dressa donc pour Absalom une tente sur la terrasse et Absalom s’approcha des concubines de son père aux yeux de tout Israël. 23 Le conseil que donnait Ahitophel en ce temps-là était comme un oracle qu’on aurait obtenu de Dieu ; tel était, tant pour David que pour Absalom, tout conseil d’Ahitophel.

Hushaï déjoue les plans d’Ahitophel.

17 Ahitophel dit à Absalom : « Laisse-moi choisir douze mille hommes et me lancer, cette nuit même, à la poursuite de David. 2 Je tomberai sur lui quand il sera fatigué et sans courage, je l’épouvanterai et tout le peuple qui est avec lui prendra la fuite. Alors je frapperai le roi seul 3 et je ramènerai à toi tout le peuple ; ce sera comme le retour de tous vers l’homme que tu recherches,w tout le peuple sera en paix. »

w Ahitophel se fait fort de ramener le peuple vers Absalom. Une fois David tué, tous ceux qui le suivaient ne manqueront pas de reconnaître Absalom comme roi.

4 La proposition plut à Absalom et à tous les anciens d’Israël.

5 Cependant Absalom dit : « Appelez encore Hushaï l’Arkite, que nous entendions ce qu’il a à dire lui aussi. » 6 Hushaï arriva auprès d’Absalom, et Absalom lui dit : « Ahitophel a parlé de telle manière. Devons-nous faire ce qu’il a dit ? Sinon, parle toi-même. » 7 Hushaï répondit à Absalom : « Pour cette fois le conseil qu’a donné Ahitophel n’est pas bon. » 8 Et Hushaï poursuivit : « Tu sais que ton père et ses gens sont des preux et qu’ils sont exaspérés, comme une ourse sauvage à qui on a ravi ses petits. Ton père est un homme de guerre, il ne laissera pas l’armée se reposer la nuit. 9 Il se cache maintenant dans quelque creux ou dans quelque place. Si, dès l’abord, il y a des victimes dans notre troupe, la rumeur se répandra d’un désastre dans l’armée qui suit Absalom. 10 Alors, même le brave qui a un cœur semblable à celui du lion perdra courage, car tout Israël sait que ton père est un preux et que ceux qui l’accompagnent sont braves. 11 Pour moi, je donne le conseil suivant : que tout Israël, depuis Dan jusqu’à Bersabée, se rassemble autour de toi, aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer, et tu marcheras en personne au combat.w

x L’action proposée est telle qu’elle exige du temps. David, qui attend, 15.28, pourra se mettre en sûreté.

12 Nous l’atteindrons en quelque lieu qu’il se trouve, nous nous abattrons sur lui comme la rosée tombe sur le sol ; de lui et de tous les hommes qui sont avec lui nous n’en laisserons pas un seul. 13 Que s’il se retire dans une ville, tout Israël fera porter des cordes à cette ville et on le traînera jusqu’au torrent, jusqu’à ce qu’on n’y trouve plus un caillou. » 14 Absalom et tous les gens d’Israël dirent : « Le conseil de Hushaï l’Arkite est meilleur que celui d’Ahitophel. » Yahvé avait décidé de faire échouer le plan habile d’Ahitophel, afin d’amener le malheur sur Absalom.

15 Hushaï dit alors aux prêtres Sadoq et Ébyatar : « Ahitophel a donné tel et tel conseil à Absalom et aux anciens d’Israël, mais c’est telle et telle chose que moi j’ai conseillée. 16 Maintenant, envoyez vite avertir David et dites-lui : « Ne bivouaque pas cette nuit dans les passes du désert, mais traverse d’urgence de l’autre côté, de crainte que ne soient anéantis le roi et toute l’armée qui l’accompagne. » »

David, informé, passe le Jourdain.

17 Yehonatân et Ahimaaç étaient postés à la source du Foulon : une servante viendrait les avertir et eux-mêmes iraient avertir le roi David, car ils ne pouvaient pas se découvrir en entrant dans la ville. 18 Mais un jeune homme les aperçut et porta la nouvelle à Absalom. Alors ils partirent tous deux en hâte et arrivèrent à la maison d’un homme de Bahurim. Il y avait dans sa cour une citerne où ils descendirent. 19 La femme prit une bâche, elle l’étendit sur la bouche de la citerne et étala dessus du grain concassé, de sorte qu’on ne remarquait rien.

20 Les serviteurs d’Absalom entrèrent chez cette femme, dans la maison, et demandèrent : « Où sont Ahimaaç et Yehonatân ? », et la femme leur répondit : « Ils sont passés près d’un réservoir d’eau. »y Ils cherchèrent et, ne trouvant rien, revinrent à Jérusalem.

y L’indication est ironique, car les envoyés d’Absalom ignorent qu’il y a une citerne dans la cour.

21 Après leur départ, Ahimaaç et Yehonatân remontèrent de la citerne et allèrent avertir le roi David : « Mettez-vous en route et hâtez-vous de passer l’eau, car voilà le conseil qu’Ahitophel a donné à votre propos. » 22 David et toute l’armée qui l’accompagnait se mirent donc en route et passèrent le Jourdain ; à l’aube, il ne manquait personne qui n’eût passé le Jourdain.

23 Quant à Ahitophel, lorsqu’il vit que son conseil n’était pas suivi, il sella son âne et se mit en route pour aller chez lui dans sa ville. Il mit ordre à sa maison, puis il s’étrangla et mourut.z On l’ensevelit dans le tombeau de son père.

z Seul cas de suicide mentionné dans l’AT, en dehors de ceux où un guerrier se donne la mort pour échapper à l’ennemi, Jg 9.54 ; 1 S 31.4s ; 1 R 16.18 ; 2 M 14.41s, et le cas très particulier de Samson, Jg 16.28s.

Absalom franchit le Jourdain. David à Mahanayim.

24 David était arrivé à Mahanayim lorsqu’Absalom franchit le Jourdain avec tous les hommes d’Israël. 25 Absalom avait mis Amasa à la tête de l’armée à la place de Joab. Or Amasa était le fils d’un homme qui s’appelait Yitra l’Israélitea et qui s’était uni à Abigayil, fille de Nahash et sœur de Çeruya, la mère de Joab.

a Amasa est donc le cousin de Joab, mais la généalogie n’est pas très claire et le grec l’a transmise autrement.

26 Israël et Absalom dressèrent leur camp au pays de Galaad.

27 Lorsque David arriva à Mahanayim, Shobi, fils de Nahash, de Rabba des Ammonites, Makir, fils d’Ammiel, de Lo-Debar, et Barzillaï le Galaadite, de Roglim, 28 apportèrent du matériel de couchage, des lainages, ainsi que de la vaisselle, du blé, de l’orge, de la farine, des épis grillés, des fèves, des lentilles,b

b L’hébr. répète « des épis grillés » à la fin du v. 28. Certains termes de l’énumération au v. 29 sont de traduction incertaine.

29 du miel, du beurre, des moutons et des morceaux de bœuf, qu’ils offrirent à David et au peuple qui l’accompagnait pour qu’ils s’en nourrissent. En effet, ils s’étaient dit : « L’armée a souffert de la faim, de la fatigue et de la soif dans le désert. »

Défaite du parti d’Absalom.

18 David passa en revue la troupe qui était avec lui et il mit à sa tête des chefs de mille et des chefs de cent. 2 David divisa la troupe en trois :c un tiers aux mains de Joab, un tiers aux mains d’Abishaï, fils de Çeruya et frère de Joab, un tiers aux mains d’Ittaï le Gittite. Puis le roi dit à la troupe : « Je partirai en guerre avec vous moi aussi. »

c « divisa en trois » grec luc. ; « envoya » hébr.

3 Mais la troupe répondit : « Tu ne dois pas partir. Car, si nous prenions la fuite, on n’y ferait pas attention, et si la moitié d’entre nous mourait, on n’y ferait pas attention, tandis que toi tu es comme dix mille d’entre nous. Et puis, il vaut mieux que tu nous sois un secours prêt à venir de la ville. » 4 David leur dit : « Je ferai ce qui vous semble bon. » Le roi se tint à côté de la porte, tandis que l’armée sortait par unités de cent et de mille. 5 Le roi fit un commandement à Joab, à Abishaï et à Ittaï : « Par égard pour moi, ménagez le jeune Absalom ! » et toute l’armée entendit que le roi donnait à tous les chefs cet ordre concernant Absalom. 6 La troupe sortit en pleine campagne à la rencontre d’Israël et la bataille eut lieu dans la forêt d’Éphraïm.d

d Localisation incertaine.

7 Là, le peuple d’Israël fut battu devant les serviteurs de David, et ce fut ce jour-là une grande défaite, qui frappa vingt mille hommes. 8 Le combat s’éparpilla dans toute la région et, ce jour-là, la forêt fit dans l’armée plus de victimes que l’épée.

Mort d’Absalom.

9 Absalom se heurta par hasard à des serviteurs de David. Absalom montait un mulet et le mulet s’engagea sous la ramure d’un grand chêne. La tête d’Absalom se prit dans le chêne et il resta suspendue entre ciel et terre tandis que continuait le mulet qui était sous lui.

e « resta suspendu » versions ; « fut mis » hébr.

10 Quelqu’un l’aperçut et prévint Joab : « Je viens de voir, dit-il, Absalom suspendu à un chêne. » 11 Joab répondit à l’homme qui portait cette nouvelle : « Puisque tu l’as vu, pourquoi ne l’as-tu pas abattu sur place ? J’aurais pris sur moi de te donner dix sicles d’argent et une ceinture ! » 12 Mais l’homme répondit à Joab : « Quand même je soupèserais dans mes paumes mille sicles d’argent, je ne porterais pas la main sur le fils du roi ! C’est à nos oreilles que le roi t’a donné cet ordre ainsi qu’à Abishaï et à Ittaï : « Surveillez quiconque s’en prendrait au jeune Absalom. » 13 Que si je m’étais menti à moi-même, rien ne reste caché au roi, et toi, tu te serais tenu à distance. » 14 Alors Joab dit : « Je ne vais pas ainsi perdre mon temps avec toi. » Il prit en mains trois épieux et les planta dans le cœur d’Absalom encore vivant au milieu du chêne. 15 Dix jeunes gens, les écuyers de Joab, se disposèrent en cercle, frappèrent Absalom et le mirent à mort.

16 Joab fit alors sonner du cor et la troupe cessa de poursuivre Israël, car Joab retint l’armée. 17 On prit Absalom, on le jeta dans une grande fosse en pleine forêt et on dressa sur lui un énorme monceau de pierres. Tous les Israélites s’étaient enfuis, chacun à ses tentes.

18 De son vivant, Absalom avait entrepris de s’ériger la stèle qui est dans la vallée du Roi, car il s’était dit : « Je n’ai pas de fils pour commémorer mon nom », et il avait donné son nom à la stèle. On l’appelle encore aujourd’hui le monument d’Absalom.f

f Ce monument, litt. cette « main d’Absalom », n’est pas le tombeau hellénistique qu’on montre dans la vallée du Cédron. C’était une maççebah, une stèle funéraire, cf. Gn 35.20.

Les nouvelles sont portées à David.

19 Ahimaaç, fils de Sadoq, dit : « Je voudrais courir et annoncer au roi cette bonne nouvelle, que Yahvé lui a rendu justice en le délivrant de ses ennemis. »

20 Mais Joab lui dit : « Tu ne serais pas un porteur de bonne nouvelle aujourd’hui ; tu le seras un autre jour, mais aujourd’hui tu ne porterais pas une bonne nouvelle, puisque le fils du roi est mort. » 21 Et Joab dit au Kushite :g « Va rapporter au roi tout ce que tu as vu. » Le Kushite se prosterna devant Joab et partit en courant.

g Un esclave nubien (Kush est la région comprise entre l’Égypte et le Soudan), donc noir, peut-être choisi pour cela comme messager de mauvais augure.

22 Ahimaaç, fils de Sadoq, insista encore et dit à Joab : « Advienne que pourra, je veux courir moi aussi derrière le Kushite. » Joab dit : « Pourquoi courrais-tu, mon fils, sans bonne nouvelle qui te vaudrait une récompense ? »h

h Le porteur d’une bonne nouvelle reçoit une gratification, 4.10.

23 Il reprit : « Advienne que pourra, je courrai ! » Joab lui dit : « Cours donc. » Et Ahimaaç partit en courant par le chemin de la Plaine et il dépassa le Kushite.

24 David était assis entre les deux portes. Le guetteur étant monté à la terrasse de la porte, sur le rempart, leva les yeux et aperçut un homme qui courait seul.

25 Le guetteur cria et avertit le roi, et le roi dit : « S’il est seul, c’est qu’il a une bonne nouvelle sur les lèvres. » i Comme celui-là continuait d’approcher,

i Un désastre serait annoncé par une bande de fuyards.

26 le guetteur vit un autre homme qui courait et il appela le portier en lui disant : « Voici un autre homme, qui court seul. » Et David dit : « Celui-ci est encore un porteur de bonne nouvelle. » 27 Le guetteur dit : « Je reconnais la façon de courir du premier, c’est la façon de courir d’Ahimaaç, fils de Sadoq. » Le roi dit : « C’est un homme de bien, il vient pour une bonne nouvelle. »

28 Ahimaaç cria et dit au roi : « Tout va bien. » Il se prosterna face contre terre devant le roi et poursuivit : « Béni soit Yahvé ton Dieu qui a livré les hommes qui avaient levé la main contre Monseigneur le roi ! » 29 Le roi demanda : « En va-t-il bien pour le jeune Absalom ? » Et Ahimaaç répondit : « J’ai vu un grand tumulte quand Joab a envoyé un serviteur du roi et ton serviteur, mais je ne sais pas ce que c’était. »j

j Ahimaaç s’efforce de passer au second plan et laisse à l’autre messager le soin d’annoncer la mauvaise nouvelle.

30 Le roi dit : « Range-toi et tiens-toi là. » Il se rangea et attendit.

31 Alors arriva le Kushite et il dit : « Que Monseigneur le roi apprenne la bonne nouvelle. Yahvé t’a rendu justice aujourd’hui en te délivrant de tous ceux qui s’étaient dressés contre toi. » 32 Le roi demanda au Kushite : « Tout va-t-il bien pour le jeune Absalom ? » Et le Kushite répondit : « Qu’ils aient le sort de ce jeune homme, les ennemis de Monseigneur le roi et tous ceux qui se sont dressés contre toi pour le mal ! »

Douleur de David.

19 Alors le roi frémit. Il monta dans la chambre au-dessus de la porte ; il parlait ainsi tandis qu’il s’en allait : « Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! que ne suis-je mort à ta place ! Absalom mon fils ! mon fils ! » 2 On prévint Joab : « Voici que le roi pleure et se lamente sur Absalom. » 3 La victoire, ce jour-là, se changea en deuil pour toute l’armée, car l’armée apprit ce jour-là que le roi était dans l’affliction à cause de son fils. 4 Et ce jour-là, l’armée rentra furtivement dans la ville, comme se dérobe une armée qui s’est couverte de honte en fuyant durant la bataille. 5 Le roi s’était voilé le visage et poussait de grands cris : « Mon fils Absalom ! Absalom mon fils ! mon fils ! »

6 Joab se rendit auprès du roi à l’intérieur et dit : « Tu couvres aujourd’hui de honte le visage de tous tes serviteurs qui ont sauvé aujourd’hui ta vie, celle de tes fils et de tes filles, celle de tes femmes et celle de tes concubines, 7 parce que tu aimes ceux qui te haïssent et que tu hais ceux qui t’aiment. En effet, tu as manifesté aujourd’hui que chefs et serviteurs n’étaient rien pour toi, car je sais maintenant que, si Absalom vivait et si nous étions tous morts aujourd’hui, tu trouverais cela très bien. 8 Allons, je t’en prie, sors et parle au cœur de tes serviteurs, car, je le jure par Yahvé, si tu ne sors pas, il n’y aura personne qui passe cette nuit avec toi, et ce sera pour toi un malheur plus grand que tous les malheurs qui te sont advenus depuis ta jeunesse jusqu’à présent. » 9 Le roi se leva et vint s’asseoir à la porte. On l’annonça à toute l’armée : « Voici, dit-on, que le roi est assis à la porte », et toute l’armée se rendit devant le roi.

On prépare le retour de David.

Israël s’était enfui chacun à ses tentes. 10 Dans toutes les tribus d’Israël, tout le peuple discutait. On disait : « C’est le roi qui nous a délivrés de la main de nos ennemis, c’est lui qui nous a sauvés de la main des Philistins et maintenant il a dû s’enfuir du pays, loin d’Absalom. 11 Quant à Absalom que nous avions oint pour qu’il régnât sur nous, il est mort dans la bataille. Qu’attendez-vous donc pour faire revenir le roi ? »

12 De son côté le roi David envoya dire aux prêtres Sadoq et Ébyatar : « Parlez ainsi aux anciens de Juda : “Pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi à la maison ? La parole de tout Israël est pourtant parvenue au roi.k

k David veut être rappelé d’abord par sa tribu c’est la voix du sang, et aussi le pressentiment que sa dynastie ne peut compter que sur la fidélité de Juda. — L’hébr. répète à la fin du v. 12 « à la maison ».

13 Vous êtes mes frères. Mes os et ma chair c’est vous. Pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi ?” » 14 Et vous direz à Amasal : “N’es-tu pas mes os et ma chair ? Que Dieu me fasse ce mal et qu’il ajoute cet autre si tu n’es pas chef de l’armée en ma présence pour toujours à la place de Joab.” »

l Le chef militaire de la révolte, 17.25 ; c’est lui surtout qu’il faut gagner. David supporte mal les violences de Joab et voudrait l’écarter, mais Joab se débarrassera de son rival, 20.8-13, et restera à son poste juqu’à la mort de David, 1 R 2.5s, 28s.

15 Il rallia ainsi le cœur de tous les hommes de Juda comme d’un seul homme et ils envoyèrent dire au roi : « Reviens, toi et tous tes serviteurs. »

Épisodes du retour : Shiméï.

16 Le roi revint donc et atteignit le Jourdain. Juda était arrivé à Gilgal, venant à la rencontre du roi, pour aider le roi à passer le Jourdain. 17 En hâte, Shiméï, fils de Géra, le Benjaminite de Bahurim, descendit avec les gens de Juda au-devant du roi David. 18 Il avait avec lui mille hommes de Benjamin et Çiba, le domestique de la maison de Saül, ses quinze fils et ses vingt serviteurs avec lui. Ils se précipitèrent au Jourdain au-devant du roi. 19 Le bac allait d’un bord à l’autre pour faire traverser la famille du roi et satisfaire son bon plaisir.

Shiméï fils de Géra se jeta aux pieds du roi quand il traversait le Jourdain, 20 et il dit au roi : « Que Monseigneur ne m’impute pas de faute ! Ne te souviens pas du mal que ton serviteur a commis le jour où Monseigneur le roi est sorti de Jérusalem. Que le roi ne le prenne pas à cœur ! 21 Oui, ton serviteur le sait : j’ai péché, et voici que je suis venu aujourd’hui le premier de toute la maison de Josephm pour descendre au-devant de Monseigneur le roi. »

m À laquelle est quelquefois rattaché Benjamin.

22 Abishaï fils de Çeruya prit alors la parole et dit : « Shiméï ne mérite-t-il pas la mort pour avoir maudit l’oint de Yahvé ? » 23 Mais David dit : « Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Çeruya, pour que vous deveniez aujourd’hui mes adversaires ? Quelqu’un pourrait-il aujourd’hui être mis à mort en Israël ? N’ai-je pas l’assurance qu’aujourd’hui je suis roi sur Israël ? » 24 Le roi dit à Shiméï : « Tu ne mourras pas », et le roi le lui jura.n

n Mais il se réserve une vengeance posthume, 1 R 2.8s, 36-46.

Mephibaal.

25 Mephibaal, le fils de Saül, était descendu aussi au-devant du roi. Il n’avait pris soin ni de ses pieds ni de sa moustache, il n’avait pas lavé ses vêtements depuis le jour où le roi était parti jusqu’au jour où il revint en paix à Jérusalem.o

o La mention « à Jérusalem » qui se trouve dans l’hébr. au début du v. 26 est mieux en place ici et a été déplacée au cours de la transmission du texte.

26 Or, lorsqu’il vint au-devant du roi, celui-ci lui demanda : « Pourquoi n’es-tu pas venu avec moi, Mephibaal ? » 27 Il répondit : « Monseigneur le roi, mon serviteur m’a trompé. Ton serviteur s’était dit : « Je vais seller mon ânesse pour la monter et partir avec le roi », car ton serviteur est boiteux. 28 Il a calomnié ton serviteur auprès de Monseigneur le roi. Mais Monseigneur le roi est comme l’Ange de Dieu : agis comme il te semble bon. 29 Car toute la famille de mon père méritait seulement la mort de la part de Monseigneur le roi, et pourtant tu as admis ton serviteur parmi ceux qui mangent à ta table. Quel droit puis-je avoir d’implorer encore le roi ? » 30 Le roi dit : « Pourquoi parles-tu encore de ton affaire ? Je le déclare : toi et Çiba vous partagerez les terres. » 31 Mephibaal dit au roi : « Qu’il prenne donc tout puisque Monseigneur le roi est rentré en paix chez lui ! »

Barzillaï.

32 Barzillaï le Galaadite était descendu de Roglim et avait continué avec le roi vers le Jourdain pour prendre congé de lui au Jourdain. 33 Barzillaï était très âgé, il avait quatre-vingts ans. Il avait pourvu à l’entretien du roi pendant son séjour à Mahanayim, car c’était un homme très riche. 34 Le roi dit à Barzillaï : « Continue avec moi et je prendrai soin de toi auprès de moi à Jérusalem. » 35 Mais Barzillaï répondit au roi : « Combien d’années me reste-t-il à vivre, pour que je monte avec le roi à Jérusalem ? 36 J’ai maintenant quatre-vingts ans : puis-je distinguer ce qui est bon et ce qui est mauvais ? Ton serviteur a-t-il le goût de ce qu’il mange et de ce qu’il boit ? Puis-je entendre encore la voix des chanteurs et des chanteuses ? Pourquoi ton serviteur serait-il encore à charge à Monseigneur le roi ? 37 Pour un peu ton serviteur passerait le Jourdain avec le roi. Mais pourquoi le roi m’accorderait-il une telle récompense ? 38 Permets à ton serviteur de s’en retourner : je mourrai dans ma ville près du tombeau de mon père et de ma mère. Mais voici ton serviteur Kimhâm,p qu’il continue avec Monseigneur le roi, et agis comme bon te semble à son égard. »

p Le fils de Barzillaï.

39 Le roi dit : « Que Kimhâm continue donc avec moi, je ferai pour lui ce qui te plaira et tout ce que tu solliciteras de moi, je le ferai pour toi. » 40 Tout le peuple passa le Jourdain, le roi passa, il embrassa Barzillaï et le bénit, et celui-ci s’en retourna chez lui.

Juda et Israël se disputent le roi.

41 Le roi continua vers Gilgal. Kimhâmq continua avec lui ainsi que tout le peuple de Juda. Ils firent passer le roi et aussi la moitié du peuple d’Israël.

q L’hébr. donne ici de ce nom propre une orthographe différente de celle que l’on a aux vv. 38-39.

42 Et voici que tous les hommes d’Israël vinrent auprès du roi et lui dirent : « Pourquoi nos frères, les hommes de Juda, t’ont-ils enlevé et ont-ils fait passer le Jourdain au roi et à sa famille, et à tous les hommes de David avec lui ? » 43 Tous les hommes de Juda répondirent aux hommes d’Israël : « C’est que le roi m’est plus apparenté ! Pourquoi t’irriter à ce propos ? Avons-nous mangé quelque chose qui vienne du roi ? A-t-on prélevé quelque chose pour nous ? »

44 Les hommes d’Israël répliquèrent aux hommes de Juda et dirent : « J’ai dix parts sur le roi et même sur David j’ai plus de droits que toi. Pourquoi m’as-tu méprisé ? N’ai-je pas parlé le premier de faire revenir mon roi ? » Mais les propos des hommes de Juda furent plus violents que ceux des hommes d’Israël.

Révolte de Shéba.r

20 Là se trouva par hasard un vaurien. Il se nommait Shéba, fils de Bikri, un Benjaminite. Il sonna du cor et dit :

« Nous n’avons pas de part avec David,
nous n’avons pas d’héritage sur les fils de Jessé !
Chacun à ses tentes, Israël ! »

r Dans cette révolte soulevée par un Benjaminite, il n’y a pas seulement la rancune de la tribu de Saül. En elle éclate l’inimitié entre Israël et Juda.

2 Tous les hommes d’Israël remontèrent, quittant David pour suivre Shéba fils de Bikri, mais les hommes de Juda s’attachèrent aux pas de leur roi, depuis le Jourdain jusqu’à Jérusalem.

3 David rentra dans son palais à Jérusalem. Le roi prit les dix concubines qu’il avait laissées pour garder le palais et les mit sous surveillance. Il pourvut à leur entretien mais il n’approcha plus d’elles et elles furent séquestrées jusqu’à leur mort, comme les veuves d’un vivant.

Assassinat d’Amasa.

4 Le roi dit à Amasa : « Convoque-moi les hommes de Juda dans les trois jours et toi, tiens-toi ici. » 5 Amasa partit pour convoquer Juda, mais il tarda au-delà du terme que David lui avait fixé. 6 Alors David dit à Abishaï : « Shéba, fils de Bikri, va nous faire plus de mal qu’Absalom. Toi, prends les serviteurs de ton maître et pars à sa poursuite ; sinon il pourrait gagner des villes fortifiées et échapper à nos regards. » 7 Derrière lui sortirent les hommes, Joab, les Kérétiens, les Pelétiens et tous les preux ; et ils sortirent de Jérusalem à la poursuite de Shéba fils de Bikri. 8 Ils étaient près de la grande pierre qui se trouve à Gabaôn, quand Amasa arriva en face d’eux. Or Joab était vêtu de sa tenue militaire sur laquelle il avait ceint une épée attachée à ses reins dans son fourreau ; celle-ci sortit et tomba. 9 Joab demanda à Amasa : « Tu vas bien, mon frère ? » Et, de la main droite, il saisit la barbe d’Amasa pour l’embrasser.

10 Amasa ne prit pas garde à l’épée que Joab avait en main, et celui-ci l’en frappa au ventre et répandit ses entrailles à terre. Il n’eut pas à lui donner un second coup et Amasa mourut, tandis que Joab et son frère Abishaï se lançaient à la poursuite de Shéba, fils de Bikri.

11 L’un des cadets de Joab resta en faction près d’Amasa et il disait : « Quiconque aime Joab et est pour David, qu’il suive Joab ! » 12 Cependant Amasa s’était roulé dans son sang au milieu du chemin. Voyant que tout le monde s’arrêtait, cet homme tira Amasa du chemin dans le champ et jeta un vêtement sur lui, parce qu’il voyait s’arrêter tous ceux qui arrivaient près de lui.

13 Lorsqu’Amasa eut été écarté du chemin, tous les hommes passèrent outre, suivant Joabs à la poursuite de Shéba fils de Bikri.

s Par son prestige, Joab s’impose comme chef contre la volonté du roi et l’armée se rallie à lui.

Fin de la révolte.

14 Celui-ci parcourut toutes les tribus d’Israël jusqu’à Abel-Bet-Maaka.t Tous ces alliés se rassemblèrent et allèrent même à sa suite.u

t Ville forte voisine de Dan, v. 18, à l’extrême nord du territoire isréalite.

u Le verset n’est pas très clair, mais il semble que ce soit Joab qui parcourt le territoire d’Israël, renforce sa troupe et fait le siège d’Abel-Bet-Maaka.

15 Ils vinrent l’assiéger dans Abel-Bet-Maaka et ils entassèrent contre la ville un remblai qui s’adossait à l’avant-mur, et toute l’armée qui accompagnait Joab sapait le rempart pour le faire tomber. 16 Une femme avisée cria de la ville : « Écoutez ! Écoutez ! Dites à Joab : « Approche ici, que je te parle. » » 17 Il s’approcha et la femme demanda : « Est-ce toi Joab ? » Il répondit : « Oui. » Elle lui dit : « Écoute la parole de ta servante. » Il répondit : « J’écoute. » 18 Elle parla ainsi : « Jadis, on avait coutume de dire : Qu’on procède donc à une consultation à Abel et, de cette façon, l’affaire est close. 19 Alors que moi je suis composée d’hommes d’Israël intègres et loyaux,v toi tu cherches à faire périr une ville et une métropole en Israël. Pourquoi veux-tu anéantir l’héritage de Yahvé ? »

v La femme parle au nom de la ville dont la réputation en matière de jugement est proverbiale.

20 Joab répondit : « Loin, loin de moi ! Je ne veux ni anéantir ni ruiner. 21 Il ne s’agit pas de cela, mais un homme de la montagne d’Éphraïm, du nom de Shéba fils de Bikri, s’est insurgé contre le roi David. Livrez-le tout seul et je lèverai le siège de la ville. » La femme dit à Joab : « Eh bien, on va te jeter sa tête par-dessus la muraille. »

22 La femme affronta tout le peuple avec sa seule sagesse : on trancha la tête de Shéba, fils de Bikri, et on la jeta à Joab. Celui-ci fit sonner du cor et on s’éloigna de la ville, chacun vers ses tentes. Quant à Joab, il revint à Jérusalem auprès du roi.

Les grands officiers de David.

23 Joab commandait à toute l’armée d’Israël ; Benayahu fils de Yehoyada commandait les Kérétiens et les Pelétiens ; 24 Adoram était chef de la corvée ; Yehoshaphat fils d’Ahilud était héraut ; 25 Shiya était secrétaire ; Sadoq et Ébyatar étaient prêtres. 26 De plus, Ira le Yaïrite était prêtre de David.