i « Craindre Yahvé » devient une expression typique de la fidélité à l’alliance. Désormais la crainte, Ex 20.20, comporte à la fois un amour qui répond à celui de Dieu, 4.37, et une obéissance absolue à tout ce que Dieu commande, 6.2-5 ; 10.12-15 ; cf. Gn 22.12. Le contenu religieux et moral de cette crainte ira sans cesse en s’affinant, Jos 24.14 ; 1 R 18.3, 12 ; 2 R 4.1 ; Pr 1.7 ; Isa 11.2 ; Jr 32.39, etc.
4 Écoute, Israël : Yahvé notre Dieu est le seul Yahvé.j
j Autre traduction parfois proposée « Écoute Israël, c’est Yahvé notre Dieu, Yahvé seul. » Mais l’expression semble bien être une affirmation de monothéisme. Elle deviendra le début de la prière dite Shema (« Écoute »), qui reste l’une des plus chères à la piété juive. — Au long de l’histoire d’Israël, cette foi en un Dieu unique n’a cessé de se dégager, avec une précision croissante, de la foi en l’élection et l’alliance, Gn 6.18 ; 12.1 ; 15.1, etc. L’existence d’autres dieux n’a jamais été expressément affirmée aux temps anciens, mais de plus en plus l’affirmation du Dieu vivant, 5.26, seul maître du monde comme de son peuple, Ex 3.14 ; 1 R 8.56-60 ; 18.21 ; 2 R 19.15-19 ; Si 1.8-9 ; Am 4.13 ; 5.8 ; Isa 42.8 ; Za 14.9 ; Mi 1.11, s’est doublée d’une négation systématique des faux dieux, Sg 13.10 ; 14.13 ; Isa 40.20 ; 41.21.
k L’amour de Dieu n’est pas proposé au choix, c’est un commandement. Cet amour qui répond à l’amour de Dieu pour son peuple, 4.37 ; 7.8 ; 10.15, inclut la crainte de Dieu, l’obligation de son service et l’observance de ses préceptes, ici v. 13, 10.12-13 ; 11.1 ; cf. 30.2. Ce commandement d’amour ne se trouve pas explicitement en dehors du Dt, mais l’équivalent est donné par 2 R 23.25 et par Os 6.6. À défaut de précepte, le sentiment de l’amour envers Dieu traverse les livres prophétiques, surtout Osée et Jérémie, et les Psaumes. Jésus, citant 6.5, donnera comme plus grand commandement l’amour de Dieu, Mt 22.37, un amour qui s’allie à la crainte filiale mais exclut la crainte servile, 1 Jn 4.18.
12 Et maintenant, Israël, que te demande Yahvé ton Dieu, sinon de craindre Yahvé ton Dieu, de suivre toutes ses voies, de l’aimer, de servir Yahvé ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme,
w Cette dernière section du discours reprend le style direct et énonce les exigences de l’alliance avec Dieu, en faisant des emprunts aux formulaires des traités d’alliance, ainsi la déclaration d’entrée, 10.12s, le rappel historique, 11.2-7, la description du pays, 11.10-12, 24, et les bénédictions et malédictions, 11.16-17, 22-23, 26-29.
14 C’est bien à Yahvé ton Dieu qu’appartiennent les cieux et les cieux des cieux,x la terre et tout ce qui s’y trouve.
x Cette tournure exprime en hébreu le superlatif. Les « cieux des cieux » sont les cieux les plus élevés.