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Bible de Jérusalem

Genèse 37.12-36

Joseph vendu par ses frères.s

12 Ses frères allèrent paître le petit bétail de leur père à Sichem.

s On discerne ici les éléments de deux traditions, élohiste et yahviste ; ils ont été combinés et leur dualité apparaît surtout dans la partie finale, vv. 18s. D’après la première, les fils de « Jacob » veulent tuer Joseph et Ruben obtient qu’on le jette seulement dans une citerne, d’où il espère le retirer ; mais des marchands madianites, passant à l’insu des frères, enlèvent Joseph et l’emmènent en Égypte. D’après la seconde, les fils d’« Israël » veulent tuer Joseph, mais Juda leur propose de le vendre plutôt à une caravane d’Ismaélites en route pour l’Égypte. Le résultat est le même dans les deux cas Joseph est vendu à Potiphar, eunuque de Pharaon, v. 36 et 39.1. Sur « Jacob-Israël » cf. 32.29.

13 Israël dit à Joseph : « Tes frères ne sont-ils pas au pâturage à Sichem ? Viens, je vais t’envoyer vers eux » et il répondit : « Je suis prêt. » 14 Il lui dit : « Va donc voir comment se portent tes frères et le bétail, et rapporte-moi des nouvelles. » Il l’envoya de la vallée d’Hébron et Joseph arriva à Sichem.

15 Un homme le rencontra errant dans la campagne et cet homme lui demanda : « Que cherches-tu ? » 16 Il répondit : « Je cherche mes frères. Indique-moi, je te prie, où ils paissent leurs troupeaux. » 17 L’homme dit : « Ils ont décampé d’ici, je les ai entendus qui disaient : Allons à Dotân » ; Joseph partit en quête de ses frères et il les trouva à Dotân.

18 Ils l’aperçurent de loin et, avant qu’il n’arrivât près d’eux, ils complotèrent de le faire mourir. 19 Ils se dirent entre eux : « Voilà l’homme aux songes qui arrive ! 20 Maintenant, venez, tuons-le et jetons-le dans n’importe quelle citerne ; nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré. Nous allons voir ce qu’il adviendra de ses songes ! »

21 Mais Ruben entendit et il le sauva de leurs mains. Il dit : « N’attentons pas à sa vie ! » 22 Ruben leur dit : « Ne répandez pas le sang ! Jetez-le dans cette citerne du désert, mais ne portez pas la main sur lui ! » C’était pour le sauver de leurs mains et le ramener à son père. 23 Donc, lorsque Joseph arriva près de ses frères, ils le dépouillèrent de sa tunique, la tunique ornée qu’il portait. 24 Ils se saisirent de lui et le jetèrent dans la citerne ; c’était une citerne vide, où il n’y avait pas d’eau. 25 Puis ils s’assirent pour manger.

Comme ils levaient les yeux, voici qu’ils aperçurent une caravane d’Ismaélites qui venait de Galaad. Leurs chameaux étaient chargés de gomme adragante, de baume et de ladanum, qu’ils allaient livrer en Égypte. 26 Alors Juda dit à ses frères : « Quel profit y aurait-il à tuer notre frère et couvrir son sang ?t

t Pour éviter que le sang de la victime ne crie vers le ciel, 4.10, le meurtrier le couvrait de terre, Ez 24.7 ; Jb 16.18.

27 Venez, vendons-le aux Ismaélites, mais ne portons pas la main sur lui : il est notre frère, de la même chair que nous. » Et ses frères l’écoutèrent.

28 Or des gens passèrent, des marchands madianites, et ils retirèrent Joseph de la citerne. Ils vendirent Joseph aux Ismaélites pour vingt sicles d’argent et ceux-ci le conduisirent en Égypte. 29 Lorsque Ruben retourna à la citerne, voilà que Joseph n’y était plus ! Il déchira ses vêtements 30 et, revenant vers ses frères, il dit : « L’enfant n’est plus là ! Et moi, où vais-je aller ? »

31 Ils prirent la tunique de Joseph et, ayant égorgé un bouc, ils trempèrent la tunique dans le sang. 32 Ils envoyèrent la tunique ornée, ils la firent porter à leur père avec ces mots : « Voilà ce que nous avons trouvé ! Regarde si ce ne serait pas la tunique de ton fils. » 33 Celui-ci regarda et dit : « C’est la tunique de mon fils ! Une bête féroce l’a dévoré. Joseph a été mis en pièces ! » 34 Jacob déchira son vêtement, il mit un sac sur ses reins et fit le deuil de son fils pendant longtemps. 35 Tous ses fils et ses filles vinrent pour le consoler, mais il refusa toute consolation et dit : « Non, c’est en deuil que je veux descendre au shéol auprès de mon fils. » Et son père le pleura.

36 Cependant, les Madianites l’avaient vendu en Égypte à Potiphar, eunuque de Pharaon et commandant des gardes.

Genèse 39-41

Les débuts de Joseph en Égypte.f

39 Joseph avait donc été emmené en Égypte. Potiphar, eunuque de Pharaon et commandant des gardes, un Égyptien, l’acheta aux Ismaélites qui l’avaient emmené là-bas.

f Ce récit continue 37 dans la ligne de la tradition yahviste, mais les vv. 2-6 semblent assez répétitifs. Le chap. 40, élohiste, racontera l’histoire d’une manière différente. Ces deux traditions ont été unifiées par des retouches rédactionnelles, ici la mention de Potiphar, commandant des gardes, au v. 1, cf. 37.36 ; 40.3.

2 Or Yahvé assista Joseph, à qui tout réussit, et il resta dans la maison de son maître, l’Égyptien. 3 Comme son maître voyait que Yahvé l’assistait et faisait réussir entre ses mains tout ce qu’il entreprenait,

4 Joseph trouva grâce à ses yeux : il fut attaché au service du maître, qui l’institua son majordome et lui confia tout ce qui lui appartenait. 5 Et, à partir du moment où il l’eut préposé à sa maison et à ce qui lui appartenait, Yahvé bénit la maison de l’Égyptien, en considération de Joseph : la bénédiction de Yahvé atteignit tout ce qu’il possédait à la maison et aux champs. 6 Alors, il abandonna entre les mains de Joseph tout ce qu’il avait et, avec lui, il ne se préoccupa plus de rien, sauf de la nourriture qu’il prenait. Joseph avait une belle prestance et un beau visage.

Joseph et la séductrice.g

7 Il arriva, après ces événements, que la femme de son maître jeta les yeux sur Joseph et dit : « Couche avec moi ! »

g La narration des vv. 7-20 ressemble à un récit égyptien, le « Conte des deux frères », mais celui-ci est beaucoup plus développé ; dans le conte égyptien, le frère sur qui tombe l’accusation de la femme doit fuir, alors que Joseph est mis en prison, et la femme est tuée par son mari à cause de sa fourberie.

8 Mais il refusa et dit à la femme de son maître : « Avec moi, mon maître ne se préoccupe pas de ce qui se passe à la maison et il m’a confié tout ce qui lui appartient. 9 Lui-même n’est pas plus puissant que moi dans cette maison : il ne m’a rien interdit que toi, parce que tu es sa femme. Comment pourrais-je accomplir un aussi grand mal et pécher contre Dieu ? » 10 Bien qu’elle parlât à Joseph chaque jour, il ne consentit pas à coucher à son côté, à se donner à elle.

11 Or, un certain jour, Joseph vint à la maison pour faire son service et il n’y avait là, dans la maison, aucun des domestiques. 12 La femme le saisit par son vêtement en disant : « Couche avec moi ! » mais il abandonna le vêtement entre ses mains, prit la fuite et sortit. 13 Voyant qu’il avait laissé le vêtement entre ses mains et qu’il s’était enfui dehors, 14 elle appela ses domestiques et leur dit : « Voyez cela ! Il nous a amené un Hébreu pour badiner avec nous ! Il m’a approchée pour coucher avec moi, mais j’ai poussé un grand cri, 15 et en entendant que j’élevais la voix et que j’appelais il a laissé son vêtement près de moi, il a pris la fuite et il est sorti. »

16 Elle déposa le vêtement à côté d’elle en attendant que le maître vînt à la maison. 17 Alors, elle lui dit les mêmes paroles : « L’esclave hébreu que tu nous as amené m’a approchée pour badiner avec moi 18 et, quand j’ai élevé la voix et appelé, il a laissé son vêtement près de moi et il s’est enfui dehors. » 19 Lorsque le mari entendit ce que lui disait sa femme : « Voilà de quelle manière ton esclave a agi envers moi », sa colère s’enflamma. 20 Le maître de Joseph le fit saisir et mettre en geôle, là où étaient détenus les prisonniers du roi.

Joseph en prison.

Ainsi, il demeura en geôle. 21 Mais Yahvé assista Joseph, il étendit sur lui sa bonté et lui fit trouver grâce aux yeux du geôlier chef. 22 Le geôlier chef confia à Joseph tous les détenus qui étaient en geôle ; tout ce qui s’y faisait se faisait par lui. 23 Le geôlier chef ne s’occupait en rien de ce qui lui était confié, parce que Yahvé l’assistait et faisait réussir ce qu’il entreprenait.

Joseph interprète les songes des officiers de Pharaon.h

40 Il arriva, après ces événements, que l’échanson du roi d’Égypte et son panetier se rendirent coupables envers leur maître, le roi d’Égypte.

h Récit de tradition élohiste, sauf quelques retouches. Joseph, qui interprète les songes du grand échanson et du grand panetier, puis du Pharaon, cf. 41, est le prototype du sage, cf. 41.33, 38-39.

2 Pharaon s’irrita contre ses deux eunuques, le grand échanson et le grand panetier, 3 et il les mit aux arrêts chez le commandant des gardes, dans la geôle où Joseph était détenu. 4 Le commandant des gardes leur adjoignit Joseph pour qu’il les servît et ils restèrent un certain temps aux arrêts.

5 Or, une même nuit, tous deux eurent un songe ayant pour chacun sa signification, l’échanson et le panetier du roi d’Égypte, qui étaient détenus dans la geôle. 6 Venant les trouver le matin, Joseph s’aperçut qu’ils étaient maussades

7 et il demanda aux eunuques de Pharaon qui étaient avec lui aux arrêts chez son maître : « Pourquoi faites-vous mauvais visage aujourd’hui ? » 8 Ils lui répondirent : « Nous avons eu un songe et il n’y a personne pour l’interpréter » ;i Joseph leur dit : « C’est Dieu qui donne l’interprétation ; mais racontez-moi donc ! »

i Les Égyptiens, comme tant d’autres peuples, attachaient aux songes une valeur de présages.

9 Le grand échanson raconta à Joseph le songe qu’il avait eu : « J’ai rêvé, dit-il, qu’il y avait devant moi un cep de vigne, 10 et sur le cep trois sarments : dès qu’il bourgeonna, il monta en fleur, ses grappes firent mûrir les raisins. 11 J’avais en main la coupe de Pharaon, je pris les raisins, je les pressai sur la coupe de Pharaon et je mis la coupe dans la main de Pharaon. » 12 Joseph lui dit : « Voici ce que cela signifie : les trois sarments représentent trois jours. 13 Encore trois jours et Pharaon t’élèvera la tête, et il te rendra ton emploi : tu mettras la coupe de Pharaon en sa main, comme tu avais coutume de faire autrefois où tu étais son échanson. 14 Souviens-toi de moi, lorsqu’il te sera arrivé du bien, et sois assez bon pour parler de moi à Pharaon, qu’il me fasse sortir de cette maison. 15 En effet, j’ai été enlevé du pays des Hébreux et ici même je n’ai rien fait pour qu’on me mette en prison. »

16 Le grand panetier vit que c’était une interprétation favorable et il dit à Joseph : « Moi aussi, j’ai rêvé : il y avait trois corbeilles de gâteaux sur ma tête.

17 Dans la corbeille du dessus, il y avait toutes sortes de pâtisseries que mange Pharaon, mais les oiseaux les mangeaient dans la corbeille, sur ma tête. »

18 Joseph lui répondit ainsi : « Voici ce que cela signifie : les trois corbeilles représentent trois jours. 19 Encore trois jours et Pharaon t’élèvera la tête,j il te pendra au gibet et les oiseaux mangeront la chair de dessus toi. »

j L’expression a généralement un sens favorable, cf. v. 13 et 2 R 25.27 ; Jr 52.31. Mais il y a ici un jeu de mots tragique la tête de l’échanson sera « élevée », il sera gracié, v. 13 ; la tête du panetier sera « élevée » aussi il sera pendu. Une glose ajoute « de dessus toi ».

20 Effectivement, le troisième jour, qui était l’anniversaire de Pharaon, celui-ci donna un banquet à tous ses officiers et il relâcha le grand échanson et le grand panetier au milieu de ses officiers. 21 Il rétablit le grand échanson dans son échansonnerie et celui-ci mit la coupe dans la main de Pharaon ; 22 quant au grand panetier, il le pendit, comme Joseph lui avait expliqué. 23 Mais le grand échanson ne se souvint pas de Joseph, il l’oublia.

Les songes de Pharaon.k

41 Deux ans après, il advint que Pharaon eut un songe : il se tenait près du Nil

k Ce récit continue le précédent et vient de la même tradition élohiste, mais il y mêle, surtout à partir du v. 33, les restes d’une tradition parallèle, la yahviste.

2 et il vit monter du Nil sept vaches de belle apparence et grasses de chair, qui pâturèrent dans les joncs. 3 Mais voici que sept autres vaches montèrent du Nil derrière elles, laides d’apparence et maigres de chair, et elles se rangèrent à côté des premières, sur la rive du Nil. 4 Et les vaches laides d’apparence et maigres de chair dévorèrent les sept vaches grasses et belles d’apparence. Alors Pharaon s’éveilla.

5 Il se rendormit et eut un second songe : sept épis montaient d’une même tige, gros et beaux. 6 Mais voici que sept épis grêles et brûlés par le vent d’est poussèrent après eux. 7 Et les épis grêles engloutirent les sept épis gros et pleins. Alors Pharaon s’éveilla : voilà que c’était un songe !

8 Au matin, l’esprit troublé, Pharaon fit appeler tous les magiciens et tous les sages d’Égypte et il leur raconta le songe qu’il avait eu, mais personne ne put l’expliquer à Pharaon.l

l L’Égypte était la terre des magiciens et des sages, Ex 7.11, 22 ; 8.1 ; 1 R 5.10 ; Isa 19.11-13, mais leur science est éclipsée par celle que Dieu dispense aux siens. Le thème se retrouve dans l’histoire de Moïse, Ex 7-8. Cf. dans un autre cadre Dn 2.

9 Alors, le grand échanson adressa la parole à Pharaon et dit : « Je dois confesser aujourd’hui mes fautes ! 10 Pharaon s’était irrité contre ses serviteurs et les avait mis aux arrêts chez le commandant des gardes, moi et le grand panetier. 11 Nous eûmes un songe, la même nuit, lui et moi, mais la signification du songe était différente pour chacun. 12 Il y avait là avec nous un jeune Hébreu, un esclave du commandant des gardes. Nous lui avons raconté nos songes et il nous les a interprétés : il a interprété le songe de chacun.

13 Et juste comme il nous l’avait expliqué, ainsi arriva-t-il : je fus rétabli dans mon emploi et l’autre fut pendu. »

14 Alors Pharaon fit appeler Joseph, et on l’amena en hâte de la prison. Il se rasa, changea de vêtements et se présenta devant Pharaon. 15 Pharaon dit à Joseph : « J’ai eu un songe et personne ne peut l’interpréter. Mais j’ai entendu dire de toi qu’il te suffit d’entendre un songe pour savoir l’interpréter. » 16 Joseph répondit à Pharaon : « Je ne compte pas ! C’est Dieu qui donnera à Pharaon une réponse favorable. »

17 Alors Pharaon parla ainsi à Joseph : « Dans mon songe, il me semblait que je me tenais sur la rive du Nil. 18 Voici que montèrent du Nil sept vaches grasses de chair et belles d’aspect, qui pâturèrent dans les joncs. 19 Mais voici que sept autres vaches montèrent après elles, efflanquées, très laides d’aspect et maigres de chair, je n’en ai jamais vu d’aussi laides dans tout le pays d’Égypte. 20 Les vaches maigres et laides dévorèrent les sept premières, les vaches grasses. 21 Et lorsqu’elles les eurent avalées, on ne s’aperçut pas qu’elles les avaient avalées, car leur apparence était aussi laide qu’au début. Là-dessus, je m’éveillai. 22 Puis j’ai vu en songe sept épis monter d’une même tige, pleins et beaux. 23 Mais voici que sept épis desséchés, grêles et brûlés par le vent d’est poussèrent après eux. 24 Et les épis grêles engloutirent les sept beaux épis. J’ai dit cela aux magiciens mais il n’y a personne qui me donne la réponse. »

25 Joseph dit à Pharaon : « Le Pharaon n’a fait qu’un seul songe : Dieu a annoncé à Pharaon ce qu’il va accomplir. 26 Les sept belles vaches représentent sept années, et les sept beaux épis représentent sept années, c’est un seul et même songe. 27 Les sept vaches maigres et laides qui montent ensuite représentent sept années et aussi les sept épis grêlesm et brûlés par le vent d’est : c’est qu’il y aura sept années de famine.

m « grêles » versions ; « vides » hébr.

28 C’est ce que j’ai dit à Pharaon ; Dieu a montré à Pharaon ce qu’il va accomplir : 29 voici que viennent sept années où il y aura grande abondance dans tout le pays d’Égypte,

30 puis leur succéderont sept années de famine et on oubliera toute l’abondance dans le pays d’Égypte ; la famine épuisera le pays 31 et l’on ne saura plus ce qu’était l’abondance dans le pays, en face de cette famine qui suivra, car elle sera très dure. 32 Et si le songe de Pharaon s’est renouvelé deux fois, c’est que la chose est bien décidée de la part de Dieu et que Dieu a hâte de l’accomplir.

33 « Maintenant, que Pharaon discerne un homme intelligent et sage et qu’il l’établisse sur le pays d’Égypte. 34 Que Pharaon agisse et qu’il institue des fonctionnaires sur le pays ; il imposera au cinquième le pays d’Égypte pendant les sept années d’abondance, 35 ils ramasseront tous les vivres de ces bonnes années qui viennent, ils emmagasineront le blé sous l’autorité de Pharaon, ils mettront les vivres dans les villes et les y garderont. 36 Ces vivres serviront de réserve au pays pour les sept années de famine qui s’abattront sur le pays d’Égypte, et le pays ne sera pas exterminé par la famine. »

Élévation de Joseph.

37 Le discours plut à Pharaon et à tous ses officiers 38 et Pharaon dit à ses officiers : « Trouverons-nous un homme comme celui-ci, en qui soit l’esprit de Dieu ? » 39 Alors Pharaon dit à Joseph : « Après que Dieu t’a fait connaître tout cela, il n’y a personne d’intelligent et de sage comme toi. 40 C’est toi qui seras mon maître du palais et tout mon peuple se conformera à tes ordres, je ne te dépasserai que par le trône. » 41 Pharaon dit à Joseph : « Vois : je t’établis sur tout le pays d’Égypte » 42 et Pharaon ôta son anneau de sa main et le mit à la main de Joseph, il le revêtit d’habits de lin fin et lui passa au cou le collier d’or.

43 Il le fit monter sur le meilleur char qu’il avait après le sien et on criait devant lui « Abrek ».n Ainsi fut-il établi sur tout le pays d’Égypte.

n L’auteur se représente cette investiture d’après ce qu’il a entendu dire de la cour d’Égypte Joseph devient le vizir d’Égypte ; sans autre supérieur que le Pharaon, il régit sa maison qui est le siège de l’administration, il détient le sceau royal. Les coureurs qui précèdent son char d’honneur crient « Abrek », qui peut s’expliquer par l’égyptien ib-r-k « ton cœur à toi », « attention ».

44 Pharaon dit à Joseph : « Je suis Pharaon, mais sans ta permission personne ne lèvera la main ni le pied dans tout le pays d’Égypte. » 45 Et Pharaon imposa à Joseph le nom de Çophnat-Panéah et il lui donna pour femme Asnat, fille de Poti-Phéra, prêtre d’On.o Et Joseph partit pour le pays d’Égypte.

o Noms égyptiens Çophnat Panéah = « Dieu dit il est vivant », Asnat = « Appartenant à la déesse Neith », Potiphéra, même nom que Potiphar de 37.36 = « Don de Râ » (le dieu solaire). Le beau-père de Joseph est prêtre d’On = Héliopolis, centre du culte solaire, dont le sacerdoce avait un rôle politique important. Joseph est allié à la plus haute noblesse d’Égypte. Mais ces types de noms ne sont pas attestés avant les XXe et XXIe dynasties. Ils sont le produit de l’érudition de l’auteur.

46 Joseph avait trente ans lorsqu’il se présenta devant Pharaon, roi d’Égypte, et Joseph quitta la présence de Pharaon et parcourut tout le pays d’Égypte. 47 Pendant les sept années d’abondance, la terre produisit à profusion 48 et il ramassa tous les vivres des sept années où il y eut abondancep au pays d’Égypte et déposa les vivres dans les villes, mettant dans chaque ville les vivres de la campagne environnante.

p « où il y eut abondance » sam., grec ; « qu’il y eut » hébr.

49 Joseph emmagasina le blé comme le sable de la mer, en telle quantité qu’on renonça à en faire le compte, car cela dépassait toute mesure.

Les fils de Joseph.

50 Avant que vînt l’année de la famine, il naquit à Joseph deux fils que lui donna Asnat, fille de Poti-Phéra, prêtre d’On. 51 Joseph donna à l’aîné le nom de Manassé, « car, dit-il, Dieu m’a fait oublier toute ma peine et toute la famille de mon père. » 52 Quant au second, il l’appela Éphraïm, « car, dit-il, Dieu m’a rendu fécond au pays de mon malheur ».q

q Le nom de Manassé, en hébr. Menashsheh, est expliqué par nashshanî « il m’a fait oublier », celui d’Éphraïm par hiphranî « il m’a rendu fécond ».

La famine.

53 Alors prirent fin les sept années d’abondance qu’il y eut au pays d’Égypte

54 et commencèrent à venir les sept années de famine, comme l’avait dit Joseph. Il y avait famine dans tous les pays, mais il y avait du pain dans tout le pays d’Égypte. 55 Puis tout le pays d’Égypte souffrit de la faim et le peuple demanda à grands cris du pain à Pharaon, mais Pharaon dit à tous les Égyptiens : « Allez à Joseph et faites ce qu’il vous dira. » — 56 La famine sévissait par toute la terre. — Alors Joseph ouvrit tous les magasins à blé et venditr du grain aux Égyptiens. La famine s’aggrava encore au pays d’Égypte.

r « tous les magasins à blé » grec, syr. ; « tout ce qui était en eux » hébr. — « et vendit » conj. ; « et acheta » hébr.

57 De toute la terre on vint en Égypte pour acheter du grain à Joseph, car la famine s’aggravait par toute la terre.