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Bible de Jérusalem

Luc 17.22-37

Le Jour du Fils de l’homme.r

22 Il dit encore aux disciples : « Viendront des jours où vous désirerez voir un seul des jours du Fils de l’homme,s et vous ne le verrez pas.

r Ce discours est propre à Lc, qui a nettement distingué dans les prédictions de Jésus ce qui concerne la ruine de Jérusalem, 21.6-24, et ce qui se rapporte au retour glorieux de Jésus à la fin des temps, 17.22-37. ­ Certains passages de ce discours se rencontrent dans le grand discours eschatologique de Mt 24.5-41, qui a combiné ici comme ailleurs, cf. 10.1 ; 11.39, deux sources laissées distinctes par Lc ; cf. Mt 24.1. ­ « Jour » est plus biblique (« Jour de Yahvé » cf. Am 5.18) que le terme de Mt 24.3, « Parousie » (Avènement), lequel est emprunté au vocabulaire hellénistique. Cf. 1 Co 1.8.

s Les disciples souhaiteront non pas de revoir un des jours de son existence terrestre ou de contempler le premier jour de sa manifestation glorieuse, mais de jouir d’un seul des jours qui la suivront.

23 On vous dira : « Le voilà ! » « Le voici ! » N’y allez pas, n’y courez pas. 24 Comme l’éclair en effet, jaillissant d’un point du ciel, resplendit jusqu’à l’autre, ainsi en sera-t-il du Fils de l’homme lors de son Jour. 25 Mais il faut d’abord qu’il souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération.

26 « Et comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il encore aux jours du Fils de l’homme.t

t À l’époque de sa manifestation glorieuse.

27 On mangeait, on buvait, on prenait femme ou mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et vint le déluge, qui les fit tous périr.

28 De même, comme il advint aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait ; 29 mais le jour où Lot sortit de Sodome, Dieu fit pleuvoir du ciel du feu et du soufre, et il les fit tous périr. 30 De même en sera-t-il, le Jour où le Fils de l’homme doit se révéler.

31 « En ce Jour-là, que celui qui sera sur la terrasse et aura ses affaires dans la maison, ne descende pas les prendre et, pareillement, que celui qui sera aux champs ne retourne pas en arrière. 32 Rappelez-vous la femme de Lot. 33 Qui cherchera à épargner sa vie la perdra, et qui la perdra la sauvegardera.

34 Je vous le dis : en cette nuit-là, deux seront sur un même lit l’un sera pris et l’autre laissé ; 35 deux femmes seront à moudre ensemble : l’une sera prise et l’autre laissée. 36 ...u

u Add. v. 36 « Deux seront dans un champ l’un sera pris, l’autre laissé », cf. Mt 24.40.

37 Prenant alors la parole, ils lui disent : « Où, Seigneur ? » Il leur dit : « Où sera le corps, là aussi les vautours se rassembleront. »

Luc 2

Naissance de Jésus et visite des bergers.

2 Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste,n ordonnant le recensement de tout le monde habité.

n Empereur romain de 30 av. J-C. à 14 ap. J.-C. ­ L’Empire connut une série de recensements, organisés selon un rythme régulier, pour établir notamment les registres des impôts.

2 Ce recensement, le premier,o eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.

o Ce « premier » recensement sous Quirinius reste énigmatique. Puisque l’historien juif Flavius Josèphe date le seul qui nous soit connu de 6 ap. J.-C., la chronologie de la naissance de Jésus fournie par est difficile à concilier avec celle de Mt, où Jésus est né avant la mort d’Hérode le Grand (4 av. J.-C.). En effet, le premier recensement de la Judée fit époque l’occasion en fut la réorganisation du pays comme province dépendante de l’administration romaine, après la déposition de l’ethnarque Archélaüs, fils d’Hérode. Ce recensement provoqua l’insurrection de Judas le Galiléen, qui est mentionnée en Ac 5.37. ­ pour l’« ère chrétienne », voir 3.1.

3 Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. 4 Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s’appelle Bethléem, ­ parce qu’il était de la maison et de la lignée de David ­

5 afin de se faire recenser avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. 6 Or il advint, comme ils étaient là, que les jours furent accomplis où elle devait enfanter. 7 Elle enfanta son fils premier-né,p l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu’ils manquaient de place dans la salle.q

p En grec biblique, le terme n’implique pas nécessairement des frères puînés, mais souligne la dignité et les droits de l’enfant.

q Plutôt qu’une hôtellerie (pandocheion , 10.34), le mot grec kataluma peut désigner une salle, 1 S 1.18 ; 9.22 ; 22.11, où logeait la famille de Joseph. Si celui-ci avait son domicile à Bethléem, on s’explique mieux qu’il y soit retourné pour le recensement, et aussi qu’il y ait amené sa jeune femme enceinte. La crèche, mangeoire des animaux, était sans doute aménagée dans un mur du pauvre logis, et celui-ci était si occupé qu’on ne put trouver meilleure place pour coucher l’enfant. Une pieuse légende a garni cette crèche de deux animaux, cf. Ha 3.2 ; Isa 1.3.

8 Il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit. 9 L’Ange du Seigneur se tint près d’eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté ; et ils furent saisis d’une grande crainte. 10 Mais l’ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : 11 aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur,r dans la ville de David.

r C’est donc le Messie attendu ; mais il sera « Seigneur » titre que l’AT réservait jalousement à Dieu. Une ère nouvelle va commencer. Cf. 1.43.

12 Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. » 13 Et soudain se joignit à l’ange une troupe nombreuse de l’armée céleste, qui louait Dieu, en disant :

14 « Gloire à Dieu au plus haut des cieux
et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance ! »s

s La traduction courante « paix aux hommes de bonne volonté », fondée sur la Vulg., ne rend pas le sens usuel du terme grec. ­ Autre leçon moins sûre « paix sur la terre et chez les hommes bienveillance divine ».

15 Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, que les bergers se dirent entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. » 16 Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. 17 Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; 18 et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. 19 Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur.

20 Puis les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieut pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, suivant ce qui leur avait été annoncé.

t Thème cher à Luc 1.64 ; 2.28, 38 ; 5.25-26 ; 7.16 ; 13.13 ; 17.15, 18 ; 18.43 ; 19.37 ; 23.47 ; 24.53. Cf. Ac 2.47.

Circoncision de Jésus.

21 Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l’ange avant sa conception.

Présentation de Jésus au Temple.

22 Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la loi de Moïse,u ils l’emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,

u La purification ne s’imposait qu’à la mère ; mais l’enfant devait être racheté. Luc note avec soin que les parents de Jésus, comme ceux de Jean, accomplissent toutes les observances de la Loi. La présentation de l’enfant au sanctuaire n’était pas prescrite, mais elle était possible, Nb 18.15, et devait paraître convenable aux gens pieux, cf. 1 S 1.24-28. Luc centre son récit sur ce premier acte cultuel de Jésus, dans la Ville sainte à laquelle il attache grande importance comme lieu de l’événement pascal et point de départ de la mission chrétienne. Cf. 2.38 ; Ac 1.14.

23 selon qu’il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur, 24 et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes.v

v C’était l’offrande des pauvres.

25 Et voici qu’il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint reposait sur lui. 26 Et il avait été divinement averti par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.w

w « Le Christ du Seigneur » est celui que le Seigneur a oint, cf. Ex 30.22, c’est-à-dire consacré pour une mission de salut ainsi le roi d’Israël, un prince choisi par Yahvé ; enfin, à titre éminent, le Messie qui instaurera le règne de Dieu.

27 Il vint donc au Temple, poussé par l’Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard, 28 il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit :

Le cantique de Syméon.x

29 « Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole,
laisser ton serviteur s’en aller en paix ;

x À la différence des cantiques précédents, ce cantique semble avoir été composé par Luc lui-même, en particulier à l’aide de textes d’Isaïe. Après un premier tristique qui concerne Syméon et sa mort prochaine, un deuxième définit le salut universel apporté par le Messie Jésus une illumination du monde païen qui, partie du peuple élu, tournera à sa gloire.

30 car mes yeux ont vu ton salut,
31 que tu as préparé à la face de tous les peuples,
32 lumière pour éclairer les nations
et gloire de ton peuple Israël. »

Prophétie de Syméon.

33 Son père et sa mère étaient dans l’étonnement de ce qui se disait de lui.

34 Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : « Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction,y

y La mission de lumière dans le monde païen s’accompagnera pour Jésus d’hostilité et de persécution de la part de son propre peuple. Cf. Mt 2.1.

35 et toi-même, une épée te transpercera l’âme ! ­ afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs. »z

z Vraie Fille de Sion, Marie portera en sa propre vie la destinée douloureuse de son peuple. Avec son Fils, elle sera au centre de cette contradiction où les cœurs devront se découvrir, pour ou contre Jésus. Le symbole de l’épée peut s’inspirer d’Ez 14.17, ou selon d’autres de Za 12.10.

Prophétie d’Anne.

36 Il y avait aussi une prophétesse,a Anne, fille de Phanouel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari,

a Femme consacrée à Dieu et interprète de ses desseins. Cf. Ex 15.20 ; Jg 4.4 ; 2 R 22.14.

37 elle était restée veuve ; parvenue à l’âge de 84 ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. 38 Survenant à cette heure même, elle louait Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.b

b La délivrance messianique du peuple élu, 1.68 ; 24.21, intéressait au premier chef sa capitale ; cf. Isa 40.2 ; 52.9 (et voir 2 S 5.9). Jérusalem est pour Luc le centre prédestiné de l’œuvre du salut 9.31, 51, 53 ; 13.22, 23 ; 17.11 ; 18.31 ; 19.11 ; 24.47-49, 52 ; Ac 1.8.

Vie cachée de Jésus à Nazareth.

39 Et quand ils eurent accompli tout ce qui était conforme à la Loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. 40 Cependant l’enfant grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui.

Jésus parmi les docteurs.

41 Ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque.

42 Et lorsqu’il eut douze ans, ils y montèrent, comme c’était la coutume pour la fête. 43 Une fois les jours écoulés, alors qu’ils s’en retournaient, l’enfant Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. 44 Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le rechercher parmi leurs parents et connaissances. 45 Ne l’ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem.

46 Et il advint, au bout de trois jours,c qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ;

c Jésus « retrouvé » « au bout de trois jours » « dans la maison de son Père », autant de traits qui préfigurent l’événement de Pâques.

47 et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. 48 À sa vue, ils furent saisis d’émotion, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchons, angoissés. » 49 Et il leur dit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? »d

d D’autres traduisent « aux affaires de mon Père ». De toute manière, Jésus affirme, en présence de Joseph, v. 48, avoir Dieu pour Père, cf. 10.22 ; 22.29 ; Jn 20.17, et revendique avec lui des relations qui passent avant celles de la famille humaine, cf. Jn 2.4. Première manifestation de sa conscience d’être « le Fils », cf. Mt 4.3.

50 Mais eux ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire.

Encore la vie cachée à Nazareth.

51 Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth ; et il leur était soumis. Et sa mère gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur. 52 Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes.