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Bible de Jérusalem

Matthieu 16.16-20

16 Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. »o

o À la confession de la messianité de Jésus, rapportée par Mc et Lc, ajoute celle de la filiation divine. Cf. déjà 14.33 comparé à Mc 6.51s. Cf. 4.3.

17 En réponse, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang,p mais de mon Père qui est dans les cieux.

p Cette expression désigne l’homme, en soulignant le côté matériel et borné de sa nature, par opposition au monde des esprits, Si 14.18 ; Rm 7.5 ; 1 Co 15.50 ; Ga 1.16 ; Ep 6.12 ; He 2.14 ; cf. Jn 1.13.

18 Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre,q et sur cette pierre je bâtirai mon Église,r et les Portes de l’Hadèss ne tiendront pas contre elle.

q Ce changement de nom a pu se produire plus tôt, cf. Jn 1.42 ; Mc 3.16 ; Lc 6.14 ; Gn 17.5. Le mot grec Petros ne servait pas comme nom personnel avant que Jésus eût appelé ainsi le chef des apôtres pour symboliser son rôle dans la fondation de l’Église. Mais son correspondant araméen Kepha (« rocher ») est attesté au moins une fois dans un document d’Éléphantine, 416 av. J.-C.

r Le terme sémitique que traduit ekklèsia signifie « assemblée » et se rencontre souvent dans l’AT pour désigner la communauté du peuple élu, notamment dans le désert, cf. Dt 4.10, etc. ; Ac 7.38. Des cercles juifs se considérant comme le Reste d’Israël (Isa 4.3) des derniers temps, tels les Esséniens de Qumrân, ont ainsi nommé leur groupement. En reprenant ce terme, Matthieu désigne la communauté messianique ; en l’employant parallèlement à celui de « Royaume des Cieux », 4.17, il marque que cette communauté eschatologique commencera déjà sur la terre par une société organisée dont Jésus institue le chef. Cf. Ac 5.11 ; 1 Co 1.2.

s Sur l’Hadès (en hébreu le Sheol), désignation du séjour des morts, cf. Nb 16.33. Ici, ses « Portes » personnifiées évoquent les puissances du Mal qui, après avoir entraîné les hommes dans la mort du péché, les enchaînent définitivement dans la mort éternelle. À la suite de son Maître, mort, « descendu aux Enfers », 1 P 3.19, et ressuscité, Ac 2.27, 31, l’Église aura pour mission d’arracher les élus à l’empire de la mort, temporelle et surtout éternelle, pour les faire entrer dans le Royaume des Cieux, cf. Col 1.3 ; 1 Co 15.26 ; Ap 6.8 ; 20.13.

19 Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. »t

t Tout comme la Cité de la Mort, la Cité de Dieu a des portes, qui ne laissent entrer que ceux qui en sont dignes ; comparer 23.13. Pierre en reçoit les clefs. Il lui appartiendra donc d’ouvrir ou de fermer l’accès du Royaume des Cieux, par l’intermédiaire de l’Église. — « Lier » et « délier » sont deux termes techniques du langage rabbinique qui s’appliquent premièrement au domaine disciplinaire de l’excommunication dont on « condamne » (lier) ou « absout » (délier) quelqu’un, et ultérieurement aux décisions doctrinales ou juridiques, avec le sens de « défendre » (lier) ou « permettre » (délier). Pierre, en tant que majordome (dont les clefs sont l’insigne, cf. Isa 22.22) de la Maison de Dieu, exercera le pouvoir disciplinaire d’y admettre ou d’en exclure qui il jugera bon, et il administrera la communauté par toutes les décisions opportunes en matière de doctrine et de morale. Sentences et décisions seront ratifiées par Dieu du haut du ciel. — L’exégèse catholique tient que ces promesses éternelles valent, non seulement pour la personne de Pierre, mais aussi pour ses successeurs ; bien que cette conséquence ne soit pas explicitement indiquée dans le texte, elle est cependant légitime en raison de l’intention manifeste qu’a Jésus de pourvoir à l’avenir de son Église par une institution que la mort de Pierre ne saurait rendre caduque. — Deux autres textes, Lc 22.31s et Jn 21.15s, souligneront que la primauté de Pierre doit s’exercer en particulier dans l’ordre de la foi et qu’elle le rend chef, non seulement de l’Église future, mais déjà des autres apôtres.

20 Alors il ordonna aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ.u

u Vulg. « Jésus Christ ».

Matthieu 17.24-27

La redevance du Temple acquittée par Jésus et Pierre.

24 Comme ils étaient venus à Capharnaüm, les collecteurs du didrachmeh s’approchèrent de Pierre et lui dirent : « Est-ce que votre maître ne paie pas le didrachme ? » —

h Taxe annuelle et personnelle pour les besoins du Temple.

25 « Mais si », dit-il. Quand il fut arrivé à la maison, Jésus devança ses paroles en lui disant : « Qu’en penses-tu, Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils taxes ou impôts ? De leurs filsi ou des étrangers ? »

i C’est-à-dire « de leurs sujets », cf. 13.38. Mais Jésus joue sur la métaphore sémitique de « fils » pour se désigner, lui le Fils, cf. 3.17 ; 17.5 et 10.32s ; 11.25-27, etc., et avec lui les disciples qui sont ses frères, 12.50, et les fils du même Père, 5.45, etc. Cf. 4.3.

26 Et comme il répondait : « Des étrangers », Jésus lui dit : « Par conséquent, les fils sont exempts. 27 Cependant, pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l’hameçon, saisis le premier poisson qui montera, et ouvre-lui la bouche : tu y trouveras un statère ; prends-le et donne-le leur, pour moi et pour toi. »