15 Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes,
r Certains chrétiens de Corinthe rejetaient la résurrection des morts, 15.12. Les Grecs la considéraient comme une conception grossière, Ac 17.32, tandis que les Juifs l’avaient peu à peu pressentie, Ps 16.10 ; Jb 19.25 ; Ez 37.10, puis explicitement enseignée, Dn 12.2, 3 ; 2 M 7.9. Pour combattre l’erreur des Corinthiens, Paul part de l’affirmation fondamentale de la proclamation évangélique, le mystère pascal du Christ mort et ressuscité, vv. 3-5 (cf. Rm 1.4 ; Ga 1.2-4 ; 1 Th 1.10, etc.), qu’il développe en énumérant les apparitions du Ressuscité vv. 6-11, cf. Ac 1.8. À partir de là, il montre l’absurdité de l’opinion qu’il combat vv. 12-34, cf. 15.13. Le Christ est les prémices et la cause efficace de la résurrection des morts, vv. 20-28, cf. Rm 8.11. Enfin Paul répond aux objections sur le « comment » de la résurrection des morts, vv. 35-53, et termine par un hymne d’action de grâces, vv. 54-57.
3 Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu,s à savoir que le Christ est mort pour nos péchést selon les Écritures,
s La parole vivante de l’Évangile est transmise, reçue et gardée, mots empruntés au vocabulaire technique de la tradition rabbinique, cf. 11.23. Mais surtout cet Évangile est annoncé, vv. 1, 2, proclamé (v. 11, le « kérygme »), cf. Mt 4.23, etc., objet de foi, vv. 2, 11, cf. Mc 1.15, et porteur de salut, v. 2, cf. Ac 11.14 ; 16.17.
t Le caractère salutaire de la mort du Christ fait donc partie de la proclamation évangélique antérieure à Paul, cf. Rm 6.3.
u Ces expression, vv. 3-4, déjà fixées dans leur formulation, sont le germe des futures professions de foi (Credo).
v Paul sous-entend ils peuvent encore témoigner aujourd’hui de ce qu’ils ont vu, votre foi en la résurrection du Christ repose sur un témoignage sûr.
w C’est-à-dire « sont morts ». Même expression aux vv. 18, 20, 51, cf. 1 Th 4.13.
x Les apôtres apparaissent comme formant un groupe plus large que celui des Douze du v. 5.
y Allusion au caractère anormal, violent, « chirurgical » de sa vocation. — Paul ne fait aucune différence entre l’apparition du chemin de Damas et les apparitions de Jésus de la Résurrection à l’Ascension.
9 Car je suis le moindre des apôtres ; je ne mérite pas d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu.
11 Bref, eux ou moi, voilà ce que nous proclamons. Et voilà ce que vous avez cru.
12 Or, si l’on proclame que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ?
13 S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité.z
z Si l’on nie la résurrection des morts, on nie aussi le cas particulier qu’est la résurrection du Christ. Autre interprétation la résurrection du Christ n’a de sens que comme prémices de la nôtre. Si celle-ci est niée, celle du Christ n’a plus de sens. Mais cette considération n’intervient qu’au v. 20.
a Tous les aspects du message chrétien et de la foi qui lui correspond n’ont de sens que par rapport à la réalité centrale le Christ ressuscité. Sans elle, tout s’effondre.
b Car ce qui fait disparaître le péché, c’est la vie nouvelle, participation à la vie du Christ ressuscité cf. Rm 6.8-10 ; 8.2.
c Renoncer aux jouissances du temps présent est une duperie, si la mort est une fin définitive. L’immortalité de l’âme n’est pas envisagée hors de la perspective de la résurrection de la chair.
20 Mais non ; le Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis.
d La perspective n’est pas seulement physique et biologique, mais englobe tout l’homme mort spirituelle du péché, vie ressuscitée dans la justice et l’amour. On remarquera que la perspective de Paul n’inclut pas la résurrection des pécheurs, affirmée en Jn 5.29 ; Ac 24.15 ; cf. Dn 12.2.
e Terme d’origine hellénistique et reçu dans le christianisme primitif pour désigner le glorieux avènement du Christ en son « Jour », 1.8, à la fin des temps, Mt 24.3 ; cf. encore 1 Th 2.19 ; 3.13 ; 4.15 ; 5.23 ; 2 Th 2.1 ; Jc 5.7, 8 ; 2 P 1.16 ; 3.4, 12 ; 1 Jn 2.28. En 2 Th 2.8, 9, ce mot est appliqué à la venue de l’Impie. Comparer les termes analogues de « Révélation », 1.7, et d’« Apparition », 1 Tm 6.14.
f Toutes les puissances hostiles au règne de Dieu, cf. 2.6 ; Ep 1.21 ; Col 1.16 ; 2.15 ; 1 P 3.22.
g Une fois « tout mis sous ses pieds », Jésus se présentera devant son Père pour lui rendre compte de sa mission accomplie. On traduit aussi, à tort « Mais lorsque l’Écriture dit que tout lui a été soumis... »
29 Autrement, que feront « ceux qui se seront épuisés pour des morts » ?h Si ceux qui sont réellement morts ne ressuscitent pas, pourquoi s’épuiser pour eux ?i
h La traduction courante (« Autrement, que gagneraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? ») évoque une pratique sans autre attestation et qui contredit la théologie baptismale de Paul ; en effet, les morts ne peuvent pas faire l’acte de foi que réclame Rm 10.9. Il semble donc préférable de donner à baptizein un sens plus proche de son sens premier, cf. Mc 10.38. Comme Jésus, Paul et ses compagnons sont « plongés » dans un abîme de souffrances qui ne se justifie que si ceux pour qui les apôtres se sont donné tant de mal (se sont « épuisés ») sont destinés à la vie.
i Certains Corinthiens reprochaient à Paul de travailler si dur qu’il se tuait à la tâche pour ceux qui étaient « morts » spirituellement ou existentiellement, 2 Co 2.16. Paul transforme l’objection en argument en faveur de la résurrection. Continuerait-il à souffrir, 2 Co 11.23, s’il n’était absolument convaincu que ceux qui sont physiquement morts se relèveront ?
j Il s’agit d’une métaphore, Ps 22.1 ; 1 M 2.60 ; 2 Tm 4.17. Cette épreuve ne nous est pas connue autrement, mais cf. 2 Co 1.8-9.
k Cf. Qo 9.7-10. Il y a là une certaine exagération oratoire. On peut renoncer aux jouissances matérielles pour des motifs purement humains. Paul vient lui-même de le dire, 9.25.
l Vers du poète Ménandre, peut-être devenu dicton populaire.
34 Dégrisez-vous, comme il sied, et ne péchez pas ; car il en est parmi vous qui ignorent tout de Dieu. Je le dis à votre honte.
35 Mais, dira-t-on, comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps reviennent-ils ?
37 Et ce que tu sèmes, ce n’est pas le corps à venir, mais un simple grain, soit de blé, soit de quelque autre plante ;
m Dans la mentalité populaire, la germination était un processus dépendant du bon vouloir de la divinité, non un phénomène naturel, cf. 2 M 7.22-23. Dans le rapport entre le corps actuel et le corps de gloire, Paul insiste sur l’altérité beaucoup plus que sur la continuité. Il veut sans doute répondre à l’objection (v. 35) qui refuserait à juste titre de prendre à la lettre une imagerie telle que celle de Ez 37.1-10.
39 Toutes les chairs ne sont pas les mêmes, mais autre est la chair des hommes, autre la chair des bêtes, autre la chair des oiseaux, autre celle des poissons.
S’il y a un corps psychique, il y a aussi un corps spirituel.
n Pour Paul comme pour la tradition biblique, la psychè (hébr. nephesh ; cf. Gn 2.7) est le principe vital qui anime le corps humain, 15.45. Elle est sa « vie », Rm 16.4 ; Ph 2.30 ; 1 Th 2.8 ; cf. Mt 2.20 ; Mc 3.4 ; Lc 12.20 ; Jn 10.11 ; Ac 20.10 ; etc., son âme vivante, 2 Co 1.23, et peut servir à désigner tout l’homme, Rm 2.9 ; 13.1 ; 2 Co 12.15 ; Ac 2.41, 43, etc. Mais elle reste un principe naturel, 2.14 ; cf. Jude 19, qui doit s’effacer devant le pneuma pour que l’homme retrouve la vie divine. Cette substitution qui s’ébauche déjà durant la vie mortelle par le don de l’Esprit, Rm 5.5 ; cf. 1.9, obtient son plein effet après la mort. Alors que la philosophie grecque attendait une survie immortelle de l’âme supérieure (noûs) seule, enfin affranchie du corps, le christianisme ne conçoit l’immortalité que dans la restauration intégrale de l’homme, c’est-à-dire dans la résurrection du corps par l’Esprit, principe divin que Dieu avait retiré de l’homme à la suite du péché, Gn 6.3, et qu’il lui rend par l’union au Christ ressuscité, Rm 1.4 ; 8.11, homme céleste et Esprit vivifiant, 15.45-49. De « psychique » le corps devient alors « pneumatique », incorruptible, immortel, 15.53, glorieux, 15.43 ; cf. Rm 8.18 ; 2 Co 4.17 ; Ph 3.21 ; Col 3.4, affranchi des lois de la matière terrestre, Jn 20.19, 26, et de ses apparences, Lc 24.16. — En un sens plus large, la psychè peut désigner l’âme, par opposition au corps, Mt 10.28, le siège de la vie morale et des sentiments, Ph 1.27 ; Ep 6.6 ; Col 3.23 ; cf. Mt 22.37 ; 26.38 ; Lc 1.46 ; Jn 12.27 ; Ac 4.32 ; 14.2 ; 1 P 2 11 ; etc., et même l’être spirituel et immortel, Ac 2.27 ; Jc 1.21 ; 5.20 ; 1 P 1.9 ; Ap 6.9 ; etc.
o C’est-à-dire un être doué de vie par sa psychè, mais d’une vie purement naturelle, et soumis aux lois du dépérissement et de la corruption.
p Var. « puissions-nous porter ».
50 Je l’affirme, frères : la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité.
q Paul s’attendait à ce que la Parousie ait lieu avant sa mort.
r Depuis le Sinaï, Ex 19.16, 19, la trompette fait partie du symbolisme des manifestations divines, Mt 24.31 ; 1 Th 4.16. Elle rythme les étapes du dessein final de Dieu, cf. les sept trompettes de Ap 8.6 — 11.19.
54 Quand donc cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilités et que cet être mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite :t La mort a été engloutie dans la victoire.
s Om « Quand donc cet être corruptible aura revêtu l’incorruptibilité. »
t Citée librement.
u Formule ramassée annonçant déjà le développement de Rm 5-7.
58 Ainsi donc, mes frères bien-aimés, montrez-vous fermes, inébranlables, toujours en progrès dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre labeur n’est pas vain dans le Seigneur.v
v Ce v. relie le développement précédent au v. 15.14, début de l’instruction. La certitude de la victoire donne au croyant la force de progresser. Pour Paul, il ne peut y avoir de foi sans vie en progrès.