16 Les Pharisiens et les Sadducéens s’approchèrent alors et lui demandèrent, pour le mettre à l’épreuve, de leur faire voir un signe venant du ciel.
j Des temps messianiques. Ces signes sont les miracles qu’opère Jésus : cf. 11.3-5 ; 12.28.
k Om. « Au crépuscule... pas capables ».
5 Comme ils passaient sur l’autre rive, les disciples avaient oublié de prendre des pains.
l Comme le levain fait fermenter la masse, 13.33, mais aussi peut la corrompre, cf. 1 Co 5.6 ; Ga 5.9, la doctrine faussée des chefs juifs menace de pervertir tout le peuple qu’ils dirigent, cf. 15.14.
13 Arrivé dans la région de Césarée de Philippe, Jésus posa à ses disciples cette question : « Au dire des gens, qu’est le Fils de l’homme ? »
m On trouve dans le Pentateuque des parallèles à l’institution d’un « haut fonctionnaire ».
n Ce titre de « prophète » que Jésus n’a revendiqué que de façon indirecte et voilée, 13.57 ; Lc 13.33, mais que les foules lui ont clairement donné, 16.14 ; 21.11, 46 ; Mc 6.15 ; Lc 7.16, 39 ; 24.19 ; Jn 4.19 ; 9.17, avait une valeur messianique. Car l’esprit de prophétie, éteint depuis Malachie, devait, selon l’attente du judaïsme, revenir comme signe de l’ère messianique, soit dans la personne d’Élie, 17.10-11, soit sous forme d’une effusion générale de l’Esprit, Ac 2.17-18, 33. En fait, il s’est présenté, du temps de Jésus, bien des (faux) prophètes, 24.11, 24, etc. Jean-Baptiste, lui, fut vraiment un prophète, 11.9 ; 14.5 ; 21.26 ; Lc 1.76, mais à titre de Précurseur venu avec l’esprit d’Élie, 11.10, 14 ; 17.12 ; et il a nié (Jn 1.21) être « le Prophète » qu’avait annoncé Moïse, Dt 18.15. C’est en Jésus seul que la foi chrétienne a reconnu ce Prophète, Ac 3.22-26 ; Jn 6.14 ; 7.40. Toutefois, le charisme de prophétie s’étant répandu dans l’Église primitive à la suite de la Pentecôte, Ac 11.27, ce titre de Jésus s’est effacé bientôt devant d’autres titres plus spécifiques de la christologie.
o À la confession de la messianité de Jésus, rapportée par Mc et Lc, ajoute celle de la filiation divine. Cf. déjà 14.33 comparé à Mc 6.51s. Cf. 4.3.
17 En réponse, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang,p mais de mon Père qui est dans les cieux.
p Cette expression désigne l’homme, en soulignant le côté matériel et borné de sa nature, par opposition au monde des esprits, Si 14.18 ; Rm 7.5 ; 1 Co 15.50 ; Ga 1.16 ; Ep 6.12 ; He 2.14 ; cf. Jn 1.13.
q Ce changement de nom a pu se produire plus tôt, cf. Jn 1.42 ; Mc 3.16 ; Lc 6.14 ; Gn 17.5. Le mot grec Petros ne servait pas comme nom personnel avant que Jésus eût appelé ainsi le chef des apôtres pour symboliser son rôle dans la fondation de l’Église. Mais son correspondant araméen Kepha (« rocher ») est attesté au moins une fois dans un document d’Éléphantine, 416 av. J.-C.
r Le terme sémitique que traduit ekklèsia signifie « assemblée » et se rencontre souvent dans l’AT pour désigner la communauté du peuple élu, notamment dans le désert, cf. Dt 4.10, etc. ; Ac 7.38. Des cercles juifs se considérant comme le Reste d’Israël (Isa 4.3) des derniers temps, tels les Esséniens de Qumrân, ont ainsi nommé leur groupement. En reprenant ce terme, Matthieu désigne la communauté messianique ; en l’employant parallèlement à celui de « Royaume des Cieux », 4.17, il marque que cette communauté eschatologique commencera déjà sur la terre par une société organisée dont Jésus institue le chef. Cf. Ac 5.11 ; 1 Co 1.2.
s Sur l’Hadès (en hébreu le Sheol), désignation du séjour des morts, cf. Nb 16.33. Ici, ses « Portes » personnifiées évoquent les puissances du Mal qui, après avoir entraîné les hommes dans la mort du péché, les enchaînent définitivement dans la mort éternelle. À la suite de son Maître, mort, « descendu aux Enfers », 1 P 3.19, et ressuscité, Ac 2.27, 31, l’Église aura pour mission d’arracher les élus à l’empire de la mort, temporelle et surtout éternelle, pour les faire entrer dans le Royaume des Cieux, cf. Col 1.3 ; 1 Co 15.26 ; Ap 6.8 ; 20.13.
t Tout comme la Cité de la Mort, la Cité de Dieu a des portes, qui ne laissent entrer que ceux qui en sont dignes ; comparer 23.13. Pierre en reçoit les clefs. Il lui appartiendra donc d’ouvrir ou de fermer l’accès du Royaume des Cieux, par l’intermédiaire de l’Église. — « Lier » et « délier » sont deux termes techniques du langage rabbinique qui s’appliquent premièrement au domaine disciplinaire de l’excommunication dont on « condamne » (lier) ou « absout » (délier) quelqu’un, et ultérieurement aux décisions doctrinales ou juridiques, avec le sens de « défendre » (lier) ou « permettre » (délier). Pierre, en tant que majordome (dont les clefs sont l’insigne, cf. Isa 22.22) de la Maison de Dieu, exercera le pouvoir disciplinaire d’y admettre ou d’en exclure qui il jugera bon, et il administrera la communauté par toutes les décisions opportunes en matière de doctrine et de morale. Sentences et décisions seront ratifiées par Dieu du haut du ciel. — L’exégèse catholique tient que ces promesses éternelles valent, non seulement pour la personne de Pierre, mais aussi pour ses successeurs ; bien que cette conséquence ne soit pas explicitement indiquée dans le texte, elle est cependant légitime en raison de l’intention manifeste qu’a Jésus de pourvoir à l’avenir de son Église par une institution que la mort de Pierre ne saurait rendre caduque. — Deux autres textes, Lc 22.31s et Jn 21.15s, souligneront que la primauté de Pierre doit s’exercer en particulier dans l’ordre de la foi et qu’elle le rend chef, non seulement de l’Église future, mais déjà des autres apôtres.
u Vulg. « Jésus Christ ».
21 À dater de ce jour,v Jésus commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter.
v Après le moment crucial où les disciples font la première profession de foi explicite en la messianité de Jésus, l’Évangile introduit la première annonce de sa Passion au rôle glorieux du Messie il joint le rôle douloureux du Serviteur souffrant. Cette séquence de traditions, qu’on retrouve avec la Transfiguration, suivie d’une consigne de silence et d’une annonce analogues, 17.1-12, prépare la foi des disciples à la crise prochaine de la mort et de la Résurrection de Jésus.
w Pierre, en prétendant se mettre en travers de la voie que doit suivre le Messie, lui fait « obstacle » (sens premier du grec skan dalon) et devient le suppôt, inconscient certes, de Satan lui même, cf. 4.1-10.
24 Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.
x Ce logion à forme paradoxale et ceux qui le suivent jouent sur deux étapes de la vie humaine présente et future. Le grec psychè, équivalent ici de l’hébreu nephesh, combine les trois sens de vie, âme, personne. Voir Gn 2.7 ; Dt 6.5.
26 Que servira-t-il donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il ruine sa propre vie ? Ou que pourra donner l’homme en échange de sa propre vie ?
27 « C’est qu’en effet le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa conduite.y
y « sa conduite »; var. « ses œuvres ».