21 Au temps de David, il y eut une famine pendant trois ans de suite. David s’enquit auprès de Yahvé,y et Yahvé dit : « Il y a du sang sur Saül et sur sa famille, parce qu’il a mis à mort les Gabaonites. »
w Interrompant la grande histoire de la famille de David, la succession au trône, qui reprendra à 1 R 1, les chap. 21-24 contiennent six appendices allant par paires les deux récits de 21.1-14 (famine de trois ans) et 24 (peste de trois jours) ; deux séries d’anecdotes héroïques : 21.15-22 (les quatre géants philistins) et 23.8-39 (les preux de David) ; deux pièces poétiques 22 (cantique de David) et 23.1-7 (dernières paroles de David).
x Ce récit, détaché de son contexte, doit sans doute se placer chronologiquement avant 9.1. Le v. 7 doit être une glose ultérieure.
y Littéralement « chercha la face de Yahvé », comme on demande audience à un roi, 1 R 10.24.
z Le v. 2 est une remarque destinée au lecteur dont la valeur historique est difficile à apprécier. D’après Jos 9.7 les Gabaonites sont des Hivvites.
a Les Gabaonites offensés ont proféré une malédiction contre Israël. Il faut qu’ils l’annulent par une bénédiction, cf. Jg 17.2 ; 1 R 2.33, 44-45.
b À défaut de Saül, la vengeance du sang s’exerce sur ses descendants. Le titre « l’élu de Yahvé » donné à Saül (cf. 1 S 10.24) exprime le mépris des Gabaonites pour celui qui a voulu les anéantir.
c Cette donnée ne s’accorde pas avec 1 S 18.19.
d Vêtement de deuil, 3.31 ; 12.16.
e Le retour de la pluie annonce que la famine va cesser et que l’expiation a été agréée par Dieu. Alors seulement David fera enlever les cadavres. À ce cas particulier, on n’applique pas Dt 21.22-23, cf. Jos 10.27.
15 Il y eut encore une guerre des Philistins contre Israël. David descendit avec ses serviteurs. Ils combattirent les Philistins, et David était fatigué.
f Ces épisodes des guerres philistines se placeraient mieux après 5.17-25, au début du règne. Ce sont des combats singuliers, cf. 1 S 17.40, entre des champions philistins et David ou l’un de ses preux, cf. encore 23.20-21. Dans le premier épisode, David est sauvé, contre les règles, par l’intervention d’Abishaï ; ses hommes lui demandent alors de ne plus s’exposer en combat singulier, v. 17.
g Le début du verset est de traduction incertaine.
18 Après cela, la guerre reprit à Gob avec les Philistins. C’est alors que Sibbekaï de Husha tua Saph, un descendant de Rapha.
19 La guerre reprit encore à Gob avec les Philistins, et Elhanân, fils de Yari,h de Bethléem, tua Goliath de Gat ; le bois de sa lance était comme un liais de tisserand.
h Le nom propre est suivi en hébreu du mot « tisserand » que l’on retrouve en fin de v.
20 Il y eut encore un combat à Gat. Il y avait là un champion,i qui avait six doigts à chaque main et à chaque pied, vingt-quatre doigts au total. Il était, lui aussi, un descendant de Rapha.
i Traduction incertaine.
22 Ces quatre-là étaient descendants de Rapha à Gat et ils succombèrent sous la main de David et de ses serviteurs.
22 David adressa à Yahvé les paroles de ce cantique, quand Yahvé l’eut délivré de tous ses ennemis et de la main de Saül.
j Ce cantique est très proche du Ps 18, mais il possède plusieurs variantes que la traduction s’est efforcée de conserver, et qu’une comparaison avec le psaume permet de découvrir facilement.
2 Il dit :
Yahvé est mon roc et ma forteresse, mon libérateur,
3 mon Dieu, mon rocher, je m’abrite en lui ;
mon bouclier, mon arme de salut, ma citadelle,
mon refuge, mon sauveur, tu me sauves de la violence.
4 Loué soit Dieu ! Quand j’invoque Yahvé,
je suis sauvé de mes ennemis.
5 Les liens de la mort m’entouraient,
les torrents de Bélial m’épouvantaient,
6 les liens du Shéol m’étreignaient,
devant moi les pièges de la mort.
7 Dans mon angoisse j’invoquai Yahvé
et vers mon Dieu je lançai mon cri ;
depuis son temple il entend ma voix
et mon cri parvient à ses oreilles.
8 La terre titube et tremble ;
les assises des cieux frémissent ;
elles sont secouées à cause de sa colère.
9 Une fumée monte à ses narines
et de sa bouche un feu dévorant :
des braises brûlantes en sortaient.
10 Il incline les cieux et descend,
une sombre nuée sous ses pieds.
11 Il chevauche un chérubin et s’envole,
il apparaît sur les ailes du vent.
12 Il établit la ténèbre autour de lui comme une tente,
le crible des eaux, nuées de nuages.
13 Devant lui une clarté ;
des braises de feu brûlaient.
14 Dans les cieux, Yahvé tonne,
le Très-Haut donne de la voix.
15 Il lance des flèches et les disperse,
un éclair et il les met en déroute.
16 Les fonds marins apparaissent,
les assises du monde se découvrent
au grondement de Yahvé,
par l’haleine qu’exhalent ses narines.
17 D’en haut il envoie me prendre,
il me retire des grandes eaux.
18 Il me délivre de mon puissant ennemi,
de mes adversaires plus forts que moi.
19 Ils m’attendaient au jour de mon malheur,
mais Yahvé fut pour moi un appui.
20 En sortant pour me mettre au large,
il me libérera, car il s’est complu en moi.
21 Yahvé me rendra selon ma justice,
selon la pureté de mes mains il me rétribuera,
22 car j’ai gardé les chemins de Yahvé
et je n’ai pas fait le mal en m’écartant de mon Dieu.
23 Tous ses jugements sont devant moi
et ses décrets je ne m’en écarte pas.
24 Je suis intègre avec lui
et je me garde du péché.
25 Yahvé me rétribuera selon ma justice,
selon la pureté que j’ai à ses yeux.
26 Avec le fidèle tu es fidèle,
avec l’homme intègre tu es intègre,
27 avec celui qui est pur tu es pur,
mais avec le fourbe tu es rusé.
28 Tu sauves le peuple pauvre
et tes yeux fixent les hautains pour les abaisser.
29 C’est toi, Yahvé, ma lampe.
Yahvé illumine ma ténèbre,
30 Avec toi j’écrase le rezzou,
avec mon Dieu je saute la muraille.
31 Dieu, sa voie est intègre.
La parole de Yahvé est éprouvée ;
c’est un bouclier pour tous ceux qui s’abritent en lui.
32 Qui donc est Dieu hormis Yahvé ?
Qui est un roc hormis notre Dieu ?
33 Ce Dieu, il est ma place-forte et elle est puissante ;
il a dégagé ma voie et elle est intègre.
34 Il égale mes pieds à ceux des biches
et il me tient debout sur mes hauteurs.
35 Il instruit mes mains pour le combat
et il place mes bras sur l’arc de bronze.
36 Tu me donnes pour bouclier ton salut
et tu ne cesses de m’exaucer.k
k Littéralement « tu me multiplies ta réponse (favorable) ».
37 tu élargis mes pas sous moi
et mes chevilles n’ont point fléchi.
38 Je poursuis mes ennemis et les extermine,
et je ne reviens pas qu’ils ne soient anéantis.
39 Je les ai anéantis, abattus et ils ne peuvent se relever,
ils tombent sous mes pieds.
40 Tu m’as ceint de force pour le combat,
tu fais ployer sous moi mes agresseurs
41 De mes ennemis tu me livres la nuque,
ceux qui me haïssent je les ai massacrés.
42 Ils regardent, mais point de sauveur,
vers Yahvé, mais pas de réponse.
43 Je les broie comme la poussière de la terre,
je les écrasel comme la boue des rues.
l L’hébr. ajoute « je les piétine ».
44 Tu me délivres des querelles de mon peuple,
tu me gardes comme chef des nations ;
des gens que je ne connaissais pas me serviront.
45 Des fils d’étrangers se soumettront à moi,
tendant l’oreille, ils m’obéiront.
46 Des fils d’étrangers faiblissent,
trébuchant à cause de leurs entraves.
47 Vive Yahvé, et béni soit mon Rocher !
Que soit exalté le Dieu de mon salut,
48 le Dieu qui me donne les vengeances
qui abat sous moi des peuples,
49 qui me soustrait à mes ennemis.
Tu m’exaltes par-dessus mes agresseurs,
tu me libères de l’homme de violence.
50 Aussi je veux te louer, Yahvé, parmi les nations
et je veux chanter en l’honneur de ton nom.
51 Il magnifie les victoires de son roi
et il agit avec fidélité envers son oint,
envers David et sa descendance à jamais
23 Voici les dernières paroles de David :
Oracle de David, fils de Jessé,
oracle de l’homme haut placé,
de l’oint du Dieu de Jacob,
du chantre des cantiques d’Israël.
m Comme à Jacob, Gn 49, et à Moïse, Dt 33, on a attribué à David des « dernières paroles ». La traduction de ce poème est parfois incertaine. Le poème peut dater du début de l’époque monarchique, mais le testament de David, 1 R 2.5-9, est plus proche de l’histoire.
2 L’esprit de Yahvé s’est exprimé par moi,
sa parole est sur ma langue.
3 Le Dieu d’Israël a parlé,
le Rocher d’Israël m’a dit :
Celui qui gouverne les hommes avec justice
gouverne avec la crainte de Dieu.
4 Il est comme la lumière du matin au lever du soleil,
un matin sans nuages,
qui fait briller après la pluie le gazon de la terre.
5 N’en est-il pas ainsi de ma maison auprès de Dieu,
car il a établi pour moi une alliance éternelle,
réglée en tout et bien assurée ?
ne fait-il pas germer tout mon salut et tout mon plaisir ?
6 Mais les gens de Bélial sont tous comme l’épine qu’on rejette,
car on ne les prend pas avec la main.
7 L’homme qui les touche,
est chargé de fer et du bois des lances,
et ils sont brûlés, brûlés sur place.
8 Voici les noms des preux de David : Ishbaal le Hakmonite, chef des Trois,o c’est lui qui brandit sa lance sur huit cents victimes en une seule fois.
n Cette section faisait suite au chap. 21. Elle rassemble vv. 8-12, des notices sur les Trois, qui sont des guerriers hors pair ; vv. 13-17, un épisode des guerres philistines, introduit ici parce qu’il met en action « trois » héros ; vv. 18-24, des notices sur Abishaï, Benayahu et probablement sur Asahel (voir la note au v. 24) ; vv. 24-39, une liste des Trente.
o La lecture « Ishbaal le Hakmonite » s’appuie sur le grec. « Brandit sa lance », cf. v. 18. L’hébr. semble avoir ici un nom propre « Adinô le Eçnite ». Ici et dans la suite du texte, l’hébr. offre des variantes pour les noms propres si on le compare avec les versions et Ch. Enfin il est difficile de savoir ce que représente le groupe des Trois et le mot lui-même pourrait être traduit autrement.
13 Troisp d’entre les Trente descendirent et vinrent, au temps de la moisson, trouver David à la grotte d’Adullam, tandis qu’une compagnie de Philistins campait dans le val des Rephaïm.
p Le texte joue sur le nombre « trois », mais l’hébr. et les versions lisent parfois « trente », ce qui explique les incertitudes de la traduction.
18 Abishaï, frère de Joab et fils de Çeruya, était chef des Trois. C’est lui qui brandit sa lance sur trois cents victimes et se fit un nom parmi les Trois.q
q « Trois », hébr., mais cf. v. 23.
20 Benayahu, fils de Yehoyada, fils d’un homme vaillant, prodigue en exploits, originaire de Qabçéel, c’est lui qui abattit les deux hérosr de Moab, et c’est lui qui descendit et abattit le lion dans la citerne, un jour de neige.
r Le mot ariel, traduit ici par « héros », signifie « lion de Dieu ».
24 Asahel, frère de Joab, faisait partie des Trente.s
Elhanân fils de Dodo, de Bethléem.
s Les « Trente » constituaient un corps de guerriers d’élite qui n’est mentionné qu’ici. C’étaient sans doute les meilleurs des compagnons de David. La liste des « Trente » commence avec Elhanân et Asahel y est rattaché de manière secondaire.
25 Shamma, le Harodite.
Éliqa, le Harodite.
26 Héleç, le Paltite.
Ira, fils d’Iqqèsh, le Téqoïte.
27 Abiézer, l’Anatotite.
Sabeni,t le Hushatite.
t « Sabeni », grec. L’hébr. lit. « Mibunaï ».
28 Çalmôn, l’Ahohite.
Mahraï, le Netophatite.
29 Héleb, fils de Baana, le Netophatite.
Ittaï, fils de Ribaï, de Gibéa des fils de Benjamin.
30 Benayahu, le Piratonite.
Hiddaï, des Torrents de Gaash.
31 Abi-Albôn, le Arbatite.
Azmavèt, le Barhumite.
32 Élyahba, le Shaalbonite.
Yashèn,u le Gunite.
Yehonatân,
u Restitution incertaine d’un texte hébr. mal transmis.
33 fils de Shamma, le Hararite.
Ahiâm, fils de Sharar, l’Ararite.
34 Éliphélèt, fils d’Ahasbaï, fils du Maakatite.
Éliam, fils d’Ahitophel, le Gilonite.
35 Hèçraï, le Karmélite.
Paaraï, l’Arabite.
36 Yigéal, fils de Natân, de Çoba.
Bani, le Gadite.
37 Céleq, l’Ammonite.
Nahraï, le Béérotite, écuyer de Joab fils de Çeruya.
38 Ira, le Yitrite.
Gareb, le Yitrite.
39 Urie, le Hittite.
En tout trente-sept.v
v Calcul rédactionnel qui paraît additionner les Trente (vv. 24-39) + Joab (mentionné v. 37) + Abishaï, Benayahu, Asahel (vv. 18-24a) + les Trois (vv. 8-12).
24 La colère de Yahvé s’enflamma encore contre les Israélites et il excita David contre eux : « Va, dit-il, fais le dénombrement d’Israël et de Juda. »x
w Tout ce chap. est le pendant de 21.1-14, cf. 21.1.
x L’accomplissement de ce qui paraît un ordre divin sera considéré par David comme un « péché », v. 10, et puni par un fléau, vv. 15s. La mentalité religieuse de l’ancien Israël rapportait tout à Dieu comme à la cause première. Le Chroniste a remplacé « Yahvé » par « Satan ». On considérait alors un recensement comme une impiété parce qu’il portait atteinte aux prérogatives de Dieu, qui tient les registres de ceux qui doivent vivre ou mourir, Ex 32.32-33, cf. Ex 30.12.
5 Ils passèrent le Jourdain et ils commencèrent à Aroër et depuis la villey qui est au milieu de la vallée, allèrent chez les Gadites et vers Yazèr.
y « commencèrent... la ville » grec ; « campèrent à Aroër au sud de la ville » hébr. — Aroër, sur l’Arnon, marque, d’après Dt 2.36 ; Jos 13.9, 16, la limite sud des possessions israélites en Transjordanie. En Cisjordanie, les limites sont Dan au nord et Bersabée au sud, vv. 2, 6-7, 15. Tout le territoire d’Israël est ainsi parcouru. Mais le texte y ajoute Tyr et Sidon et, semble-t-il, Qadesh des Hittites, très au nord sur l’Oronte, ce qu’on essaye de justifier en invoquant Nb 34.7-9 ; Ez 47.15-17 et les conquêtes de David, 8.3-12.
z « au pays des Hittites, à Qadesh » grec luc. ; hébr., mal transmis.
a Chiffres évidemment trop élevés, comme beaucoup de chiffres analogues dans l’AT, et majorés encore dans Ch. Israël et Juda sont recensés à part, cf. 5.5.
10 Après cela le cœur de David lui battit d’avoir recensé le peuple et David dit à Yahvé : « C’est un grand péché que j’ai commis ! Maintenant, Yahvé, veuille pardonner cette faute à ton serviteur, car j’ai commis une grande folie. »
b L’hébr. a lu « tes ennemis », mais le verbe est au singulier. — Au lieu de « sept » années, les versions ont « trois » années, plus cohérent avec la suite du v.
c Le texte hébreu semble très abrupt il pourrait manquer une phrase. Le grec insère (fin du v. 14 — début du v. 15) « David choisit la peste. C’était l’époque de la moisson des blés ».
d Le grec a peut-être conservé un meilleur texte « c’est moi, le berger, qui ai commis le mal ». L’image du berger est cohérente avec la suite du v.
18 Ce jour-là, Gad se rendit auprès de David et lui dit : « Monte et élève un autel à Yahvé sur l’aire d’Arauna le Jébuséen. »
e Le récit combine probablement deux traditions d’après l’une, Yahvé arrête le fléau aux portes de Jérusalem parce qu’il aime la ville, v. 16, et David offre un sacrifice d’action de grâces « comme Yahvé l’avait ordonné », v. 19. D’après l’autre, la délivrance est obtenue par la prière de David et l’érection de l’autel, vv. 17, 21, 25.
f La planche garnie de pierres tranchantes encore utilisée en Palestine pour battre le blé.
24 Mais le roi dit à Arauna : « Non pas ! Je veux te l’acheter en payant, je ne veux pas offrir à Yahvé mon Dieu des holocaustes qui ne me coûtent rien. » Et David acheta l’aire et les bœufs pour de l’argent, cinquante sicles.g
g Six cents sicles d’or d’après Ch. L’aire d’Arauna se trouvait en dehors de la ville, sur la colline qui dominait la Jérusalem primitive au nord ; c’est là que s’élèvera le Temple de Salomon, cf. 5.9.