6 Que dire alors ? Qu’il nous faut rester dans le péché, pour que la grâce se multiplie ? Certes non !
w Var. : « car ».
x Le baptême ne s’oppose pas à la foi, mais l’accompagne, Ga 3.26s ; Ep 4.5 ; He 10.22 ; cf. Ac 8.12s, 37 ; 16.31-33 ; 18.8 ; 19.2-5, et l’exprime sur le plan sensible par le symbolisme efficace de son rite. Aussi Paul leur attribue-t-il les mêmes effets (comp. Ga 2.16-20 et 6.3-9). La « plongée » (sens étymologique de « baptiser ») par immersion dans l’eau ensevelit le pécheur dans la mort du Christ, Col 2.12 ; cf. Mc 10.38, d’où il sort par la résurrection avec lui, 8.11, comme « nouvelle créature », 2 Co 5.17, « homme nouveau », Ep 2.15, membre du Corps unique animé de l’Esprit unique, 1 Co 12.13 ; Ep 4.4s. Cette résurrection qui ne sera totale et définitive qu’à la fin des temps, 1 Co 15.12s (mais cf. Ep 2.6), se réalise dès à présent par une vie nouvelle selon l’Esprit, vv. 8-11, 13 ; 8.2s ; Ga 5.16-24. — Outre le symbolisme plus spécialement paulinien de mort et de résurrection, ce rite primordial de la vie chrétienne, He 6.2, est aussi présenté dans le NT comme un bain qui purifie, Ep 5.26 ; He 10.22 ; cf. 1 Co 6.11 ; Tt 3.5, comme une nouvelle naissance, Jn 3.5 ; Tt 3.5 ; cf. 1 P 1.3 ; 2.2, comme une illumination, He 6.4 ; 10.32 ; cf. Ep 5.14. Sur baptême d’eau et baptême d’Esprit, cf. Ac 1.5 : ces deux aspects de la consécration chrétienne paraissent être l’« onction » et le « sceau » de 2 Co 1.21s. D’après 1 P 3.21 l’arche de Noé fut un type de baptême.
5 Car si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable ;
6 comprenons-le, notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l’impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d’être asservis au péché.
y Le chrétien ayant perdu l’instrument même du péché, son « corps de péché », v. 6, n’étant plus « dans la chair », 8.9, il est de soi affranchi définitivement du péché, cf. 1 P 4.1. Pour d’autres il est quitte du péché, suivant l’axiome juridique : la mort d’un coupable éteint l’action judiciaire. Cf. 7.1.
8 Maisz si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec lui,
z Var. : « Car ».
a Sans être pécheur, 2 Co 5.21, le Christ, par son corps de chair semblable au nôtre, 8.3, appartenait à la sphère du péché : devenu « spirituel », 1 Co 15.45-46, il n’appartient plus qu’à la sphère divine. Ainsi le chrétien, bien qu’il demeure provisoirement dans la chair, vit déjà de l’Esprit.
b Texte reçu et Vulg. : « le Christ Jésus notre Seigneur ». — Cf. 14.7s ; 1 Co 3.23 ; 2 Co 5.15 ; Ga 2.20 ; 1 P 2.24.
c Le baptême a détruit le péché dans l’homme, mais tant que son corps n’a pas « revêtu l’immortalité » 1 Co 15.54, le péché peut trouver en ce corps « mortel », siège de la concupiscence, le moyen de régner encore, cf. 7.14s.
15 Quoi donc ? Allons-nous pécher parce que nous ne sommes pas sous la Loi, mais sous la grâce ? Certes non !d
d Le Christ a libéré l’homme du Mal pour le rendre à Dieu. À côté du thème biblique de la « rédemption » 3.24, et de celui de la libération par la mort, 7.1, Paul recourt volontiers, pour exprimer cette idée, à l’image, si parlante à son époque, de l’esclave racheté et affranchi, qui ne peut plus être remis en esclavage, mais se doit de servir fidèlement son nouveau maître. En nous rachetant au prix de son sang, 1 Co 6.20 ; 7.23 ; Ga 3.13 ; 4.5, le Christ nous a affranchis et appelés à la liberté, Ga 5.1, 13. Désormais libéré de ses anciens maîtres, le péché, 6.18-22, la Loi, 6.14 ; 8.2 ; Ga 3.13 ; 4.5 ; cf. 7.1, avec ses observances matérielles, Ga 2.4, les « éléments du monde », Ga 4.3, 8 ; cf. Col 2.20-22, la corruption, 8.21-23, le chrétien ne doit plus retomber sous leur esclavage, Ga 2.4s ; 4.9 ; 5.1. Il est libre, 1 Co 9.1, fils de la femme libre, la Jérusalem d’en haut, Ga 4.26, 31. Cette liberté ne signifie cependant pas libertinage, Ga 5.13 ; cf. 1 P 2.16 ; 2 P 2.19. Elle doit être un service du nouveau maître, Dieu, 6.22 ; cf. 1 Th 1.9 ; 1 P 2.16, le Christ Kyrios, 1.1, etc. ; Jc 1.1 ; 2 P 1.1 ; Jude 1 ; 14.18 ; 16.18, etc., auquel le fidèle appartient désormais, 1 Co 6.19 ; 3.23, et pour qui il vit et meurt, 7.1 ; service qui se fait dans l’obéissance de la foi pour la justice et la sainteté, 6.16-19. Cette liberté des fils, Ga 4.7, affranchis par la « loi de l’Esprit », 8.2 ; cf. 7.6 ; 8.14s ; 2 Co 3.17 (et comp. Jc 1.25 ; 2.12), peut même avoir à sacrifier ses franchises légitimes pour devenir un service du prochain si la charité, Ga 5.13 ; cf. 2 Co 4.5, et le respect des autres consciences le demandent, 1 Co 10.23-33 ; 14 ; cf. 1 Co 6.12-13 ; 1 Co 9.19. Quant au régime social de l’esclavage, s’il peut encore être toléré dans ce monde qui passe, 1 Co 7.20-24, 31, il n’a plus du moins aucune valeur dans l’ordre nouveau instauré par le Christ, 1 Co 12.13 ; Ga 3.28 ; Col 3.11 : l’esclave chrétien est un affranchi du Seigneur, lui et son maître sont également des serviteurs du Christ, 1 Co 7.22 ; cf. Ep 6.5-9 ; Col 3.22—4.1 ; Phm 16.
7 Qu’est-ce à dire ? Que la Loi est péché ? Certes non ! Seulement je n’ai connu le péché que par la Loi. Et, de fait, j’aurais ignoré la convoitise si la Loi n’avait dit : Tu ne convoiteras pas !
k La loi est en soi bonne et sainte en ce qu’elle exprime la volonté de Dieu, 7.12-25 ; 1 Tm 1.8 ; elle représente un glorieux apanage d’Israël, 9.4 ; mais cf. 2.14s. Et pourtant elle semble un échec : non seulement les Juifs sont pécheurs, comme les autres, malgré leur Loi, 2.21-27 ; Ga 6.13 ; Ep 2.3, mais encore ils y puisent une confiance en leurs œuvres, 2.17-20 ; 3.27 ; 4.2, 4 ; 9.31s ; Ph 3.9 ; Ep 2.8, qui les ferme à la grâce du Christ, Ga 6.12 ; Ph 3.18 ; cf. Ac 15.1 ; 18.13 ; 21.21. Bref, la Loi est incapable de conférer la justice, Ga 3.11, 21s ; 3.20 ; cf. He 7.19. Avec une dialectique qui reçoit de la polémique un tour paradoxal, Paul explique cet échec apparent par la nature même de la Loi et son rôle dans l’histoire du salut. Lumière qui éclaire l’esprit sans donner la force intérieure, la Loi (mosaïque, mais aussi toute loi et déjà le « précepte » donné à Adam, cf. vv. 9-11) est impuissante à faire éviter le péché ; elle le favorise plutôt. Sans en être elle-même la source, elle se fait son instrument en excitant la convoitise, 7.7s ; par l’information de l’esprit elle aggrave la faute en en faisant une « transgression », 4.15 ; 5.13 ; enfin, elle n’y remédie que par un châtiment de colère, 4.15 ; de malédiction, Ga 3.10, de condamnation, 2 Co 3.9, et de mort, 2 Co 3.6s, au point qu’elle peut être appelée la « loi du péché et de la mort », 8.2 ; cf. 1 Co 15.56 ; 7.13. Si Dieu a voulu cependant ce système imparfait, cela a été comme un régime transitoire de pédagogue, Ga 3.24, pour donner à l’homme la conscience de son péché, 3.19s ; 5.20 ; Ga 3.19, et l’amener à n’attendre sa justice que de la grâce de Dieu, Ga 3.22 ; 11.32. Transitoire, ce régime doit disparaître pour faire place à l’accomplissement de la Promesse faite antérieurement à Abraham et à sa descendance, Ga 3.6-22 ; 4. Le Christ a mis fin à la Loi, Ep 2.15 ; cf. 10.4, en « l’accomplissant », cf. Mt 3.15 ; 5.17, en tout ce qu’elle a de positif, 3.31 ; 9.31, notamment par sa mort, expression suprême de son amour, 5.8 ; 8.35, 39 ; Ga 2.20 ; Ph 2.5-8 ; par là il en satisfaisait également les exigences à l’égard des pécheurs dont il a voulu se rendre solidaire, Ga 3.13 ; 8.3 ; Col 2.14. Il affranchit les fils de la tutelle du pédagogue, Ga 3.25s. Avec lui ils sont morts à la Loi, Ga 2.19 ; 7.4-6 ; cf. Col 2.20, dont il les a « rachetés », Ga 3.13, pour en faire des fils adoptifs, Ga 4.5. Par l’Esprit de la Promesse, il donne à l’homme nouveau, Ep 2.15, la force intérieure d’accomplir le bien que commandait la Loi, 8.4s. Ce régime de la grâce qui se substitue à celui de la Loi ancienne peut encore être appelé une loi mais c’est la « loi de foi », 3.27, la « loi du Christ », Ga 6.2, la « loi de l’Esprit », 8.2, qui se réduit tout entière à l’amour, Ga 5.14 ; 13.8-10 ; cf. Jc 2.8 ; Jn 13.34, participation à l’amour du Père et du Fils, Ga 4.6 ; 5.5.
8 Il n’y a donc plus maintenant de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus.
w Var. : « m’a affranchi », « nous a affranchis ».
x Au régime du péché et de la mort, Paul oppose le régime nouveau de l’Esprit, cf. 3.27. Le mot « esprit » désigne ici, soit la personne même du Saint Esprit (plus nettement au v. 9), soit l’esprit de l’homme renouvelé par cette présence, cf. 5.5 et 1.9.