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Bible de Jérusalem – 1 Corinthiens 1

PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS

Introduction aux épîtres aux Corinthiens

Préambule

Adresse et salutation. Action de grâces.

1 Paul, appelé à être apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu, et Sosthène, le frère, 2 à l’Église de Dieua établie à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de Jésus Christ, notre Seigneur, le leur et le nôtre ;b

a Expression favorite de Paul : 10.32 ; 11.16, 22 ; 15.9 ; 2 Co 1.1 ; Ga 1.13 ; 1 Th 2.14 ; 2 Th 1.4 ; 1 Th 3.5, 15 ; cf. aussi Ac 20.28. Comparer « les Églises du Christ », Rm 16.16. Cf. Mt 16.18 ; Ac 5.11 ; 7.38.

b Autre trad. « avec tous ceux qui en tout lieu, le leur et le nôtre, invoquent le nom de Jésus Christ notre Seigneur ».

3 à vous grâce et paix de par Dieu, notre Père, et le Seigneur Jésus Christ !

4 Je rends grâces à Dieu sans cesse à votre sujet pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée dans le Christ Jésus ; 5 car vous avez été comblés en lui de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la science,

6 à raison même de la fermeté qu’a prise en vous le témoignage du Christ.c

c C’est-à-dire le témoignage rendu au Christ. — « en vous » ou « chez vous ».

7 Aussi ne manquez-vous d’aucun don de la grâce, dans l’attente où vous êtes de la Révélationd de notre Seigneur Jésus Christ.

d Au moment suprême de la révélation des desseins secrets de Dieu, Rm 16.25, le Christ se révélera dans sa gloire à la fin des temps lors de sa « Parousie », 15.23, et de son « Apparition », 1 Tm 6.14 cf. Lc 17.30 ; Rm 2.5 ; 8.19 ; 2 Th 1.7 ; He 9.28 ; 1 P 1.5, 7, 13 ; 4.13 ; Ap. 1.1. Auparavant se sera « révélé » l’Impie, qu’il anéantira, 2 Th 2.3-8.

8 C’est lui qui vous affermira jusqu’au bout, pour que vous soyez irréprochablese au Jourf de notre Seigneur Jésus Christ.

e Cf. Ph 1.10 ; 2.15s ; Ep 1.4 ; Col 1.22 ; 1 Th 3.13 ; 5.23 ; Jude 24.

f Ce « Jour du Seigneur », 5.5 ; 2 Co 1.14 ; 1 Th 5.2 ; 2 Th 2.2 ; cf. 2 P 3.10, appelé encore le « Jour du Christ », Ph 1.6, 10 ; 2.16, ou simplement « le Jour », 3.13 ; 1 Th 5.4 ; cf. He 10.25, « ce jour-là », 2 Th 1.10 ; 2 Tm 1.12, 18 ; 4.8 ; cf. Mt 7.22 ; 24.36 ; Lc 10.12 ; 21.34, « le Jour du Fils de l’Homme », Lc 17.24, cf. 26, « le Jour de Dieu », 2 P 3.12, « le jour de la visite », 1 P 2.12, « le grand jour », Jude 6 ; Ap 6.17 ; 16.14, « le dernier jour », Jn 6.39, 40, 44, 54 ; 11.24 ; 12.48, est l’accomplissement dans l’ère eschatologique, inaugurée par le Christ, du « Jour de Yahvé » annoncé par les prophètes, Am 5.18. Déjà réalisée en partie par la première venue du Christ, Lc 17.20-24, et le châtiment de Jérusalem, Mt 24.1, cette étape ultime de l’histoire du salut, cf. Ac 1.7, sera consommée par le retour glorieux, 1.7 ; 15.23 ; 1 Tm 6.14, du Souverain Juge, Rm 2.6 ; Jc 5.8-9. Elle s’accompagne d’un bouleversement et d’un renouveau cosmiques (cf. Am 8.9), Mt 24.29 ; He 12.26s ; 2 P 3.10-13 ; Ap 20.11 ; 21.1 ; cf. Mt 19.28 ; Rm 8.20-22. Ce jour de lumière approche, Rm 13.12 ; He 10.25 ; Jc 5.8 ; 1 P 4.7 ; cf. 1 Th 5.2-3. Sa date est incertaine, 1 Th 5.1, et il faut s’y préparer durant le temps qui reste, 2 Co 6.2.

9 Il est fidèle,g le Dieu par qui vous avez été appelés à la communionh de son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.

g Cf. 10.13 ; 2 Co 1.18 ; 1 Th 5.24 ; 1 Th 3.3 ; 2 Tm 2.13 ; He 10.23 ; 11.11.

h Le mot de communion (koinônia) garde dans ses multiples emplois une acception fondamentale. La communion a sa source dans des réalités possédées en commun par plusieurs personnes, que ces réalités soient spirituelles ou matérielles. En fait, entre chrétiens, les biens matériels ne vont jamais sans les biens spirituels, Rm 15.26-27 ; 2 Co 8.4 ; 9.13 ; Ga 6.6 ; Ph 4.15-17. Parfois on a part à des actions ou à des sentiments, 2 Co 1.7 ; 6.14 ; 1 Tm 5.22 ; 2 Jn 11 ; Ap 1.9. La communion d’où dérivent toutes les autres donne part à des biens proprement divins, 9.23 ; Ph 1.5 ; Phm 6 ; elle nous unit au Père et à son Fils Jésus Christ, 1.9 ; 1 Jn 1.3, 7, au Christ lui-même. 10.16 ; Ph 3.10 ; 1 P 4.13, à l’Esprit, 2 Co 13.13 ; Ph 2.1. Elle nous donne part à la gloire à venir, 1 P 5.1. Le mot devient caractéristique de la communauté chrétienne, Ac 2.42.

I. Divisions et scandales

1. LES PARTIS DANS L’ÉGLISE DE CORINTHE

Les divisions entre fidèles.

10 Je vous en prie, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, ayez tous même langage ; qu’il n’y ait point parmi vous de divisions ; soyez étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée. 11 En effet, mes frères, il m’a été signalé à votre sujet par les gens de Chloé qu’il y a parmi vous des discordes.i

i On ne sait au juste ce qu’était cette Chloé ; probablement une industrielle ou une commerçante d’Éphèse, qui avait un personnel d’esclaves, d’affranchis et d’hommes libres.

12 J’entends par là que chacun de vous dit : « Moi, je suis à Paul. » — « Et moi, à Apollos. » — « Et moi, à Céphas. »j — « Et moi, au Christ. »k

j Soit que Céphas (Pierre) ait visité l’Église de Corinthe, cf. 9.5, soit que, sans l’avoir vu, certains chrétiens de cette Église se soient particulièrement réclamés de son autorité universellement reconnue.

k Peut-être se réclamaient-ils du Christ vu sur terre, et de ses témoins directs, cf. Ac 1.21s ; 10.41, de préférence aux autres, cf. 9.1 ; 2 Co 5.16 ; 11.5, 23 ; 12.11 ; ou bien prétendaient-ils se rattacher au Christ sans aucun intermédiaire humain. Peut-être aussi « moi, au Christ » est-il tout simplement la réponse de Paul à ceux qui se réclament de tel ou tel maître humain.

13 Le Christ n’est-il pas ainsi divisé ? Serait-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Ou bien serait-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? 14 Je rends grâces de n’avoir baptisé aucun de vous, si ce n’est Crispus et Caïus, 15 de sorte que nul ne peut dire que vous avez été baptisés en mon nom. 16 Ah si !l j’ai baptisé encore la famille de Stéphanas. Pour le reste, je ne sache pas avoir baptisé quelqu’un d’autre.

l Style oral. Paul dicte, cf. 16.21 ; sinon, il aurait corrigé et placé le début du v. 16 avant le v. 15.

Sagesse du monde et sagesse chrétienne.

17 Car le Christ ne m’a pas envoyé baptiser, mais annoncer l’Évangile, et cela sans la sagessem du langage, pour que ne soit pas réduite à néantn la croix du Christ.

m À cette « sagesse » humaine (ici les spéculations de la pensée et les artifices de la rhétorique) s’opposera la sagesse de Dieu, v. 24 et 2.6s.

n Littéralement « vidée » (de son contenu). Paul développe ce point en 2.1-5.

18 Le langage de la croix, en effet, est folieo pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu.

o Dans tout ce passage, folie est très péjoratif non la folie de l’héroïsme, mais la folie de la sottise, de la stupidité.

19 Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et l’intelligence des intelligentsp je la rejetterai.

p En Isa 29.14 on trouve la même idée Dieu annonce au peuple terrorisé par la menace assyrienne que les inventions d’une sagesse purement humaine ne pourront le sauver.

20 Où est-il, le sage ? Où est-il, l’homme cultivé ? Où est-il, le raisonneur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas frappé de folie la sagesseq du monde ?

q Dans tout ce passage, Paul ne condamne pas l’authentique sagesse humaine, don de Dieu et apte à connaître Dieu, v. 21, mais une sagesse orgueilleuse, suffisante.

21 Puisqu’en effet le monde, par le moyen de la sagesse, n’a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu,r c’est par la folie du message qu’il a plu à Dieu de sauver les croyants.

r C’est-à-dire dans les ouvres de Dieu, qui manifestent sa sagesse. Cf. Sg 13.1-9 ; Rm 1.19-20. Autres interprétations par une disposition de la sagesse de Dieu ; ou au temps de la sagesse de Dieu, c’est-à-dire de l’ancienne économie placée sous le signe de la mesure, opposée à la nouvelle où Dieu se manifeste de façon paradoxale, apparemment insensée.

22 Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse,s

s On est en quête de sécurités humaines miracles garantissant la vérité du message (cf. Jn 4.48) ; sagesse ou doctrine satisfaisante pour une intelligence avide de connaître. Cette quête n’est pas condamnable en elle-même, et la croix du Christ, paradoxalement, y répondra, v. 24. Mais si elle est une exigence préalable, en dehors de laquelle on refuse son adhésion, elle est inadmissible.

23 nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, 24 mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu.t

t Humainement, la Croix apparaît comme le contraire de l’attente, pour les Juifs comme pour les Grecs échec au lieu de manifestation glorieuse, folie au lieu de sagesse. Mais dans la foi, la croix apparaît comme comblant et dépassant l’attente puissance et sagesse divines.

25 Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.u

u Ce caractère paradoxal de l’action divine (1.18-25) se vérifie dans l’élection des Corinthiens (1.26-30) et dans la prédication de Paul (2.1-5).

26 Aussi bien, frères, considérez votre appel : il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair,v pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés.

v C’est-à-dire d’un point de vue purement humain.

27 Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort ; 28 ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi ; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est, 29 afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu. 30 Car c’est par Lui que vous êtesw dans le Christ Jésus qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu,x justice, sanctification et rédemption,y

w Le mot a un sens très fort. Vous existez maintenant en Jésus Christ, vous qui auparavant n’existiez pas (v. 28) aux yeux du monde, alors que ceux qui existent selon le monde sont réduits à rien (v. 28). C’est de cette existence nouvelle en Jésus Christ que vous devez vous glorifier (v. 31) et de celle-là seulement (cf. v. 29).

x Ainsi la sagesse chrétienne n’est pas le fruit d’un effort humain « selon la chair ». Elle se trouve dans un être humain apparu en « la plénitude des temps » (Ga 4.4), le Christ, qu’il faut « gagner » (Ph 3.8), pour trouver en lui « tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2.3). Et cette sagesse est celle d’un salut total « justice, sanctification, rédemption ».

y Ces trois derniers mots sont les thèmes fondamentaux de la future épître aux Romains, déjà en voie d’élaboration dans la pensée de Paul, cf. Rm 1.17 ; 6.19, 22 ; 3.24.

31 afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, qu’il se glorifie dans le Seigneur.

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