1 Commencement de l’Évangilea de Jésus, Christ,b fils de Dieu.c
a Transcription d’un mot grec signifiant « Bonne Nouvelle »; c’est la venue, en la personne du Christ, 1.1, du Règne de Dieu, 1.14-15 ; Mt 4.23, qui va remplacer celui de Satan, Mt 4.17, cause de tous les maux qui s’abattent sur le monde. Après le Christ, ses disciples proclameront l’évangile au monde entier, 13.10 ; 14.9. Croire en l’évangile exige repentir, 1.15, et renoncement, 8.35 ; 10.29. D’abord prêchée, puis peu à peu mise par écrit, cette Bonne Nouvelle s’est fixée dans nos quatre évangiles canoniques ; cf. Introd. — Terme technique en Mc et Mt, que l’on transcrit toujours par « Évangile », il n’est jamais utilisé par Lc qui préfère le verbe qui dérive, repris de Isa 61.1, cf. Lc 4.17-19 ; 1.19, et qui se traduit mieux par « annoncer la Bonne Nouvelle ».
b Transcription d’un mot grec signifiant « Oint ». Il s’applique avant tout à celui qui a reçu l’onction royale, Ps 2.2 ; 1.9. Les deux titres de « Christ » et de « Messie » sont équivalents, Jn 1.41.
c Om. « fils de Dieu ».
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route.
3 Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers,
4 Jean le Baptiste fut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés.
6 Jean était vêtu d’une peau de chameaud et mangeait des sauterelles et du miel sauvage.
d Var. « Jean était vêtu de poils de chameau et se ceignait les reins d’un pagne de peau », cf. Mt 3.4.
9 Et il advint qu’en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean.
e En recevant l’Esprit, Jésus est « oint », 1.1, comme roi sur le nouveau peuple de Dieu, 1 S 16.13 ; Jg 3.10. C’est ce que la voix céleste lui déclare, en citant Ps 2.7, cf. Lc 3.22, complété par Isa 42.1 Jésus est aussi le « Serviteur » qui va enseigner le droit aux nations. Pour décrire la scène, Mc s’inspire de Isa 63.11,19 Jésus est présenté comme un nouveau Moïse, cf. Ex 2.1ss ; Nb 11.17. En Mt 3.17, la voix céleste s’adresse à la foule et non plus à Jésus. Selon Jn 1.34-35, c’est le Baptiste qui voit l’Esprit descendre sur Jésus et qui proclame aux foules sa véritable personnalité.
12 Et aussitôt, l’Esprit le pousse au désert.
f Mc omet ou ignore le détail des trois tentations, que Mt et Lc doivent à une autre source. La mention des bêtes sauvages évoque l’idéal messianique, annoncé par les prophètes, d’un retour à la paix paradisiaque, cf. Isa 11.6-9, associé au thème de la retraite au désert, cf. Os 2.16. Le service des anges exprime la protection divine, cf. Ps 91.11-13, texte utilisé ici-même par Mt 4.6.
14 Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, proclamant l’Évangile de Dieu et disant :
g Parler d’accomplissement suppose qu’une continuité relie les étapes du dessein de Dieu, 1 R 8.24 ; Sg 8.8 ; Ac 1.7 ; etc., et que les hommes en ont connaissance. Quand s’inaugure la dernière de ces étapes, Rm 3.26, He 1.2, etc., les temps sont « accomplis », Ga 4.4 ; cf. 1 Co 10.11 non seulement les Écritures, Mt 1.22, et la Loi, Mt 5.17, mais toute l’économie de l’Alliance ancienne menée par Dieu à sa plénitude, Mt 9.17 ; 26.28 ; Rm 10.4 ; 2 Co 3.14-15 ; He 10.1, 14 ; etc. À la fin de cette dernière période de l’histoire, 1 Co 10.11 ; 1 Tm 4.1 ; 1 P 1.5, 20 ; 1 Jn 2.18, qui est « la fin des temps », He 9.26, surviendra une autre fin, celle « du temps », Mt 13.40, 49 ; 24.3 ; 28.20, c’est-à-dire le Jour, 1 Co 1.8 ; cf. Am 5.18, de la venue du Christ, 1 Co 15.23, de sa Révélation, 1 Co 1.7, et du Jugement, Rm 2.6 ; cf. Ps 9.5.
16 Comme il passait sur le bord de la mer de Galilée, il vit Simon et André, le frère de Simon, qui jetaient l’épervier dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.
h Ce récit s’inspire littérairement de 1 R 19.19-21 appel d’Élisée par Élie. Jésus est présenté comme un nouvel Élie, cf. Lc 7.15 citant 1 R 17.23.
17 Et Jésus leur dit : « Venez à ma suitei et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
i Littéralement « venez après moi ». Ceux que Jésus appelle à le suivre, 1.20 ; 2.14 ; Mt 19.21, 27-28 ; Lc 9.57-62 ; cf. déjà Dt 13.3, 5 ; 1 R 14.8 ; 19.20 ; etc., doivent, pour partager son destin, tout quitter, 10.21, 28, être prêts à la souffrance et à la croix, Mt 10.38 ; 16.24 ; cf. Jn 12.24-26. Des pensées voisines s’exprimeront, pour les disciples qui n’auront pas connu Jésus sur terre, en termes de communion, Ph 3.10 ; 1 Jn 1.3, etc., ou d’imitation, 2 Th 3.7.
19 Et avançant un peu, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, eux aussi dans leur barque en train d’arranger les filets ;
21 Ils pénètrent à Capharnaüm. Et aussitôt, le jour du sabbat, étant entré dans la synagogue, il enseignait.
j Grâce à l’Esprit qu’il a reçu lors de son baptême, Jésus inaugure sa mission selon qu’elle lui a été prescrite par la voix céleste, 1.9. Il enseigne, comme le Serviteur d’Isa 42.1-4 ; en expulsant les esprits impurs, suppôts de Satan, il montre qu’il dépouille celui-ci de son pouvoir royal, cf. Lc 10.18-19 ; Jn 12.32 ; Ap 12.9-11.
23 Et aussitôt il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur,k qui cria
k Le judaïsme, cf. Za 13.2, appelait ainsi les démons, étrangers et même hostiles à la pureté religieuse et morale qu’exige le service de Dieu ; voir encore 3.11, 30 ; Mt 10.1 ; 12.43 ; Lc 4.33, 36 ; etc.
l Littéralement « Qu’y a-t-il à nous et à toi ? » cf. Jn 2.4.
m Ces paroles reprennent celles que la veuve de Sarepta adresse à Élie, 1 R 17.18 ; Jésus est à nouveau comparé à ce prophète, 1.16.
n « Saint » signifie « consacré, mis à part ». L’esprit impur reconnaît en Jésus le prophète consacré par Dieu en vue de sa mission, Jr 1.5 ; Jn 6.69 ; 10.35-36, grâce à l’Esprit qu’il a reçu, Isa 61.1ss. Cf. Lc 1.35 ; Ac 2.27 ; 3.14 ; 4.27, 30 ; Ap 3.7.
29 Et aussitôt, sortant de la synagogue, il vinto dans la maison de Simon et d’André, avec Jacques et Jean.
o L’enseignement de Jésus et les miracles qu’il accomplit provoquent l’étonnement et obligent les spectateurs à se demander « Qui est ce Jésus de Nazareth ? » C’est la question qui revient tout au long de la première partie de l’évangile, 1.34 ; 2.12 ; 3.12 ; 4.41 ; 5.42 ; 6.2-3, 14-16 ; 7.37, cf. 1.25, 34 ; 3.11, et à laquelle Pierre donnera enfin la réponse Il est le Christ, 8.29.
32 Le soir venu, quand fut couché le soleil, on lui apportait tous les malades et les démoniaques,
p Var. « ils vinrent ».
35 Le matin, bien avant le jour, il se leva, sortit et s’en alla dans un lieu désert, et là il priait.
q Aux démons, 1.25, 34 ; 3.12, comme aux miraculés, 1.44 ; 5.43 ; 7.36 ; 8.26, et même aux apôtres, 8.30 ; 9.9, Jésus impose sur son identité messianique une consigne de silence qui ne sera levée qu’après sa mort, Mt 10.27. Le vulgaire se faisant alors du Messie une idée nationaliste et guerrière fort différente de celle que voulait incarner Jésus, il lui fallait user de beaucoup de prudence, du moins en terre d’Israël, cf. 5.19, pour éviter des méprises fâcheuses sur sa mission, cf. Jn 6.15 ; Mt 13.13. Cette consigne du « secret messianique » n’est pas une thèse artificielle inventée après coup par Mc, ainsi que certains l’ont prétendu ; elle répond à une attitude historique de Jésus, encore que Mc en ait fait un thème sur lequel il aime à insister. À part Mt 9.30, Mt et Lc n’ont cette consigne qu’en parallèle à Mc ; souvent même, ils l’omettent.
40 Un lépreux vient à lui, le supplie et, s’agenouillant, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »
r Sorti de Capharnaüm, v. 35, tel est le sens premier. Mais un autre sens plus profond pourrait viser la sortie de Jésus d’auprès de Dieu, Jn 8.42 ; 13.3 ; 16.27s, 30. Cf. Lc 4.43.
s Var. « Ému de compassion ». — Il est difficile d’expliquer pourquoi Jésus se met en colère ou pourquoi il rudoie le lépreux (v. 43) ; ces éléments peuvent être les traces d’un état plus ancien de la tradition.