13 Il y avait dans l’Église établie à Antioche des prophètes et des docteurs :w Barnabé, Syméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manaën, ami d’enfance d’Hérode le tétrarque, et Saul.
w Sur les prophètes, voir 11.27. Le charisme propre du docteur, ou didascale, le rend apte à donner à ses frères un enseignement moral et doctrinal, normalement fondé sur l’Écriture. Cf. 1 Co 12-14 :. — Les cinq prophètes et docteurs énumérés représentent le gouvernement de l’Église d’Antioche ; comp. la liste des Douze, 1.13, et celle des Sept, 6.5. Comme ces derniers, il semble que les Cinq d’Antioche soient des Juifs hellénistes.
x L’usage de ce terme assimile les prières communes des chrétiens au culte sacrificiel de l’ancienne Loi, cf. Rm 1.9.
y D’après 14.26 (cf. 15.40), ce geste de la communauté paraît recommander à la grâce de Dieu les nouveaux missionnaires, choisis, v. 2, et envoyés, v. 4, par l’Esprit Saint. Le rite n’a donc pas tout à fait la même portée que dans 6.6, où les Sept reçoivent des apôtres leur mandat. Cf. 1 Tm 4.14.
4 Eux donc, envoyés en mission par le Saint Esprit, descendirent à Séleucie, d’où ils firent voile pour Chypre.z
z Patrie de Barnabé, 4.36.
a La tactique constante de Paul, 17.2, est de s’adresser d’abord aux Juifs, cf. 13.14 ; 14.1 ; 16.13 ; 17.10, 17 ; 18.4, 19 ; 19.8 ; 28.17, 23. Elle correspond à un principe la priorité revient aux Juifs, voir 3.26 ; 13.46 ; Rm 1.16 ; 2.9-10 ; Mc 7.27. Ce n’est qu’après leur refus qu’on se tourne vers les païens, cf. 13.46 ; 18.6 ; 28.28.
6 Ayant traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent là un magicien, faux prophète juif, nommé Bar-Jésus,
b Les Juifs, et les Orientaux en général, prenaient ainsi un nom à l’usage du monde gréco-romain Jean portait le nom de Marc, 12.12, Joseph-Barsabbas celui de Justus, 1.23, Siméon celui de Niger, 13.1, Tabitha celui de Dorcas, 9.36, etc. Pour la première fois, Luc donne ici à Paul son nom romain, qui lui restera seul dans toute la suite. Il fait aussi passer Paul au premier plan non plus un second de Barnabé, mais le véritable chef de la mission, v. 13.
13 De Paphos, où ils s’embarquèrent, Paul et ses compagnons gagnèrent Pergé, en Pamphylie. Mais Jean les quitta pour retourner à Jérusalem.
c Il s’agit d’exhortations prenant leur point de départ dans l’Écriture, cf. Rm 15.4. L’usage des synagogues tel qu’il apparaît ici se retrouve dans les réunions liturgiques chrétiennes, où ces discours d’encouragement sont tenus par les « prophètes » ou docteurs cf. 1 Co 14.3, 31 ; 1 Tm 4.13 ; He 13.22 ; 11.23 ; 14.22 ; 15.32 ; 16.40 ; 20.1, 2.
16 Paul alors se leva, fit signe de la maind et dit :
« Hommes d’Israël, et vous qui craignez Dieu,e écoutez.
d Geste habituel de l’orateur antique, pour appeler l’attention des auditeurs il étendait la main droite, dont les deux petits doigts étaient repliés, les trois autres demeurant droits. Cf. 19.33 ; 21.40 ; 26.1.
e Le grand discours inaugural de saint Paul, où Luc veut donner le reflet de la prédication de l’Apôtre aux Juifs. Deux parties d’abord, vv. 16-25, un résumé d’histoire sainte (comp. le discours d’Étienne, 7), augmenté d’un rappel du témoignage de Jean-Baptiste ; ensuite, vv. 26-39 Jésus, mort et ressuscité, est bien le Messie attendu (prédication étroitement apparentée aux discours de Pierre, sauf la finale qui évoque la doctrine paulinienne de la justification par la foi). Le discours se termine, vv. 40-41, sur un grave avertissement tiré de l’Écriture, cf. 28.26-27.
f Cf. 10.2.
g Littéralement « le Dieu de ce peuple Israël ».
h Var. « soutint » (ou « supporta »).
i Texte occ. (et antiochien) « Pendant quatre cent cinquante ans environ, il leur donna des juges. » Le texte reste obscur.
j Dont Paul, lui aussi de la tribu de Benjamin, Rm 11.1 ; Ph 3.5, portait le nom.
25 Au moment de terminer sa course, Jean disait : « Celui quel vous croyez que je suis, je ne le suis pas ; mais voici venir après moi celui dont je ne suis pas digne de délier la sandale. »
k Ou « ressuscité ». Le verbe grec est amphibologique, et l’argumentation exploite cette amphibologie comme en 3.20-26 la « promesse » s’est réalisée par la résurrection de Jésus, vv. 32-33 ; voir aussi 26.6-8 ; c’est aussi par sa résurrection que Jésus a été constitué Sauveur, cf. 5.31 ; voir aussi 2.21 ; 4.12 ; Rm 5.9-10 ; Ph 3.20, etc. Ainsi le verbe, qui au v. 22 signifie « susciter », signifie indubitablement « ressusciter » à partir du v. 30. Au v. 23, il fait transition et est équivoque.
l Var. « Ce que ».
26 « Frères, vous les enfants de la race d’Abraham et vous ici présents qui craignez Dieu, c’est à vousm que ce message de salut a été envoyé.
m Var. « à nous ».
n Avec texte occ. Texte courant « En effet, les habitants de Jérusalem l’ont méconnu, lui, ainsi que les paroles des prophètes qu’on lit chaque sabbat ils les ont accomplies en le condamnant. »
o Un des thèmes de l’apologétique chrétienne Jésus innocent et condamné injustement, cf. 3.13-14 ; Lc 23.14, 22, 47 ; Mt 27.3-10, 19, 23-24.
p « ont demandé à Pilate de le faire périr », soit « que (lui) le fasse périr », soit que (eux puissent) le faire périr », selon les témoins. Var. « l’eut livré à Pilate pour qu’il périsse ».
q Texte occ. « ... écrit de lui, ils demandèrent à Pilate de pouvoir, après l’avoir crucifié, le descendre du gibet, et ayant obtenu l’autorisation, ils le descendirent et le mirent au tombeau. »
r Cet appel au témoignage des apôtres galiléens surprend un peu dans la bouche de Paul qui ne séparait pas son propre témoignage du leur, 1 Co 15.3-11.
32 « Et nous, nous vous annonçons la Bonne Nouvelle : la promesse faite à nos pères,
s Var. « en faveur de nos enfants ».
t « dans les psaumes »; var. « au psaume premier » leçon occ. (selon l’ancien usage d’unir les Ps 1 et 2) ; autre var. « au psaume deuxième » (suivant l’usage qui a fini par prévaloir).
u La résurrection du Christ a été son intronisation messianique ; son humanité est entrée alors dans la jouissance des privilèges du Fils de Dieu. Cf. Rm 1.4.
v Promesse de la sainteté comme d’un don réservé aux temps messianiques, qui découlera du nouveau David, le Christ ressuscité.
36 Or David, après avoir en son temps servi les desseins de Dieu, est mort, a été réuni à ses pères et a vu la corruption.
38 « Sachez-le donc, frères, c’est par lui que la rémission des péchés vous est annoncée. L’entière justification que vous n’avez pu obtenir par la Loi de Moïse,
39 c’est par lui que quiconque croit l’obtient.
40 « Prenez donc garde que n’arrive ce qui est dit dans les Prophètes :
41 Regardez, contempteurs,
soyez dans la stupeur et disparaissez !
Parce que de vos jours je vais accomplir une œuvre
que vous ne croiriez pas si on vous la racontait. »w
w L’incrédulité et le rejet des Juifs (cf. Mt 21.33 ; 22.1) sont un thème cher à Luc, cf. 13.5 ; il reviendra en conclusion du livre des Actes, 28.26-27.
42 Et, à leur sortie, on les invitait àx parler encore du même sujet le sabbat suivant.
x Var. « À leur sortie, ils jugeaient convenable de ».
y Add. « jugeant convenable de se faire baptiser ».
z Add. occ. « Et de la sorte la parole de Dieu se répandait dans toute la ville. »
44 Le sabbat suivant, presque toute la ville s’assembla pour entendre la parole de Dieu.a
a Var. « la parole du Seigneur », ou « Paul, qui discourut longuement au sujet du Seigneur ».
b Cette idée de « hardiesse », ou d’« assurance », déjà soulignée à propos des apôtres, 4.13, 29, 31, revient de façon insistante quand il s’agit de Paul, 9.27-28 ; 14.3 ; 19.8 ; 26.26 ; 28.31 ; même insistance chez Paul lui-même, 1 Th 2.2 ; 2 Co 3.12 ; 7.4 ; Ph 1.20 ; Ep 3.12 ; 6.19-20.
Je t’ai établi lumière des nations,
pour faire de toi le salut jusqu’aux extrémités de la terre. »c
c Citation libre d’après les LXX. Le texte peut s’entendre, soit de Paul lui-même (cf. 26.17-18), apôtre et docteur des païens (cf. Rm 11.13 ; 1 Tm 2.7 ; Ep 3.8, etc.), soit du Christ ressuscité (voir 26.23, qui paraît également dépendre d’Isa 49.6, et Lc 2.32, tributaire d’Isa 49.6, 9) il est la lumière des nations, mais ne les éclairera effectivement que grâce au témoignage des apôtres, cf. 1.8 ; aussi la prophétie est-elle un ordre pour l’Apôtre qui doit en assurer l’accomplissement.
48 Tout joyeux à ces mots, les païens se mirent à glorifier la parole du Seigneur,d et tous ceux-là embrassèrent la foi, qui étaient destinés à la vie éternelle.e
d Var. « la parole de Dieu ».
e « La vie éternelle », cf. v. 46, c’est-à-dire la vie du siècle futur, cf. 3.15 ; n’y parviendront que ceux dont les noms « sont écrits dans le ciel », Lc 10.20, dans « le livre de la vie », Ph 4.3 ; Ap 20.12. « Destinés à la vie du monde futur », expression courante chez les rabbins.
50 Mais les Juifs montèrent la tête aux dames de condition qui adoraient Dieu ainsi qu’aux notables de la ville ; ils suscitèrent de la sorte une persécution contre Paul et Barnabé et les chassèrent de leur territoire.