13 Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père,o ayant aimé les siensp qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin.q
n Le récit du lavement des pieds n’est pas homogène. Primitivement, il rappelait un exemple d’humilité et de « service » du prochain donné par le Christ aux disciples, vv. 4-5 et 12-15 ; cf. Lc 22.24-27. Ce récit fut complété par adjonction des vv. 6-10 pour lui donner une portée sacramentelle (le baptême probablement). Dans cette perspective nouvelle, la purification est obtenue par participation au sacrifice du Christ, v. 8 ; cf. 1 1.7 ; 1 P 1.2, et non par le fait d’obéir à sa parole, 15.3 ; 17.17-19. — Cf. 6.22, 60. Les vv. 1-3 semblent surchargés eux aussi ; le v. 2 anticipe ce qui sera dit au v. 27.
o Une tradition juive interprétait le mot « Pâque » (cf. Ex 12.11) au sens de « Passage », avec référence au passage de la mer Rouge, Ex 14. Le Christ (et nous avec lui) va « passer » de ce monde, captif du péché, vers le Père, la Terre promise. Cf. 1.21 ; 11.55. Ce sera la Pâque du Christ ; elle va remplacer la Pâque.
p Pour la première fois, met explicitement la vie et la mort de Jésus sous le signe de son amour pour les siens. C’est comme un secret dont la pleine révélation est réservée pour les derniers instants, 13.34 ; 15.9, 13 ; 17.23 ; 1 3.16 ; Rm 8.35 ; Ga 2.20 ; Ep 3.19 ; 5.2, 25.
q Jusqu’à l’achèvement de l’œuvre voulue par le Père 4.34 ; 19.30.
2 Au cours d’un repas,r alors que déjà le diable avait mis au cœurs de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le livrer,
r Il ne s’agit pas du repas pascal dont parlent Mt 26.17s et p. ; cf. 13.29.
s Var. « le diable ayant déjà mis dans le (son ?) cœur que Judas Iscariote le livrerait », ou « s’étant mis dans le cœur... », ou « Satan étant entré dans le cœur de Judas pour qu’il le livrât ». — La Passion est un drame où se trouve engagé le monde invisible derrière les hommes est à l’œuvre la puissance diabolique. Cf. 6.70s ; 8.44 ; 12.31 ; 13.27 ; 16.11 ; Ap 12.4, 17 ; 13.2 ; Lc 22.3 ; 1 Co 2.8.
4 il se lève de table, dépose ses vêtements, et prenant un linge, il s’en ceignit.
5 Puis il met de l’eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciplest et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.
t Tenue et fonction caractéristiques de l’esclave, cf. 1 S 25.41.
6 Il vient donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « Seigneur, toi, me laver les pieds ? »
7 Jésus lui répondit : « Ce que je fais, tu ne le sais pas à présent ; par la suite tu comprendras. »
u Sémitisme faute de comprendre l’esprit de son Maître, Pierre s’exclut de toute communication avec lui, de toute participation à son œuvre et à sa gloire.
v Add. « sinon les pieds ».
w Pierre a compris la réponse de Jésus, v. 8, en un sens matériel, comme si Jésus inaugurait un rite de purification. Jésus réplique que cette purification est acquise, grâce à son sacrifice, cf. 15.2-3 ; 1 1.7 ; He 10.22. Il donnera le sens de son geste présent aux vv. 12-15.
x Le même mot signifie en grec propre et pur.
12 Quand donc il leur eut lavé les pieds, qu’il eut repris ses vêtements et se fut remis à table, il leur dit : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ?
y Cf. 1 2.6 ; 3.16. Sur cette pratique dans l’Église primitive, cf. 1 Tm 5.10.
16 En vérité, en vérité, je vous le dis,z
le serviteur n’est pas plus grand que son maître,
ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé.
z Parole du Christ que l’on retrouvera en 15.20, dans un contexte de persécution comme en Mt 10.24, cf. Lc 6.40. Ici, elle sépare indûment les vv. 15 et 17.
17 Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites.
Celui qui mange mon pain
a levé contre moi son talon.a
a Ce v. 18 annonce la trahison de Judas sous une forme très concise et archaïque, cf. Mc 14.18. Le récit des vv. 21-30 développera le thème en se rapprochant du récit des Synoptiques. Quant à la parole du Christ rapportée au v. 20, elle suppose le même contexte missionnaire, cf. Mt 10.40, que celle qui fut insérée au v. 16.
19 Je vous le dis, dès à présent,
avant que la chose n’arrive,
pour qu’une fois celle-ci arrivée,
vous croyiez que Moi, Je Suis.
20 En vérité, en vérité, je vous le dis,
qui accueille celui que j’aurai envoyé m’accueille ;
et qui m’accueille, accueille celui qui m’a envoyé. »
21 Ayant dit cela, Jésus fut troublé en son esprit et il attesta :
« En vérité, en vérité, je vous le dis,
l’un de vous me livrera. »
22 Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait.
23 Un de ses disciples était installé tout contre Jésus :b celui qu’aimait Jésus.
b Littéralement « dans le sein de Jésus », en tô(i) kolpô(i), cf. 1.18, eis ton kolpon . Le « disciple que Jésus aimait » apparaît ici pour la première fois sous cette désignation énigmatique. Cf. 19.26 ; 20.2 ; 21.7, 20, 24.
24 Simon-Pierre lui fait signe et lui dit : « Demande quel est celui dont il parle. »
25 Celui-ci, se penchant alors vers la poitrine de Jésus, lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? »
c C’est Satan, le Prince de ce monde, qui mène le combat contre le Christ, 13.2 ; Lc 4.13, par personne interposée. Il veut défendre son royaume, que le Christ s’apprête à lui ravir, en faisant mourir Jésus ; mais, ironie du plan divin, c’est en montant sur la croix que le Christ le vaincra, 12.31.
d Jean note ce détail parce qu’il y voit une portée symbolique Judas, en qui Satan vient d’entrer, appartient maintenant au monde des ténèbres, Lc 22.53.
31 Quand donc il fut sorti, Jésus dit :
« Maintenante le Fils de l’homme a été glorifié
et Dieu a été glorifié en lui.
e La Passion est déjà commencée, puisque Judas, poussé par Satan, vient de sortir ; Jésus célèbre déjà son triomphe comme accompli, cf. 16.33.
32 Si Dieu a été glorifié en lui,f
Dieu aussi le glorifiera en lui-mêmeg
et c’est aussitôt qu’il le glorifiera.
f Om. « Si Dieu a été glorifié en lui ».
g « lui-même » désigne Dieu, le Père. Il glorifiera le Fils de l’homme en le prenant avec lui dans la gloire. Cf. 17.5, 22, 24.
33 Petits enfants,
c’est pour peu de temps que je suis encore avec vous.
Vous me chercherez,
et comme je l’ai dit aux Juifs :h
où je vais,
vous ne pouvez venir,i
à vous aussi je le dis à présent.
h La glorification de Jésus est liée à son départ. Pour les Juifs, la séparation sera définitive, 8.21 ; pour les disciples, momentanée, 14.2-3.
i Sinon par la mort, cf. v. 36 ; 21.19, 22s.
34 Je vous donne un commandement nouveau :j
vous aimer les uns les autres ;
comme je vous ai aimés,
aimez-vous les uns les autres.
j Cf. Mt 25.31-46. À l’idée du « départ » du Christ, v. 33, qui prépare l’annonce du reniement de Pierre, vv. 36-38, l’évangéliste rattache le précepte de l’amour, vv. 34-35, testament du Christ. Ce précepte, déjà présent dans la Loi mosaïque, est « nouveau » par la perfection à laquelle Jésus le porte, et parce qu’il constitue comme la marque distinctive des temps nouveaux, inaugurés et révélés par la mort de Jésus.
35 À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
36 Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; mais tu me suivras plus tard. »k
k Annonce voilée du martyre de Pierre.
l Add. « Seigneur ».