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Bible de Jérusalem – Actes 15

Controverse à Antioche.

15 u Cependant certaines gens descendus de Judéev enseignaient aux frères : « Si vous ne vous faites pas circoncire suivant l’usage qui vient de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. »

u Les événements de ce ch. soulèvent plusieurs difficultés : 1° les vv. 5-7 reprennent les vv. 1-2 comme si l’auteur rapportait deux origines différentes de la controverse, sans mettre de lien entre elles ; 2° au v. 6, on a l’impression d’une réunion séparée des dirigeants de la communauté, mais, aux vv. 12, 22, les débats se font devant l’assemblée chrétienne tout entière ; 3° l’assemblée porte et remet à Paul un décret sur les observances de pureté rituelle imposées aux chrétiens issus du paganisme, vv. 22s ; mais plus tard, Jacques semble notifier ce même décret à l’Apôtre, sans supposer qu’il le connaisse, 21.25. Paul lui-même ne parle de ce décret ni en Ga 2.6 (où il parle de l’assemblée de Jérusalem) ni en 1 Co 8-10 ; Rm 14 (où il traite de problèmes analogues) ; 4° le décret de 15.29 fut porté pour les Églises de Syrie et de Cilicie, 15.23 ; pourtant, Luc ne dit pas que Paul l’ait publié en traversant ces régions, 15.41, mais il en parle à propos des villes de Lycaonie, 16.4, et les termes de 15.19-21 ; 21.25 semblent en fait donner au décret une portée universelle. On expliquerait ces difficultés en admettant que Luc a bloqué deux controverses distinctes et les solutions différentes qui leur furent données (Paul a mieux distingué en Ga 2) une controverse à laquelle prirent part Pierre et Paul, sur l’obligation de la Loi juive pour les païens convertis, cf. Ga 2.1-10 ; une autre, postérieure, suscitée par l’incident d’Antioche, Ga 2.11-14, et où Jacques joua un rôle prépondérant en l’absence de Pierre et de Paul, sur les rapports entre chrétiens issus du judaïsme et du paganisme dans leurs relations sociales ; tout contact avec un païen entraînait pour le juif une impureté légale cf. 15.20.

v Ga 2.12 les désigne comme « certaines gens de l’entourage de Jacques ».

2 w Après bien de l’agitation et une discussion assez vive engagée avec eux par Paul et Barnabé, il fut décidé que Paul, Barnabé et quelques autres des leursx monteraient à Jérusalem auprès des apôtresy et des anciens pour traiter de ce litige.

w Var. « Après beaucoup d’agitation et une discussion assez vive engagée avec eux par Paul et Barnabée — car Paul disait, en insistant, qu’ils devaient demeurer comme lorsqu’ils avaient cru — ceux qui étaient venus de Jérusalem leur commandèrent ainsi qu’à quelques autres de monter à Jérusalem auprès des apôtres et des anciens pour être jugés devant eux au sujet de ce litige. »

x Ga 2.1-3 nomme Tite, qui était originaire de la gentilité.

y Les apôtres, dont il n’est question ni en 11.30 ni en 21.18, sont mentionnés ici conjointement au collège des anciens ; cela s’accorde avec Ga 2.2-9, où Pierre et Jean sont cités comme autorités de l’Église de Jérusalem, à côté de Jacques, frère du Seigneur.

3 Eux donc, après avoir été escortész par l’Église, traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des païens, et ils causaient une grande joie à tous les frères.

z Autre traduction « après avoir été pourvus du nécessaire pour le voyage », cf. 1 Co 16.11 ; Tt 3.13.

4 Arrivés à Jérusalem, ils furent accueillis par l’Église, les apôtres et les anciens, et ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux.

Controverse à Jérusalem.

5 Mais certaines gens du parti des Pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrenta pour déclarer qu’il fallait circoncire les païens et leur enjoindre d’observer la Loi de Moïse.b

a Dans le texte ordinaire, les Pharisiens ont l’air d’intervenir à Jérusalem indépendamment de ce qui s’est passé à Antioche. Le texte occ. s’applique à faire le raccord « Mais ceux qui leur avaient enjoint de monter vers les anciens se levèrent alors... »

b D’après Ga 2.3-5 ces exigences auraient visé plus directement Tite, qui avait accompagné Paul à Jérusalem.

6 Alors les apôtres et les anciensc se réunirent pour examiner cette question.

c Add. occ. « et l’assemblée », cf. v. 12.

7 Après une longue discussion, Pierre se levad et dit :
« Frères, vous le savez : dès les premiers jours, Dieu m’a choisi parmi vous pour que les païens entendent de ma bouche la parole de la Bonne Nouvelle et embrassent la foi.

d Add. occ. « sous l’inspiration de l’Esprit ».

8 Et Dieu, qui connaît les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l’Esprit Saint tout comme à nous. 9 Et il n’a fait aucune distinction entre eux et nous, puisqu’il a purifié leur cœur par la foi.e

e Interprétation de la parole céleste entendue par Pierre, 10.15 ; 11.9, cf. 10.28 ; Si 38.10. L’intervention de Pierre reprend la justification qu’il a donnée de sa conduite à Césarée, 11.4-17.

10 Pourquoi donc maintenant tentez-vous Dieuf en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n’avons eu la force de porter ?

f Tenter (cf. 1 Co 10.13) Dieu, c’est le mettre en demeure de faire ses preuves, en exigeant une intervention ou un signe, 5.9 ; Ex 17.2, 7 ; Nb 14.22 ; Dt 6.16 ; Jdt 8.12-17 ; Ps 95.9 ; Isa 7.11-12 ; Mt 4.7 ; 5.8-10 ; 1 Co 10.9.

11 D’ailleurs, c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, exactement comme eux. »g

g Réponse directe à l’affirmation du v. 1. La doctrine est celle de Ga 2.15-21 ; 3.22-26 ; Rm 11.32 ; Ep 2.1-10 ; etc. À ce point de vue, aucun avantage pour le Juif cf. 13.38 ; Ga 5.6 ; 6.15.

Le discours de Pierre.

12 Alors toute l’assemblée fit silence.h On écoutait Barnabé et Paul exposer tout ce que Dieu avait accompli par eux de signes et prodiges parmi les païens.

h Texte occ. « Comme les anciens donnaient leur assentiment à ce que Pierre avait dit, toute l’assemblée... »

Le discours de Jacques.

13 Quand ils eurent cessé de parler, Jacquesi prit la parole et dit : « Frères, écoutez-moi.

i Ga 2.9 atteste l’importance de son rôle en cette affaire, spécialement dans le débat concernant les problèmes locaux de relations sociales, cf. 15.1.

14 Syméonj a exposé comment, dès le début, Dieu a pris soin de tirer d’entre les païens un peuple réservé à son Nom.

j Nom sémitique de Simon-Pierre, cf. 2 P 1.1.

15 Ce qui concorde avec les paroles des Prophètes, puisqu’il est écrit :k

k Le texte est cité d’après la LXX et l’argumentation repose sur des variantes propres à la version grecque. Elle provient sans doute des milieux « hellénistes », bien qu’elle soit mise ici sur les lèvres du chef du parti « hébreu ».

16 Après cela je reviendrai
et je relèverai la tente de David qui était tombée ;
je relèverai ses ruines
et je la redresserai
,
17 afin que le reste des hommes cherchent le Seigneur,
ainsi que toutes les nations
qui ont été consacrées à mon Nom,l
dit le Seigneur qui fait

l Littéralement « sur lesquelles mon Nom a été invoqué (ou prononcé) ». Invoquer le nom de Yahvé sur un peuple, cf. 2 Ch 7.14, ou sur un lieu, cf. 2 Ch 6.34, c’est le consacrer à Yahvé.

18 connaître ces choses depuis des siècles.m

m Var. « dit le Seigneur qui fait ces choses. Depuis des siècles le Seigneur connaît son œuvre. »

19 « C’est pourquoi je juge, moi,n qu’il ne faut pas tracasser ceux des païens qui se convertissent à Dieu.

n Jacques dirime le débat, et la lettre apostolique ne fera que reprendre les termes de sa déclaration. Ga 2.9 donne la même impression dans l’Église de Jérusalem, à cette date, c’est Jacques qui occupe la première place, cf. 12.17. — Une var. diminue son importance « C’est pourquoi, pour ce qui est de moi... »

20 Qu’on leur mande seulement de s’abstenir de ce qui a été souillé par les idoles,o des unions illégitimes,p des chairs étouffées et du sang.q

o La viande des animaux immolés dans les sacrifices païens, cf. v. 29 et 21.25. Voir 1 Co 8-10.

p Le mot paraît désigner toutes les unions irrégulières énumérées en Lv 18.

q Le texte occ. supprime « chairs étouffées » et ajoute à la fin « et ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas être fait à soi-même » (de même au v. 29). Autre om. « l’impudicité ». — Les réserves de Jacques montrent la nature exacte du litige. Elles ont un caractère strictement rituel et répondent à la question posée en 11.3 et Ga 2.12-14 que faut-il exiger de la part des helléno-chrétiens pour que les judéo-chrétiens puissent les fréquenter sans souillure légale ? De toutes les lois de pureté, Jacques n’a voulu retenir que celles dont la signification religieuse paraît universelle la manducation des viandes offertes aux idoles comportait une certaine participation à un culte sacrilège, cf. 1 Co 8-10. Le sang concrétise la vie, qui appartient à Dieu seul, et l’interdit de la Loi qui le concernait, Lv 1.5, avait un tel caractère qu’on s’explique la répugnance du Juif à en dispenser les païens. Le cas des chairs étouffées est analogue à celui du sang. Les unions irrégulières figurent dans ce contexte non pas pour leur qualification morale, mais en tant que principe de souillure légale.

21 Car depuis les temps anciens Moïse a dans chaque ville ses prédicateurs, qui le lisent dans les synagogues tous les jours de sabbat. »

La lettre apostolique.

22 Alors les apôtres et les anciens, d’accord avec l’Église tout entière, décidèrent de choisir quelques-uns d’entre eux et de les envoyer à Antioche avec Paul et Barnabé. Ce furent Jude, surnommé Barsabbas,r et Silas,s hommes considérés parmi les frères.

r Inconnu par ailleurs ; cf. 1.23.

s Silas, compagnon de mission de Paul, 15.40—18.5, est identique au Silvain que mentionnent 1 Th 1.1 ; 2 Th 1.1 ; 2 Co 1.19 ; 1 P 5.12.

23 Ils leur remirent la lettre suivante :

« Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut ! 24 Ayant appris que, sans mandat de notre part, certaines gens venus de chez nous ont, par leurs propos, jeté le trouble parmi vous et bouleversé vos esprits, 25 nous avons décidé d’un commun accord de choisir des délégués et de vous les envoyer avec nos bien-aimés Barnabé et Paul, 26 ces hommes qui ont voué leur vie au nom de notre Seigneur Jésus Christ. 27 Nous vous avons donc envoyé Jude et Silas, qui vous transmettront de vive voix le même message. 28 L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d’autres charges que celles-ci, qui sont indispensables : 29 vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder.t Adieu. »

t Add. occ. « sous la conduite du Saint Esprit ».

Les délégués à Antioche.

30 Prenant congé donc, les délégués descendirent à Antioche, où ils réunirent l’assemblée et remirent la lettre. 31 Lecture en fut faite, et l’on se réjouit de l’encouragement qu’elle apportait. 32 Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent les frères et les affermirent par un long discours. 33 Au bout de quelque temps, les frères les renvoyèrent avec des souhaits de paix vers ceux qui les avaient envoyés. 34 ...u

u Le texte occ. ajoute le v. 34 « Mais Silas décida de rester là. » Plusieurs mss ajoutent en outre « Jude partit seul. »

35 Paul et Barnabé toutefois demeurèrent à Antioche où, avec beaucoup d’autres, ils enseignaient et annonçaient la Bonne Nouvelle, la parole du Seigneur.

IV. Les missions de Paul

Paul se sépare de Barnabé et s’adjoint Silas.

36 Quelque temps après, Paul dit à Barnabé : « Retournons donc visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir où ils en sont. » 37 Mais Barnabé voulait emmener aussi Jean, surnommé Marc ; 38 Paul, lui, n’était pas d’avis d’emmener celui qui les avait abandonnés en Pamphylie et n’avait pas été à l’œuvre avec eux. 39 v L’irritation devint telle qu’ils se séparèrent l’un de l’autre. Barnabé prit Marc avec lui et s’embarqua pour Chypre.

v Il est possible que la cause profonde de la séparation de Paul avec Barnabé soit le différend qui se produisit entre eux à Antioche sur les repas communs, et donc la communion, entre chrétiens issus du judaïsme et du paganisme ; cf. Ga 2.11-13.

40 De son côté, Paul fit choix de Silas et partit, après avoir été confié par les frères à la grâce de Dieu.w

w Var. « la grâce du Seigneur ».

En Lycaonie. Paul s’adjoint Timothée.

41 Il traversa la Syrie et la Cilicie, où il affermit les Églises.x

x Le texte occ. ajoute « transmettant les prescriptions des anciens », cf. 16.4.

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