28 Après le jour du sabbat,i comme le premier jour de la semaine commençait à poindre, Marie de Magdala et l’autre Mariej vinrent visiterk le sépulcre.
i Et non « Au soir du Sabbat » (Vulg.). — Le sabbat étant le jour du repos, le « premier jour de la semaine » juive correspond à notre « dimanche », Ap 1.10, c’est-à-dire « jour du Seigneur », ainsi nommé en mémoire de la Résurrection. Cf. Ac 20.7 ; 1 Co 16.2.
j C’est-à-dire « Marie de Jacques », Mc 16.1 ; Lc 24.10 ; cf. 27.56, 61.
k Le tombeau étant scellé et gardé, les femmes ne songent pas à oindre le corps de Jésus, comme chez Mc et Lc, mais veulent seulement « visiter » le tombeau.
l « il »; var. « le Seigneur ».
m Var. « Sortant vite du tombeau », cf. Mc 16.8.
9 Et voici que Jésus vint à leur rencontre : « Je vous salue », dit-il. Et elles de s’approcher et d’étreindre ses pieds en se prosternant devant lui.
n S’ils sont d’accord pour rapporter l’apparition initiale de l’Ange (ou des Anges) aux femmes, 28.5-7 ; Mc 16.5-7 ; Lc 24.4-7 ; Jn 20.13, les quatre évangiles divergent en ce qui concerne les apparitions de Jésus lui-même. Mc mis à part, dont la conclusion abrupte pose un problème spécial, cf. Mc 16.8, et dont la finale longue récapitule les données des autres évangiles, on observe chez tous une distinction littérairement et doctrinalement marquée entre : 1° des apparitions privées servant à prouver la Résurrection à Marie-Magdeleine, seule, Jn 20.14-17 ; cf. Mc 16.9, ou accompagnée, 28.9-10 ; aux disciples d’Emmaüs, Lc 24.13-32 ; cf. Mc 16.12, à Simon, Lc 24.34, à Thomas, Jn 20.26-29 ; 2° une apparition collective avec mission apostolique, 28.16-20 ; Lc 24.36-49 ; Jn 20.19-23 ; cf. Mc 16.14-18. On remarque d’autre part deux traditions dans la localisation en Galilée seulement, Mc 16.7 ; 28.10, 16-20 ; en Judée seulement, Lc et Jn 20 ; Jn 21 ajoute, par mode d’appendice, une apparition en Galilée qui, tout en portant un caractère privé (surtout à Pierre et Jean), s’accompagne d’une mission (à Pierre). Le kérygme ancien que Paul récite en 1 Co 15.3-7 énumère cinq apparitions (auxquelles s’ajoute l’apparition à Paul lui-même), qui ne se laissent pas facilement harmoniser avec les récits évangéliques ; il mentionne en particulier une apparition à Jacques qui est également racontée par l’Évangile aux Hébreux. On sent là des traditions différentes, dues à des groupes divers qu’il est difficile de préciser. Mais leurs divergences mêmes attestent mieux qu’une uniformité artificiellement construite le caractère ancien et historique de ces multiples manifestations du Christ ressuscité.
11 Tandis qu’elles s’en allaient, voici que quelques hommes de la garde vinrent en ville rapporter aux grands prêtres tout ce qui s’était passé.
14 Que si l’affaire vient aux oreilles du gouverneur, nous nous chargeons de l’amadouer et de vous épargner tout ennui. »
16 Quant aux onze disciples, ils se rendirent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait donné rendez-vous.
o Autre traduction, moins autorisée par la grammaire « eux qui avaient douté ». — Sur ces doutes que doit mentionner ici, faute d’avoir raconté une autre apparition aux disciples, cf. Mc 16.11, 14 ; Lc 24.11, 41 ; Jn 20.24-29.
p En ces dernières instructions de Jésus, avec la promesse qui les suit, se trouve condensée la mission de l’Église apostolique. Le Christ glorifié exerce aussi bien sur la terre qu’au ciel, 6.10 ; cf. Jn 17.2 ; Ph 2.10 ; Ap 12.10, le pouvoir sans limites, 7.29 ; 9.6 ; 21.23 ; etc., qu’il a reçu de son Père, cf. Jn 3.35. Ses disciples exerceront « donc » ce pouvoir en son nom par le baptême et la formation des chrétiens. Leur mission est universelle après avoir été annoncé d’abord au peuple d’Israël, 10.5s ; 15.24, comme le comportait le plan divin, le salut doit être désormais offert à toutes les nations, 8.11 ; 21.41 ; 22.8-10 ; 24.14, 30s ; 25.32 ; 26.13 ; cf. Ac 1.8 ; 13.5 ; Rm 1.16. Dans cette œuvre de conversion universelle, si longue et laborieuse qu’elle puisse être, le Ressuscité sera vivant et agissant avec les siens.
q Il est possible que cette formule se ressente, dans sa précision, de l’usage liturgique établi plus tard dans la communauté primitive. On sait que les Actes parlent de baptiser « au nom de Jésus », cf. Ac 1.5, 2.38. Plus tard on aura explicité le rattachement du baptisé aux trois personnes de la Trinité. Quoi qu’il en soit de ces variations possibles, la réalité profonde reste la même. Le baptême rattache à la personne de Jésus Sauveur ; or toute son œuvre de salut procède de l’amour du Père et s’achève dans l’effusion de l’Esprit.
r « la fin de l’âge » la formule revient cinq fois chez Matthieu (13.39, 40, 49 ; 24.3 et ici, voir aussi He 9.26 ; 12.32) ; elle ne signifie pas la fin du monde, de la terre, voir 2 P 3.10, mais plutôt la fin de l’époque actuelle de l’histoire du salut, l’âge de l’Église ; on peut comprendre cette expression comme une allusion discrète à un schéma apocalyptique de l’histoire du salut, qui comprend sept âges du monde, chacun comptant mille ans (chiffre symbolique représentant un temps long). Ce schéma, qui combine les sept jours de la création (Gn 1) avec l’idée qu’un jour, devant le Seigneur, est comme mille ans (2 P 3.8 ; Ps 90.4), va d’Adam à Noé, de Noé à Abraham, d’Abraham à David, de David à l’Exil, de l’Exil au Christ et du Christ à son retour glorieux. On trouve un extrait de ce schéma dans la généalogie de Jésus, 1.17. Voir 24.3, note.