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Bible de Jérusalem – Proverbes 31

VIII. Paroles de Lemuel

31 Paroles de Lemuel, roi de Massa,a que sa mère lui apprit.

a « roi de Massa » en liant les deux mots ; « roi ; oracle » (massa’) hébr., cf. 30.1. — Massa est le nom d’une tribu ismaélite du nord de l’Arabie, Gn 25.14. La sagesse des « fils de l’Orient », Nb 24.21, était réputée, cf. 1 R 5.10 ; Jr 49.7 ; Jb 2.11.

2 Quoi, mon fils ! quoi, fils de mes entrailles !
quoi, fils de mes vœux !
3 Ne livre pas ta vigueur aux femmes,
ni tes voies à celles qui perdent les rois.b

b « à celles qui perdent » le moh-ot conj. ; « pour perdre » lamh-ot hébr. — Au lieu de « tes voies » ûderakêka on propose « tes flancs » wirékêka. Grec « et n’expose pas ton esprit et ta vie à des regrets tardifs ».

4 Il ne convient pas aux rois, Lemuel,
il ne convient pas aux rois de boire du vin,c
ni aux princes d’aimerd la boisson,

c L’insistance sur les dangers du vin est un des traits de la morale du désert (cf. les Rékabites, Jr 35, et les Arabes modernes).

d « d’aimer » ’awweh conj. ; hébr. incertain (ketib « ou » ’ô ; qeré « où » ’ê).

5 de crainte qu’en buvant ils n’oublient ce qui est décrété
et qu’ils ne faussent la cause de tous les pauvres.

6 Procure des boissons fortes à qui va mourir,
du vin à qui est rempli d’amertume
7 qu’il boive, qu’il oublie sa misère,
qu’il ne se souvienne plus de son malheur !

8 Ouvre la bouche en faveur du muet,
pour la cause de tous les délaissés ;e

e Sens incertain ; litt. « fils de disparition ».

9 ouvre la bouche, juge avec justice,
défends la cause du pauvre et du malheureux.

IX. La parfaite maîtresse de maisonf

Aleph.

10 Une maîtresse femme,g qui la trouvera ?
Elle a bien plus de prix que les perles !

f Poème alphabétique (cf. Ps 9:-10 ; 25 ; 34 ; 37 ; 111 ; 112 ; 119 ; 145 ; Lm 1-4 ; Na 1.2-8 ; Si 51.13-29 hébr.) en prenant la première lettre de chaque vers (ailleurs de chaque strophe), on retrouve l’alphabet hébreu. — Sur l’interprétation de ce poème, cf. v. 30 et 5.15. Comparer 11.16 ; 12.4 ; 18.22 ; 19.14 et Si 7.19.

g L’expression hébraïque, que le grec et la Vulgate traduisent littéralement par « femme forte », évoque à la fois l’efficacité et la vertu. C’est la parfaite maîtresse de maison.

Bèt.
11 En elle se confie le cœur de son mari,
il ne manque pas d’en tirer profit.
Gimel.
12 Elle fait son bonheur et non son malheur,
tous les jours de sa vie.
Dalèt.
13 Elle cherche laine et lin
et travaille d’une main allègre.
Hé.
14 Elle est pareille à des vaisseaux marchands :
de loin, elle amène ses vivres.
Vav.
15 Il fait encore nuit qu’elle se lève,
distribuant à sa maisonnée la pitance,
et des ordres à ses servantes.h

h Glose probable qui rompt le rythme.

Zaïn.
16 A-t-elle en vue un champ, elle l’acquiert ;
du produit de ses mains, elle plante une vigne.
Hèt.
17 Elle ceint vigoureusement ses reins
et déploie la force de ses bras.
Tèt.
18 Elle sait que ses affaires vont bien,
de la nuit, sa lampe ne s’éteint.
Yod.
19 Elle met la main à la quenouille,
ses doigts prennent le fuseau.
Kaph.
20 Elle étend les mains vers le pauvre,
elle tend les bras aux malheureux.
Lamed.
21 Elle ne redoute pas la neige pour sa maison,
car toute sa maisonnée porte double vêtement.
Mem.
22 Elle se fait des couvertures,
de lin et de pourpre est son vêtement.
Nun.
23 Aux portes de la ville, son mari est connu,
il siège parmi les anciens du pays.
Samek.
24 Elle tisse des étoffes et les vend,
au marchand elle livre une ceinture.
Aïn.
25 Force et dignité forment son vêtement,
elle rit au jour à venir.i

i C’est-à-dire qu’elle envisage l’avenir avec confiance, qu’il s’agisse de la destinée de sa famille, ou de la récompense que Dieu accordera un jour à son zèle.

Phé.
26 Avec sagesse elle ouvre la bouche,
sur sa langue : une doctrine de piété.
Çadé.
27 De sa maisonnée, elle surveille le va-et-vient,
elle ne mange pas le pain de l’oisiveté.
Qoph.
28 Ses fils se lèvent pour la proclamer bienheureuse,
son mari, pour faire son éloge :
Resh.
29 « Nombre de femmes ont accompli des exploits,
mais toi, tu les surpasses toutes ! »
Shin.
30 Tromperie que la grâce ! Vanité, la beauté !
La femme qui craint Yahvé,j voilà celle qu’il faut féliciter !

j Cet éloge de la femme parfaite a peut-être été compris allégoriquement, comme une description de la Sagesse personnifiée, cf. 8.22. C’est ce que semble suggérer une amplification du grec (« Une femme sage sera louée, — la crainte de Yahvé, voilà ce qu’il faut vanter. »), et cela expliquerait que ce morceau, d’ailleurs très beau, ait été placé en conclusion du livre.

Tav.
31 Accordez-lui une part du produit de ses mains,
et qu’aux portes ses œuvres fassent son éloge !

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