1 Il y avait jadis, au pays de Uç,b un homme appelé Job : un homme intègre et droit qui craignait Dieu et se gardait du mal.
a L’auteur a gardé à ce récit en prose son caractère de récit populaire.
b Sans doute au sud d’Édom. Cf. Gn 36.28 ; Lm 4.21.
c Ce terme désigne tous ceux qui habitaient à l’est de la Palestine, plus spécialement en pays édomite et arabe, cf. Nb 24.21.
4 Ses fils avaient coutume d’aller festoyer chez l’un d’entre eux, à tour de rôle, et d’envoyer chercher leurs trois sœurs pour manger et boire avec eux.
d Littéralement « sanctifier ». Il s’agit des rites écartant les souillures qui rendent inapte à la vie cultuelle, cf. Lv 11.1.
e L’hébr. porte « béni ». De même en Job 1.11 et 2.5, 9. Le verbe original, « maudire », « blasphémer », a été ainsi remplacé pour éviter la présence d’un terme péjoratif auprès du nom de Dieu.
6 Le jour où les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé,f le Satang aussi s’avançait parmi eux.
f Dieu reçoit ou donne audience à certains jours, comme le fait un monarque. — Sur les « Fils de Dieu », cf. Job 2.1 ; 38.7 ; Gn 6.1-4 ; Ps 29.1 ; 82.1 ; 89.7. Il s’agit d’êtres supérieurs à l’homme, qui forment la cour de Yahvé et son conseil. On les identifie avec les anges (la Septante traduit « les anges de Dieu », cf. Tb 5.4).
g Précédé de l’article, comme en Za 3.1-2, le terme n’est pas encore un nom propre et le devient seulement en 1 Ch 21.1. D’après l’étymologie hébraïque, il désigne « l’adversaire », cf. 2 S 19.23 ; 1 R 5.18 ; 11.14, 23, 25, ou « l’accusateur », Ps 109.6, mais ici son rôle est plutôt celui d’un espion. C’est un personnage équivoque, distinct des Fils de Dieu, sceptique à l’égard de l’homme, désireux de le trouver en défaut, capable de déchaîner sur lui toutes sortes de maux et même de le pousser au mal, cf. aussi 1 Ch 21.1. S’il n’est pas délibérément hostile à Dieu, il doute de la réussite de son œuvre dans la création de l’homme. Au-delà du Satan cynique, à l’ironie froide et malveillante, se profile l’image d’un être pessimiste, qui en veut à l’homme parce qu’il a des raisons de l’envier. Mais le texte ne s’appesantit pas sur les motifs de son attitude. À tous ces titres, il sera rapproché d’autres ébauches ou figures de l’esprit du mal, en particulier du serpent de Gn 3, avec lesquelles il finira par se fondre, cf. Sg 2.24 ; Ap 12.9 ; 20.2, pour incarner la puissance diabolique, cf. Lc 10.18.
13 Le jour où les fils et les filles de Job étaient en train de manger et de boire chez leur frère aîné,
h Sabéens et Chaldéens (v. 17) sont ici des tribus de nomades pillards.
i La foudre. Cf. 2 R 1.10, 12, 14.
17 Il parlait encore quand un autre survint et dit : « Les Chaldéens, divisés en trois bandes, ont fait un raid contre les chameaux et ils les ont enlevés, après avoir passé les serviteurs au fil de l’épée. Moi seul, j’en ai réchappé et suis venu te l’annoncer. »
20 Alors Job se leva, déchira son vêtement et se rasa la tête.j Puis, tombant sur le sol, il se prosterna
j Ce double geste, exprimant la douleur ou le deuil, est mentionné souvent par la Bible. Cf., dans le premier cas, Gn 37.34 ; Jos 7.6 ; 2 S 1.11 ; 3.31, etc. ; dans le second, Jr 7.29 ; 48.37 ; Ez 7.16 ; Esd 9.3, etc.
« Nu, je suis sorti du sein maternel,
nu, j’y retournerai.k
Yahvé avait donné, Yahvé a repris :
que le nom de Yahvé soit béni ! »
k La terre mère semble assimilée au sein maternel.
22 En tout cela, Job ne pécha point et il n’imputa rien d’indigne à Dieu.
2 Un autre jour où les Fils de Dieu venaient se présenter devant Yahvé, le Satan aussi s’avançait parmi eux.l
l L’hébr. ajoute « pour se présenter devant Yahvé », manquant en Job 1.6 et omis par le grec.
4 Et Satan de répliquer : « Peau après peau.m Tout ce que l’homme possède, il le donne pour sa vie !
m Locution proverbiale, sans doute vulgaire, qu’on doit interpréter d’après la phrase suivante. Jouant sur le mot « peau », susceptible de désigner des vêtements de peau (Gn 3.21 ; 27.16) ou le cuir, elle semble signifier que l’homme consent à se laisser dépouiller progressivement de ce qu’il a sur lui ou de ce qu’il possède, pour éviter qu’on touche à sa propre peau. Atteint alors dans son être physique et individuel, il révèle ce qu’il est vraiment. On peut aussi traduire « peau pour peau », et comprendre que l’homme est prêt à sacrifier la peau des autres pour sauver la sienne.
Il frappa Job d’un ulcère malin,n depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête.
n Le mot qui désigne proprement une inflammation est appliqué ailleurs à la sixième plaie d’Égypte, Ex 9.9-11, à un mal endémique en Égypte, Dt 28.27, à la maladie d’Ézéchias, 2 R 20, 7, ou au début possible de la lèpre, Lv 13.18-20, 23. Il s’agit ici d’un mal pernicieux généralisé sur tout le corps, de même Dt 28.35, mais difficile à identifier de manière précise. Pourtant, comme la lèpre, ce mal rend Job impur, puisqu’il doit aller s’installer « parmi les cendres » (v. 8), c’est-à-dire là où on allait déposer les immondices, hors du village.
11 Trois amis de Job apprirent tous les malheurs qui l’avaient frappé. Ils arrivèrent chacun de son pays, Éliphaz de Témân, Bildad de Shuah, Çophar de Naamat. Ensemble,o ils décidèrent d’aller le plaindre et le consoler.
o Les trois villes se localisent dans la région iduméenne et arabe. Édom et l’« Orient », cf. Job 1.3, étaient considérés en Israël comme des patries de la sagesse :1 R 5.10-11 ; 10.1-3 ; Pr 30.1 ; Jr 49.7 ; Ab 8 ; Ba 3.22-23.
p Rite de pénitence et surtout de deuil, cf. Jos 7.6 ; 2 S 13.19 ; Ez 27.30. Les trois amis considèrent déjà Job comme mort. — Le texte ajoute « vers le ciel », glose omise par le grec, peut-être inspirée de Ex 9.8, 10, et qui ferait du geste un signe d’indignation prenant le ciel à témoin pour attirer sa vengeance ou se couvrir contre elle, cf. Ac 22.23.