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Bible de Jérusalem

Siracide 44-50

2. DANS L’HISTOIRE

Éloge des Pères.n

44 Faisons l’éloge des hommes illustres,o
de nos ancêtres dans leur ordre de succession.

n Cet « Éloge des Pères », titre hébr. et grec, montre comment un juif pieux du IIe s. av. J.-C. comprenait l’histoire d’Israël, cf. 1 M 2.51-64.

o Cf. 44.10 où l’on a, dans l’hébr., la même expression homme de piété (hesed), qui a donné naissance au terme « Assidéens » (Hasidîm), cf. 1 M 2.42 ; 7.13), ces juifs qui à l’époque du soulèvement maccabéen se faisaient remarquer pour leur fidélité à Dieu et à la Loi. le traducteur n’a pas rendu exactement l’expression, c’est peut-être qu’il la trouvait, à son époque, chargée d’un sens trop précis.

2 Le Seigneur a créé à profusion la gloire,p
et montré sa grandeur depuis les temps anciens.

p Les vv. 2-9 peuvent être soit une description des gloires profanes connues en dehors d’Israël, auxquelles l’auteur opposerait (vv. 1 et 10s) les ancêtres des Juifs, soit une vue d’ensemble des gloires d’Israël que l’auteur va détailler ensuite.

3 Des hommes exercèrent l’autorité royale
et furent renommés pour leurs exploits ;
d’autres furent avisés dans les conseils,
s’exprimèrent en oracles prophétiques ;
4 d’autres régirent le peuple par leurs conseils,
leur intelligence de la sagesse populaire
et les sages discours de leur enseignement ;q

q Hébr. « princes de la nation par leurs projets, guides par leurs décrets, habiles à parler grâce à leur compétence scripturaire (?), intendants du service cultuel (?).

5 d’autres cultivèrent la musique
et écrivirent des récits poétiques ;
6 d’autres furent riches et doués de puissance,
vivant en paix dans leur demeure.
7 Tous ils furent honorés de leurs contemporains
et glorifiés, leurs jours durant.
8 Certains d’entre eux laissèrent un nom
qu’on cite encore avec éloges.
9 D’autres n’ont laissé aucun souvenir
et ont disparu comme s’ils n’avaient pas existé.
Ils sont comme n’ayant jamais été,
et de même leurs enfants après eux.

10 Mais voici des hommes de bien
dont les bienfaits n’ont pas été oubliés.r

r L’hébr. de Masada (contre celui du Caire « leur espoir ») confirme le grec.

11 Dans leur descendance ils trouvent
un riche héritage, leur postérité.
12 Leur descendance reste fidèle aux commandements
et aussi, grâce à eux, leurs enfants.
13 Leur descendance demeurera à jamais,
leur gloire ne ternira point.
14 Leurs corps ont été ensevelis dans la paix
et leur nom est vivant pour des générations.
15 Les peuples proclameront leur sagesse,
l’assemblée célébrera leurs louanges.

Hénok.

16 Hénok plut au Seigneur et fut enlevé,
exemple pour la conversions des générations.

s C’est-à-dire motif de se convertir. La leçon de l’hébr. « exemple de science » fait peut-être allusion aux mystères dont Hénok fut le témoin et qu’il révéla aux hommes (« Livre des secrets d’Hénok »). Lat « pour porter la conversion aux nations ».

Noé.

17 Noé fut trouvé parfaitement juste,
au temps de la colère il fut le surgeon :
grâce à lui un reste demeura à la terret
lorsque se produisit le déluge.u

t « surgeon » d’après hébr. (terme incertain) ; « échange » grec ; « réconciliation » lat. — C’est, appliquée à l’histoire de Noé, la doctrine prophétique du « reste » d’où sortira le salut, cf. Isa 4.3.

u Hébr. « a cause de son alliance, le déluge cessa. »

18 Des alliances éternellesv furent établies avec lui,
afin qu’aucune chair ne fût plus anéantie par le déluge.

v Les alliances « noachiques » du code sacerdotal. Mais l’hébr. parle seulement de « signe éternel » (l’arc-en-ciel, Gn 9.12-13).

Abraham.

19 Abraham, illustre père d’une multitude de nations,
nul ne lui fut égal en gloire.w

w Hébr. « nul n’infligera de tache à sa gloire. »

20 Il observa la loi du Très-Haut
et entra en alliance avec lui.
Dans sa chair il établit cette alliance
et dans l’épreuve il fut trouvé fidèle.x

x Sur la foi d’Abraham, cf. Gn 12.1 ; 15.6 ; 22.1 ; Ga 3.6-14 ; Rm 4.1-25.

21 C’est pourquoi Dieu lui promit par serment
de bénir toutes les nations en sa descendance,
de le multiplier comme la poussière de la terre
et d’exalter sa postérité comme les étoiles,
de leur donner le pays en héritage,
d’une mer à l’autre,
depuis le Fleuve jusqu’aux extrémités de la terre.

Isaac et Jacob.

22 À Isaac il renouvela la promesse
à cause d’Abraham son père.
La bénédiction de tous les hommes et l’alliance,
23 il les fit reposer sur la tête de Jacob.
Il le confirma dans ses bénédictionsy
et lui donna le pays en héritage ;
il le divisa en lots
et le partagea entre les douze tribus.

Moïse.

Il fit sortir de lui un homme de bien,
qui trouva faveur aux yeux de tout le monde,z

y Hébr. « sur la tête d’Israël », cf. Gn 32.28. Une glose marginale remplace le mot « bénédiction » (berakah) par « droit d’aînesse » (bekorah), cf. Gn 25.29s ; 1 Ch 5.1 (où le mot « droit d’aînesse » de l’hébr. est lu « bénédiction » par le grec).

z Tels qu’ils sont conservés ici, ces deux vers s’appliquent bien à Moïse, mais on s’est demandé si, primitivement, ils ne se rapportaient pas à Joseph dont il n’est pas fait mention. Ils seraient alors le vestige d’un développement disparu.

45 bien-aimé de Dieu et des hommes,
Moïse, dont la mémoire est en bénédiction.
2 Il lui accorda une gloire égale à celle des saints
et le rendit puissant pour la terreur des ennemis.
3 Par la parole de Moïse il fit cessera les prodiges,
et il le glorifia en présence des rois ;
il lui donna des commandements pour son peuple
et lui fit voir quelque chose de sa gloire.

a En ajoutant une seule lettre au grec, on lirait « il précipita », comme en hébr.

4 Dans la fidélité et la douceur il le sanctifia,
il le choisit d’entre toute chair :
5 il lui fit entendre sa voix
et l’introduisit dans les ténèbres ;
il lui donna face à face les commandements,
une loi de vie et d’intelligence,
pour enseigner à Jacob ses prescriptions
et ses décrets à Israël.

Aaron.

6 Il éleva Aaron, un saint semblable à Moïse,
son frère, de la tribu de Lévi.
7 Il l’installa par un décret éternel
et lui concéda le sacerdoce du peuple.
Il le fit heureux dans son apparat,
il le couvrit d’un vêtement glorieux.b

b On a déjà noté le goût de Ben Sira pour les cérémonies du culte et les vêtements liturgiques ; cf. 35.1-10 ; 50.1-21.

8 Il le revêtit d’une gloire parfaite
et le para de riches ornements,
caleçons, manteau et éphod.
9 Il lui donna, pour entourer son vêtement, des grenades
et des clochettes d’or, nombreuses, tout autour,
qui tintaient à chacun de ses pas,
se faisant entendre dans le Temple
comme un mémorial pour les enfants de son peuple ;
10 et un vêtement sacré d’or, de pourpre violette
et d’écarlate, ouvrage d’un damasseur ;
le pectoral du jugement, l’Urim et le Tummim,c

c Littéralement « les sorts de vérité »; c’est à peu près ainsi que les LXX traduisent Urim et Tummim en Ex 28.30. Mais l’hébr. « l’éphod et la ceinture », semble meilleur, cf. stique suivant.

11 de cramoisi retors, ouvrage d’artisan ;
des pierres précieuses gravées en forme de sceau,
dans une monture d’or, ouvrage de joaillier,
pour faire un mémorial, une inscription gravée,
selon le nombre des tribus d’Israël ;
12 et un diadème d’or par-dessus le turban,
portant, gravée, l’inscription de consécration,
décoration superbe, travail magnifique,
délices pour les yeux que ces ornements.
13 On n’avait jamais vu avant lui pareilles choses,
et jamais un étranger ne les a revêtues,
mais seulement ses enfants
et ses descendants pour toujours.
14 Ses sacrifices se consumaient entièrement,
deux fois par jour à perpétuité.
15 C’est Moïse qui le consacra
et l’oignit de l’huile sainte.
Et ce fut pour lui une alliance éternelle,
ainsi que pour sa race tant que dureront les cieux,d
pour qu’il préside au culte, exerce le sacerdoce
et bénisse le peuple au nom du Seigneur.

d « tant que dureront les cieux » hébr. ; « dans les jours du ciel » grec.

16 Il le choisit parmi tous les vivants
pour offrir le sacrifice du Seigneur,
l’encens et le parfum en mémorial,
pour faire l’expiation pour le peuple.
17 Il lui a confié ses commandements,
il lui a commis les prescriptions de la loi,e
pour qu’il enseigne à Jacob ses témoignages
et qu’il éclaire Israël sur sa loi.

e Littéralement « les alliances du jugement ». Pour le traducteur, les alliances désignent toujours les « ordonnances ». Le grand prêtre avait donc un rôle de jurisconsulte. Cf. Lv 10.11 ; Dt 33.10.

18 Des étrangers se liguèrent contre lui,
ils le jalousèrent au désert,
les gens de Datân et ceux d’Abiram,
et la bande de Coré, haineuse et violente.
19 Le Seigneur les vit et s’irrita,
ils furent exterminés dans l’ardeur de sa colère.
Pour eux il fit des prodiges,
les consumant par son feu de flammes.
20 Et il ajouta à la gloire d’Aaron,
il lui donna un patrimoine,
il lui attribua les offrandes des prémices,
en premier lieu du pain à satiété.
21 Aussi se nourrissent-ils des sacrifices du Seigneur
qu’il lui a attribués ainsi qu’à sa postérité.
22 Mais dans le pays il n’a pas de patrimoine,
il n’a pas de part parmi le peuple,
« Car je suis moi-même ta part d’héritage. »

Pinhas.

23 Quant à Pinhas, fils d’Eléazar, il est le troisième en gloire,
pour sa jalousie dans la crainte du Seigneur,
pour avoir tenu ferme devant le peuple révolté,
avec un noble courage ;
c’est ainsi qu’il obtint le pardon d’Israël.
24 Aussi une alliance de paix fut-elle scellée avec lui,
qui le faisait chef du sanctuairef et du peuple,
en sorte qu’à lui et à sa descendance
appartienne la dignité de grand prêtre pour des siècles.

f « du sanctuaire » hébr. ; « des saints » grec.

25 Il y eut une alliance avec David,
fils de Jessé, de la tribu de Juda,
succession royale, passant de fils en fils seulement.g
Mais celle d’Aaron passe à tous ses descendants.

g Texte difficile ; litt. « succession du roi, d’un fils à partir d’un seul fils ». L’hébr. corrigé donnerait « héritage d’un homme à son fils seul », c’est-à-dire héritage individuel passant à un seul fils.

26 Dieu vous mette au cœur la sagesseh
pour juger son peuple avec justice,
afin que les vertus des ancêtres ne dépérissent point
et que leur gloire passe à leurs descendants.

h Souhait adressé aux actuels descendants d’Aaron. L’hébr. pour ce v. est très différent « Et maintenant bénissez Yahvé qui est bon, qui vous couronne de gloire qu’il vous donne la sagesse du cœur, afin que ne soient pas oubliés vos bontés et vos hauts faits pour les générations futures. »

Josué.

46 Vaillant à la guerre, tel fut Josué fils de Nûn,
successeur de Moïsei dans l’office prophétique,
lui qui, méritant bien son nom,j
se montra grand pour sauver les élus,
pour châtier les ennemis révoltés
et installer Israël dans son territoire.

i « Josué fils de Nûn »; le grec porte « Jésus fils de Navé », conformément à la tradition des LXX, cf. Jos 1.1. — « successeur »; hébr. « serviteur », cf. Ex 33.11.

j Josué signifie « Yahvé sauve ». — L’hébr. porte « qui fut formé pour être en son temps un grand salut pour ses élus ».

2 Qu’il était glorieux lorsque, les bras levés,
il brandissait l’épée contre les villes !
3 Quel homme avant lui avait eu sa fermeté ?
Il a mené lui-même les combats du Seigneur.k

k « Il a mené... » var. et hébr. ; « car le Seigneur lui-même a livré les ennemis » texte reçu.

4 N’est-ce pas sur son ordre que le soleil s’arrêta
et qu’un seul jour en devint deux ?
5 Il invoqua le Très-Haut,l le Puissant,
alors que les ennemis le pressaient de toutes parts,
et le Seigneur grand l’exauça,
en lançant des grêlons d’une puissance inouïe.

l C’est la traduction de l’hébr. Elyôn ou El Elyôn, qui se trouve quatorze fois dans à partir du ch. 41. Dans toute la première partie, on trouve « Dieu » ou « Yahvé », en grec Kyrios .

6 Il fondit sur la nation ennemiem
et dans la descente il anéantit les assaillants :
pour faire connaître aux nations toutes ses armes
et qu’il menait la guerre devant le Seigneur.n

Caleb.

Car il suivait totalement le Tout-Puissant :

m Texte corr. d’après lat. ; grec « il déchaîna la guerre contre la nation ». — Allusion possible à la victoire sur les Amorites à Gabaôn, Jos 10.10-15, cf. la « pente » ou la « descente » de Bet-Horôn, vv. 10-11.

n Var. (Venetus) « leur guerre (était contre le Seigneur) ». Lat. « qu’il n’est pas facile de lutter contre le Seigneur ».

7 au temps de Moïse il manifesta sa piété,
ainsi que Caleb, fils de Yephunné,
en s’opposant à la multitude,
pour empêcher le peuple de pécher,o
et faire taire les murmures mauvais.

o Hébr. « pour détourner de l’assemblée la colère ».

8 Eux deux furent seuls épargnés
sur six cent mille hommes de pied,
pour être introduits dans l’héritage,
dans la terre où coulent le lait et le miel.
9 Et le Seigneur accorda à Caleb la force
qui lui resta jusqu’à sa vieillesse,
il lui fit gravir les hauteurs du pays
que sa descendance garda en héritage,
10 afin que tout Israël voie
qu’il est bon de suivre le Seigneur.

Les Juges.

11 Les Juges, chacun selon son appel,
tous hommes dont le cœur ne fut pas infidèle
et qui ne se détournèrent pas du Seigneur,
que leur souvenir soit en bénédiction !
12 Que leurs ossements refleurissentp de leur tombe,
que leurs noms, portés de nouveau,
conviennent aux fils de ces hommes illustres.

p Littéralement « repoussent », comme la souche d’un arbre qui donne un surgeon, cf. 49.10 ; Isa 66.14. Plutôt qu’un témoignage explicite en faveur de la croyance à la résurrection, il semble qu’il faille voir ici un souhait que les Juges aient à l’époque contemporaine de dignes descendants. Ben Sira écrit à la veille de la révolte maccabéenne.

Samuel.

13 Samuel fut le bien-aimé de son Seigneur ;
prophète du Seigneur, il établit la royautéq
et donna l’onction aux chefs établis sur son peuple.

q Hébr. « Ami de son peuple et agréable à son créateur était celui qui fut demandé dès le sein de sa mère, nazir de Yahvé dans la charge prophétique, Samuel, juge et prêtre ; par la parole de Dieu il établit la royauté. »

14 Dans la loi du Seigneur, il jugea l’assemblée
et le Seigneur visita Jacob.
15 Par sa fidélité il fut reconnu prophète,
par ses discours il se montra un voyant véridique.
16 Il invoqua le Seigneur tout-puissant,
quand les ennemis le pressaient de toutes parts,
en offrant un agneau de lait.
17 Et du ciel le Seigneur fit retentir son tonnerre,
à grand fracas il fit entendre sa voix ;
18 il anéantit les chefs de l’ennemir
et tous les princes des Philistins.

r « de l’ennemi » hébr. ; « de Tyr » grec (confusion entre çar et çôr).

19 Avant l’heure de son éternel repos,
il rendit témoignage devant le Seigneur et son oint :
« De ses biens, pas même de ses sandales,
je n’ai dépouillé personne. »
Et personne ne l’accusa.
20 Après s’être endormi il prophétisa encore
et annonça au roi sa fin ;
du sein de la terre il éleva la voix
en prophétisant pour effacer l’iniquité du peuple.

Natân.

47 Après lui se leva Natân
pour prophétiser au temps de David.

David.

2 Comme on prélève la graisse du sacrifice de communion,
ainsi David fut choisi parmi les Israélites.
3 Il se joua du lion comme du chevreau,
de l’ours comme de l’agneau.
4 Jeune encore, n’a-t-il pas tué le géant
et lavé la honte du peuple,
en lançant avec la fronde la pierre
qui abattit l’arrogance de Goliath ?
5 Car il invoqua le Seigneur Très-Haut,
qui accorda à sa droite la force
pour mettre à mort un puissant guerrier
et relever la vigueurs de son peuple.

s Littéralement « la corne », métaphore biblique courante (surtout dans les Ps) pour exprimer la force physique ou morale.

6 Aussi lui a-t-on fait gloire de dix mille
et l’a-t-on loué dans les bénédictions du Seigneur,
en lui offrant une couronne de gloire.
7 Car il détruisit les ennemis alentour,
il anéantit les Philistins ses adversaires,
jusqu’à ce jour il brisa leur vigueur.t

t Hébr. « 6 Aussi les filles chantèrent pour lui et le surnommèrent du nom de « dix-mille ». Quand il eut ceint le diadème, il combattit 7 et tout alentour soumit l’ennemi. Il mit chez les Philistins des villes et jusqu’à ce jour il brisa leur corne. »

8 Dans toutes ses œuvres il rendit hommage
au Saint Très-Haut dans des paroles de gloire ;u
de tout son cœur il chanta,
montrant son amour pour son Créateur.

u Les Psaumes, cf. 2 S 23.1.

9 Il établit devant l’autel des chantres,
pour émettre les chants les plus doux ;
et chaque jour ils loueront par leurs chants.
10 Il donna aux fêtes la splendeur,
un éclat parfait aux solennités,
faisant louer le saint nom du Seigneur,
faisant retentir le sanctuaire dès le matin.
11 Le Seigneur a effacé ses fautes,
il a fait grandir sa vigueur pour toujours,
il lui a accordé une alliance royale,v
un trône glorieux en Israël.

v « royale » Gr II, hébr., lat. ; « des rois » texte reçu.

Salomon.

12 Un fils savant lui succéda
qui, grâce à lui,w vécut heureux.

w L’idée n’est pas seulement profane Salomon bénéficia des réalisations de son précédesseur ; mais elle est aussi religieuse Dieu conserva à Salomon sa faveur à cause de David son père. Cf. vv. 20, 22 ; 1 R 11.12.

13 Salomon régna dans un temps de paix
et Dieu lui accorda la tranquillité alentour,
afin qu’il élevât une maison pour son nom
et préparât un sanctuaire éternel.
14 Comme tu étais sage dans ta jeunesse,
rempli d’intelligence ainsi qu’un fleuve !
15 Ton esprit a couvert la terre,
tu l’as remplie de sentences obscures.
16 Ta renommée est parvenue jusqu’aux îles lointaines
et tu fus aimé dans ta paix.x

x Ce verset manque en hébr. « Aimé dans ta paix » allusion aux deux noms du fils de David, Yedidya, cf. v. 18, et Salomon (le « pacifique »), cf. v. 13.

17 Tes chants, tes proverbes, tes sentences
et tes réponsesy ont fait l’admiration du monde.

y « Tes chants » le Cantique des Cantiques. Sur la sagesse et l’activité littéraire de Salomon, cf. 1 R 5.9-14. Sur les « réponses », cf. 1 R 10.1-10 (la reine de Saba).

18 Au nom du Seigneur Dieu,
de celui qu’on appelle le Dieu d’Israël,z
tu as amassé l’or comme de l’étain
et comme le plomb tu as multiplié l’argent.

z L’hébr. « tu étais appelé du nom glorieux invoqué sur Israël » fait peut-être allusion au premier nom de Salomon, Yedidya, « bien-aimé de Yahvé », 2 S 12.25.

19 Tu as livré tes flancs aux femmes,
et leur as donné pouvoir sur ton corps.
20 Tu as fait une tache à ta gloire,
tu as profané ta race,
au point de faire venir la colère contre tes enfants
et l’affliction pour ta folie :a

a Hébr. « l’affliction sur ta couche » (c’est-à-dire ta postérité).

21 il se dressa un double pouvoir,
il surgit d’Éphraïm un royaume révolté.
22 Mais le Seigneur ne renonce jamais à sa miséricorde
et n’efface aucune de ses paroles,
il ne refuse pas à son élu une postérité
et n’extirpe point la race de celui qui l’a aimé.
Aussi a-t-il donné à Jacob un reste
et à David une racine issue de lui.

Roboam.

23 Et Salomon se reposa avec ses pères,
laissant après lui quelqu’un de sa race,
le plus fou du peuple, dénué d’intelligence :
Roboam, qui poussa le peuple à la révolte.b

Jéroboam.

Quant à Jéroboam, fils de Nebat, c’est lui qui fit pécher Israël
et enseigna à Éphraïm la voie du mal.

b Hébr. « large de folie, court d’intelligence ». Il semble qu’il y ait un jeu de mots sur le nom de Roboam, interprété à partir de rahab, « large » et de ’am, « peuple ». La leçon du grec et celle de l’hébr. auraient gardé chacune un élément de cette étymologie.

24 Dès lors leurs fautes se multiplièrent tant
qu’elles les firent exiler loin de leur pays.
25 Car ils cherchaient toute sorte de mal,
jusqu’à encourir le châtiment.

Élie.

48 Alors le prophète Élie se leva comme un feu,
sa parole brûlait comme une torche.
2 C’est lui qui fit venir sur eux la famine
et qui, dans son zèle, les décima.
3 Par la parole du Seigneur il ferma le ciel,
il fit aussi trois fois descendre le feu.
4 Comme tu étais glorieux, Élie, dans tes prodiges !
qui peut dans son orgueil se faire ton égal ?
5 Toi qui as arraché un homme à la mort
et au shéol, par la parole du Très-Haut.
6 Toi qui as mené des rois à la ruine,
précipité des hommes glorieux de leur couche,
7 qui entendis au Sinaï un reproche,c
à l’Horeb des décrets de vengeance,

c Ce « reproche » est peut-être contenu symboliquement dans la vision de 1 R 19.9-14.

8 qui oignis des rois comme vengeurs,
des prophètes pour te succéder,
9 qui fus emporté dans un tourbillon de feu,
par un char aux chevaux de feu,
10 toi qui fus désigné dans des menaces futures
pour apaiser la colère avant qu’elle n’éclate,
pour ramener le cœur des pères vers les fils
et rétablir les tribus de Jacob.
11 Bienheureux ceux qui te verront
et dans l’amour s’endormiront,
car nous aussi nous posséderons la vie.d

d V. difficile au sens incertain. Le grec peut se comprendre aussi « Bienheureux ceux qui t’ont vu et ceux qui se sont endormis dans l’amour. » La traduction proposée, acceptable en grec, convient mieux au contexte, le retour d’Élie (cf. Ml 3.23s), et peut correspondre à l’hébr. « Heureux qui te verra avant de mourir. » La motivation exprime en grec une espérance ; l’hébr., mutilé « car tu donneras la vie et il vivra » (?).

Élisée.

12 Tel fut Élie qui fut enveloppé dans un tourbillon.
Élisée fut rempli de son esprit ;
pendant sa vie aucun chef ne put l’ébranler,
personne ne put le subjuguer.
13 Rien n’était trop grand pour lui
et jusque dans la mort son corps prophétisa.e

e Après sa mort, le prophète ressuscita encore un mort, 2 R 13.20-21. Mais le texte est embarrassé. Hébr. « dessous lui son corps fut créé ».

14 Pendant sa vie il fit des prodiges
et dans sa mort ses œuvres furent merveilleuses.

Infidélité et châtiment.

15 Malgré tout, le peuple ne se convertit pas,
ne renonça pas à ses péchés,
jusqu’à ce qu’il fût déporté loin de son pays
et dispersé sur toute la terre ;
il ne resta que le peuple le moins nombreux
et un chef de la maison de David.
16 Quelques-uns d’entre eux firent le bien,
d’autres multiplièrent les fautes.

Ézéchias.

17 Ézéchias fortifia sa ville
et fit venir l’eau dans ses murs,
avec le fer il fora le rocher
et construisit des citernes.
18 De son temps Sennachérib se mit en campagne
et envoya Rabsakès,f
il leva la main contre Sion,
dans l’insolence de son orgueil.

f Le traducteur de Ben Sira a fait de rab shaqé, « grand échanson », un nom propre. — Le grec ajoute ici « et partit ».

19 Alors leur cœur et leurs mains tremblèrent,
ils souffrirent les douleurs de femmes en travail,
20 ils firent appel au Seigneur miséricordieux,
tendant les mains vers lui.
Du ciel, le Saint se hâta de les écouter
et les délivra par la main d’Isaïe,
21 il frappa le camp des Assyriens
et son Ange les extermina.

Isaïe.

22 Car Ézéchias fit ce qui plaît au Seigneur
et se montra fortg en suivant David son père,
comme le lui ordonna le prophète Isaïe,
le grand, le fidèle dans ses visions.

g Jeu de mots sur le nom d’Ézéchias « Yahvé fortifie ».

23 De son temps le soleil recula ;
il prolongea la vie du roi.
24 Dans la puissance de l’esprit il vit la fin des temps,
il consola les affligés de Sion,
25 il révéla l’avenir jusqu’à l’éternité
et les choses cachées avant qu’elles n’advinssent.h

h On peut songer aux oracles sur la fin de l’Exil, Isa 40-55, ou aux chap. 24-27 ou au chap. 61.

Josias.

49 Le souvenir de Josias est une mixture d’encens
préparée par les soins du parfumeur ;
il est comme le miel doux à toutes les bouches,
comme une musique au milieu d’un banquet.
2 Lui-même prit la bonne voie, celle de convertir le peuple,i
il extirpa l’impiété abominable ;

i Hébr. « il fut affligé de notre perversion ».

3 il dirigea son cœur vers le Seigneur,
en des temps impies il fit prévaloir la piété.

Derniers rois et derniers prophètes.

4 Hormis David, Ézéchias et Josias,
tous multiplièrent les transgressions,
ils abandonnèrent la loi du Très-Haut :
les rois de Juda disparurent.
5 Car ils livrèrent leur vigueur à d’autres,
leur gloire à une nation étrangère.j

j Soit en s’appuyant sur des alliances étrangères, soit tout simplement en provoquant l’exil comme punition de leurs péchés, cf. l’hébr. « Il (Dieu) livra », au lieu de « ils livrèrent ».

6 Les ennemis brûlèrent la ville sainte élue,
rendirent désertes ses rues,
7 selon la parole de Jérémie.k Car ils l’avaient maltraité,
lui, consacré prophète dès le sein de sa mère
pour déraciner, détruire et ruiner,
mais aussi pour construire et pour planter.

k Littéralement « par la main de Jérémie ».

8 C’est Ézéchiel qui vit une vision de gloire
que Dieu lui montra sur le char des Chérubins,
9 car il fit mention des ennemis dans l’aversel
pour favoriser ceux qui suivent la voie droite.

l C’est peut-être une allusion à la prophétie contre Gog, Ez 38-39 (cf. en particulier Ez 38.22), mais le texte n’est pas sûr et la mention des « ennemis » pourrait venir d’une confusion entre l’hébr. ’iyôb (« Job ») et ’oyeb (« ennemi »). Hébr. « 8 Ézéchiel vit une vision, il révéla les aspects du char, 9 et même il mentionna Job qui accomplit toutes les voies droites », cf. Ez 14.14, 20.

10 Quant aux douze prophètes,m
que leurs os refleurissent de leur tombe,
car ils ont consolé Jacob,
ils l’ont racheté dans la foi et l’espérance.

m Les douze petits prophètes qui, selon l’ordre du canon hébreu, font suite aux trois grands. On voit que, pour les livres prophétiques, la Bible de Ben Sira était complète.

Zorobabel et Josué.

11 Comment faire l’éloge de Zorobabel ?
Il est comme un sceau dans la main droite ;
12 et de même Josué fils de Iosédek,
eux qui, de leur temps, construisirent le Temple
et élevèrent au Seigneur un temple saint,
destiné à une gloire éternelle.

Néhémie.

13 De Néhémie le souvenir est grand,
lui qui releva pour nous les murs en ruine,
établit portes et verrous
et releva nos habitations.

Récapitulation.

14 Personne sur terre ne fut créé l’égal d’Hénok,
c’est lui qui fut enlevé de terre.
15 On ne vit jamais non plus naître un homme comme Joseph,
chef de ses frères, soutien de son peuple ;
ses os furent visités.
16 Sem et Seth furent glorieux parmi les hommes,
mais au-dessus de toute créature vivante est Adam.n

n Hébr. « et au-dessus de tout vivant, il y eut la gloire d’Adam ».

Le prêtre Simon.

50 C’est Simon fils d’Onias,o le grand prêtre,
qui pendant sa vie répara le Temple
et durant ses jours fortifia le sanctuaire.

o Il s’agit de Simon le Juste, fils d’Onias II, 220-195 environ.

2 C’est par lui que fut fondée la hauteur double,
le haut contrefort de l’enceinte du Temple.p

p On ne peut préciser ce que sont la « hauteur double » et le « haut contrefort ». — Hébr. « de son temps furent construits le mur et les angles d’habitation au palais du roi. » — Aucun autre texte biblique ne parle de ces travaux, mais on sait par Josèphe qu’Antiochus III (223-187) donna de l’argent pour l’entretien du Temple, ce qui confirmerait les dires de Ben Sira.

3 De son temps fut creuséq le réservoir des eaux,
un bassin grand comme la mer.

q « fut creusé » hébr. ; « fut diminué » grec.

4 Soucieux d’éviter à son peuple la ruine,
il fortifia la ville pour le cas de siège.
5 Qu’il était magnifique, entouré de son peuple,
quand il sortait de derrière le voile,r

r Littéralement « de la maison du voile ». Il ne s’agit pas, semble-t-il, du Débir ou Saint des Saints, séparé par un voile, Ex 36.35-38, derrière lequel seul le grand prêtre pénétrait une fois l’an, au jour de l’Expiation, Lv 16. Ben Sira paraît décrire le grand prêtre au moment où il sort de l’Hékal ou Saint après l’offrande matinale de l’encens, pour offrir ensuite l’holocauste quotidien, Ex 29.38 — 30.9.

6 comme l’étoile du matin au milieu des nuages,
comme la lune en son plein,s

s Hébr. ajoute « aux jours de fête ».

7 comme le soleil rayonnant sur le Temple du Très-Haut,t
comme l’arc-en-ciel brillant dans les nuages de gloire,

t « sur le Temple du Très-Haut »; hébr. « sur le palais royal ».

8 comme la rose au printemps,u
comme un lis près d’une source,
comme une pousse du Liban en été,

u Hébr. « comme la fleur sur les branches au temps de la fête ».

9 comme le feu et l’encens dans l’encensoir,v
comme un vase d’or massif,
orné de toutes sortes de pierres précieuses,

v « dans l’encensoir »; var. hébr. « pour l’oblation ».

10 comme un olivier chargé de fruits,
comme un cyprès s’élevant jusqu’aux nuages ;
11 quand il prenait sa robe d’apparat
et se revêtait de ses superbes ornements,
quand il gravissait l’autel sacré
et remplissait de gloire l’enceinte du sanctuaire ;
12 quand il recevait des mains des prêtres les portions du sacrifice,
lui-même debout près du foyer de l’autel,
entouré d’une couronne de frères,
comme de leur frondaison, les cèdres du Liban,
comme entouré de troncs de palmiers,
13 quand tous les fils d’Aaron dans leur splendeur,
ayant dans les mains les offrandes du Seigneur,
se tenaient devant toute l’assemblée d’Israël,
14 tandis qu’il accomplissait le culte des autels,
présentant avec noblesse l’offrande au Très-Haut tout-puissant.
15 Il étendait la main sur la coupe,w
faisait couler un peu du jus de la grappe
et le répandait au pied de l’autel,
parfum agréable au Très-Haut, roi du monde.

w Ce v. manque en hébr., mais il existe aussi en syr. Sur cette libation, cf. Ex 29.40 ; Nb 28.7.

16 Alors les fils d’Aaron poussaient des cris,
sonnaient de leurs trompettes de métal repoussé
et faisaient entendre un son puissant,
comme un mémorial devant le Très-Haut.
17 Alors, soudain, avec ensemble,
tout le peuple tombait la face contre terre :
ils adoraient leur Seigneur,
le Tout-Puissant, le Dieu Très-Haut.
18 Les chantres aussi faisaient entendre leurs louanges,
et tout ce bruit formait une douce mélodie.
19 Et le peuple suppliait le Seigneur Très-Haut,
adressait des prières au Miséricordieux,
jusqu’à ce que fût terminé le servicex du Seigneur,
achevée la cérémonie.

x « service » hébr. ; « ornement » grec.

20 Alors il descendait et élevait les mains
vers toute l’assemblée des enfants d’Israël,
pour donner à haute voix la bénédiction du Seigneur
et avoir l’honneur de prononcer son nom.y

y À l’époque de Simon, le nom ineffable était encore prononcé chaque jour sur le peuple, en guise de bénédiction. Plus tard, il ne le fut que lors de la fête de l’Expiation.

21 Alors, pour la deuxième fois, le peuple se prosternait
pour recevoir la bénédiction du Très-Haut.

Exhortation.

22 Et maintenant bénissez le Dieu de l’universz
qui partout fait de grandes choses,
qui a exalté nos jours dès le sein maternel,
qui a agi envers nous selon sa miséricorde.

z Hébr. « Yahvé, Dieu d’Israël ».

23 Qu’il nous donne un cœur joyeux,
qu’il accorde la paix à notre époque,
en Israël, dans les siècles des siècles.
24 Que ses grâces restent fidèlement avec nous
et qu’à notre époque il nous rachète.a

a Hébr. « Que sa grâce reste fidèlement avec Simon, qu’il réalise en lui l’alliance de Pinhas, qu’elle ne soit retirée ni à lui ni à sa postérité, tant que durera le ciel. »

Proverbe numérique.

25 Il y a deux nations que mon âme déteste,
la troisième n’est pas une nation :
26 les habitants de la montagne de Séïr,b les Philistins,
et le peuple stupide qui demeure à Sichem.c

b « de Séïr » hébr., lat. ; « de Samarie » grec.

c Les Samaritains. C’est donc qu’au v. précédent il faut lire « Séïr », c’est-à-dire les Édomites, et non « Samarie » qui ferait double emploi.

Conclusion.

27 Une instruction de sagesse et de science,
voilà ce qu’a gravé dans ce livre
Jésus, fils de Sira, d’Éléazar, de Jérusalem,d
qui a répandu comme une pluie la sagesse de son cœur.

d Hébr. « Sage instruction et proverbes soignés de Siméon fils de Jésus, fils d’Éléazar, fils de Sira. »

28 Heureux qui y consacre son temps
et acquiert la sagesse en la plaçant sur son cœur.
29 S’il la met en pratique, il sera fort en toute circonstance,
car la lumière du Seigneur est son sentier.e
Et aux hommes pieux, il donne la sagesse.
Béni soit le Seigneur à jamais. Amen. Amen.

e Hébr. « car la crainte de Yahvé, voilà la vie. »