1 Après qu’Alexandre, fils de Philippe, Macédonien sorti du pays de Chettiim,a eut battu Darius, roi des Perses et des Mèdes, et fut devenu roi à sa place en commençant par l’Hellade,b
a Les Chettiim, en hébr. Kittim, étaient les habitants de Kition et plus généralement de l’île de Chypre, Gn 10.4 ; 1 Ch 1.7 ; Isa 23.1. Puis le terme s’étendit aux îles, Jr 2.10 ; Ez 27.6, et aux régions situées plus à l’ouest, telle la Macédoine, 8.5, puis enfin au monde romain.
b Le terme n’est pas restreint à la Grèce proprement dite ; l’hébr. Iavân qui lui correspond, Isa 66.19 ; Ez 27.13, désigne avant tout l’Ionie, en Asie Mineure.
c En juin 323 av. J.-C. — Cette convocation fit naître l’idée d’un partage à la mort d’Alexandre ; en fait, les tentatives de partage ne triomphèrent de la notion d’empire unique qu’après la bataille d’Ipsus, en 301. Dn 8.12, 22 ; 10.4 fait également allusion à l’éclatement de l’empire.
10 Il sortit d’eux un rejeton impie, Antiochus Épiphane, fils du roi Antiochus, qui, d’abord otage à Rome,e devint roi l’an cent trente-sept de la royauté des Grecs.f
d 175-164. Frère cadet de Séleucus IV et fils d’Antiochus III. — L’épithète royale d’épiphanès (« qui se manifeste avec éclat ») marque la prétention du roi à être la manifestation terrestre de Zeus.
e Antiochus IV avait fait partie des otages livrés par son père aux Romains après la défaite de Magnésie du Sipyle, en 189.
f C’est-à-dire de l’ère séleucide, qui en Syrie débute en automne 312 (date théorique de la fondation d’Antioche) et en Babylonie au printemps 311.
g Littéralement « transgresseurs de la Loi », expression qui, dans les LXX, traduit généralement l’hébr. « fils de Bélial », Dt 3.14, etc.
h Littéralement « des nations » ; c’est l’équivalent du mot hébreu goyim qui désigne souvent les nations païennes, par opposition au « peuple (d’Israël) » `am (avec pourtant des exceptions, 3.59 ; 8.23s ; 9.29, cf. Gn 12.2 ; Ex 32.10, etc.).
i La religion, la Loi, les coutumes faisaient des Juifs un groupe séparé, un corps étranger dans le monde oriental, unifié et hellénisé depuis la conquête d’Alexandre. L’assimilation, qui donnait les avantages humains de la civilisation nouvelle, ne pouvait se faire qu’en brisant les cadres qui assuraient la fidélité de la foi. Les innovations ne s’identifiaient pas encore aux pratiques idolâtriques que le roi imposera sept ans plus tard, mais elles multipliaient les occasions d’y prendre part. C’est le drame sous-jacent aux deux livres des Maccabées. Ce mouvement des Juifs philhellènes ne pouvait que trouver un appui auprès d’Antiochus Épiphane, fervent de la culture grecque, cf. vv. 41-51.
16 Quand il vit son règne affermi, Antiochus voulut devenir roi du pays d’Égypte, afin de régner sur les deux royaumes.
j C’est la première campagne contre Ptolémée Philométor, en 169. Elle est omise par l’auteur de 2 M qui ne mentionne que la « seconde attaque », 2 M 5.1, laquelle est omise ici. La suite des faits apparaît plus clairement dans le livre de Daniel, Dn 11.25-27 première campagne ; v. 28 pillage du Temple ; v. 29 deuxième campagne et intervention romaine ; v. 30 répression à Jérusalem ; 31-39 abolition du culte.
k Ils venaient des Indes, et le centre d’élevage de ces animaux de combat, cf. chap. 6, était Apamée.
21 Entré dans le sanctuaire avec arrogance, Antiochus enleva l’autel d’or, le candélabre de lumière avec tous ses accessoires,
l L’orgueil d’Épiphane, qui s’égalait à Zeus, avait étonné ses contemporains qui, jouant sur son nom, l’appelaient épimanès, « fou ». Cf. 2 M 5.17, 21 ; 9.4-11 ; Dn 7.8, 25 ; 11.36.
25 Israël fut l’objet d’un grand deuil dans tout le pays :
26 Chefs et anciens gémirent,
jeunes filles et jeunes gens dépérirent,
et la beauté des femmes s’altéra.
27 Le nouveau marié entonna un thrène ;
assise dans la chambre, l’épouse fut en deuil.
28 La terre trembla à cause de ses habitants
et la honte couvrit toute la maison de Jacob.m
m C’est la première des compositions poétiques du livre, cf. encore vv. 38-42 ; 2.8-13, 49-64 ; 3.3-9, 45 ; 14.4-14.
29 Deux ans après, le roi envoya dans les villes de Juda le Mysarque,n qui vint à Jérusalem avec une armée imposante.
n « le Mysarque » conj. d’après 2 M 5.24 (qui donne son nom Apollonius) ; grec « préposé aux tributs » ; les deux mots sont très semblables en hébr. — Il commandait aux mercenaires de Mysie, d’où son titre. Il vint à Jérusalem en 167. On le retrouve à 3.10.
31 Il pilla la ville, y mit le feu, détruisit ses maisons et son mur d’enceinte.
o Le nom de « Cité de David » s’était étendu à la grande colline occidentale. Devenu la Citadelle, en grec l’Akra, ce quartier abritera la garnison syro-macédonienne et les Juifs hellénisants. Il sera une menace pour le Temple situé à l’est, en contrebas, sur ce qu’on appelait alors le mont Sion. La toponymie de ce temps ne répond pas à celle de la période davidique, cf. 2 S 5.9.
36 Ce fut une embuscade pour le lieu saint,
un adversaire maléfique en tout temps pour Israël.
37 Ils répandirent le sang innocent autour du sanctuaire
et souillèrent le lieu saint.
38 À cause d’eux s’enfuirent les habitants de Jérusalem
et celle-ci devint une colonie d’étrangers ;
elle fut étrangère à sa progéniture
et ses propres enfants l’abandonnèrent.
39 Son sanctuaire désolé devint comme un désert,
ses fêtes se changèrent en deuil,
ses sabbats en dérision
et son honneur en mépris.
40 À sa gloire se mesura son avilissement
et sa grandeur fit place au deuil.
41 Le roi publia ensuite dans tout son royaume l’ordre de n’avoir à former tous qu’un seul peuple
p Cherchant l’unité de son empire, Antiochus Épiphane enjoint aux Juifs des pratiques païennes, abolissant ainsi la charte qu’en 198 Antiochus III leur avait accordée, reconnaissant la Loi de Moïse comme leur statut légal (comme avaient fait les rois de Perse après l’Exil). La fidélité à la Loi devenait ainsi un acte de rébellion politique, d’où la persécution. La liberté religieuse sera rétablie par le rescrit d’Antiochus V, 6.57-61 ; 2 M 11.22-26.
53 Ils réduisirent Israël à se cacher dans tous ses lieux de refuge.
54 Le quinzième jour de Kisleu en l’an cent quarante-cinq,q le roi construisit l’Abomination de la désolation sur l’autel des holocaustesr et, dans les villes de Juda circonvoisines, on éleva des autels.
q De l’ère séleucide comptée à partir du printemps. On est en décembre 167.
r L’"Abomination de la désolation", Dn 9.27 ; 11.31, c’est l’autel de Baal Shamem ou Zeus Olympien, édifié sur le grand autel des holocaustes.
s Livre de « l’Alliance » ou livres de « la Loi » ici le Pentateuque.
t Jour anniversaire du roi, cf. 2 M 6.7, qui fut aussi celui de l’inauguration de l’autel. C’est trois ans après, jour pour jour, que Judas célébrera la dédicace du nouvel autel, 4.52s.
61 avec leurs nourrissons pendus à leur cou, exécutant aussi leurs proches et ceux qui avaient opéré la circoncision.
62 Cependant plusieurs en Israël se montrèrent fermes et furent assez forts pour ne pas manger de mets impurs.