1 Puisque beaucoupb ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,
a Ce prologue, de vocabulaire choisi et de style périodique, ressemble à ceux des historiens de l’époque hellénistique.
b Emphatique il faut entendre « plusieurs ». Sur ces récits connus de Luc et utilisés par lui, voir l’Introduction.
3 j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile,
c Ou, peut-être, « des renseignements qui te sont parvenus ». Dans ce cas, Théophile ne serait pas un chrétien que l’on veut confirmer dans sa foi, mais un haut fonctionnaire qu’il s’agit de renseigner.
5 Il y eut aux jours d’Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d’Abia, et il avait pour femme une descendante d’Aaron, dont le nom était Élisabeth.
d Jusqu’au chap. 3, Luc adopte le grec sémitisant des Septante. Les allusions et réminiscences bibliques sont nombreuses. L’ensemble est de couleur archaïque. Luc restitue l’atmosphère du milieu des « pauvres », cf. So 2.3, où vivaient ses personnages et où il a sans doute puisé l’essentiel de son information. dispose en diptyque les récits concernant la naissance et l’enfance de Jean et celle de Jésus. Il raconte celles-ci du point de vue de Marie, tandis que Mt les racontait du point de vue de Joseph.
8 Or il advint, comme il remplissait devant Dieu les fonctions sacerdotales au tour de sa classe,e
e Chaque « classe » assurait le service durant une semaine, cf. 1 Ch 24.19 ; 2 Ch 23.8.
f Cet office consistait à renouveler la braise et les parfums sur l’autel de l’encens qui se trouvait devant le Saint des Saints, cf. Ex 30.6-8. L’encensement avait lieu avant le sacrifice du matin et après celui du soir.
11 Alors lui apparut l’Ange du Seigneur, debout à droite de l’autel de l’encens.
12 À cette vue, Zacharie fut troublé et la crainte fondit sur lui.g
g Luc note volontiers les manifestations de crainte religieuse : 1.29-30, 65 ; 2.9-10 ; 4.36 ; 5.8-10, 26 ; 7.16 ; 8.25, 35-37, 56 ; 9.34, 43 ; 24.37 ; Ac 2.43 ; 3.10 ; 5.5, 11 ; 10.4 ; 19.17. Cf. Ex 20.20 ; Dt 6.2 ; Pr 1.7.
h Ce nom signifie « Yahvé est favorable ».
i Les chap. 1-2 baignent dans une atmosphère de joie 1.28, 46, 58 ; 2.10. Cf. 10.17, 20s ; 13.17 ; 15.7, 32 ; 19.6, 37 ; 24.41, 52 ; Ac 2.46 ; Ph 1.4.
j Ces paroles s’inspirent de plusieurs textes de l’AT, en particulier du statut du nazir , cf. Nb 6.1.
k Chez Luc cette expression ne signifie pas une plénitude de grâce sanctifiante, mais un don de prophétie qui fait parler de façon inspirée : 1.41, 67 ; Ac 2.4 ; 4.8, 31 ; 7.55 ; 9.17 ; 13.9. Ce don se manifestera chez Jean dès le sein de sa mère, par un tressaillement prophétique, 1.44.
l D’après Ml 3.23, on pensait que le retour d’Élie devait précéder et préparer le Jour de Yahvé. Jean-Baptiste sera « l’Élie qui doit venir », cf. Mt 17.10-13 ; 9.30.
m Zacharie demande un « signe », cf. Gn 15.8 ; Jg 6.17 ; Isa 7.11 ; 38.7. Mais il reste sceptique.
n Première apparition d’un verbe cher à Luc dix fois dans l’évangile, quinze fois dans les Actes, le plus souvent à propos de la Bonne Nouvelle ou « Évangile » du Royaume ; voir Mc 1.1 ; Ac 5.42 ; Ga 1.6.
o Pour prononcer la bénédiction d’usage.
23 Et il advint, quand ses jours de service furent accomplis, qu’il s’en retourna chez lui.
p La stérilité était tenue pour un déshonneur, Gn 30.23 ; 1 S 1.5-8, et même pour un châtiment, 2 S 6.23 ; Os 9.11.
26 Le sixième mois,r l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth,
q La représentation de cet événement s’inspire de plusieurs passages de l’AT, notamment de l’apparition de l’ange à Gédéon, Jg 6.11-24 (comparer l’annonce de la naissance de Samson Jg 13.2-7). La dignité de l’enfant est évoquée par des allusions aux promesses de l’AT, surtout à celles faites à David et à sa lignée, 2 S 7.1 ss.
r À dater de la conception de Jean.
s « Réjouis-toi » plutôt que « Salut ». Appel à la joie messianique, écho de celui des prophètes à la Fille de Sion, et motivé comme lui par la venue de Dieu parmi son peuple ; cf. Isa 12.6 ; So 3.14-15 ; Jl 2.21-27 ; Za 2.14 ; 9.9. « comblée de grâce », litt. « toi qui as été et demeures remplie de la faveur divine ». Add. « Tu es bénie entre les femmes », par influence de 1.42.
t Les paroles de l’ange s’inspirent de plusieurs passages messianiques de l’AT.
34 Mais Marie dit à l’ange : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? »u
u La « vierge » Marie n’est que « fiancée » (v. 27) et n’a pas de relations conjugales (sens sémitique de « connaître », cf. Gn 4.1, etc.). Ce fait, qui semble s’opposer à l’annonce des vv. 31-33, amène l’explication du v. 35. Rien dans le texte n’impose l’idée d’un vœu de virginité.
v L’expression évoque, soit la nuée lumineuse, signe de la présence de Yahvé, cf. Ex 13.22 ; 19.16 ; 24.16, soit les ailes de l’oiseau qui symbolise la puissance protectrice, Ps 17.8 ; 57.2 ; 140.8, et créatrice, Gn 1.2, de Dieu. Comparer 9.34. Dans la conception de Jésus tout vient de la puissance de l’Esprit Saint.
39 En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda.w
w Aujourd’hui identifiée de préférence avec Aïn Karim, à 6 km à l’ouest de Jérusalem.
x Titre divin de Jésus ressuscité, Ac 2.36, Ph 2.11, que Luc lui accorde dès sa vie terrestre, plus souvent que Mt Mc :7.13 ; 10.1, 39, 41 ; 11.39, etc.
y De Dieu. — Ou « Et bienheureuse toi qui as cru, car il y aura accomplissement de ce qui t’a été promis de la part du Seigneur. »
46 Mariez dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
z « Marie » et non « Élisabeth », var. sans appui suffisant. — Le cantique de Marie s’inspire du cantique d’Anne, 1 S 2.1-10, et de beaucoup d’autres passages de l’AT. Outre les principaux rapprochements littéraires soulignés par les références marginales, on remarquera les deux grands thèmes : 1° des pauvres et petits secourus au détriment des riches et puissants, So 2.3, cf. Mt 5.3 ; 2° d’Israël objet de la faveur de Dieu, cf. Dt 7.6, etc., depuis la promesse faite à Abraham, Gn 15.1 ; 17.1. Luc a dû trouver ce cantique dans le milieu des « pauvres », où il était peut-être attribué à la Fille de Sion ; il a jugé convenable de le mettre sur les lèvres de Marie, en l’insérant dans son récit en prose.
47 et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur,
48 parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante.
Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse,
49 car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses.
Saint est son nom,
50 et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
51 Il a déployé la force de son bras,
il a dispersé les hommes au cœur superbe.
52 Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles,
53 Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides.
54 Il est venu en aide à Israël, son serviteur,
se souvenant de sa miséricorde,
55 — selon qu’il l’avait annoncé à nos pères —
en faveur d’Abraham et de sa postérité à jamais ! »
56 Marie demeura avec elle environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.a
a Marie demeura probablement auprès d’Élisabeth jusqu’à la naissance et la circoncision de Jean. Luc épuise son sujet avant de passer à un autre. Cf. 1.64-67 ; 3.19-20 ; 8.37-38.
57 Quant à Élisabeth, le temps fut accompli où elle devait enfanter, et elle mit au monde un fils.
59 Et il advint, le huitième jour, qu’ils vinrent pour circoncire l’enfant. On voulait l’appelerb Zacharie, du nom de son père ;
b C’est à la circoncision que l’enfant recevait ordinairement son nom, cf. 2.21.
c La surdité s’associe souvent à la mutité, et le même mot grec kôphos peut signifier « sourd », 7.22, ou « muet », 11.14.
d C’est-à-dire le protégeait expression biblique, 1 Ch 4.10 ; Ac 11.21.
67 Et Zacharie, son père, fut rempli d’Esprit Saint et se mit à prophétiser :f
e Comme le cantique de Marie, ce cantique est un morceau poétique que Luc a emprunté et placé sur les lèvres de Zacharie, en ajoutant les vv. 76-77 pour l’adapter à la situation. Il l’a inséré, non dans le récit en prose, v. 64, mais à sa suite.
f Au sens plein du mot ; car si la première partie, vv. 68-75, est un hymne d’action de grâces, la seconde, vv. 76-79, est une vision d’avenir.
68 « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël,
de ce qu’il a visitég et délivré son peuple,
g Comme souvent dans l’AT, Ex 3.16, la visite de Dieu dans le NT s’entend en un sens favorable, 1.78 ; 7.16 ; 19.44 ; 1 P 2.12.
69 et nous a suscité une puissanceh de salut
dans la maison de David, son serviteur,
h Littéralement « une corne », cf. Ps 75.5.
70 selon qu’il l’avait annoncé
par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens,
71 pour nous sauver de nos ennemis
et de la main de tous ceux qui nous haïssent.
72 Ainsi fait-il miséricorde à nos pères,
ainsi se souvient-il de son alliance sainte,
73 du serment qu’il a juré
à Abraham, notre père,
de nous accorder
74 que, sans crainte,
délivrés de la main de nos ennemis,
nous le servions
75 en sainteté et justice
devant lui, tout au long de nos jours.
76 Or toi aussi, petit enfant,
tu seras appelé prophète du Très-Haut ;
car tu marcheras devant le Seigneur,
pour lui préparer les voies,i
i C’est-à-dire Dieu, comme en 1.16-17, non le Messie.
77 pour donner à son peuple la connaissance du salut
par la rémission de ses péchés ;j
j Luc dépeint le rôle du Précurseur à l’aide des textes qui lui étaient traditionnellement appliqués, cf. 3.4 ; 7.27, et son message d’après celui des apôtres dans les Actes, cf. Ac 2.38 ; 5.31 ; 10.43 ; 13.38 ; 26.18.
78 grâce aux sentiments de miséricorde de notre Dieu,
dans lesquels nous a visitésk l’Astrel d’en haut,
k « Sentiments de miséricorde », litt. « entrailles de miséricorde », cf. Col 3.12. « a visités », var. « visitera ».
l Anatolè titre du Messie, Astre qui apporte la lumière, cf. Nb 24.17 ; Ml 3.20 ; Isa 60.1, et Germe qui surgit du tronc de David, cf. Jr 23.5 ; 33.15 ; Za 3.8 ; 6.12.
79 pour illuminer ceux qui demeurent
dans les ténèbres et l’ombre de la mort,
afin de guider nos pas
dans le chemin de la paix. »
80 Cependant l’enfant grandissait, et son esprit se fortifiait.m Et il demeurait dans les déserts jusqu’au jour de sa manifestation à Israël ;
m Sorte de refrain 2.40, 52 ; cf. 1.66 et comparer Ac 2.41 ; 6.7.