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Bible de Jérusalem

Galates 1-2

ÉPÎTRE AUX GALATES

Introduction aux épîtres aux Romains et aux Galates

Adresse.a

1 Paul, apôtre, non de la part des hommes ni par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père qui l’a ressuscité des morts,

a Cette adresse est d’un ton plus abrupt et plus dur que les autres (elle ne contient aucun éloge des Galates). Paul amorce, vv. 1 et 4, les thèmes principaux de sa lettre défense de sa mission d’apôtre, 1-2, exposé de son évangile du salut par la foi en Jésus Christ, fondement de la liberté chrétienne, 3-5.

2 et tous les frères qui sont avec moi, aux Églises de Galatie. 3 À vous grâce et paix de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ, 4 qui s’est livré pour nos péchés afin de nous arracher à ce monde actuelb et mauvais, selon la volonté de Dieu notre Père,

b Le monde présent, par opposition au monde « à venir » messianique. Il coïncide avec le règne du péché et de la Loi, 3.19. Mais le Christ, par sa mort et sa résurrection, nous libère de tous ces tyrans dès ici-bas et nous fait entrer dans son règne et celui de Dieu. Rm 14.17 ; Col 1.13 ; Ep 5.5, en attendant la pleine libération de la résurrection corporelle à la Parousie, cf. Rm 5-8.

5 à qui soit la gloire dans les siècles des siècles ! Amen.

Admonition.c

6 Je m’étonne que si vite vous abandonniez Celui qui vous a appelés par la grâce du Christ, pour passer à un évangile différent,d

c Une admonestation remplace l’action de grâces habituelle au début des épîtres pauliniennes, Rm 1.8 ; 1 Co 1.4 ; 2 Co 1.3 ; Ph 1.3 ; Col 1.3 ; 1 Th 1.2 ; 2 Th 1.3 ; Phm 4.

d Il n’y a qu’un seul Évangile, vv. 6-8:2 Co 11.4, prêché par tous les Apôtres, 1 Co 15.11, au service duquel Dieu a mis à part l’apôtre Paul, Rm 1.1 ; 1 Co 1.17 ; cf. 1.15-16. Comme dans les évangiles, Mc 1.1, et dans les Actes, Ac 5.42, c’est une Bonne Nouvelle annoncée de vive voix et écoutée. Son contenu est la révélation du Fils Jésus Christ, Rm 1.1-4, ressuscité d’entre les morts, 1 Co 15.1-5 ; 2 Tm 1.10, après sa mise en croix, 1 Co 2.2, qui a instauré au bénéfice de tous les pécheurs, juifs ou païens, Rm 3.22-24, l’économie de la justice, Rm 1.16, et du salut, Ep 1.13, qu’avaient annoncée les prophètes, Rm 16.25-26 ; 1 P 1.10. Souvent d’ailleurs le mot dit à la fois l’activité de l’apôtre et le message qu’il annonce, 2 Co 2.12 ; 8.18 ; Ph 1.5, 12 ; 4.3, 15 ; Phm 13 ; 1 Th 3.2. L’efficacité de cette proclamation est due à la puissance de Dieu, 1 Th 1.3 (cf. 2.13) Parole de vérité qui manifeste la grâce de Dieu, Col 1.5-6 ; Ep 1.13 ; 2 Co 6.1 ; Ac 14.3 ; 20.24, 32, elle produit le salut chez celui qui l’accueille par la foi, Rm 1.16-17 ; 3.22 ; 10.14-15 ; Ph 1.28, et lui obéit, Rm 1.5 ; 10.16 ; 2 Th 1.8 ; elle fructifie et se développe, Col 1.6, et par elle le ministère de l’apôtre qui l’« accomplit », Rm 15.19, reste la source première de toute l’espérance chrétienne, Col 1.23.

7 qui n’est rien d’autre que ceci : il y a des gens en train de jeter le trouble parmi vous et qui veulent bouleverser l’Évangile du Christ. 8 Eh bien ! si nous-même, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu’il soit anathème ! 9 Nous l’avons déjà dit, et aujourd’hui je le répète : si quelqu’un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème !e

e C’est-à-dire ici objet de malédiction, cf. Dt 7.26 ; 1 Co 5.5.

10 En tout cas, maintenant est-ce la faveur des hommes, ou celle de Dieu que je veux gagner !f Est-ce que je cherche à plaire à des hommes ? Si je voulais encoreg plaire à des hommes, je ne serais plus le serviteur du Christ.

f Les judaïsants accusaient sans doute Paul de ne pas obliger les païens à la circoncision afin de les gagner plus aisément ; mais cette fois, on ne pourra songer à taxer son langage d’opportunisme.

g Comme jadis, avant sa conversion, quand Paul prêchait la circoncision.

I. Preuve par les faits

L’appel de Dieu.h

11 Sachez-le, en effet,i mes frères, l’Évangile que j’ai annoncé n’est pas à mesure humaine :

h Les v. 11-12 forment une prothesis, une proposition que Paul entend prouver jusqu’à la fin du chap. 2, en s’appuyant sur une série d’événements qui confirment tous à leur manière l’origine non humaine (mais divine) de l’Évangile annoncé par Paul.

i « en effet »; var. « mais » ou « or ».

12 ce n’est pas non plus d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ.j

j Révélation dont Jésus Christ fut à la fois l’auteur et l’objet, v. 16. Non que Paul ait nécessairement tout appris par révélation directe, encore moins tout à la fois, sur le chemin de Damas il songe ici à la doctrine du salut par la foi sans les œuvres de la Loi, celle qui fait l’unique objet du litige.

13 Vous avez certes entendu parler de ma conduite jadis dans le judaïsme, de la persécution effrénée que je menais contre l’Église de Dieu et des ravages que je lui causais, 14 et de mes progrès dans le judaïsme, où je surpassais bien des compatriotes de mon âge, en partisan acharné des traditions de mes pères.

15 Mais quand Celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce daigna 16 révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les païens,k aussitôt, sans consulter la chair et le sang,

k Autre traduction « me révéler son fils ». Sans nier le caractère objectif de la vision, 1 Co 9.1 ; 15.8 ; cf. Ac 9.17 ; 22.14 ; 26.16, Paul en souligne ici l’aspect de révélation intérieure et il y rattache sa vocation d’apôtre des païens, 2.8-9 ; Rm 1.1 ; Ep 3.2-3 ; 1 Tm 2.7.

17 sans monterl à Jérusalem trouver les apôtres mes prédécesseurs, je m’en allai en Arabie,m puis je revins encore à Damas.

l « monter »; var. « partir » ou « aller ».

m Sans doute le royaume des Nabatéens, 1 M 5.25, au sud de Damas.

18 Ensuite, après trois ans,n je montai à Jérusalem rendre visite à Céphas et demeurai auprès de lui quinze jours :o

n Passés à Damas après son retour d’Arabie. Quand les Nabatéens eurent pris le contrôle de Damas probablement à la fin de 37, Paul fut contraint de s’enfuir, 2 Co 11.32-33.

o Après qu’il eut prêché pendant au moins sept ans, les souvenirs que Pierre avait de Jésus devaient s’être structurés comme un évangile, 1 Co 7.10-11, 9.14. C’est probablement à cette occasion que Paul apprit le Credo cité à 1 Co 15.3-5.

19 je n’ai pas vu d’autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur :p

p D’autres traduisent « sinon Jacques... », en supposant que ce Jacques fait partie des Douze et se confond avec le fils d’Alphée, Mt 10.3, ou bien en prenant « apôtre » au sens large, cf. Rm 1.1.

20 et quand je vous écris cela, j’atteste devant Dieu que je ne mens point. 21 Ensuite je suis allé en Syrie et en Cilicie, 22 mais j’étais personnellement inconnu des Églises de Judée qui sont dans le Christ ; 23 on y entendait seulement dire que le persécuteur de naguère annonçait maintenant la foi qu’alors il voulait détruire ;

24 et elles glorifiaient Dieu à mon sujet.

L’assemblée de Jérusalem.

2 Ensuite, au bout de quatorze ans,q je montai de nouveau à Jérusalem avec Barnabé et Tite que je pris avec moi.

q À compter depuis la dernière rencontre avec Pierre. Les intervalles indiqués de 3 et 14 ans (1.18 ; 2.1) peuvent n’avoir guère dépassé un an et demi et 12 ans et demi, les anciens comptant pour une année entière la première et la dernière, même à peine commencées.

2 J’y montai à la suite d’une révélation ; et je leur exposai l’Évangile que je proclame parmi les païens — mais séparément aux notables, de peur de courir ou d’avoir couru pour rien.r

r Paul ne doute point de la vérité de son Évangile ; mais la fondation des Églises exigeait que ne soit pas rompu le lien avec l’Église mère, ici représentée par les trois « notables », les « colonnes » du v. 9 d’où l’importance à ses yeux de la collecte pour les « pauvres » de Jérusalem, cf. 1 Co 16.1 ; voir v. 10.

3 Eh bien ! de Tite lui-même, mon compagnon qui était grec, on n’exigea pas qu’il se fît circoncire.s

s Pour Timothée, d’ailleurs de mère juive, Paul se montra moins intransigeant, Ac 16.3, cf. 1 Co 9.20.

4 Mais à cause des intrus, ces faux frères qui se sont glissés pour espionner la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire en servitude, 5 gens auxquels nous refusâmes de céder, fût-ce un moment, par déférence, afin que la vérité de l’Évangile demeurât parmi vous...t

t Le verbe « demeurer » implique que Paul avait prêché en Galatie avant l’assemblée de Jérusalem et non après comme le dit Luc, Ac 16.6.

6 Et de la part de ceux qu’on tenait pour des notables — peu m’importe ce qu’alors ils pouvaient être ; Dieu ne fait point acception des personnes —, à mon Évangile, en tout cas, les notables n’ont rien ajouté.u

u Littéralement « ils ne m’ont rien exposé en plus », cf. v. 2.

7 Au contraire, voyant que l’évangélisation des incirconcis m’était confiée comme à Pierre celle des circoncis — 8 car Celui qui avait agi en Pierre pour faire de lui un apôtre des circoncis, avait pareillement agi en moi en faveur des païens — 9 et reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques, Céphas et Jean,v ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions, nous aux païens, eux à la Circoncision ;w

v « Jacques, Céphas et Jean »; var. « Jacques, Pierre et Jean », ou « Pierre, Jacques et Jean », ou « Jacques et Jean ».

w Répartition d’ordre plus géographique qu’ethnique « la Circoncision » désigne principalement les Juifs de Palestine, et Paul s’est toujours adressé d’abord aux Juifs de la Diaspora, Ac 13.5.

10 nous devions seulement songer aux pauvres, ce que précisément j’ai eu à cœur de faire.

Pierre et Paul à Antioche.

11 Mais quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort.x

x En soi, la conduite de Pierre pouvait se justifier ; Paul agira de même en d’autres circonstances, Ac 16.3 ; 21.26 ; 1 Co 8.13 ; Rm 14.21 ; cf. 1 Co 9.20. Mais, dans celles-ci, elle donnait à entendre que seuls les Juifs convertis pratiquant la Loi étaient de vrais chrétiens et elle tendait à constituer deux communautés étrangères l’une à l’autre, même dans les repas eucharistiques. Surtout, alors qu’il aurait fallu les afficher, elle « dissimulait », v. 13, les vrais sentiments de Pierre.

12 En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens ;y mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l’écart, par peur des circoncis.

y Les païens convertis, de même au v. 14 ; de même les « circoncis » du v. 12 et les Juifs du v. 13 sont des Juifs convertis.

13 Et les autres Juifs l’imitèrent dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux.

14 Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde : « Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser ? »

L’Évangile de Paul.z

15 « Nous sommes, nous, des Juifs de naissance et non de ces pécheurs de païens ;a

z Paul s’adresse ici aux judaïsants d’Antioche et surtout à ceux de Galatie, plus encore qu’à Pierre.

a L’expression n’est pas sans ironie mais Paul n’a jamais nié les privilèges d’Israël, Rm 1.16 ; 3.1 ; 9.4-5, même temporairement infidèle, Rm 11.12-15.

16 et cependant, sachant que l’homme n’est pas justifié par la pratique de la Loi, mais seulement par la foi en Jésus Christ, nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus, afin d’obtenir la justification par la foi au Christ et non par la pratique de la Loi, puisque par la pratique de la Loi personne ne sera justifié.

17 Or si, recherchant notre justification dans le Christ, il s’est trouvé que nous sommes des pécheurs comme les autres, serait-ce que le Christ est au service du péché ? Certes non ! 18 Car en relevant ce que j’ai abattu, je me convaincs moi-même de transgression. 19 En effet, par la Loi je suis mort à la Loib afin de vivre à Dieu : je suis crucifié avec le Christ ;

b Formule obscure à force de concision et diversement expliquée. Crucifié avec le Christ, le chrétien est, avec lui et en lui, mort à la Loi mosaïque, cf. Rm 7.1s, en vertu même de cette Loi, 3.13, pour participer à la vie de ressuscité du Christ, Rm 6.4-10 ; 7.4-6 et les notes. D’autres comprennent que le chrétien a renoncé à la Loi pour obéir à l’AT, 3.19, 24 ; Rm 10.4, ou bien qu’il est mort à la Loi mosaïque par une autre loi, celle de la foi ou de l’Esprit, Rm 8.2.

20 et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi.c Ma vie présente dans la chair,d je la vis dans la foi au Fils de Dieue qui m’a aimé et s’est livré pour moi.

c Par la foi, Rm 1.16, le Christ devient en quelque sorte le sujet de toutes les actions vitales du chrétien, Rm 8.2, 10-11 ; Ph 1.21 ; cf. Col 3.3.

d Quoique encore « dans la chair », Rm 7.5, la vie du chrétien est déjà spiritualisée par la foi, cf. Ep 3.17 ; sur cette condition paradoxale, cf. Rm 8.18-27.

e Var. « la foi en Dieu et au Christ ».

21 Je n’annule pas le don de Dieu :f car si la justice vient de la Loi, c’est donc que le Christ est mort pour rien. »

f En retournant à la Loi, cf. 3.17.