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Bible de Jérusalem

Romains 5-8

2. L’HOMME JUSTIFIÉ EN MARCHE VERS LE SALUT

La justification gage du salut.j

5 Ayant donc reçu notre justification de la foi, nous sommesk en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ,

j Thème de la seconde partie, 5-8: : le chrétien justifié, cf. 1-4, trouve dans l’amour de Dieu et le don de l’Esprit la garantie du salut. Les vv. 1-11, introduction de la section 5-8, sont tournés vers le futur, alors que les vv. 12-21 reviennent vers le passé pour souligner, en opposition à la figure d’Adam, le rôle unique du Christ, par qui toute grâce nous a été donnée en plénitude.

k Var. : « soyons ».

2 lui qui nous a donné d’avoir accès par la foi à cette grâcel en laquelle nous sommes établis et nous nous glorifions dans l’espérancem de la gloire de Dieu.

l La faveur de vivre dans l’amitié divine, l’« état de grâce ».

m L’espérance chrétienne est l’attente des biens eschatologiques : la résurrection du corps, 8.18-23 ; 1 Th 4.13s ; cf. Ac 2.26 ; 23.6 ; 24.15 ; Ac 26.6-8 ; 28.20, l’héritage des saints, Ep 1.18 ; cf. He 6.11s ; 1 P 1.3s, la vie éternelle, Tt 1.2 ; cf. 1 Co 15.19, la gloire, 5.2 ; 2 Co 3.7-12 ; Ep 1.18 ; Col 1.27 ; Tt 2.13 ; la vision de Dieu, 1 Jn 3.2s, en un mot le salut, 1 Th 5.8 ; cf. 1 P 1.3-5, de soi et des autres, 2 Co 1.6s ; 1 Th 2.19. Désignant d’abord la vertu qui attend ces biens, elle peut parfois désigner ces biens célestes eux-mêmes, Ga 5.5 ; Col 1.5 ; Tt 2.13 ; He 6.18. Jadis déposée en Israël, Ep 1.11-12 ; cf. Jn 5.45 ; 4.18, à l’exclusion des païens, Ep 2.12 ; cf. 1 Th 4.13, elle y préparait une espérance meilleure, He 7.19, qui est aujourd’hui offerte même aux païens, Ep 1.18 ; Col 1.27 ; cf. Mt 12.21 ; 15.12, dans le mystère du Christ, 16.25. Elle se fonde sur Dieu, 1 Tm 5.5 ; 6.17 ; 1 P 1.21 ; 3.5, son amour, 2 Th 2.16, son appel, 1 P 1.13-15 ; cf. Ep 1.18 ; 4.4, sur sa puissance, 4.17-21, sa véracité, Tt 1.2 ; He 6.18, et sa fidélité, He 10.23, à tenir ses promesses, qu’il a exprimées par les Écritures, 15.4, et l’Évangile, Col 1.23, et réalisées en la personne du Christ, 1 Tm 1.1 ; 1 P 1.3, 21. Aussi ne peut-elle décevoir, 5.5. Tendue par définition vers des biens invisibles, 8.24 ; He 11.1, elle s’appuie sur la foi, 4.18 ; 5.1s ; 15.13 ; Ga 5.5, He 6.11s ; 1 P 1.21, et se nourrit de la charité 5.5 ; 1 Co 13.7, les deux autres vertus théologales avec lesquelles elle a un lien étroit, 1 Co 13.13. L’Esprit Saint, le don eschatologique par excellence déjà possédé partiellement, 5.5 ; Ac 1.8, est sa source privilégiée, Ga 5.5, qui l’éclaire, Ep 1.17s, la fortifie, 15.13 et opère par elle l’unité du Corps, Ep 4.4. Fondée sur la justification par la foi au Christ, 5.1s ; cf. Ga 5.5, elle est pleine d’assurance, 2 Co 3.12 ; He 3.6, de réconfort, 2 Th 2.16 ; He 6.18, de joie, 12.12 ; 15.13 ; 1 Th 2.19, et de fierté, 5.2 ; 1 Th 2.19 ; He 3.6 ; elle ne se laisse point abattre par les souffrances présentes, qui comptent peu auprès de la gloire promise, 8.18, mais les supporte au contraire avec une « constance », 8.25 ; 12.12 ; 15.4 ; 1 Th 1.3 ; cf. 1 Co 13.7, qui l’éprouve, 5.4, et l’affermit, 2 Co 1.7.

3 Que dis-je ? Nous nous glorifions encore des tribulations, sachant bien que la tribulation produit la constance, 4 la constance une vertu éprouvée, la vertu éprouvée l’espérance.

5 Et l’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieun a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné.o

n L’amour dont Dieu nous aime et dont le Saint Esprit est un gage, et, par sa présence active en nous, un témoin : cf. 8.15 et Ga 4.6. En lui nous nous adressons à Dieu comme un fils à son Père ; l’amour est réciproque. En lui également, nous aimons nos frères de l’amour même dont le Père aime le Fils et dont il nous aime (cf. Jn 17.26).

o L’Esprit Saint de la promesse, Ep 1.13 ; cf. Ga 3.14 ; Ac 2.33, qui caractérise la nouvelle alliance, 2.29 ; 7.6 ; 2 Co 3.6 ; cf. Ga 3.3 ; 4.29 ; Ez 36.27, n’est pas seulement une manifestation extérieure de puissance thaumaturgique et charismatique, Ac 1.8 ; il est aussi et surtout un principe intérieur de vie nouvelle que Dieu donne, 1 Th 4.8, etc. ; cf. Lc 11.13 ; Jn 3.34 ; 14.16s ; Ac 1.5 ; 2.38, etc. ; 1 Jn 3.24, envoie, Ga 4.6 ; cf. Lc 24.49 ; Jn 14.26 ; 1 P 1.12, fournit, Ga 3.5 ; Ph 1.19, verse, ici ; Tt 3.5s ; cf. Ac 2.33. Reçu par la foi, Ga 3.2, 14 ; cf. Jn 7.38s ; Ac 11.17, et le baptême, 1 Co 6.11 ; Tt 3.5 ; cf. Jn 3.5 ; Ac 2.38 ; 19.2-6, il habite dans le chrétien, 8.9 ; 1 Co 3.16 ; 2 Tm 1.14 ; cf. Jc 4.5, dans son esprit, 8.16 ; cf. 1.9, et même dans son corps, 1 Co 6.19. Cet Esprit, qui est l’Esprit du Christ, 8.9 ; Ph 1.19 ; Ga 4.6 ; cf. 2 Co 3.17 ; Ac 16.7 ; Jn 14.26 ; 15.26 ; 16.7, 14, rend le chrétien fils de Dieu, 8.14-16 ; Ga 4.6s, et fait habiter le Christ en son cœur, Ep 3.16. Il est pour le chrétien (comme pour le Christ lui-même, 1.4) un principe de résurrection, 8.11, par un don eschatologique qui dès à présent le marque comme d’un sceau, 2 Co 1.22 ; Ep 1.13 ; 4.30, et se trouve en lui à titre d’arrhes, 2 Co 1.22 ; 5.5 ; Ep 1.14, et de prémices, 8.23. Se substituant au principe mauvais de la chair, 7.5, il devient en l’homme un principe de foi, 1 Co 12.3 ; 2 Co 4.13 ; cf. 1 Jn 4.2s, de connaissance surnaturelle, 1 Co 2.10-16 ; 7.40 ; 12.8s ; 14.2s ; Ep 1.17 ; 3.16, 18 ; Col 1.9 ; cf. Jn 14.26, d’amour, 5.5 ; 15.30 ; Col 1.8, de sanctification, 15.16 ; 1 Co 6.11 ; 2 Th 2.13 ; cf. 1 P 1.2, de conduite morale, 8.4-9, 13 ; Ga 5.16-25, de courage apostolique, Ph 1.19 ; 2 Tm 1.7s ; cf. Ac 1.8, d’espérance, 15.13 ; Ga 5.5 ; Ep 4.4, et de prière, 8.26s, cf. Jc 4.3, 5 ; Jude 20. Il ne faut pas l’éteindre, 1 Th 5.19, ni le contrister, Ep 4.30. Unissant au Christ, 1 Co 6.17, il fait l’unité de son Corps, 1 Co 12.13 ; Ep 2.16, 18 ; 4.4.

6 C’est en effet alors que nous étions sans force, c’est alors, au temps fixé, que le Christ est mort pour des impies ; — 7 à peine en effet voudrait-on mourir pour un homme juste ; pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir ; — 8 mais la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous. 9 Combien plus, maintenant justifiés dans son sang, serons-nous par lui sauvés de la colère. 10 Si, étant ennemis, nous fûmes réconciliés à Dieu par la mort de son Fils, combien plus, une fois réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie, 11 et pas seulement cela, mais nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ par qui dès à présent nous avons obtenu la réconciliation.

Adam et Jésus Christ.p

12 Voilà pourquoi, de même que par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort,q et qu’ainsi la mort a passé en tous les hommes, situation dans laquelle tous ont péché ;r

p Le péché habite dans l’homme, 7.14-24 ; or la mort, châtiment du péché, est entrée dans le monde à la suite de la faute d’Adam, Sg 2.24 ; Paul en conclut que le péché lui-même est entré dans l’humanité par le moyen de cette faute initiale ; c’est la doctrine du Péché originel. Elle intéresse ici l’Apôtre par le parallèle qu’elle lui procure entre l’œuvre néfaste du premier Adam et la réparation surabondante du « dernier Adam », vv. 15-19 ; 1 Co 15.21s, 25. C’est comme « nouvel Adam », image en qui Dieu restaure sa création, 8.29 ; 2 Co 5.17, que le Christ sauve l’humanité.

q Le péché sépare l’homme de Dieu. Cette séparation est la « mort »:mort spirituelle et « éternelle » dont la mort physique est le signe, cf. Sg 1.13 ; 2.24 ; He 6.1.

r La proposition du v. 12d peut être interprétée comme une relative (à la suite de quoi) ou comme une circonstantielle causale (parce que, du fait que), voire consécutive (en sorte que). La traduction choisie ici rend compte de l’insistance avec laquelle Paul décrit le processus (temporel) à l’œuvre depuis le commencement : 1° péché d’un seul (vv. 12, 15, 17), 2° avec pour effet la mort de tous (vv. 12, 13, 17), 3° ensuite, la situation pécheresse (vv. 12d), 4° enfin, la venue de la loi mosaïque et son rôle (vv. 13, 20).

13 car jusqu’à la Loi il y avait du péché dans le monde, mais le péché n’est pas imputé quand il n’y a pas de loi ;

14 cependant la mort a régné d’Adam à Moïse même sur ceux qui n’avaient point péché d’une transgression semblable à celle d’Adam, figures de celui qui devait venir...

s « Figure », cf. 1 Co 10.6, ressemblante mais imparfaite. Aussi la comparaison, amorcée au v. 12 et interrompue par la longue parenthèse des vv. 13 et 14, se transforme-t-elle au v. 15 en un contraste.

15 Mais il n’en va pas du don comme de la faute. Si, par la faute d’un seul, la multitudet est morte, combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d’un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude.

t Cette « multitude » inclut tous les hommes, cf. v. 18 ; voir Mt 20.28.

16 Et il n’en va pas du don comme des conséquences du péché d’un seul : le jugement venant après un seul péché aboutit à une condamnation, l’œuvre de grâce à la suite d’un grand nombre de fautes aboutit à une justification. 17 Si, en effet, par la faute d’un seul, la mort a régné du fait de ce seul homme, combien plus ceux qui reçoivent avec profusion la grâce et le don de la justice régneront-ils dans la vie par le seul Jésus Christ.

18 Ainsi donc, comme la faute d’un seul a entraîné sur tous les hommes une condamnation, de même l’œuvre de justice d’un seul procure à tous une justification qui donne la vie. 19 Comme en effet par la désobéissance d’un seul homme la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle constituéeu juste.

u Non pas seulement au Jugement dernier (la justification pour Paul est actuelle, cf. 5.1, etc.), mais à mesure que les hommes renaîtront en Jésus Christ.

20 La Loi,v elle, est intervenue pour que se multipliât la faute ; mais où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé :

v Les vv. 20-21 constituent la thèse (prothesis) que Paul entend défendre en ces chapitres. Il la reformulera avec des expressions très voisines en 6.1-15 ; 7.7 ; 8.1-2.

21 ainsi, de même que le péché a régné dans la mort, de même la grâce régnerait par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur.

A. LA VIE AVEC LE CHRIST

6 Que dire alors ? Qu’il nous faut rester dans le péché, pour que la grâce se multiplie ? Certes non ! 2 Si nous sommes morts au péché, comment continuer de vivre en lui ? 3 Ou bien ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c’est dans sa mort que tous nous avons été baptisés ? 4 Nous avons doncw été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort,x afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle.

w Var. : « car ».

x Le baptême ne s’oppose pas à la foi, mais l’accompagne, Ga 3.26s ; Ep 4.5 ; He 10.22 ; cf. Ac 8.12s, 37 ; 16.31-33 ; 18.8 ; 19.2-5, et l’exprime sur le plan sensible par le symbolisme efficace de son rite. Aussi Paul leur attribue-t-il les mêmes effets (comp. Ga 2.16-20 et 6.3-9). La « plongée » (sens étymologique de « baptiser ») par immersion dans l’eau ensevelit le pécheur dans la mort du Christ, Col 2.12 ; cf. Mc 10.38, d’où il sort par la résurrection avec lui, 8.11, comme « nouvelle créature », 2 Co 5.17, « homme nouveau », Ep 2.15, membre du Corps unique animé de l’Esprit unique, 1 Co 12.13 ; Ep 4.4s. Cette résurrection qui ne sera totale et définitive qu’à la fin des temps, 1 Co 15.12s (mais cf. Ep 2.6), se réalise dès à présent par une vie nouvelle selon l’Esprit, vv. 8-11, 13 ; 8.2s ; Ga 5.16-24. — Outre le symbolisme plus spécialement paulinien de mort et de résurrection, ce rite primordial de la vie chrétienne, He 6.2, est aussi présenté dans le NT comme un bain qui purifie, Ep 5.26 ; He 10.22 ; cf. 1 Co 6.11 ; Tt 3.5, comme une nouvelle naissance, Jn 3.5 ; Tt 3.5 ; cf. 1 P 1.3 ; 2.2, comme une illumination, He 6.4 ; 10.32 ; cf. Ep 5.14. Sur baptême d’eau et baptême d’Esprit, cf. Ac 1.5 : ces deux aspects de la consécration chrétienne paraissent être l’« onction » et le « sceau » de 2 Co 1.21s. D’après 1 P 3.21 l’arche de Noé fut un type de baptême.

5 Car si c’est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable ;

6 comprenons-le, notre vieil homme a été crucifié avec lui, pour que fût réduit à l’impuissance ce corps de péché, afin que nous cessions d’être asservis au péché. 7 Car celui qui est mort est affranchi du péché.y

y Le chrétien ayant perdu l’instrument même du péché, son « corps de péché », v. 6, n’étant plus « dans la chair », 8.9, il est de soi affranchi définitivement du péché, cf. 1 P 4.1. Pour d’autres il est quitte du péché, suivant l’axiome juridique : la mort d’un coupable éteint l’action judiciaire. Cf. 7.1.

8 Maisz si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivons aussi avec lui,

z Var. : « Car ».

9 sachant que le Christ une fois ressuscité des morts ne meurt plus, que la mort n’exerce plus de pouvoir sur lui. 10 Sa mort fut une mort au péché,a une fois pour toutes ; mais sa vie est une vie à Dieu.

a Sans être pécheur, 2 Co 5.21, le Christ, par son corps de chair semblable au nôtre, 8.3, appartenait à la sphère du péché : devenu « spirituel », 1 Co 15.45-46, il n’appartient plus qu’à la sphère divine. Ainsi le chrétien, bien qu’il demeure provisoirement dans la chair, vit déjà de l’Esprit.

11 Et vous de même, considérez que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus.b

b Texte reçu et Vulg. : « le Christ Jésus notre Seigneur ». — Cf. 14.7s ; 1 Co 3.23 ; 2 Co 5.15 ; Ga 2.20 ; 1 P 2.24.

12 Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortelc de manière à vous plier à ses convoitises.

c Le baptême a détruit le péché dans l’homme, mais tant que son corps n’a pas « revêtu l’immortalité » 1 Co 15.54, le péché peut trouver en ce corps « mortel », siège de la concupiscence, le moyen de régner encore, cf. 7.14s.

13 Ne faites plus de vos membres des armes d’injustice au service du péché ; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. 14 Car le péché ne dominera pas sur vous : vous n’êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce.

Le croyant au service de la justice.

15 Quoi donc ? Allons-nous pécher parce que nous ne sommes pas sous la Loi, mais sous la grâce ? Certes non !d

d Le Christ a libéré l’homme du Mal pour le rendre à Dieu. À côté du thème biblique de la « rédemption » 3.24, et de celui de la libération par la mort, 7.1, Paul recourt volontiers, pour exprimer cette idée, à l’image, si parlante à son époque, de l’esclave racheté et affranchi, qui ne peut plus être remis en esclavage, mais se doit de servir fidèlement son nouveau maître. En nous rachetant au prix de son sang, 1 Co 6.20 ; 7.23 ; Ga 3.13 ; 4.5, le Christ nous a affranchis et appelés à la liberté, Ga 5.1, 13. Désormais libéré de ses anciens maîtres, le péché, 6.18-22, la Loi, 6.14 ; 8.2 ; Ga 3.13 ; 4.5 ; cf. 7.1, avec ses observances matérielles, Ga 2.4, les « éléments du monde », Ga 4.3, 8 ; cf. Col 2.20-22, la corruption, 8.21-23, le chrétien ne doit plus retomber sous leur esclavage, Ga 2.4s ; 4.9 ; 5.1. Il est libre, 1 Co 9.1, fils de la femme libre, la Jérusalem d’en haut, Ga 4.26, 31. Cette liberté ne signifie cependant pas libertinage, Ga 5.13 ; cf. 1 P 2.16 ; 2 P 2.19. Elle doit être un service du nouveau maître, Dieu, 6.22 ; cf. 1 Th 1.9 ; 1 P 2.16, le Christ Kyrios, 1.1, etc. ; Jc 1.1 ; 2 P 1.1 ; Jude 1 ; 14.18 ; 16.18, etc., auquel le fidèle appartient désormais, 1 Co 6.19 ; 3.23, et pour qui il vit et meurt, 7.1 ; service qui se fait dans l’obéissance de la foi pour la justice et la sainteté, 6.16-19. Cette liberté des fils, Ga 4.7, affranchis par la « loi de l’Esprit », 8.2 ; cf. 7.6 ; 8.14s ; 2 Co 3.17 (et comp. Jc 1.25 ; 2.12), peut même avoir à sacrifier ses franchises légitimes pour devenir un service du prochain si la charité, Ga 5.13 ; cf. 2 Co 4.5, et le respect des autres consciences le demandent, 1 Co 10.23-33 ; 14 ; cf. 1 Co 6.12-13 ; 1 Co 9.19. Quant au régime social de l’esclavage, s’il peut encore être toléré dans ce monde qui passe, 1 Co 7.20-24, 31, il n’a plus du moins aucune valeur dans l’ordre nouveau instauré par le Christ, 1 Co 12.13 ; Ga 3.28 ; Col 3.11 : l’esclave chrétien est un affranchi du Seigneur, lui et son maître sont également des serviteurs du Christ, 1 Co 7.22 ; cf. Ep 6.5-9 ; Col 3.22—4.1 ; Phm 16.

16 Ne savez-vous pas qu’en vous offrant à quelqu’un comme esclaves pour obéir, vous devenez les esclaves du maître à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l’obéissance pour la justice ?

17 Mais grâces soient rendues à Dieu ; jadis esclaves du péché, vous vous êtes soumis cordialement à la règle de doctrine à laquelle vous avez été confiés,

18 et, affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice. — 19 J’emploie une comparaison humaine en raison de votre faiblesse naturelle. — Car si vous avez jadis offert vos membres comme esclaves à l’impureté et au désordre de manière à vous désordonner, offrez-les de même aujourd’hui à la justice pour vous sanctifier.e

e La sainteté propre à Dieu, Lv 17.1, qu’il communiquait à son peuple, Ex 19.6, il la communique aussi à ceux qui croient au Christ, Ac 9.13 ; Col 1.12. Elle perd toutefois son aspect rituel pour garder son intériorité : elle consiste à imiter le Christ, 2 Th 3.7, Saint de Dieu, Mc 1.24. Celui qui est saint parce que justifié et, par son appartenance au peuple saint, habité par l’Esprit Saint, 5.5, doit encore mettre en œuvre cette sainteté qui lui est donnée et progresser dans la sanctification, v. 22 ; 1 Th 4.3-7 ; 2 Th 2.13.

20 Quand vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice.

21 Quel fruit recueilliez-vous alors d’actions dont aujourd’hui vous rougissez ?f Car leur aboutissement, c’est la mort.

f Ou : « Quel fruit en recueilliez-vous alors ? Des œuvres dont aujourd’hui vous rougissez. »

22 Mais aujourd’hui, libérés du péché et asservis à Dieu, vous fructifiez pour la sainteté, et l’aboutissement, c’est la vie éternelle. 23 Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur.

7 Ou bien ignorez-vous,g frères — je parle à des experts en fait de loi — que la loi ne s’impose à l’homme que durant sa vie ?h

g Paul aborde enfin un thème depuis longtemps présent à sa pensée, 3.20 ; 4.15 ; 5.20 ; 6.14 : l’affranchissement du chrétien par rapport à la Loi, ce qui l’amène à exposer le rôle de la Loi dans le plan de Dieu, cf. 7.7.

h La libération du chrétien, que Paul exprime ailleurs par le thème biblique de la « rédemption », 3.24, ou par le thème grec de l’« affranchissement » des esclaves, 6.15, apparaît aussi souvent chez lui comme une délivrance par la mort. Car la mort libère de la vie ancienne et de ses servitudes, 6.7 ; 7.1-3. Uni par la foi, 1.16, et le baptême, 6.4, au Christ mort et ressuscité, 8: 11, le chrétien est mort au péché, 6.2, 11, cf. 1 P 4.1, à la Loi, 7.6 ; Ga 2.19, aux éléments du monde, Col 2.20, pour vivre sous le régime nouveau de la grâce et de l’Esprit, 8.5-13. De même que l’affranchi appartient à son nouveau maître, 6.15, de même le chrétien ressuscité dans le Christ ne vit plus pour lui-même mais pour le Christ et pour Dieu, 6.11, 13 ; 14.7s ; 2 Co 5.15 ; Ga 2.20.

2 C’est ainsi que la femme mariée est liée par la loi au mari tant qu’il est vivant ; mais si l’homme meurt, elle se trouve dégagée de la loi du mari. 3 C’est donc du vivant de son mari qu’elle portera le nom d’adultère, si elle devient la femme d’un autre ; mais en cas de mort du mari, elle est si bien affranchie de la loi qu’elle n’est pas adultère en devenant la femme d’un autre. 4 Ainsi, mes frères, vous de même vous avez été mis à mort à l’égard de la Loi par le corps du Christi pour appartenir à un autre, à Celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous fructifiions pour Dieu.

i Le chrétien est mort à la Loi comme au péché, par « le corps du Christ » mort et ressuscité, cf. 7.1.

5 De fait, quand nous étions dans la chair,j les passions pécheresses qui se servent de la Loi opéraient en nos membres afin que nous fructifiions pour la mort.

j 1° En son sens premier, la « chair » désigne la matière corporelle, 1 Co 15.39 ; cf. Lc 24.39 ; Ap 17.16 ; 19.18, qui s’oppose à l’esprit, 1.9 ; le corps objet de sensation, Col 2.1, 5, particulièrement d’union sexuelle, 1 Co 6.16 ; 7.28 ; Ep 5.29, 31 ; cf. Mt 19.5 ; Jn 1.13 ; Jude 7, d’où résultent la parenté et l’hérédité, 4.1 ; 9.3, 5 ; 11.14 ; cf. He 12.9. La « chair » sert ainsi, selon l’usage biblique de basar, à souligner ce qu’il y a de faiblesse périssable dans la condition humaine, 6.19 ; 2 Co 7.5 ; 12.7 ; Ga 4.13s ; cf. Mt 26.41, et à désigner l’homme dans sa petitesse devant Dieu, 3.20 et Ga 2.16 ; 1 Co 1.29 ; cf. Mt 24.22 ; Lc 3.6 ; Jn 17.2 ; Ac 2.17 ; 1 P 1.24. D’où, pour opposer l’ordre de la nature à celui de la grâce, l’usage des expressions « selon la chair ». 1 Co 1.26 ; 2 Co 1.17 ; Ep 6.5 ; Col 3.22 ; cf. Phm 16 ; Jn 8.15, « la chair et le sang », 1 Co 15.50 ; Ga 1.16 ; Ep 6.12 ; He 2.14 ; cf. Mt 16.17, et « charnel », 15.27 ; 1 Co 3.1, 3 ; 9.11 ; 2 Co 1.12 ; 10.4. — 2° L’Esprit étant le don spécifique de l’ère eschatologique, la « chair » en vient à caractériser l’ère ancienne par opposition à la nouvelle, 9.8 ; Ga 3.3 ; 6.12s ; Ph 3.3s ; Ep 2.11 ; cf. He 9.10, 13 ; Jn 3.6 ; 6.63 ; de même « selon la chair », 1 Co 10.18 ; 2 Co 11.18 ; Ga 4.23, 29 ; cf. 1.3s ; 2 Co 5.16, et « charnel », He 7.16 ; mais cf. 1 Co 10.3s. — 3° Paul insiste particulièrement sur la « chair » comme siège des passions et du péché, 7.5, 14, 18, 25 ; 13.14 ; 2 Co 7.1 ; Ga 5.13, 19 ; Ep 2.3 ; Col 2.13, 18, 23 ; cf. 1 P 2.11 ; 2 P 2.10, 18 ; 1 Jn 2.16 ; Jude 8, 23, vouée à la corruption, 1 Co 15.50 ; Ga 6.8 ; Cf. Jc 5.3 ; Ac 2.26, 31, et à la mort, 8.6, 13 ; 1 Co 5.5 ; 2 Co 4.11 ; cf. 1 P 4.6, au point de la personnifier comme une force du Mal, ennemie de Dieu, 8.7s, et hostile à l’Esprit, 8.4-9, 12s ; Ga 5.16s. Le Christ a brisé cette force en assumant la « chair de péché », 8.3 ; cf. 1 Tm 3.16 ; Jn 1.14 ; 1 Jn 4.2 ; 2 Jn 7, et en la tuant sur la croix, 8.3 ; Ep 2.14-16 ; Col 1.22 ; cf. He 5.7s ; 10.20 ; 1 P 3.18 ; 4.1. Unis à lui, cf. Jn 6.51s, les chrétiens ne sont plus « dans la chair », 7.5 ; 8.9, qu’ils ont crucifiée, Ga 5.24 ; cf. 1 P 4.1, et dépouillée par le baptême, Col 2.11 ; ou plus exactement, s’ils sont encore « dans la chair » tant qu’ils restent dans ce monde ancien, Ph 1.22, 24 ; cf. 1 P 4.2, ils ne lui sont plus asservis, 2 Co 10.3, mais la dominent par leur union au Christ, cf. Ga 2.20 ; Col 1.24.

6 Mais à présent nous avons été dégagés de la Loi, étant morts à ce qui nous tenait prisonniers, de manière à servir dans la nouveauté de l’esprit et non plus dans la vétusté de la lettre.

B. L’HOMME SANS CHRIST SOUS LE PÉCHÉ

Le rôle passé de la Loi.k

7 Qu’est-ce à dire ? Que la Loi est péché ? Certes non ! Seulement je n’ai connu le péché que par la Loi. Et, de fait, j’aurais ignoré la convoitise si la Loi n’avait dit : Tu ne convoiteras pas !

k La loi est en soi bonne et sainte en ce qu’elle exprime la volonté de Dieu, 7.12-25 ; 1 Tm 1.8 ; elle représente un glorieux apanage d’Israël, 9.4 ; mais cf. 2.14s. Et pourtant elle semble un échec : non seulement les Juifs sont pécheurs, comme les autres, malgré leur Loi, 2.21-27 ; Ga 6.13 ; Ep 2.3, mais encore ils y puisent une confiance en leurs œuvres, 2.17-20 ; 3.27 ; 4.2, 4 ; 9.31s ; Ph 3.9 ; Ep 2.8, qui les ferme à la grâce du Christ, Ga 6.12 ; Ph 3.18 ; cf. Ac 15.1 ; 18.13 ; 21.21. Bref, la Loi est incapable de conférer la justice, Ga 3.11, 21s ; 3.20 ; cf. He 7.19. Avec une dialectique qui reçoit de la polémique un tour paradoxal, Paul explique cet échec apparent par la nature même de la Loi et son rôle dans l’histoire du salut. Lumière qui éclaire l’esprit sans donner la force intérieure, la Loi (mosaïque, mais aussi toute loi et déjà le « précepte » donné à Adam, cf. vv. 9-11) est impuissante à faire éviter le péché ; elle le favorise plutôt. Sans en être elle-même la source, elle se fait son instrument en excitant la convoitise, 7.7s ; par l’information de l’esprit elle aggrave la faute en en faisant une « transgression », 4.15 ; 5.13 ; enfin, elle n’y remédie que par un châtiment de colère, 4.15 ; de malédiction, Ga 3.10, de condamnation, 2 Co 3.9, et de mort, 2 Co 3.6s, au point qu’elle peut être appelée la « loi du péché et de la mort », 8.2 ; cf. 1 Co 15.56 ; 7.13. Si Dieu a voulu cependant ce système imparfait, cela a été comme un régime transitoire de pédagogue, Ga 3.24, pour donner à l’homme la conscience de son péché, 3.19s ; 5.20 ; Ga 3.19, et l’amener à n’attendre sa justice que de la grâce de Dieu, Ga 3.22 ; 11.32. Transitoire, ce régime doit disparaître pour faire place à l’accomplissement de la Promesse faite antérieurement à Abraham et à sa descendance, Ga 3.6-22 ; 4. Le Christ a mis fin à la Loi, Ep 2.15 ; cf. 10.4, en « l’accomplissant », cf. Mt 3.15 ; 5.17, en tout ce qu’elle a de positif, 3.31 ; 9.31, notamment par sa mort, expression suprême de son amour, 5.8 ; 8.35, 39 ; Ga 2.20 ; Ph 2.5-8 ; par là il en satisfaisait également les exigences à l’égard des pécheurs dont il a voulu se rendre solidaire, Ga 3.13 ; 8.3 ; Col 2.14. Il affranchit les fils de la tutelle du pédagogue, Ga 3.25s. Avec lui ils sont morts à la Loi, Ga 2.19 ; 7.4-6 ; cf. Col 2.20, dont il les a « rachetés », Ga 3.13, pour en faire des fils adoptifs, Ga 4.5. Par l’Esprit de la Promesse, il donne à l’homme nouveau, Ep 2.15, la force intérieure d’accomplir le bien que commandait la Loi, 8.4s. Ce régime de la grâce qui se substitue à celui de la Loi ancienne peut encore être appelé une loi mais c’est la « loi de foi », 3.27, la « loi du Christ », Ga 6.2, la « loi de l’Esprit », 8.2, qui se réduit tout entière à l’amour, Ga 5.14 ; 13.8-10 ; cf. Jc 2.8 ; Jn 13.34, participation à l’amour du Père et du Fils, Ga 4.6 ; 5.5.

8 Mais, saisissant l’occasion, le péché par le moyen du précepte produisit en moi toute espèce de convoitise : car sans la Loi le péché n’est qu’un mort.

9 Ah ! je vivais jadis sans la Loi ;l mais quand le précepte est survenu, le péché a pris vie

l Se plaçant dans le déroulement de l’histoire du salut, Paul parle ici de l’humanité avant le régime de la Loi, cf. 5.13.

10 tandis que moi je suis mort, et il s’est trouvé que le précepte fait pour la vie me conduisit à la mort. 11 Car le péché saisit l’occasion et, utilisant le précepte, me séduisit et par son moyen me tua.

12 La Loi, elle, est donc sainte, et saint le précepte, et juste et bon. 13 Une chose bonne serait-elle donc devenue mort pour moi ? Certes non ! Mais c’est le péché,m lui, qui, afin de paraître péché, se servit d’une chose bonne pour me procurer la mort, afin que le péché exerçât toute sa puissance de péché par le moyen du précepte.

m Le péché personnifié, cf. 5.12, remplace le serpent de Gn 3.1 et le diable de Sg 2.24.

L’homme livré au péché.n

14 En effet, nous savons que la Loi est spirituelle ; mais moi je suis un être de chair, vendu au pouvoir du péché.

n Il s’agit ici de l’homme sous l’empire du péché, avant la justification, tandis qu’au chap. 8:il s’agira du chrétien justifié, en possession de l’Esprit. Mais celui-ci, ici-bas, connaît aussi une division intérieure, Ga 5.17s.

15 Vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais.o

o Paul reprend ici un lieu commun de la littérature d’alors et qui trouva sa première formulation dans le Médée d’Euripide (1074-1080).

16 Or si je fais ce que je ne veux pas, je reconnais, d’accord avec la Loi, qu’elle est bonne ; 17 en réalité ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi. 18 Car je sais que nul bien n’habite en moi, je veux dire dans ma chair ; en effet, vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir : 19 puisque je ne fais pas le bien que je veux et commets le mal que je ne veux pas. 20 Or si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi.p

p Paul ne songe pas plus à nier la responsabilité personnelle de l’homme pour le mal que pour le bien, en Ga 2.20.

21 Je trouve donc une loiq s’imposant à moi, quand je veux faire le bien : le mal seul se présente à moi.

q Une « loi » attestée par l’expérience de l’homme charnel.

22 Car je me complais dans la loi de Dieur du point de vue de l’homme intérieur ;s

r Var. : « loi de la raison » comme au v. 23.

s Cet « homme intérieur » désigne la partie rationnelle de l’homme, par opposition à l’« homme extérieur », 2 Co 4.16, qui est son corps passible et mortel. Ce thème d’origine grecque est distinct du thème de l’homme « vieux » et « nouveau », Col 3.9-10, qui ressortit à l’eschatologie juive. Il arrive cependant que Paul parle de l’homme « intérieur » au sens chrétien de l’homme « nouveau », 2 Co 4.16 ; Ep 3.16.

23 mais j’aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m’enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres.

24 Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ?t

t Littéralement « du corps de cette mort ». — Le corps, avec les membres qui le composent, 12.4 ; 1 Co 12.12, 14s, c’est-à-dire l’homme dans sa réalité sensible, 1 Co 5.3 ; 2 Co 10.10, et sexuelle, 4.19 ; 1 Co 6.16 ; 7.4 ; Ep 5.28, intéresse Paul comme terrain de la vie morale et religieuse. Pour l’AT, voir Gn 2.21 ; Sg 9.15. Soumis par la tyrannie de la « chair », 7.5, au péché, 1.24 ; 6.12s ; 7.23 ; 8.13 ; 1 Co 6.18, et à la mort, 6.12 ; 8.10, et devenu ainsi « corps de chair », Col 2.11 ; cf. 1.22, « corps de péché », 6.6 ; cf. Sg 1.4 ; 9.15, et « corps de mort », 7.24, il n’est cependant pas voué à l’anéantissement comme le voudrait la pensée grecque, mais au contraire, selon la tradition biblique, Ez 37.10 ; 2 M 7.9, appelé à la vie, 8.13 ; 2 Co 4.10, par la résurrection, 8.11. Le principe de ce renouveau sera l’Esprit, 5.5, se substituant à la psychè, 1 Co 15.44, et transformant le corps du chrétien à l’image du corps ressuscité du Christ, Ph 3.21. En attendant cette délivrance eschatologique, 8.23, le corps du chrétien délivré en principe de la « chair » par son union à la mort du Christ, 6.6 ; 8.3s, est dès maintenant habité par l’Esprit Saint, 1 Co 6.19, qui le forme à une vie nouvelle de justice et de sainteté, 6.13, 19 ; 12.1 ; 1 Co 7.34, méritoire, 2 Co 5.10, et glorifiant Dieu, 1 Co 6.20 ; Ph 1.20.

25 Grâces soient à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur !
C’est donc bien moi qui par la raisonu sers une loi de Dieu et par la chair une loi de péché.v

u Le Noûs, entendement ou pensée de l’homme, est une notion grecque bien distincte du pneuma au sens d’Esprit surnaturel, 5.5, et même de l’esprit au sens biblique de partie supérieure de l’homme, 1.9. C’est le principe de l’intelligence, 1 Co 14.14, 15, 19 ; Ph 4.7 ; 2 Th 2.2 ; cf. Lc 24.45 ; Ap 13.18 ; 17.9, et du jugement moral, 14.5 ; 1 Co 1.10. Normalement rectifié, 7.23, 25, il se trouve cependant perverti, 1.28 ; Ep 4.17 ; 1 Tm 6.5 ; 2 Tm 3.8 ; Tt 1.15, par la « chair », Col 2.18 ; cf. 7.5, et doit être renouvelé, 12.2, dans l’esprit et par l’Esprit, Ep 4.23s ; cf. Col 3.10.

v Cette phrase semble être une addition (peut-être de Paul lui-même) qui serait mieux en place avant le v. 24.

La vie de l’Esprit.

8 Il n’y a donc plus maintenant de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus. 2 La loi de l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t’a affranchiw de la loi du péché et de la mort.x

w Var. : « m’a affranchi », « nous a affranchis ».

x Au régime du péché et de la mort, Paul oppose le régime nouveau de l’Esprit, cf. 3.27. Le mot « esprit » désigne ici, soit la personne même du Saint Esprit (plus nettement au v. 9), soit l’esprit de l’homme renouvelé par cette présence, cf. 5.5 et 1.9.

3 De fait, chose impossible à la Loi, impuissantey du fait de la chair, Dieu, en envoyant son propre Fils avec une chair semblable à celle du péché et en vue du péché, a condamné le péché dans la chair,

y La Loi mosaïque, norme de conduite, n’était pas un principe de salut, 7.7. Seul le Christ détruisant la « chair » en sa personne, par sa mort, a pu détruire le péché qui y régnait.

4 afin que le précepte de la Loiz fût accompli en nous dont la conduite n’obéit pas à la chair mais à l’esprit.

z Ce précepte de la Loi, que seule l’union au Christ par la foi permet d’accomplir, se résume dans le commandement de l’amour, cf. 13.10 ; Ga 5.14 et déjà Mt 22.40. Voir 7.7.

5 En effet, ceux qui vivent selon la chair désirent ce qui est charnel ; ceux qui vivent selon l’esprit, ce qui est spirituel. 6 Car le désir de la chair, c’est la mort, tandis que le désir de l’esprit, c’est la vie et la paix, 7 puisque le désir de la chair est inimitié contre Dieu : il ne se soumet pas à la loi de Dieu, il ne le peut même pas, 8 et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu. 9 Vous, vous n’êtes pas dans la chair mais dans l’esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas, 10 mais si le Christ est en vous, bien que le corps soit mort déjà en raison du péché, l’Esprit est vie en raison de la justice.a

a En raison du péché, 5.12, le corps est destiné à la mort physique et il est instrument de mort spirituelle ; mais l’Esprit est vie, puissance de résurrection, voir note suivante.

11 Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.b

b La résurrection des chrétiens est en étroite dépendance de celle du Christ, 1 Th 4.14 ; 1 Co 6.14 ; 15.20s ; 2 Co 4.14 ; 13.4 ; 6.5 ; Ep 2.6 ; Col 1.18 ; 2.12s ; 2 Tm 2.11. C’est par la même puissance et le même don de l’Esprit, cf. 1.4, que le Père les ressuscitera à leur tour. Cette œuvre se prépare dès maintenant dans une vie nouvelle qui fait d’eux des fils (v. 14) à l’image du Fils, 8.29, incorporation au Christ ressuscité qui s’accomplit par la foi, 1.16, et le baptême, 6.4.

12 Ainsi donc, mes frères, nous sommes débiteurs, mais non point envers la chair pour devoir vivre selon la chair. 13 Car si vous vivez selon la chair, vous mourrez. Mais si par l’Esprit vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez.

Enfants de Dieu grâce à l’Esprit.

14 En effet, tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu.c

c Plus que simple « maître intérieur », l’Esprit est le principe d’une vie proprement divine dans le Christ, cf. 5.5 ; Ga 2.20.

15 Aussi bien n’avez-vous pas reçu un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte ; vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba ! Père !d

d La prière même du Christ à Gethsémani, Mc 14.36.

16 L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attestere que nous sommes enfants de Dieu.

e Ou (Vulg.) : « atteste à notre esprit ».

17 Enfants, et donc héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui.

Destinés à la gloire.

18 J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous. 19 Car la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu :f

f Le monde matériel, créé pour l’homme, en partage la destinée. Maudit en raison du péché de l’homme, Gn 3.17, il se trouve actuellement dans un état violent : « vanité », v. 19, qualité d’ordre moral liée au péché de l’homme, « servitude de la corruption », v. 21, qualité d’ordre physique. Mais comme le corps de l’homme, destiné à la gloire, il est objet de rédemption, vv. 21, 23 ; il participera lui aussi à la « liberté » de l’état glorieux, vv. 21, 23. La philosophie grecque voulait libérer l’esprit de la matière considérée comme mauvaise ; le christianisme libère la matière elle-même. Même extension du salut au monde non humain (spécialement au monde angélique) en Col 1.20 ; Ep 1.10 ; 2 P 3.13 ; Ap 21.1-5. Sur la création nouvelle, cf. 2 Co 5.17.

20 si elle fut assujettie à la vanité, — non qu’elle l’eût voulu, mais à cause de celui qui l’y a soumise,g — c’est avec l’espérance

g C’est-à-dire probablement l’homme par son péché. Ou : Dieu par son autorité vengeresse ; ou encore : Dieu comme Créateur.

21 d’être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. 22 Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. 23 Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attenteh de la rédemption de notre corps.

h Add. : « de l’adoption filiale », qui devrait revêtir ici un sens eschatologique, mais voir v. 15.

24 Car notre salut est objet d’espérance ;i et voir ce qu’on espère, ce n’est plus l’espérer : ce qu’on voit, comment pourrait-on l’espérer encore ?

i Littéralement : C’est en espérant (par mode d’espérance), que nous sommes sauvés. Le salut est eschatologique, cf. 5.1-11.

25 Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec constance.

26 Pareillement l’Esprit vient au secours de notre faiblesse ; car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables, 27 et Celui qui sonde les cœurs sait quel est le désir de l’Esprit et que son intercession pour les saints correspond aux vues de Dieu.j

j À la suite de Jésus, Mt 6.5 ; 14.23, et conformément à l’usage des premiers chrétiens, Ac 2.42, Paul recommande souvent de prier sans cesse, 12.12 ; Ep 6.18 ; Ph 4.6 ; Col 4.2 ; 1 Th 5.17 ; 1 Tm 2.8 ; 5.5 ; cf. 1 Co 7.5. Il prie lui-même sans relâche pour ses fidèles, Ep 1.16 ; Ph 1.4 ; Col 1.3, 9 ; 1 Th 1.2 ; 3.10 ; 2 Th 1.11 ; Phm 4, de même qu’il leur demande de prier pour lui, 15.30 ; 2 Co 1.11 ; Ep 6.19 ; Ph 1.19 ; Col 4.3 ; 1 Th 5.25 ; 2 Th 3.1 ; Phm 22 ; He 13.18, et les uns pour les autres, 2 Co 9.14 ; Ep 6.18. Sur la prière pour les frères pécheurs et malades, cf. 1 Jn 5.16 ; Jc 5.13-16. Outre les grâces de progrès spirituel, ces prières demandent l’éloignement des obstacles extérieurs, 1 Th 2.18 ; 3.10 ; 1.10, et intérieurs, 2 Co 12.8-9, ainsi que le bien de l’ordre social, 1 Tm 2.1-2. Paul insiste beaucoup sur la prière d’action de grâces, 2 Co 1.11 ; Ep 5.4 ; Ph 4.6 ; Col 2.7 ; 4.2 ; 1 Th 5.18 ; 1 Tm 2.1, qui doit accompagner toute action, Ep 5.20 ; Col 3.17, en particulier les repas, 14.6 ; 1 Co 10.31 ; 1 Tm 4.3-5 ; lui-même commence par elle toutes ses lettres, 1.8, etc., et veut qu’elle pénètre les relations des chrétiens entre eux, 1 Co 14.17 ; 2 Co 1.11 ; 4.15 ; 9.11-12. La prière d’eucharistie et de louange est l’âme des assemblées liturgiques, 1 Co 11-14, où les frères s’édifient mutuellement par des cantiques inspirés, Ep 5.19 ; Col 3.16. Car la prière chrétienne a sa source dans l’Esprit Saint : plutôt que de reprendre les thèmes sapientiels traditionnels sur les conditions et l’efficacité de la prière, cf. Jc 1.5-8 ; 4.2-3 ; 5.16-18 ; 1 Jn 3.22 ; 5.14-16, Paul la garantit par la présence de l’Esprit du Christ dans le chrétien, qui le fait prier comme un fils, 8.15, 26-27 ; Ga 4.6 ; cf. Ep 6.18 ; Jude 20, tandis que le Christ lui-même, à la droite de Dieu, intercède pour nous, 8.34 ; cf. He 7.25 ; 1 Jn 2.1. Aussi le Père exauce-t-il avec surabondance, Ep 3.20. Les chrétiens sont ceux qui invoquent le nom de Jésus Christ, 1 Co 1.2 ; cf. 10.9-13 ; 2 Tm 2.22 ; Jc 2.7 ; Ac 2.21 ; 9.14, 21 ; Ac 22.16. Sur l’attitude extérieure dans la prière, cf. 1 Co 11.4-16 ; 1 Tm 2.8.

Le plan du salut.

28 Et nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son dessein.k

k Var. (Vulg.) : « nous savons que pour ceux qui aiment Dieu, tout concourt au bien, pour ceux... »

29 Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils,l afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères ;

l Image de Dieu dans la première création, Col 1.15, cf. He 1.3, le Christ est venu, par une nouvelle création, 2 Co 5.17, rendre à l’humanité déchue l’éclat de cette image divine que le péché avait terni, Gn 1.26 ; 3.22-24 ; 5.12. Il le fait en lui imprimant l’image plus belle de fils de Dieu (ici), qui rétablit l’« homme nouveau » dans la rectitude du jugement moral, Col 3.10, et lui rend le droit à la gloire que le péché avait fait perdre, 3.23. Cette gloire que le Christ possède en propre comme Image de Dieu, 2 Co 4.4, pénètre de plus en plus le chrétien, 2 Co 3.18, jusqu’au jour où son corps même en sera revêtu à l’image de l’homme « céleste », 1 Co 15.49.

30 et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.m

m Dieu a tout ordonné à la gloire qu’il destine à ses élus, gloire pour laquelle ils sont appelés à la foi et justifiés par le baptême et dont ils sont déjà, comme par anticipation, revêtus.

Hymne à l’amour de Dieu.

31 Que dire après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32 Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? 33 Qui se fera l’accusateur de ceux que Dieu a élus ? C’est Dieu qui justifie. 34 Qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ?

35 Qui nous séparera de l’amour du Christ ? la tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? 36 selon le mot de l’Écriture : À cause de toi, l’on nous met à mort tout le long du jour ; nous avons passé pour des brebis d’abattoir. 37 Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés.

38 Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, 39 ni hauteur ni profondeur,n ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur.

n « Puissances », « hauteur », « profondeur » désignent sans doute les forces mystérieuses du cosmos, plus ou moins hostiles à l’homme selon la conception des anciens. Cf. Ep 1.21 ; 3.18.